La lumière du matin filtre à travers les rideaux de la chambre d'hôpital, douce et apaisante, contrastant avec l'atmosphère tendue de la veille. Je veille sur Touma, qui, bien que réveillé, se remet encore des séquelles de son affrontement avec Kanzaki. Il est fort, je le sais, mais il y a quelque chose dans son regard ce matin, une lueur d'inquiétude qu'il essaie de cacher derrière son habituel sourire insouciant. Nous avons tous les deux vécu des choses que d'autres ne pourraient jamais comprendre, mais aujourd'hui, c'est un nouveau jour, et une nouvelle bataille nous attend.

Le 27 juillet est arrivé plus vite que je ne l'aurais imaginé. Touma est prêt à sortir de l'hôpital, et je suis là pour l'accompagner, comme je l'avais promis. Après avoir vérifié une dernière fois avec Heaven Canceller, nous quittons enfin l'hôpital, laissant derrière nous cette étape difficile.

Le soleil brille haut dans le ciel, une chaleur écrasante se faisant ressentir dès que nous mettons le pied dehors. « Prêt pour une nouvelle aventure ? » dis-je, tentant de briser la tension qui semble s'être installée entre nous.

Touma me regarde avec un sourire en coin. « Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix, hein ? »

Je ne peux m'empêcher de sourire en retour. « Pas vraiment, non. Mais avant que nous ne partions, je dois te dire quelque chose. »

Nous marchons côte à côte en direction de son appartement, et je prends une profonde inspiration. « Touma, tu sais déjà qu'il y a plus en jeu ici que ce que tu vois à la surface. Styl Magnus et Kanzaki Kaori ne sont pas nos vrais ennemis. Ils sont... manipulés. Par l'Église de Necessarius, et plus précisément par Lola Stuart. »

Il hoche la tête, son expression devenant plus sérieuse. « Je m'en doutais. Quelque chose clochait depuis le début. Mais je ne peux pas laisser cela se poursuivre, X. Nous devons agir. »

Je serre les dents, sachant qu'il a raison, mais aussi conscient des dangers qui nous attendent. « Je suis d'accord. Mais il faut faire attention. Ces gens ne reculeront devant rien pour obtenir ce qu'ils veulent. »

Touma soupire, mais je peux voir dans ses yeux qu'il est prêt. Prêt à affronter ce qui vient, peu importe à quel point cela pourrait être dangereux. « Alors, allons-y. »

Nous continuons notre route, nos pas résonnant dans les rues maintenant familières de la Cité Académique. Sur le chemin, mon téléphone vibre, et je jette un coup d'œil rapide. C'est un message de Komoe-sensei. Elle nous informe qu'elle ne sera pas dans son appartement pendant un certain temps, ce qui signifie que nous devons nous débrouiller seuls pour un moment. Je lui réponds brièvement avant de ranger mon téléphone.

« Komoe-sensei ne sera pas là pendant un certain temps, » dis-je à Touma en rangeant mon téléphone. « Ça signifie que nous allons devoir nous débrouiller seuls pour un moment. »

Il hoche la tête sans répondre, l'air concentré. Je sais qu'il pense déjà à ce qui nous attend.

Alors que nous approchons de son appartement, je sens quelque chose dans l'air. Une tension, une présence qui n'était pas là auparavant. Je tends la main pour arrêter Touma, et il me regarde, surpris.

« Qu'est-ce que c'est ? » demande-t-il à voix basse.

Je ferme les yeux, utilisant mes Omni Senses pour analyser notre environnement. Il y a quelque chose... non, quelqu'un, qui nous observe. Plusieurs personnes, en fait. Des ennemis potentiels, et ils sont nombreux. « Nous ne sommes pas seuls, » murmuré-je, ma voix à peine audible. « Prépare-toi. »

Il n'a pas besoin de plus d'instructions. Nous continuons à avancer, mais cette fois, nos pas sont plus prudents, nos sens en alerte. Les premiers attaquants surgissent des ruelles latérales, des individus sans scrupules, probablement des membres de gangs ou des mercenaires engagés pour nous retarder. Ils sont armés, mais ils ne savent pas à qui ils ont affaire.

Touma est le premier à réagir. Il lève sa main droite, son Imagine Breaker prêt à neutraliser toute attaque magique qui pourrait être lancée contre nous. Moi, je me tiens à ses côtés, mon épée de Balmung déjà dégainée, prête à fendre l'air.

Les assaillants nous encerclent, croyant avoir l'avantage du nombre. Ils n'ont pas encore compris leur erreur. L'un d'eux se jette sur moi, brandissant un couteau, mais je le repousse d'un simple mouvement de ma lame, envoyant son arme voler au loin. Il recule, stupéfait, et je le mets hors d'état de nuire avec un coup rapide qui l'assomme.

Touma, de son côté, esquive les attaques avec une agilité surprenante, utilisant son Imagine Breaker pour annuler les quelques tentatives d'attaques magiques. Les quelques combattants qui se risquent à l'attaquer directement sont vite maîtrisés. Je dois admettre qu'il s'en sort bien, malgré ses blessures récentes.

Un autre groupe surgit, plus nombreux cette fois, mais ils ne sont pas mieux préparés. Je sens l'adrénaline monter en moi, mes mouvements devenant plus fluides et précis à chaque ennemi que je neutralise. Touma et moi travaillons en parfaite synchronisation, comme si nous avions fait cela des centaines de fois auparavant.

L'un des attaquants, plus téméraire que les autres, tente de m'atteindre avec une arme à feu. Je l'aperçois juste à temps pour lever mon épée et dévier la balle, avant de me jeter sur lui et de le désarmer avec une précision chirurgicale. Il tombe à genoux, terrifié, et je me contente de lui asséner un coup sur la nuque pour le mettre hors de combat.

La ruelle est bientôt jonchée de corps, inconscients ou grièvement blessés, mais aucun n'a trouvé la force de se relever. Nous les avons maîtrisés en un temps record, et je dois admettre que cela m'a donné une certaine satisfaction. Mais je n'ai pas le temps de savourer cette victoire.

Touma s'approche de moi, essuyant la sueur de son front. « Pas mal, » dit-il avec un sourire fatigué. « Mais je pense qu'il vaudrait mieux se dépêcher avant que d'autres ne se pointent. »

Je hoche la tête, d'accord avec lui. « Allons-y. Il ne faut pas traîner. »

Nous reprenons notre route, laissant derrière nous le chaos que nous avons créé. L'appartement de Touma est en vue maintenant, et je peux sentir que nous nous rapprochons du cœur du problème. Styl Magnus et Kanzaki Kaori ne sont pas loin, j'en suis certain. Mais avant de pouvoir les affronter, nous devons nous assurer que Touma et Index sont en sécurité. C'est la priorité absolue.

En arrivant à l'entrée de l'immeuble, je m'arrête et tourne la tête vers Touma. « Es-tu prêt ? »

Il me regarde, son expression grave, mais déterminée. « Autant que je puisse l'être. »

Nous montons les escaliers rapidement, évitant les ascenseurs pour ne pas nous retrouver piégés. L'appartement de Touma est en haut, et je ressens une étrange tension en me rapprochant de la porte. Quelque chose ne va pas. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, la porte s'ouvre brusquement, et nous nous retrouvons face à...

...rien. L'appartement est vide, à l'exception des meubles familiers. Pas de trace de combat, pas de signes de présence récente. Pourtant, je ne peux m'empêcher de sentir que quelque chose ne tourne pas rond.

Touma s'avance prudemment, explorant chaque pièce pendant que je garde la porte. Tout semble en ordre, mais cela ne fait qu'accentuer mon malaise. Pourquoi Styl et Kanzaki n'ont-ils pas encore fait leur mouvement ? Ou est-ce qu'ils nous attendent ailleurs ?

« Tout semble normal, » dit Touma en revenant vers moi. « Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que quelque chose ne va pas. »

Je suis d'accord avec lui, mais je ne sais pas encore quoi. « Restons sur nos gardes. Peut-être que Komoe-sensei a réussi à les détourner ailleurs. »

Touma acquiesce, mais je vois que l'inquiétude ne le quitte pas. Et moi non plus. L'ombre de la menace plane toujours sur nous, et je sens que ce n'est qu'une question de temps avant que quelque chose ne se passe. Mais quoi qu'il arrive, je suis prêt à affronter Styl, Kanzaki, et tous ceux qui osent s'en prendre à ceux que j'aime. Cette bataille ne fait que commencer.

Le matin du 28 juillet commence dans une obscurité troublée. Le ciel nocturne est dégagé, mais l'air est lourd, chargé d'une tension presque palpable. Les événements des derniers jours tournent dans mon esprit, mais je n'ai pas le luxe de m'attarder sur ce qui a été. Maintenant, chaque seconde compte, chaque décision peut faire la différence entre le succès et un échec catastrophique.

Touma est toujours inconscient, récupérant des séquelles de ses récents affrontements. Malgré tout, je n'ai pas le temps d'attendre. Je le soulève avec précaution, le portant dans mes bras en mode princesse. Le poids de son corps semble insignifiant en comparaison de la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Mon toucher se propage à travers mon corps, et en un instant, je me propulse en avant, atteignant une vitesse insondable. Le monde devient flou autour de moi, chaque élément du paysage se fondant en une ligne continue alors que je file à la vitesse du son.

Mon esprit est focalisé sur un seul objectif : arriver à temps pour empêcher ce rituel insensé, ce crime abominable que Styl et Kanzaki semblent prêts à commettre. La maison de Komoe-sensei, autrefois un refuge de paix et de sécurité, est désormais le théâtre d'une bataille que je ne peux me permettre de perdre.

La distance qui me sépare de la maison se réduit en un instant. J'arrive juste à temps pour voir Styl et Kanzaki se préparer à accomplir l'irréparable. Leurs visages sont tendus, résolus, mais je peux percevoir une certaine hésitation dans leurs gestes. Une hésitation qui me donne l'ouverture dont j'ai besoin.

Je dépose Touma délicatement sur le sol et m'avance, une rage froide s'emparant de moi. « Vous osez ? » Ma voix résonne dans le silence de la nuit, chaque mot chargé d'une colère dévorante. « Vous osez faire ça ici, dans la maison de Komoe-sensei ? Vous avez déjà perdu toute humanité pour en arriver là ? »

Styl tourne la tête vers moi, ses yeux brûlant d'une détermination inflexible. « Ce n'est pas par choix que nous en sommes arrivés là. »

« Peu importe vos excuses, » dis-je en serrant les poings, sentant mon sang bouillir sous ma peau. « Rien ne justifie ce que vous vous apprêtez à faire. »

Je suis sur le point d'attaquer, prêt à les faire payer pour leur trahison, mais soudain, quelque chose change. Une lueur étrange éclaire le visage d'Index, et je comprends trop tard ce qui est en train de se produire.

Touma, dans son inconscience, a accidentellement réveillé le John’s Pen Mode d’Index, la faisant basculer dans un état de puissance brute et de froideur émotionnelle. Ses yeux s’ouvrent, et un regard qui n'est plus le sien nous transperce, comme si elle était une tout autre personne.

« Touma, » grogné-je, sentant la panique monter en moi. « Tu as déclenché une catastrophe ! »

Mais il est trop tard pour les reproches. Index en mode John’s Pen est sur le point de se déchaîner, et il n’y a pas de retour en arrière possible. Je me tourne vers Styl et Kanzaki, laissant ma colère momentanément de côté. « Si vous avez encore un semblant de conscience, aidez-moi à la retenir. »

Touma, malgré sa faiblesse, se redresse péniblement et se tourne vers Styl et Kanzaki. « Vous avez été trompés, » leur dit-il, sa voix encore faible mais pleine de conviction. « Vous êtes utilisés par l’Église pour accomplir leurs plans. Ce rituel n'est qu'une manipulation de plus. »

Styl et Kanzaki échangent un regard, l'hésitation visible sur leurs visages. Mais l'urgence de la situation les force à faire un choix. Sans un mot, ils se mettent en position pour aider, prêts à affronter ce que leur loyauté envers l’Église leur a jusqu'ici interdit.

Je serre les poings, sentant mes Omni Senses s’étendre à leur maximum. Tous mes sens sont en alerte, chaque fibre de mon être prête à réagir. Index, en mode John’s Pen, est plus dangereuse que jamais. Ses attaques sont précises, impitoyables, et elle ne connaît ni pitié ni hésitation. Nous sommes quatre contre elle, et pourtant, cela semble à peine suffisant pour contenir sa fureur.

Elle lance une incantation, une série de mots interdits qui résonnent dans l’air comme des coups de tonnerre. Une sphère de lumière se forme au-dessus de nous, son intensité croissant à chaque seconde. Je n’ai pas besoin de comprendre le latin pour savoir que c’est une attaque d’une puissance inimaginable.

Je fais un pas en avant, prêt à me sacrifier pour la stopper. Si je peux détourner l’attaque ne serait-ce qu’un instant, Touma aura une chance d’utiliser son Imagine Breaker pour la neutraliser. Mais avant que je puisse agir, je sens une main sur mon épaule. Touma me dépasse et se place devant moi, levant sa main droite.

« Touma, non ! » crie-je, mais il est trop tard.

L’attaque d’Index frappe de plein fouet le champ d’annulation de l’Imagine Breaker, créant une onde de choc si puissante qu’elle fissure le sol sous nos pieds. Le temps semble se figer alors que l’énergie dégagée par le choc se disperse dans toutes les directions, détruisant tout sur son passage.

À cet instant, à des milliers de kilomètres au-dessus de nous, le Tree Diagram, le supercalculateur de la Cité Académique, explose, pulvérisé par la force de l’impact.

Minuit 22 minutes. L’heure exacte où le monde a changé.

Lorsque l’onde de choc se dissipe enfin, je me précipite vers Touma, craignant le pire. Mais il est toujours debout, bien que chancelant. L’énergie de l’attaque d’Index a été annulée, mais il en porte les marques. Son corps tremble, épuisé par l'effort titanesque qu'il vient de fournir.

Index, quant à elle, semble reprendre ses esprits. La lueur froide dans ses yeux disparaît, remplacée par la douceur familière de la personne que nous connaissons. Mais avant que je puisse me réjouir, elle vacille et tombe à genoux, haletante.

« Touma... » murmure-t-elle, sa voix faible, brisée.

Je m’approche, sentant mon cœur se serrer à la vue de ce spectacle. Je ne peux laisser cela se poursuivre. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, Touma se laisse tomber à genoux à ses côtés. Il la prend dans ses bras, ignorant la douleur qui le traverse.

« Tout va bien, » murmure-t-il, essayant de la rassurer. « Tu es en sécurité maintenant. »

Mais quelque chose ne va pas. Touma lève les yeux vers moi, et je vois dans son regard une confusion grandissante. Il secoue la tête comme s'il essayait de chasser un voile invisible, mais rien n’y fait.

« Touma ? » m'entendis-je dire, ma voix trahissant une inquiétude que je n’avais pas ressentie depuis longtemps.

« Qui... Qui êtes-vous ? » demande-t-il soudain, ses mots tranchants comme des lames dans l’air.

Le choc me frappe de plein fouet, plus fort que n’importe quelle attaque que j’aurais pu subir. Je comprends alors ce qui s’est passé. L’effort pour contrer l’attaque d’Index, combiné au stress et à l’épuisement, a effacé sa mémoire.

Touma ne se souvient plus de nous. Il ne se souvient plus de moi, d'Index, ou de tout ce que nous avons traversé ensemble. Sa mémoire est blanche, comme une page tournée sans retour possible.

Je tombe à genoux, la réalité de la situation m’écrasant sous son poids. J’ai échoué. Malgré tous mes efforts, malgré tout ce que nous avons sacrifié, j’ai échoué à protéger ce qui comptait le plus.

Styl et Kanzaki s'approchent, mais je les ignore. Leur rôle dans cette tragédie n’a plus d’importance. Seule la douleur que je ressens, la perte que nous venons de subir, compte.

Index est en sécurité, pour l’instant. Mais à quel prix ? Touma, l’ami que je tenais plus que tout, ne me connaît plus. Il est là, devant moi, mais c’est comme s'il était déjà parti. Et cela, c'est une blessure qui ne guérira jamais.

Le trajet vers l'hôpital se fait dans un silence lourd. Je porte Touma, inconscient, dans mes bras, chaque pas résonant comme un écho dans l’obscurité de la nuit. L’idée que ce soit la dernière fois qu’il se souvienne de moi, de nous, m'écrase de l’intérieur. Les lumières de la ville clignotent autour de nous, indifférentes au drame qui se joue.

L’idée de pouvoir utiliser Omni Senses pour l’aider à retrouver sa mémoire me traverse l’esprit. Mais je la chasse immédiatement. Mon sixième sens est encore trop instable, trop dangereux pour être utilisé dans une situation aussi critique. Je pourrais empirer les choses, ou pire, lui causer des dommages irréversibles. Non, je ne peux pas prendre ce risque.

Nous atteignons enfin l’hôpital. Le personnel médical s'empresse de prendre Touma en charge, me laissant seul dans le hall. Je serre les poings, essayant de contenir les émotions qui se bousculent en moi. J'ai toujours été le genre de personne à maîtriser mes sentiments, à garder un contrôle strict sur ce que je ressens. Mais ce soir, c'est différent.

Index entre précipitamment dans l’hôpital, le visage marqué par l’inquiétude. Sans un mot, je me détourne et sors à l’extérieur, incapable de supporter la vue de son désespoir mêlé à mon propre chagrin. L’air de la nuit est frais, mais il n’apporte aucun réconfort. Je m’éloigne un peu, juste assez pour être hors de vue, mais pas assez pour être hors d’écoute.

Je tends l’oreille, utilisant mes sens pour suivre la conversation qui se déroule à l’intérieur. Index interroge Touma sur son état, cherchant désespérément à comprendre ce qui s'est passé. Puis, il lui ment. « Non, je n’ai pas perdu la mémoire. » Ses mots sont comme un coup de poignard dans mon cœur. Je sens les larmes monter, brûlantes, mais je refuse de les laisser couler. Pourtant, malgré tous mes efforts, elles finissent par s’échapper, glissant silencieusement le long de mes joues.

Ce n'est pas juste. Pas juste qu'il doive cacher la vérité pour protéger ceux qu'il aime, pas juste qu’il porte ce fardeau seul. Mais ce n’est pas à moi de le juger. Tout ce que je peux faire, c'est pleurer en silence, caché dans l'ombre.

C'est alors que je sens une main sur mon épaule. Je lève les yeux et vois Heaven Canceller, son regard bienveillant posé sur moi. Il ne dit rien au début, se contentant de presser légèrement mon épaule comme pour me rappeler que je ne suis pas seul.

« Tu sais, » commence-t-il doucement, « pleurer n'est pas un signe de faiblesse. C'est simplement la manière dont le corps évacue ce qu'il ne peut plus contenir. »

Je hoche la tête, incapable de parler. Les mots sont coincés dans ma gorge, étouffés par la douleur et la confusion.

« Tu as fait tout ce que tu pouvais, X, » poursuit-il. « Et je suis sûr que Touma le sait, même s’il ne se souvient pas. Tu devrais être fier de toi. »

Je baisse les yeux, fixant mes mains tremblantes. « Mais cela ne suffit pas, n'est-ce pas ? »

Heaven Canceller me sourit, un sourire triste et compréhensif. « Parfois, nous faisons tout ce que nous pouvons, et ce n’est toujours pas assez. Mais cela ne signifie pas que nous devons arrêter d’essayer. »

Ses paroles me réconfortent, un peu. Assez pour que je puisse enfin respirer normalement. Je sèche mes larmes, rassemblant le peu de force qui me reste. Heaven Canceller me tapote l’épaule avant de retourner à l’intérieur, me laissant seul à nouveau.

Peu après, Komoe-sensei arrive, essoufflée. Elle a dû courir depuis sa maison après avoir reçu la nouvelle. Dès qu’elle me voit, elle s’approche et m’enlace sans un mot. Cette fois, je ne repousse pas le contact. Je m’effondre presque dans ses bras, laissant enfin sortir la douleur que je retenais depuis que j'avais compris l'ampleur de la situation. Komoe-sensei ne dit rien, elle ne me juge pas. Elle sait que c'est ce dont j'ai besoin en ce moment : un soutien silencieux, une présence rassurante.

Pendant un moment, je me permets de laisser tomber le masque de force que je porte constamment. Je suis fatigué, épuisé par les événements des derniers jours, par le poids des décisions que j'ai dû prendre, par la perte de Touma tel que je le connaissais.

Komoe-sensei reste à mes côtés, me tenant fermement mais avec douceur, comme pour m'ancrer dans le présent, pour me rappeler que je ne suis pas seul. Finalement, elle murmure d'une voix apaisante : « Tu as fait tout ce que tu pouvais, Khi. Personne ne peut te reprocher quoi que ce soit. »

Ses mots résonnent en moi, et bien que je sache qu'elle a raison, une part de moi se refuse à l'accepter. J'aurais dû faire plus. J'aurais dû être plus fort, plus rapide, plus... tout. Mais maintenant, il est trop tard pour les regrets. Tout ce que je peux faire, c'est aller de l'avant et essayer de réparer ce qui peut encore l'être.

Je prends une grande inspiration et me redresse lentement, m'éloignant doucement de l'étreinte de Komoe-sensei. Elle me regarde avec une inquiétude palpable dans les yeux, mais elle ne dit rien, respectant mon besoin de reprendre le contrôle.

« Merci, sensei, » dis-je finalement, la voix un peu rauque. « Merci d'être là. »

Elle sourit tristement, une lueur de compréhension dans son regard. « Tu n'as pas besoin de me remercier, Khi. Je serai toujours là pour toi, quoi qu'il arrive. »

Je hoche la tête, touché par sa sincérité. Mais au fond de moi, je sais que je dois faire quelque chose de plus. Je ne peux pas rester ici, à me morfondre. Si je veux vraiment protéger ceux qui comptent pour moi, je dois devenir plus fort, plus déterminé. Et cela signifie peut-être prendre des décisions difficiles.

L'idée de rejoindre Judgment me traverse l'esprit à nouveau. Jusqu'à présent, j'avais toujours hésité à m'engager dans une organisation officielle. Judgment, avec son code d'éthique strict et son engagement envers la justice, pourrait être un moyen pour moi d'utiliser mes capacités pour un bien plus grand. Mais une part de moi reste réticente. Rejoindre Judgment signifierait abandonner une certaine indépendance, et je ne suis pas sûr d'être prêt à cela.

Pourtant, après tout ce qui s'est passé, je ne peux plus me permettre de rester en retrait. Je dois prendre une décision, et vite.

« Komoe-sensei, » dis-je en me tournant vers elle, « qu'est-ce que tu penses de Judgment ? Penses-tu que je devrais... y réfléchir sérieusement ? »

Elle me regarde pendant un moment, pesant ses mots avec soin. « Judgment est une organisation honorable, Khi. Mais c'est aussi une grande responsabilité. Si tu choisis cette voie, tu devras être prêt à faire des sacrifices. Mais je pense que tu as le potentiel pour faire de grandes choses, que ce soit avec Judgment ou autrement. Ce qui compte, c'est ce que toi, tu veux faire. »

Je réfléchis à ses paroles, me demandant si je suis vraiment prêt pour un tel engagement. D'un côté, Judgment pourrait me donner les moyens de protéger ceux que j'aime, de faire une différence. Mais d'un autre côté, cela pourrait aussi me lier à des règles et des obligations que je ne suis pas certain de pouvoir suivre.

Avant que je ne puisse prendre une décision, Heaven Canceller réapparaît dans le couloir, un sourire apaisant sur le visage. Il s'approche de nous, et je vois dans ses yeux qu'il a des nouvelles.

« Comment va-t-il ? » demandé-je, l'anxiété me serrant à nouveau la poitrine.

« Touma est stable, » répond-il calmement. « Son état physique est bon, mais... » Il hésite, cherchant les bons mots. « La perte de mémoire est profonde. Il ne se souvient de rien avant l'incident. »

Je ferme les yeux, essayant de maîtriser l'émotion qui monte en moi. Je savais que c'était probable, mais l'entendre confirmé est une autre chose.

« Il a parlé à Index, » continue Heaven Canceller. « Il lui a dit qu'il ne se souvenait de rien, mais il a rapidement ajouté qu'il plaisantait. Il ne veut pas qu'elle sache. Il essaie de la protéger, même maintenant. »

Ces mots me frappent comme un coup de poignard. Touma, même amnésique, essaie de protéger Index, de la préserver de la douleur. Et pourtant, c'est moi qui me retrouve impuissant, à regarder de l'extérieur, incapable de faire quoi que ce soit pour arranger les choses. Les larmes que je retenais depuis si longtemps commencent à couler, silencieuses, traçant des lignes humides sur mes joues. Je baisse la tête, honteux de ne pas pouvoir me contenir, mais Heaven Canceller pose une main réconfortante sur mon épaule.

« C'est bon de laisser sortir ce que tu ressens, » dit-il doucement. « Personne ne peut traverser tout ça seul. »

Komoe-sensei s'approche également, ses bras se refermant autour de moi dans une étreinte rassurante. « Tu n'es pas seul, Khi. Nous sommes tous là pour toi. »

Je hoche la tête, reconnaissant pour leur soutien. Mais au fond de moi, une détermination nouvelle commence à émerger. Je ne peux pas rester dans cet état de vulnérabilité. Si je veux vraiment protéger ceux que j'aime, je dois devenir plus fort, maîtriser pleinement mes capacités et faire face aux défis qui se présentent.

« J'ai beaucoup à réfléchir, » dis-je en m'éloignant légèrement, essuyant les larmes de mes joues. « Mais je sais que je ne peux pas rester là, à ne rien faire. Je dois agir, d'une manière ou d'une autre. »

Komoe-sensei me regarde avec une lueur d'inquiétude, mais aussi de fierté. « Quoi que tu décides, Khi, je sais que tu feras ce qui est juste. »

Je lui souris faiblement, sachant que sa confiance en moi est une source de force inestimable. Je ne suis pas encore sûr de la voie que je vais prendre, mais je sais que je ne peux pas abandonner. Pas maintenant.

« Merci, » murmuré-je, une fois de plus reconnaissant pour leur présence à mes côtés. « Je vais prendre un moment pour réfléchir à tout ça. Mais quoi qu'il arrive, je ne laisserai plus jamais une telle situation se produire. »

Ils acquiescent, comprenant que j'ai besoin de temps et d'espace pour rassembler mes pensées. Alors que je me dirige vers la sortie de l'hôpital, je sens leur regard sur moi, un mélange de soutien et d'espoir.

Dehors, l'air du matin est frais, apaisant. Je prends une grande inspiration, essayant de clarifier mon esprit. La douleur est toujours là, mais elle commence à se transformer en quelque chose de plus utile : une détermination farouche à ne plus jamais être aussi impuissant.

Je marche sans but précis, laissant mes pensées vagabonder. L'idée de Judgment revient sans cesse, me rappelant que je pourrais trouver un moyen d'utiliser mes capacités pour le bien commun. Mais je sais aussi que je ne suis pas encore prêt à m'engager pleinement. Pas tant que je n'aurai pas maîtrisé Omni Senses, pas tant que je n'aurai pas trouvé un moyen de contrôler ce sixième sens qui m'échappe encore.

Finalement, je m'arrête dans un parc tranquille, m'asseyant sur un banc pour réfléchir. Le monde continue de tourner, indifférent à mes dilemmes. Mais pour moi, le temps semble suspendu, chaque choix pesant lourdement sur mon esprit.

Peut-être que Judgment est la bonne voie pour moi, peut-être que c'est là que je pourrais trouver ma place. Mais avant de prendre une décision définitive, je dois être sûr. Je dois être certain que je suis prêt à faire face à tout ce que cela implique.

Alors que le soleil commence à se lever, je me lève, déterminé. Peu importe la voie que je choisirai, je sais que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger ceux que j'aime. Que ce soit avec Judgment ou par mes propres moyens, je ne laisserai plus jamais la douleur et la perte définir ma vie.

Avec une nouvelle résolution, je me tourne vers l'avenir, prêt à affronter les défis à venir, sachant que cette fois, je ne serai plus seul.