Chapitre 11
— Elles sont toutes attablées votre altesse.
Passant une main sur son pur-sang noir, Khalil avait fixé son palais au loin depuis les écuries.
Feignant un départ précipité, Khalil était prêt maintenant à retourner dans les lieux en toute discrétion. D'un pas élancé, il avait engagé une marche rapide pour pénétrer dans les recoins et les passages construit à ses soins, de façon à rejoindre sa salle à manger personnel. Car si toute cette comédie de départ avait été préparée par ses soins, ce n'était que pour une seule chose... surveiller les actions de la jeune femme pour être sûr d'avoir pris la bonne décision. Passant par la porte sombre, Khalil avait maintenant la possibilité de voir la pièce sans être remarqué.
Il allait participer à ce repas.
Dans l'ombre.
Et si pour l'instant tout semblait normal, Khalil restait sur ses gardes en imaginant peut-être que la jeune femme puisse engager une conversation avec sa maîtresse par exemple, pensa-t-il. Et si elle n'était pas différente ? Et si elle ressemblait à toutes les autres ? Oubliant de regarder ses enfants, Khalil traçait la jeune femme des yeux. Sous le décor en or de la profondeur de la pièce et la lumière du soleil, ses yeux dépassaient tout ce qui pouvait être réel sur cette terre, jusqu'à se retenir de parler.
Tout Seul.
De son œil bleu inquiet, la jeune femme essuyait les mains de Lana qui en mettait partout.
— Ouvre ta bouche Laila enfin !
Lâchant la jeune femme des yeux pour se concentrait sur cette voix cristallisée d'un aigu perçant, Khalil avait levé le menton les muscles tendus d'entendre, Cara donnait cette ordre froid à sa propre fille et si Khalil s'interdisait de rentrer dans la pièce en trombe, sa main c'était posée sur la poignée de ce passage que seul lui empruntait.
Sa petite Laila avait le regard fermé et tentait de rattraper ses bouts de viandes dans son bavoir.
Aicha qui ne pouvait intervenir, était restée en retrait sous ses yeux impuissant.
— Je fais ce que je peux maman...
La vision rétrécit, Khalil avait actionné la poignée ne pouvant en supporter d'avantage, avant de voir la jeune femme se lever au même moment que Cara, pour se saisir de son poignet avant qu'elle n'oblige sa fille à manger.
— Comment osez-vous !
— J'ose comme vous osez demander à votre bébé de vingt-quatre mois des choses qu'il ne maîtrise pas encore ! Répondit la jeune femme d'une voix faible mais ferme. L'habilitée de vos filles est encore mince et la motricité d'un enfant demande de la patience, chaque geste est un cadeau pas une tâche, alors je vous conseille d'abord d'acheter des couverts pour bébé avant de lui demander de viser sa petite bouche fragile avec une fourchette en argent susceptible de la blesser. Acheva la jeune femme en lui arrachant la fourchette des mains.
Ébahi, Khalil avait posé le plat de ses mains contre le mur en dévisageant la petite fée aux yeux vairons, en sachant maintenant qu'il n'avait plus rien à craindre.
Pinçant ses lèvres les poings serrés Cara était parti à grandes enjambées furieuse.
Khalil pouvait voir la jeune femme trembler tout en prenant la fourchette de Lana pour la poser sur table.
Tirant les deux chaises hautes en face d'elle, Khalil ne perdait pas une miette de ce spectacle.
Sacrifiant son repas en poussant son assiette d'un revers de la main, elle s'était saisie maladroitement de sa cuillère.
— Alors à qui revient la première bouchée ?
— A moi à moi ! S'écria-t-elles en joies.
— Tenez mademoiselle. S'exclama Aicha en lui donnant une autre cuillère.
— Merci.
Les deux mains encombrées, la jeune femme remplie de douceur donnait des petites bouchées avec une patience angélique.
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