PDV Shion:
Lucy vient m'embrasser dès qu'elle me voit ce matin. Je ne fais rien pour l'en empêcher.

-C'est nul qu'on est pas cours ensemble aujourd'hui!

Elle fait une moue adorable en se blotissant contre moi.

-On mange avec ton frère à midi?
-Non, il ne va pas avoir assez de temps de pause aujourd'hui.
-Et demain?
-Tu l'aimes bien mon frère, non?

Je hausse les épaules.

-Il est gentil.

Tu parles... J'essaie juste d'oublier Nezumi avec lui.
Quand la cloche sonne, je me défais des bras de Lucy et me dépêche de rejoindre l'amphithéâtre.

***
Le soir, j'attends Lucy au portail.

-Shion? T'étais pas obligé de m'attendre! Éric vient me chercher en voiture.
-Il a le permis?
-Il a 22 ans. Alors oui, il a le permis.

Il pourrait m'amener à la ville où vit Nezumi...
Je secoue la tête. Faut que je me le sorte de l'esprit!
Une voiture s'arrête près de nous. La vitre se baisse.

-Shion! C'est gentil d'avoir attendu avec ma soeur.

Je lui serre la main et il me fait un grand sourire. Il me fait ensuite un clin d'œil d'un air de dire "notre petite sortie d'hier soir est un secret entre nous".

-Tu veux que je te ramène?
-Non, j'aime bien marcher.
-Alors, une autre fois?
-Sûrement quand je serai en béquille. Mais je ne fais pas de sport alors ça risque pas d'arriver. A plus tard.

Et je m'éloigne.
Lorsque j'arrive à mon appartement, j'ai un message.

De Éric:
Ça te dit qu'on aille marcher un peu cette nuit? Retrouve-moi à 22h au centre-ville.

Je me change pour être plus à l'aise et me prépare un petit repas. Je fais mes devoirs pendant que ça cuit puis je mange rapidement. Je tourne ensuite en rond pendant une heure avant de partir de chez moi. J'arrive 30 minutes avant l'heure prévue. J'attends Éric sur un banc.

-Shion!

Il s'avance vers moi en faisant de grands signes de main. Serait-ce possible d'être encore plus discret?

-Tu as mangé?
-Oui.
-Tu n'as pas faim?
-Non.
-Même pas pour une crêpe?
-Je préfère les gaufres.

Il rit. J'ai dit quelque chose de drôle?

-Qu'est-ce qu'il y a de si marrant?
-Tu as l'air aussi blasé que mon rat.
-Tu as un rat?!

D'un coup, je trouve ce qu'il raconte très intéressant.

-Oui, il est domestiqué.
-Tu lui as donné un nom?
-Tache de lait.
-C'est pas un peu long?
-En fait il est tout noir. Seul son museau est blanc, comme s'il l'avait trempé dans un verre de lait. C'est pour ça qu'il a ce nom.
-C'est mignon! Tu me le montreras?
-Pourquoi pas. Tu viendras chez moi un de ces jours!

Et pour la première fois depuis des jours, je fais un vrai et grand sourire.

-Tu es si beau quand tu es heureux.

Je rougis et baisse la tête instantanément.

-Ne dis pas de bêtise...

Il touche ma cicatrice sur la joue.

-Tu t'es fait ça comment?

Je tape sa main comme si elle m'avait brûlé et je recule.

-Pardon, je n'aurai pas du te demander.
-C'est rien...

Je ne fais que marmonner.
Pour s'excuser, il me paye une gaufre au sucre. Nous mangeons en silence en marchant. Éric décide de combler le vide.

-Je ne pensais pas qu'un garçon comme toi aimait les rats.

Je lève la tête, surpris.

-Ah bon? Pourquoi?
-Tu sembles être un de ces gars qui crient un voyant des trucs dégueulasses.

Je repense à la pile de cadavres que j'ai escaladé.

-Les apparences sont parfois trompeuses.

Je me fige en apercevant une chevelure grise attachée en queue de cheval courte devant moi.

-Shion?

Éric passe sa main devant mes yeux. J'ai l'impression de l'entendre comme si j'étais sous l'eau.
Le temps se fige.
L'homme se retourne.
Le soulagement et la déception remplissent mon coeur. Je me mords la lèvre pour essayer d'oublier la douleur dans ma poitrine.
Ce n'est pas lui...

-Ça va? On dirait que tu as vu un fantôme?

Je hoche la tête. J'aperçois alors que j'ai lâché ma gaufre. Elle gît à mes pieds.

-Je... J'ai besoin de m'asseoir.
-Bien sûr!

Éric m'amène à l'écart et je m'écroule contre un mur. J'essuie la sueur qui s'est amassée sur mon front.

-Que s'est-il il passé?

Je secoue la tête.

-Je veux rentrer chez moi.
-Tu es sûr?
-J'ai besoin de me reposer.
-D'accord.

Il m'aide à me relever et passe son bras autour de mes hanches pour me soutenir.

-Tu habites loin?
-Dix minutes...

Nous marchons lentement jusqu'à chez moi. Il m'accompagne jusqu'à mon lit.

-Merci.
-Tu n'as besoin de rien?
-Non. Tu peux y aller.

Il fait quelques pas vers la porte puis s'arrête. Il revient vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Elles sont bien trop pulpeuses, celle de Nezumi sont plus fines et ont un léger goût salé inoubliable.
Je repousse Éric et explose en sanglots. Pris de court, il ne sait pas comment réagir.

-Merde, je suis désolé.

Il lève sa main pour la poser sur mon épaule mais je me réfugis sous mes draps.

-Je vais y aller... Repose-toi Shion.

Et il quitte mon appartement.
Je ne tente pas d'arrêter mes pleurs, d'essuyer mes larmes. Je laisse tout sortir: ma tristesse, ma colère, ma douleur. Je sens un trou béant s'agrandir un peu plus chaque jour dans ma poitrine là où devrait être mon coeur.
Je l'aime tellement... Mon Nezumi...

...
Trois chapitres en un jour ^^

Il n'y a pas trop de répétitions dans mes phrases ou mes chapitres?