Chapitre 24.

La journée fut assez longue et lorsqu'ils rentrèrent chez eux le soir, ils étaient tous fatigués. Après les cours, Ailee et Louis étaient allés à l'hôpital pour un examen du bras de Louis.

« Bon, tout à l'air d'aller mieux, vous allez pouvoir reprendre vos activités normales, dit le médecin. Ce n'était pas bien grave, heureusement. »

Ailee lâcha un soupir de soulagement.

« Tu t'inquiétais ? demanda Louis lorsque le médecin fût parti.

— Oui, bien sûr ! dit-elle. C'est à cause...

— Non, ce n'est pas de ta faute, la coupa Louis. J'aurais juste dû éviter de vouloir jouer au chevalier servant. »

Ailee sourit tristement.

« J'ai parfois l'impression que je ne tourne pas rond. Je n'ai vraiment pas de chance. Vous auriez été plus tranquille si j'étais morte à mon époque.

— Ne dis pas n'importe quoi, Ailee. Les choses à la colocation changent grâce à toi. Ça nous permet d'évoluer. Sans toi Noaz ne serait sûrement jamais allé parler à Laura. Et puis on apprend plein de choses sur nous même grâce à toi. Et franchement, je préfère te savoir vivante près de moi que morte à ton époque. Et tu m'as permis de découvrir un sentiment que je pensais avoir perdu depuis longtemps.

— Quoi ? »

Louis lui lança un sourire mystérieux et ne répondit pas. Louis avait dit « près de moi », pas « près de nous ». Lorsqu'ils furent rentrés, Ailee aida Louis à préparer le dîner. La semaine passa assez rapidement et Ailee ne s'évanouit pas une seule fois, malgré quelques maux de tête. Le vendredi soir, après la séance de lecture de Callum, ils parlèrent.

« C'est fou, on est déjà en décembre, dit-Seiji. Je n'ai pas vu le temps passer.

— Et oui, plus que quelques semaines avant le bal d'hiver. J'ai trouvé quelqu'un avec qui y aller d'ailleurs, dit-Tao.

— Qui c'est ? demanda Stephen.

— C'est un secret, dit-il en souriant. Vous serez surpris, ça c'est sûr. »

Les garçons et Ailee avaient l'air assez intrigués par ce que venait de dire Tao. Le samedi soir, Laura vint chercher Ailee et elles allèrent chez elle. Laura avait invité Ailee pour dîner. Ses parents voulaient rencontrer la nouvelle amie de leur fille et Ailee avait accepté de venir. Quand les filles furent sortis de la maison, Stephen dit :

« Ça va faire vide, la table, sans Ailee ce soir.

— C'est sûr, confirma Tao. Maintenant que l'on est habitués à sa présence, c'est son absence qui semble étrange.

— Ça c'est parce qu'elle a enfin trouvé sa place dans cette maison » dit-Louis.

Les filles arrivèrent à la maison de Laura.

« C'est très joli chez toi, dit-Ailee en entrant.

— Merci, ma mère est hôtesse de l'air mais elle voulait faire décoratrice d'intérieur lorsqu'elle était jeune donc c'est elle qui a tout décoré.

— Je vois. Elle a très bon goût.

— Merci » s'exclama une voix sortant du salon.

Les filles se dirigèrent vers la voix et se retrouvèrent face aux parents de Laura qui buvaient du thé.

« Enchantée, dit-Ailee.

— Enchantée, Ailee, c'est ça ? demanda la mère de Laura.

— Oui, c'est ça.

— Je m'appelle Margarette et mon mari, qui n'est pas très bavard, s'appelle Matthieu.

— Enchanté, dit-il à son tour en se levant.

— Les filles, pourquoi n'iriez-vous pas dans ta chambre, Laura, pendant que je finis de préparer le dîner ? »

Les filles montèrent à l'étage, dans la chambre de Laura.

« Ta chambre est très épurée, fit remarquer Ailee.

— Tu trouves qu'elle manque de personnalité ?

— Je ne dirais pas ça comme ça. Disons qu'elle est à ton image, de l'extérieur tu as l'air de quelqu'un de simple mais tu es très intéressante et pleine de surprises.

— Je crois que c'est un compliment, dit-Laura.

— C'en est un. Tes parents ont l'air sympas.

— Ils le sont, même s'ils sont assez strictes sur certaines choses, comme les bonnes manières et l'hygiène. Mais je pense que tu leur a fait bonne impression pour l'instant.

— J'ai de très bonnes manières, dit-Ailee. J'ai été élevée dans un environnement qui m'y obligeait.

— Vous descendez les filles ? » les appela Margarette.

Les filles descendirent les escaliers, se lavèrent les mains puis passèrent à table.

« J'aime beaucoup vos vêtements, fit remarquer la mère de Laura. Ça change de ces adolescentes qui sont toujours le nombril à l'air.

— Merci, dit-Ailee. Lorsque j'étais un peu plus jeune, je portais beaucoup de robes ressemblant à la vôtre, qui est d'ailleurs ravissante.

— Vraiment ? C'est une robe inspirée du XIVème siècle. Elle m'a tout de suite tapée dans l'œil quand je l'ai vu. C'est une époque que j'adore.

— Je comprends pourquoi.

— Je m'étais dit que ce serait l'occasion de l'essayer, puisqu'une amie de ma fille venait nous rendre visite. Elle m'avait d'ailleurs dit que vous ressembliez beaucoup à la princesse Madeleine Moon, je ne la croyais pas mais la ressemblance est frappante. Vous êtes peut-être sa descendante.

— C'est possible, dit doucement Ailee. Mais je ne connais pas grand-chose de ma famille. »

Le père de Laura intervint.

« Notre fille nous a dit que vous viviez en colocation. Vous devez être très mature pour votre âge. Qui est... D'ailleurs ?

— J'ai 18 ans. Je ne dirais pas que je suis quelqu'un de très mature pour mon âge. C'est surtout que j'ai dû grandir plus vite pour combler le vide laissé par mes parents. Le destin a voulu que je sois obligée de me débrouiller seule.

— Cela n'a pas dû être facile.

— Cela n'est toujours pas facile. Mais je vis avec. Ou sans, plutôt.

— Comment vos parents sont morts ?

— Je ne sais pas, à vrai dire. J'ai été dans le coma pendant quelques petites années et lorsque je me suis réveillée, il y a de cela quelques semaines, ils n'étaient plus là. Et je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé avant mon coma.

— J'en suis navrée, dit Margarette en posant sa main sur l'avant-bras d'Ailee.

— Ne vous en faîtes pas. Je suis en train de passer à autre chose. J'évolue. »

Il y eu un blanc, un court instant.

« Laura m'a dit que vous êtes avocat, Monsieur, relança Ailee.

— C'est vrai, répondit Matthieu. Je suis avocat, et j'en suis vraiment fier. Aider des gens innocents, et des gens coupables mais qui ne méritent pas ce qu'il leur arrive, ça me donne l'impression d'être utile à cette société.

— Je ne m'y connais pas beaucoup, un ami à moi m'a juste rapidement expliqué le travail d'un avocat. Mais concrètement, que faîtes vous ? Et comment réussissez-vous à aider vos clients et à convaincre les juges ? »

Le père de Laura parti dans une grande explication, remplie d'anecdotes. Il avait l'air assez heureux de parler de son travail, comme si personne ne s'y était intéressé depuis une éternité. Ailee était vraiment passionnée par ce qu'il lui racontait. À la fin de la conversation, tout le monde avait l'air d'encore meilleur humeur qu'au début du repas.

« Votre métier est vraiment passionnant, dit-Ailee. Je pense que c'est le genre de métier que j'aimerais faire plus tard. Je n'ai jamais vraiment réfléchi à mon avenir, mais vous m'avez vraiment intriguée.

— Heureux d'avoir peut-être aidé à trouver votre passion. »

Le repas se finit et quelqu'un sonna à la porte. Laura alla ouvrir et laissa entrer la personne qui attendait dehors.

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