Chapitre 13.
Ils rentrèrent chez eux. Les autres garçons dormaient déjà. Ils mangèrent un peu et allèrent à leur tour se coucher. Le lendemain matin, Ailee prépara le petit déjeuner à la place de Louis en suivant ses instructions à la lettre.
« Je suis vraiment désolée pour ton bras, dit-elle une fois de plus.
— Ce n'est rien, je vais pouvoir me la couler douce pendant quelque temps. Tu pourras me passer tes notes sur les cours, comme je pourrais pas écrire ?
— Bien sûr. Si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre, demande-moi. »
Louis lui sourit et continua de lui donner des instructions pour le petit-déjeuner. Quand tout fut prêt, les garçons descendirent et ils mangèrent tous ensemble. Ils félicitèrent Ailee car le repas était assez bon.
« C'est la première fois que je cuisine quelque chose par moi même, dit-elle. Enfin, non, mais c'est la première fois que c'est mangeable.
— C'est plutôt réussi » la félicita Stephen.
Ils finirent de manger et Ailee débarrassa la table, ils montèrent ensuite tous dans leur chambre pour se préparer pour les cours. Alors qu'Ailee faisait son sac, quelqu'un frappa à sa porte. Elle alla ouvrir la porte et laissa entrer Tao qui souhaitait lui parler.
« C'est à propos de ce qu'il s'est passé hier et de ce qu'a dit la voyante, dit-il.
— Où est-ce que tu veux en venir ? demanda Ailee, méfiante.
— Tu devrais vraiment le dire aux garçons.
— Je n'ai vraiment pas envie de leur dire, dit-elle doucement. S'il te plaît, garde ça pour toi.
— Je n'ai pas l'intention de leur dire Ailee, mais toi tu dois le faire.
— Pourquoi ? Qu'est ce que ça changerait ? Si je leur dis, ils vont juste s'inquiéter pour rien.
— Pour rien ? Mais Ailee, elle a dit que tu allais disparaître de ce monde dans moins d'un an !
— Je sais, j'étais là. Mais je ne me sens pas capable de leur dire. On se connaît depuis seulement une semaine et je devrais leur dire que je vais sûrement disparaître ? J'ai besoin de temps, tu comprends ? Je veux d'abord comprendre.
— Comprendre quoi ?
— Ce qu'il s'est passé, la raison de ma venue ici. Si je comprends ça, peut-être que je pourrais comprendre pourquoi je suis malade et comment m'en sortir.
— Mais on peut t'aider nous. On peut t'aider à comprendre, alors dis leur.
— J'aimerais juste que tu respectes ma décision. S'il te plaît.
— Je ne dirais rien, mais je ne change pas d'avis. Je vais continuer à essayer de te convaincre. »
Il sortit ensuite de la chambre sans se retourner. Ailee s'assit sur son lit. Elle se demandait vraiment le sens de tout ça, pourquoi être arrivée jusque là si c'était pour mourir sans raison ? Elle prit une grande inspiration et continua ce qu'elle faisait. Elle descendit ensuite et rejoignit les garçons.
« On y va ? » dit Esteban.
Ils partirent donc au lycée. Ailee, qui réfléchissait ne faisait pas vraiment attention à la discussion.
« Ça va, Ailee ? lui demanda Stephen à part.
— Oui, oui, dit-elle en souriant.
— Tu pensais à quoi ? »
Ailee hésita un instant.
« Je me demandais comment le monde avait pu évoluer autant.
— Je vois. C'est vrai que tu dois te poser beaucoup de questions. Tu n'as pas vu le monde évoluer, ça doit te faire un choc de voir la différence entre ton époque et la nôtre.
— Oui, un peu. Je fais beaucoup de rêves étranges ces temps-ci.
— Ah bon. Quel genre de rêves ?
— Je ne comprends pas toujours ce qu'il se passe et je ne connais pas les gens qui sont dedans. En tout cas, c'était beaucoup plus précis les fois où je me suis évanouie, c'est bizarre.
— Effectivement... Mais tu sais, beaucoup de personnes font des rêves à l'intérieur desquels il y a des gens qu'ils ne connaissent pas.
— Vraiment ?
— Oui, tu peux rêver de personnes que tu as juste croisées une fois, dont tu ne te souviens pas mais dont ton cerveau a enregistré le visage. C'est tout à fait normal.
— Je vois. Je ne savais pas. »
Stephen lui sourit et ils arrivèrent au lycée. Ils se séparèrent et chacun alla à sa salle de cours. Le professeur n'était pas encore arrivé donc Ailee, Louis, Stephen et Noaz discutèrent ensemble. Sacha passa à côté de leur salle de cours et en profita pour leur dire bonjour.
« Salut, vous !
— Salut Sacha, dirent-ils.
— Qu'est ce que tu t'es fait Louis ? demanda-t-elle.
— Je suis tombé dans les escaliers. »
Sacha parût étonnée et inquiète.
« Tu devrais faire attention ! dit-elle.
— J'ai fais attention, je ne tombe jamais en général.
— Alors pourquoi es-tu tombé ? »
Louis ne répondit rien.
— C'est de ma faute, dit-Ailee.
— Comment ça ?
— J'ai trébuché dans les escaliers.
— Et tu lui es tombé dessus ? dit-elle en riant.
— Non, il a essayé de me rattraper avant que je tombe mais je l'ai entraîné dans ma chute. »
Sacha ne su quoi dire pendant un instant.
« Tu as essayé de l'aider ? demanda-t-elle enfin à l'intention de Louis. C'est étonnant.
— Pourquoi donc ? dit-il.
— À cause de ton caractère.
— Mais il a quoi mon caractère à la fin ?
— Rien, rien, dit-elle en riant. Bon, je vous laisse, j'ai cours. Mais je retiens une chose, vous étiez dans le même escalier ce week-end, alors je suis maintenant sûre à quatre-vingt-dix-neuf pourcent qu'elle est déjà allée chez vous. »
Elle s'en alla donc sur ces mots et le professeur arriva, il fit entrer et s'asseoir les élèves mais ajouta un aparté avant de commencer le cours.
« Votre professeur d'Histoire sera de retour dans deux semaines. »
Lorsque le cours fut fini, ils allèrent à la cafétéria.
« Pourquoi le professeur d'Histoire était absent ? demanda Ailee.
— On ne sait pas trop, ça doit faire presque un mois qu'il n'est pas là mais le lycée ne nous a jamais donné de remplaçant. Bon au moins maintenant, on sait qu'il va revenir, on va enfin pouvoir recommencer les cours d'Histoire, dit-Noaz.
— On fait quoi en Histoire ?
— On apprend des choses sur le passé, les anciens rois, les guerres, etc.
— Je vois, dit-elle en hochant la tête pensive.
— Normalement, à cette heure-là on devrait être en histoire, dit-Noaz.
— Mais bon, ce n'est pas vraiment une matière importante pour nous, dit-Stephen.
— Pourquoi ? demanda Ailee.
— Parce qu'on est en S, c'est à dire scientifique. Les matières les plus importantes pour réussir notre bac sont les mathématiques, la physique-chimie et les svt. Si tu as de très bonnes notes dans ces matières, tu réussiras ton bac.
— Mais l'histoire est quand même une matière importante, Stephen, dit-Louis Si on a pas des bonnes notes partout, on va avoir des problèmes.
— C'est vrai. Nos parents vont péter les plombs si on a pas des bonnes notes partout.
— Vos parents sont sévères ? demanda-Ailee.
— Oui, un peu, dit-Noaz. Disons que l'on est nés dans des familles où l'excellence est la seule option disponible, et elle y est obligatoire.
— Ça ne doit pas être facile...
— C'est pour ça que les plus jeunes d'entre nous ont été émancipés.
— Ça veut dire quoi ?
— Normalement on a pas le droit de faire ce qu'on veut avant nos dix-huit ans mais lorsqu'on est émancipés on peut être indépendants même si on n'est pas encore majeurs, dit-Stephen.
— Vous avez presque tous 18 ans, non ?
— On a été émancipés lorsqu'on s'est rencontrés, il y a un an, parce qu'on voulait plus vivre chez nous. Et on a emménagé ensemble directement. Esteban et Tao venaient juste d'avoir seize ans, Louis et Callum venaient d'avoir dix-sept ans et moi et Noaz avions déjà dix-huit ans.
— Mais en échange, on a dû faire une sorte de contrat avec eux, dit-Louis.
— Quel genre de contrat ? demanda Ailee.
— Il y a certaines choses que l'on doit respecter en échange de notre liberté. Par exemple, on est obligés d'avoir notre bac et de travailler sérieusement en cours, on a pas le droit de rater de cours. Des choses comme ça. Il y a toute une liste de règles à respecter, nos parents se sont mis d'accord entre eux. C'est le père d'Esteban qui a écrit le contrat, il est avocat.
— C'est quoi un avocat ?
— Si Esteban avait été là, il t'aurait dit que c'est un fruit, dit Noaz en riant. Mais plus sérieusement c'est quelqu'un qui est payé pour défendre les autres devant les tribunaux. Certains défendent les gens riches en échange de grosses sommes d'argent et les avocats commis d'office défendent ceux qui n'ont pas d'argent pour se payer un avocat indépendant. Parfois ils défendent des gens qui sont accusés à tort et parfois d'autres qui sont coupables. Mais leur but est le même, il doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher leur client d'être punis, et si ils n'y arrivent pas, ils doivent tout faire pour que la punition ne soit pas trop grosse.
— C'est un métier intéressant » dit-Ailee.
Noaz acquiesça avec un sourire.
« Tu aimerais faire quoi comme métier plus tard ? demanda-t-elle à Noaz.
— J'aimerais être médecin, comme mon père. J'ai beau ne pas l'apprécier, il reste un modèle pour moi.
— C'est ceux qui travaillent dans les hôpitaux, c'est ça ?
— Oui, c'est ça.
— Et vous ? demanda-t-elle aux garçons.
— On ne sait pas encore, dit-Stephen. Callum veut devenir écrivain et Seiji veut travailler dans l'informatique. Sinon, moi, Louis et Esteban on ne sait pas encore quoi faire.
— Je vois. Vous avez encore le temps de réfléchir, non ?
— Pas vraiment, comme c'est notre dernière année au lycée on doit se décider cette année. »
Ils continuèrent un peu à discuter orientation puis retournèrent en cours. Après deux heures de cours, ils rentrèrent chez eux pour manger. Ailee cuisina le déjeuner, toujours avec les directives de Louis puis ils mangèrent tous ensemble en discutant gaiement puis retournèrent en cours ensemble. Louis souhaita poser une question à Ailee en privée lors du trajet, ils laissèrent donc les autres avancer un peu.
« Tu voulais me demander quoi ? demanda Ailee.
— C'est à propos de tes évanouissements, tu ne sais pas pourquoi ça t'es arrivé ? Tu n'es pas malade quand même ?
— Oh, non, bien sûr que non. C'est sûrement dû au fait que j'ai dormi pendant vraiment longtemps. Mon corps doit juste avoir du mal à se réhabituer.
— J'espère » dit-il avec une grimace.
Ils allèrent en cours. Ailee fit attention à bien prendre tout en note pour pouvoir les prêter à Louis quand il n'aurait plus son plâtre puis ils rentrèrent chez eux. Les autres avaient déjà fini les cours depuis une heure lorsqu'ils sortirent du lycée. Noaz les laissa car il avait des cours à donner, donc Louis, Stephen et Ailee rentrèrent seuls chez eux. Lorsqu'ils furent rentrés, Louis demanda à voir les notes d'Ailee.
« C'est bien, dit-il. C'est compréhensible, et tu as tout pris en note, je ne vais pas avoir de mal à rattraper. »
Louis se dirigea vers la cuisine, après presque une minute il appela Ailee.
« Tu peux me servir un verre d'eau, s'il te plaît. Ce n'est pas pratique avec le plâtre. »
Elle acquiesça et lui servit un verre.
« La première fois que l'on t'a parlé tu as dit que tu avais oublié de quel endroit ton père était le roi, dit Louis. Il était roi de France, même si ça ne s'appelait pas comme ça avant.
— Il était roi de ce pays ?
— Oui, ça a beaucoup changé depuis mais c'était bien ce pays. Ça explique aussi pourquoi le français te paraît familier, proche de ta langue maternelle.
— Merci. J'étais un peu perdu, je me demandais d'où je venais.
— C'est rien. Je me suis juste dit que même si tu ne voulais pas encore savoir ce qui était devenu ton père tu voudrais quand même savoir ce qu'il gouvernait. Et je me suis dit que ça t'aiderait peut-être à retrouver tes souvenirs, ou au moins une partie, même petite.
— Tu as bien fait. »
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