Chapitre 38 : La fin d'un voyage

Le vent cingle mon visage alors que je me tiens face à l'immensité de l'étoile de Bethléem, ses lumières dansantes jetant une ombre surréaliste sur ce paysage désolé. Tout ce que je viens d'accomplir - désactiver les pièges, affronter des ennemis acharnés - n'était qu'une préparation pour ce moment. Je le sens au plus profond de moi, à travers Omni Senses : quelque chose de grandiose approche, et je ne suis pas prêt à rester en arrière.

Touma, Miracolo, et Psi se tiennent déjà face à Fiamma, là-bas, quelque part au cœur de cette lumière. Mais c'est ici que mon chemin prend un tournant. L'étoile s'élève au-dessus de moi, puissante et terrifiante, mais ce n'est pas elle qui m'inquiète. C'est cette présence colossale que je ressens, celle de l'archange Michael. Je sais qu'il est ici. Je le sens au travers de l'énergie condensée qui pulse dans l'air, un pouvoir qui dépasse tout ce que j'ai jamais affronté.

Plus de place pour la retenue.

Mes ailes d'os se déploient dans un bruissement sec, projetant une ombre inquiétante sur le sol froid. Mon cœur bat violemment dans ma poitrine, mais pas de peur - c'est de l'excitation, pure et simple. Chaque fibre de mon être est prête pour cette confrontation. Si je dois affronter Michael seul, alors ce sera avec tout ce que j'ai. Je n'ai plus de temps à perdre.

Je serre les poings, et Omni Senses s'active à plein régime. Chaque particule autour de moi se fige, chaque battement d'énergie et de vie autour de l'étoile de Bethléem devient visible dans mon esprit. Je peux voir toutes les possibilités, toutes les issues possibles de ce combat qui approche, et dans chacune d'elles, il n'y a qu'une seule constante : je dois utiliser tout. Chaque fragment de pouvoir, chaque capacité, chaque idée folle qui m'est venue depuis que j'ai posé le pied ici.

Avec une concentration absolue, j'invoque Imagine Creator. Ce pouvoir, l'une des nombreuses capacités que j'ai assimilées, me permet de donner forme à mes pensées, de rendre l'irréel tangible. Mais ce n'est pas suffisant. Pas contre Michael. Je sens déjà sa puissance écrasante se rapprocher. Il est l'incarnation de quelque chose de bien plus grand que moi, quelque chose de divin. Mais cela n'a jamais suffi à m'arrêter.

Je laisse une vague d'énergie couler dans ma main droite, et c'est alors que je libère Cram. Ce pouvoir me permet d'utiliser une multitude d'ESP sans restriction, et cette fois-ci, je n'ai plus l'intention de me limiter. Tout se passe en un instant. Mes ailes d'os battent l'air, et les huit dragons de mon bras surgissent, se libérant dans un rugissement assourdissant.

Ces dragons, je les avais vus chez Touma, mais en moi, ils ne sont plus de pâles imitations de ceux qu'il possède. Ils ont leurs propres identités, leurs propres volontés. Ce sont des entités nées de mon pouvoir et de ma volonté, et je les libère maintenant contre l'archange Michael. Le sol tremble sous leur poids, l'air se tord sous l'intensité de leur puissance.

Si Imagine Breaker de Touma détruit tout ce qui est magique, scientifique, ou surnaturel, moi, je crée. De ma main droite, je façonne la réalité. Le contraste entre Touma et moi n'a jamais été aussi clair. Alors que lui cherche à annuler, moi, je fais naître des forces nouvelles, des puissances capables de rivaliser avec les entités les plus anciennes et les plus puissantes.

Fiamma, bien que distant, ressent l'onde de choc de ma libération. Je le vois à travers Omni Senses ; son visage tordu par la stupeur. Il n'aurait jamais imaginé cela. Personne n'aurait pu imaginer que quelqu'un comme moi, un simple Gemstone, pourrait créer quelque chose d'aussi terrifiant que ces dragons qui tourbillonnent autour de moi.

Je me jette dans la bataille.

Michael se tient là, une figure imposante, rayonnant d'une lumière divine qui semble vouloir me consumer. Mais je ne recule pas. Les dragons s'élancent à sa rencontre, leurs rugissements résonnant dans l'air, brisant l'immobilité oppressante de ce lieu. Je les vois entourer l'archange, tournoyer autour de lui, cherchant à le mordre, à le déchirer.

Et Michael répond. Ses ailes d'une blancheur éclatante se déploient avec une puissance écrasante, repoussant mes créations avec une vague d'énergie céleste. Mais cela ne suffit pas. Je le sens faiblir. À chaque instant, à chaque attaque, ses mouvements deviennent plus lents, moins précis. Il ne s'agit pas d'une bataille physique, mais d'une guerre de volontés.

Je concentre à nouveau mon pouvoir. Si je veux battre Michael, je dois faire plus que simplement l'affronter avec les dragons. Je dois déployer tout mon potentiel, utiliser chaque pouvoir, chaque capacité que j'ai assimilée. Et je le fais.

Mon bras droit, celui d'où jaillissent les dragons, brille d'une lumière intense. Chaque ESP de niveau 5 que j'ai intégré se réveille en moi, s'amplifiant grâce à Omni Senses. Meltdowner, Move, Teleportation, Railgun, tous ces pouvoirs fusionnent en un seul torrent d'énergie pure que je déverse sur Michael.

Le choc est titanesque. L'air explose autour de nous, et pour la première fois, je vois l'archange vaciller. Mais ce n'est pas fini. Michael se redresse, ses yeux flamboyants de colère divine, et je sens qu'il prépare une attaque dévastatrice.

« Non... Pas cette fois, » je murmure, un sourire froid étirant mes lèvres.

Je libère la totalité de mon pouvoir, combinant Cram avec Imagine Creator, et les dragons se renforcent, leurs formes se précisent, leur pouvoir grandit. Ils ne sont plus des projections d'énergie. Ils sont réels, tangibles, prêts à dévorer Michael.

Et alors, dans un rugissement final, les huit dragons s'abattent sur l'archange, le submergeant dans un tourbillon de pouvoir destructeur.

Je ne relâche pas mon emprise. Je ne peux pas me permettre de faiblir. Cette bataille n'est pas seulement la mienne, elle est celle de tout le monde. De Touma, de Miracolo, de Psi, et de tous ceux qui comptent sur moi pour tenir tête à Fiamma et à son ambition insensée.

Je suis X Alfavito, et aujourd'hui, je crée ma propre destinée. On y va !

Je suis en plein combat contre Michael, l'archange. Mes ailes d'os frappent l'air comme des marteaux d'acier, mes dragons rugissent et se jettent sur lui avec une férocité sans égale. Chaque coup que je lui porte semble faire vaciller un peu plus cette figure céleste. Mais à mesure que la bataille avance, quelque chose change. Michael faiblit. Il n'est plus ce monstre invincible que j'imaginais. Est-ce à cause de moi ? Est-ce parce que je donne tout ce que j'ai, chaque once de pouvoir, chaque souffle ? Ou est-ce autre chose qui ronge sa force divine ?

Je n'ai pas le temps d'y réfléchir longtemps. Omni Senses capte une multitude d'autres présences qui convergent vers notre champ de bataille. Accelerator, Fuse Kazakiri, Acqua de l'arrière, Sahariel, Ururiel, Mikolo... Ils sont tous là. Un groupe d'élite qui se dresse contre le destin, chacun apportant une force unique dans cette guerre impossible. Pourtant, malgré tout ce soutien, quelque chose manque.

Vitwento.

Je ne la vois nulle part, et un malaise s'empare de moi. Mon sixième sens s'agite avec une violence inaccoutumée. Et alors, tout devient clair. Une vision fugace mais terrifiante me traverse l'esprit : Vitwento, la Misaka numéro 22, allongée sans vie. Tout ce que nous avons traversé ensemble, tout ce que nous avons partagé, semble se briser en mille morceaux. La douleur est insupportable. Je me sens glisser, perdant presque pied dans cette réalité de plus en plus déformée par la bataille.

Je me concentre, rassemblant le peu de lucidité qu'il me reste. Je dois faire quelque chose, changer le cours des événements avant qu'il ne soit trop tard. Dans une ultime tentative désespérée, je me concentre sur ma main droite. Là où, d'ordinaire, mes dragons prennent forme, une nouvelle idée germe en moi : un dragon qui manipulerait le temps lui-même. Si je pouvais le créer, je pourrais peut-être sauver Vitwento, peut-être même réécrire ce destin tragique.

Mais avant même que je n'aie le temps de façonner cette idée, tout bascule.

Une douleur aiguë transperce ma poitrine. Mon corps se fige, mes yeux s'écarquillent d'horreur. Je baisse les yeux pour voir le coup fatal : Fiamma, qui a absorbé Imagine Breaker de Touma, vient de transpercer mon cœur. Le pouvoir de Dieu coule dans ses veines, et je sens la vie s'échapper de mon corps à une vitesse vertigineuse. Il ne me reste plus rien. Mon sixième sens, mes pouvoirs, mes pensées, tout se brouille et s'effondre.

Le monde autour de moi s'efface lentement. Je ferme les yeux, acceptant cette fin. C'est dommage, me dis-je. J'aurais voulu faire plus. Mais au moins, je pars avec la certitude que Touma récupérera ce qui lui appartient - son bras droit et son pouvoir. Il est le seul capable d'arrêter Fiamma.

Avant de sombrer dans l'obscurité totale, une pensée me traverse l'esprit : Vitwento... Je suis désolé.

Et puis, le néant.

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Je rouvre les yeux, mais ce n'est pas le monde que je connais. Tout est lumière. Une lumière douce, apaisante, comme un voile de chaleur enveloppant chaque fibre de mon être. Je flotte, sans gravité, sans poids, sans douleur. Mais je ne suis pas seul.

Devant moi, une silhouette familière. Vitwento.

Elle me regarde, un sourire triste sur les lèvres.

« Réveille-toi, » me dit-elle doucement.

Je cligne des yeux, confus. « Où... où sommes-nous ? » Ma voix est faible, comme si elle n'appartenait plus vraiment à ce monde.

« Le chemin vers la lumière, » répond-elle simplement. « L'au-delà. »

Un frisson glacé me parcourt. « Tu es... morte ? » Je refuse d'y croire. Comment pourrais-je l'accepter ?

Vitwento secoue doucement la tête. « Non, pas exactement. C'est juste que... mon espérance de vie est arrivée à son terme. »

Je secoue la tête, refusant cette réalité. « Non, c'est impossible. Canceller... Il a dû rallonger ton espérance de vie... »

Elle me coupe, son regard plein de détermination. « J'ai refusé le traitement. »

« Pourquoi ? » Ma voix tremble. « Pourquoi refuserais-tu de vivre plus longtemps ? »

Son regard se fait plus doux, presque tendre. « Parce qu'entre vivre longtemps et risquer de t'oublier, ou vivre peu de temps mais garder des souvenirs de toi... le choix était facile. »

Ses mots me frappent comme un coup de poignard. Elle avait fait ce choix. Pour moi. Pour nous. Elle avait préféré vivre avec des souvenirs courts mais intacts, plutôt que de s'accrocher à une vie sans substance. Je n'arrive pas à parler. Les larmes coulent silencieusement sur mes joues, et je ne fais rien pour les retenir.

Vitwento continue, sa voix tremblant d'émotion. « Merci de m'avoir ramenée chez toi, quand on s'est rencontrés. Même si c'était pendant ce projet Sisters... Je ne t'ai jamais remercié. »

Je secoue la tête, les mots bloqués dans ma gorge.

Elle sourit tristement. « Je suis désolée de ne pas avoir été là quand tu avais besoin de moi. »

Je prends une grande inspiration, mais les mots ne viennent pas. Ce n'est pas juste. Nous étions censés avoir plus de temps.

« On ira ensemble dans l'au-delà, » je murmure, la voix brisée par la peine.

Mais au dernier moment, elle me pousse doucement sur le côté. Je la regarde, choqué, alors qu'elle tire la langue avec un petit sourire taquin.

« Désolée, mais tu vas devoir vivre encore un peu. »

Et avant que je ne puisse réagir, tout devient noir à nouveau.

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Je me réveille en sursaut, haletant. Je suis de retour. Mon cœur... non, je n'ai plus de cœur. Comment suis-je encore vivant ? Et alors, je comprends. Miracolo... Il a utilisé Lux Divina, la fusion de Lux Machina et Divinum Verbum, pour me sauver. C'est un miracle, littéralement.

Je suis vivant, mais à quel prix ? Vitwento n'est plus là. Je suis ici, seul, avec ce fardeau.

Et maintenant, la bataille continue.

Je me réveille brusquement, le souffle court, prêt à me jeter dans la bataille une fois de plus. Mon corps est lourd, mais l'urgence de la situation me fait ignorer la douleur qui pulse dans ma poitrine. Cependant, avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, une main se pose doucement sur mon épaule.

« Du calme, X, » dit Canceller d'une voix posée.

Je tourne la tête, confus, cherchant à comprendre où je suis. Ce n'est clairement pas un champ de bataille. Les murs blancs immaculés, l'odeur stérile de désinfectant, le bourdonnement léger des machines... Je suis à l'hôpital. Mais comment ? La dernière chose dont je me souviens, c'est... la douleur, la lumière, et Vitwento...

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Je demande, ma voix rauque, presque étranglée.

Canceller s'assoit sur une chaise à côté de moi. Son visage est sérieux, marqué par la fatigue, mais aussi par une sorte de soulagement. « Tu étais dans un état critique, X. Miracolo, Sahariel et Ururiel t'ont ramené ici juste à temps. Miracolo a utilisé un miracle pour te maintenir en vie, mais ton cœur... »

Je baisse les yeux vers ma poitrine. Le souvenir de Fiamma transperçant mon cœur revient avec une clarté terrifiante. Pourtant, je suis là, vivant, alors que je ne devrais pas l'être.

« Tu es vivant grâce à Miracolo, » continue Canceller. « En attendant qu'on te trouve un nouveau cœur, tu pourras encore vivre un peu de temps, même sans. »

Je me redresse doucement, essayant de comprendre ce qu'il me dit. « Un nouveau cœur... combien de temps ? »

« On ne sait pas exactement, » répond-il, les yeux sérieux. « Mais tant que tu restes ici, en observation, ça ira. »

Un silence pesant s'installe. Je tourne la tête, regardant par la fenêtre, le ciel gris de l'automne s'étendant à perte de vue. Les souvenirs de Vitwento me frappent soudainement comme une vague, et je serre les poings sous le drap.

« Est-ce vrai que Vitwento a refusé le traitement ? » Ma voix tremble légèrement, comme si une partie de moi espérait encore que ce ne soit qu'un mauvais rêve.

Canceller hoche la tête, son regard empreint de tristesse. « Oui. Elle a choisi de ne pas prolonger sa vie, même si elle aurait pu. »

La réponse me frappe de plein fouet. Mon corps se raidit sous l'impact émotionnel, et une vague de douleur me traverse, bien plus forte que celle de ma blessure physique. Elle savait... et elle a choisi. Je me sens stupide, impuissant. J'aurais dû faire plus, être là pour elle. Peut-être que si j'avais été plus attentif...

« Quel jour sommes-nous ? » Je demande enfin, ma voix brisée.

« Le 2 novembre, » répond Canceller. « C'est le jour de la commémoration des fidèles défunts chez les catholiques. »

Je hoche la tête lentement. Bien sûr. Le jour des morts. Quelle ironie.

« Et hier, c'était la Toussaint, » ajoute-t-il. « L'anniversaire de Miracolo. »

« La guerre... elle s'est terminée quand ? » Je demande doucement, redoutant la réponse.

« Le 30 octobre. » Canceller me regarde avec un mélange de gravité et de compassion. « On t'a admis ici le 1er novembre, juste après la bataille. »

Je ferme les yeux un instant, essayant de digérer toutes ces informations. Cela fait à peine quelques jours, mais tout semble si lointain, comme si des années s'étaient écoulées depuis ce dernier combat.

« Et Touma ? » Je demande, un léger espoir perçant dans ma voix. « Est-il là ? »

Canceller secoue la tête. « La Cité Académique le recherche toujours en Russie. Ils n'ont pas encore réussi à le retrouver. »

Mon cœur - ou du moins, ce qu'il en reste - se serre. Pourtant, quelque chose en moi me dit que tout va bien. J'ignore d'où vient cette certitude, mais elle est là, ancrée au plus profond de mon être.

Je regarde Canceller droit dans les yeux, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres. « Touma est vivant. Il reviendra. Je le sais. »

Canceller me fixe un moment, comme s'il cherchait à comprendre comment je pouvais être aussi sûr de moi, puis il soupire et se redresse. « Je l'espère aussi. Pour l'instant, repose-toi. Tu en as besoin. »

Je le regarde quitter la pièce, et une fois seul, je ferme les yeux. Malgré la douleur, malgré les pertes, malgré tout... il y a encore de l'espoir. Parce que tant que nous continuons à nous battre, à croire, rien n'est jamais vraiment fini.

Et cette bataille, bien que terminée, n'est qu'un chapitre de plus dans un voyage qui continue.

Je serre les draps sous mes doigts, fermant les yeux et laissant les pensées de Vitwento, de Touma, et de tout ce que nous avons traversé m'envahir.

Le 2 novembre... la commémoration des défunts. Je ferai honneur à ceux que nous avons perdus. Mais pour l'instant, je dois vivre. Parce qu'elle m'a donné cette chance. Parce qu'il reste encore tant à faire.

Et quelque part, je le sais, la prochaine bataille approche.

Je suis allongé sur mon lit d'hôpital, les yeux rivés sur le plafond blanc. L'écho de mes pensées est trop bruyant pour que je trouve du repos. La bataille, Vitwento, Touma, tout se mélange dans ma tête, comme un torrent de souvenirs et de regrets. Je ne sais même pas combien de temps s'est écoulé depuis que Canceller est parti.

Soudain, la porte s'ouvre doucement, et une silhouette familière entre dans la pièce. Mon cœur rate un battement.

« Index... » Je murmure, surpris de la voir ici.

Cela fait deux mois que je ne l'ai pas vue. Depuis août, pour être précis. Son absence m'avait laissé un vide, mais je savais que nos chemins allaient se croiser de nouveau. Pourtant, en cet instant, une étrange angoisse me prend. Je m'attends à une réaction explosive, un reproche, peut-être même qu'elle me mordra pour avoir disparu sans donner de nouvelles. Mais rien de tout cela n'arrive.

Index ne dit pas un mot. Au lieu de ça, elle s'approche lentement, ses yeux brillants de larmes. Avant que je puisse réagir, elle se jette dans mes bras, me serrant contre elle. Mon corps se fige. C'est si inattendu.

« X... » murmure-t-elle, sa voix brisée par les sanglots.

Je ressens sa chaleur contre moi, et je suis incapable de dire quoi que ce soit. Mes mains tremblent légèrement tandis que je les pose maladroitement sur ses épaules. Je m'attendais à tout sauf à ça. Ses larmes coulent sur ma chemise d'hôpital, et je reste là, silencieux, à essayer de comprendre l'ampleur de ses émotions.

« Je suis désolée... tellement désolée, » pleure-t-elle.

« Pourquoi ? » Je demande doucement, ma voix faible.

Elle se recule légèrement, ses yeux rouges et humides. « Je n'étais pas là... quand tu avais besoin de moi. Je n'ai rien pu faire pour toi. »

Je secoue la tête, tentant de la rassurer. « Ce n'est pas ta faute, Index. Rien de tout ça ne l'est. Tu as tes propres combats à mener. »

Elle continue de pleurer, mais cette fois, je la serre plus fort. Je ne suis pas doué pour les mots, mais je veux qu'elle sache que je comprends. Nous avons tous nos chemins à parcourir, et parfois, ils nous séparent. Mais cela ne change rien à l'importance de ceux qui comptent pour nous.

La porte s'ouvre de nouveau, et cette fois, ce sont Sahariel et Ururiel qui entrent dans la pièce. Ils ont l'air épuisés, leurs yeux rougis témoignent du chagrin qu'ils viennent de traverser.

Je vois dans leur regard qu'ils ont, eux aussi, pleuré la mort de Vitwento. La douleur est partagée, et même sans échanger un mot, nous savons tous que sa perte nous affecte profondément. Nous restons un moment dans le silence, chacun perdu dans ses pensées.

Puis, une présence familière et réconfortante se fait sentir. Miracolo entre, accompagné de Kenji et Aiko. Ils avancent doucement, comme s'ils ne voulaient pas briser la paix fragile qui règne dans la pièce. Kenji et Aiko sont ensemble maintenant, je les vois se tenir la main. C'est une image qui me fait sourire légèrement, malgré tout.

Miracolo, lui, reste près de moi, son regard plein de compassion et de soutien. Psi est à ses côtés, plus proche de lui que je ne l'avais jamais vu. Ils semblent s'être rapprochés depuis la bataille, et je suis content pour eux. Dans ce chaos, ils ont trouvé un moment de répit.

« Comment tu te sens, X ? » me demande Miracolo, sa voix douce et posée.

« Vivant, » je réponds avec un faible sourire. « Et c'est déjà pas mal. »

Il sourit à son tour, avant de poser une main sur mon épaule. « Tu as fait un sacré voyage. »

Je hoche la tête, mes pensées retournant aux événements récents. Ce voyage a été bien plus qu'un simple combat. C'était un test, une épreuve qui nous a tous changés. Vitwento... Touma... tous ceux que nous avons perdus. Leur souvenir restera gravé en moi.

Quelques instants plus tard, mes camarades de classe arrivent à leur tour. Fukiyose, Tsuchimikado, Aogami... leur présence est réconfortante. Fukiyose a toujours cet air sévère, mais je peux voir dans ses yeux qu'elle est soulagée. Tsuchimikado, fidèle à lui-même, me fait un signe de la main avec un sourire malicieux. Aogami, lui, semble plus discret, mais je sais qu'il est heureux de me voir en vie.

« T'as fait flipper tout le monde, Khi, » lance Tsuchimikado avec un clin d'œil.

« Ouais, désolé pour ça, » je réponds en riant doucement, bien que la douleur soit encore présente.

Komoe-sensei et Yomikawa Aiho arrivent aussi, et la pièce commence à se remplir de visages familiers. Ils sont tous là pour moi, et même si je me sens encore un peu perdu, leur présence me rappelle que je ne suis pas seul.

Le temps passe, et nous échangeons des sourires, des paroles réconfortantes. Malgré la douleur, malgré les pertes, je réalise que nous avons tous survécu à cette épreuve, et c'est ce qui compte le plus. Vitwento n'est plus là, mais son souvenir nous accompagnera toujours. Nous devons continuer à avancer, pour elle et pour tous ceux que nous avons perdus.

Alors que la nuit tombe, je ferme les yeux, laissant les bruits familiers de mes amis et de mes camarades apaiser mon esprit. Oui, ce voyage touche à sa fin, mais une nouvelle étape commence. Et cette fois, je suis prêt à l'affronter.

Je repose tranquillement sur mon lit d'hôpital, essayant de ne pas trop penser à tout ce qui s'est passé. Mon esprit est encore marqué par la perte de Vitwento et tout ce que nous avons traversé. Le bruit des machines à côté de moi m'apaise à peine. Tout est encore si frais dans mon esprit.

La porte s'ouvre doucement, et je sens une présence avant même de tourner la tête. Mon cœur bat un peu plus fort, et j'essaye de me préparer mentalement. Je sais déjà qui est là. Il n'y a que très peu de personnes qui dégagent cette aura si particulière.

Misaka Mikoto, la vraie Railgun, se tient là, dans l'encadrement de la porte, hésitant un instant avant d'entrer complètement dans la pièce. Ses yeux me fixent avec une intensité que je connais bien, mais cette fois, il y a une touche de douceur, presque de compassion dans son regard. Ça me surprend.

Je me redresse légèrement, esquissant un sourire. « Salut, Railgun. Je m'attendais à ce que tu viennes avec ton canon chargé à fond. »

Elle me regarde avec un mélange d'amusement et de sérieux. « Tu plaisantes ? Après ce que tu viens de traverser ? » Sa voix est calme, mais ferme. « J'ai entendu parler de tout ça, X. »

Je hoche la tête, cherchant les mots à dire. Mais avant que je puisse répondre, elle continue, un air de tristesse flottant sur son visage. « Tu t'es bien occupé de ma sœur. »

Ces mots me frappent en plein cœur. Le visage de Mikoto se superpose brièvement à celui de Vitwento, et une vague d'émotions m'envahit. Je ferme les yeux un instant, essayant de contenir les larmes qui montent. Vitwento, sa mort, tout revient brutalement à la surface.

« Elle... Elle a fait son choix, » murmure Mikoto, comme si elle pouvait lire dans mes pensées. « C'était son propre chemin. Tu n'aurais pas pu la forcer à faire autrement. »

Je serre les poings sous les draps. « Je sais... mais je ne peux m'empêcher de penser que j'aurais pu faire plus. »

Mikoto secoue la tête et, à ma grande surprise, s'assoit sur le bord de mon lit. « T'es aussi têtu qu'elle, tu sais. C'est ça qui la rendait heureuse. Et même si je te reproche d'être aussi fou qu'elle, je comprends. Parfois, il n'y a pas de bonnes décisions, juste celles qu'on choisit de faire. »

Je la regarde, surpris par ses paroles. Je m'attendais à une explosion, à des reproches, mais au lieu de ça, je trouve une Mikoto mature, compréhensive, qui accepte ce qui s'est passé. Elle pose une main sur mon épaule, un geste simple mais lourd de sens.

« Merci, » murmure-t-elle doucement. « D'avoir pris soin d'elle, même si c'était dangereux. »

Je ne peux que hocher la tête. Je sens une partie de ma culpabilité se dissiper, mais le vide reste là. Vitwento me manque. Et ce sentiment d'impuissance persiste.

Mikoto se lève après quelques instants, et juste avant qu'elle ne sorte, une autre silhouette familière entre dans la pièce. Mon cœur rate un battement.

Kuroko Shirai.

Je suis choqué de la voir là, toute seule. La dernière fois que je l'ai vue, c'était le 13 septembre, quand je l'ai déposée à l'hôpital après son combat contre Awaki. Elle semble en meilleure forme maintenant, mais il y a quelque chose dans son regard que je n'arrive pas à déchiffrer.

« Shirai... » dis-je, encore un peu décontenancé.

Elle me fixe avec son habituel air autoritaire, mais je vois quelque chose de différent, comme si elle n'était pas venue pour me réprimander cette fois.

« Ne sois pas surpris, X, » dit-elle, croisant les bras. « Je voulais juste voir comment tu allais. Après tout, c'est grâce à toi si je ne suis pas encore à moitié morte dans un fossé. »

Je ris doucement, mais sa présence me rend nerveux. « Je ne m'attendais pas à te voir ici, seule. »

Elle hausse les épaules, s'approchant un peu plus du lit. « Mikoto voulait te voir en premier. Et puis... on a beaucoup à rattraper, toi et moi. »

Elle s'assied sur la chaise à côté de moi, et le silence s'installe un moment. Je ne sais pas vraiment quoi dire. La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était en plein milieu du chaos. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui dire vraiment merci pour ce qu'elle a fait, ni de m'excuser de l'avoir impliquée dans cette folie.

« Comment vas-tu, vraiment ? » me demande-t-elle, ses yeux cherchant les miens. Son ton est sérieux, bien loin de ses habituelles taquineries.

Je soupire, me frottant l'arrière de la tête. « C'est... compliqué. J'ai survécu, grâce à Miracolo, mais je ne sais pas combien de temps encore je vais tenir. Tout est encore flou. »

Elle hoche la tête, comprenant. « Je vois. »

Le silence s'installe de nouveau, mais il n'est pas inconfortable. C'est comme si, pour une fois, nous pouvions nous asseoir et simplement... parler, sans avoir à nous battre ou à nous sauver mutuellement.

« Merci, » dis-je finalement. « Pour tout ce que tu as fait. Je sais que tu n'as pas eu à te mêler de tout ça, mais tu l'as fait quand même. »

Kuroko sourit légèrement, un sourire que je n'avais jamais vraiment vu sur elle avant. « Ne te méprends pas, X. Je ne fais pas ça pour toi. Je fais ça parce que, malgré ton côté tête brûlée, tu es quelqu'un de bien. » Elle marque une pause avant de poursuivre. « Et puis, quelqu'un doit bien veiller sur Mikoto et toi, non ? »

Je ris doucement à cette remarque. « Je suppose que tu as raison. »

Nous continuons à discuter pendant un long moment, évoquant nos batailles, nos peurs et nos espoirs. C'est la première fois depuis des mois que je me sens un peu plus léger. Kuroko est une présence stable dans ce chaos, et je me rends compte qu'elle a changé aussi. Ce combat nous a tous transformés d'une manière ou d'une autre.

Quand elle finit par se lever pour partir, je lui lance un dernier regard. « Prends soin de toi, Kuroko. »

Elle hoche la tête. « Toi aussi, X. Ne fais pas de bêtises cette fois. »

Je la regarde quitter la pièce, laissant derrière elle un silence qui n'est plus aussi pesant qu'avant.

Je repense à Vitwento, à tout ce que nous avons vécu. Puis, je me tourne vers la fenêtre, observant les nuages qui s'étendent à l'horizon.

Peut-être que ce voyage touche à sa fin, mais une nouvelle aventure m'attend déjà. Et cette fois, je ne serai pas seul.

Je suis allongé sur mon lit d'hôpital, encore en train de digérer les dernières visites. L'air dans la pièce est légèrement plus léger après avoir vu Kuroko, mais il y a toujours ce sentiment d'inachèvement, cette impression qu'il reste des choses non dites, non résolues.

La porte s'ouvre à nouveau. Cette fois, je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir qui est là. Une aura subtile, à la fois lumineuse et sombre, envahit la pièce. Kumokawa Seria.

Je la vois se tenir là, droite, avec cette expression calculée sur son visage. Ce sourire, toujours énigmatique, presque inébranlable, ne laisse jamais vraiment deviner ce qu'elle pense. Mais après notre dernier appel, l'ambiance est différente. Mi-lumineuse, mi-sombre. Comme si une part de ce qui nous lie était brisée, et une autre était... encore là, flottante.

Elle avance lentement, s'asseyant sur la chaise près de mon lit, sans dire un mot au début. Ses yeux balayent la pièce avant de se poser sur moi. Elle prend une grande inspiration avant de parler, sa voix calme et posée.

« X, tu as réussi ta mission avec NEW, » commence-t-elle, le ton professionnel. « Tout a été réglé, et tu as fait ce qu'il fallait. Le reste... est entre les mains du Conseil désormais. »

Je hoche la tête, toujours attentif, mais une partie de moi s'attend à quelque chose de plus. Seria ne se contente jamais d'apporter des informations basiques. Ce n'est pas son style. Et en effet, elle continue.

« Entre ton état miraculeux et maintenant, il y a eu pas mal de choses. Les Thaumaturges russes ont reculé, la Cité Académique a stabilisé la situation, et Fiamma... a disparu. Quant à toi, » dit-elle, avec un léger sourire au coin des lèvres, « tu es toujours vivant, contre toute attente. »

Je sens une tension sous ses mots. Comme si elle était sur le point de dire quelque chose de plus personnel, quelque chose qu'elle a du mal à exprimer. Et pourtant, c'est Kumokawa Seria. Elle n'est pas du genre à s'ouvrir, du moins, pas facilement.

« C'est un miracle, » murmure-t-elle, presque comme si elle ne voulait pas l'admettre. « Tu aurais dû mourir ce jour-là. Et pourtant... te voilà. »

Je peux lire une once de regret, peut-être même de culpabilité, dans ses yeux. Une part d'elle qui semble vouloir dire autre chose, qui lutte pour rester sous contrôle. C'est subtil, mais je la connais assez pour reconnaître ce genre de signaux.

« Seria... » dis-je doucement, essayant de briser cette tension. « Qu'est-ce qui te tracasse vraiment ? »

Elle me lance un regard qui vacille un instant, presque imperceptiblement. « Rien qui te concerne, X. »

Mais ce n'est pas vrai. Je le sens. Elle fait du Kumokawa. Elle essaie de garder ce masque, cette façade impeccable, même si à l'intérieur, quelque chose se fissure. Et avant que je puisse creuser plus loin, la porte s'ouvre brusquement.

Aisa entre dans la pièce, son expression sérieuse, presque froide. Je suis surpris de la voir ici, surtout avec Kumokawa. Elle marche droit vers nous, s'arrêtant à côté de mon lit.

« Seria, » dit-elle, d'un ton sec, « tu devrais t'éloigner. »

Je sens l'atmosphère devenir tendue. Kumokawa tourne lentement la tête vers Aisa, et je peux voir ce sourire énigmatique s'élargir légèrement. Mais sous cette apparence calme, je devine quelque chose de plus tranchant.

« Et toi, qui es-tu pour me donner des ordres ? » demande Seria d'une voix douce, mais pleine d'une insidieuse autorité.

Aisa n'hésite pas une seconde. « Je suis sa petite amie. »

Ses mots résonnent dans la pièce comme un coup de tonnerre. Mon cœur manque un battement. C'est à la fois touchant... et terrifiant. Je regarde Aisa, complètement abasourdi. Elle n'a jamais dit quelque chose d'aussi direct, et certainement pas en présence de Kumokawa.

Je vois Seria se figer un instant, son sourire toujours en place, mais je remarque un léger mouvement au niveau de ses lèvres. Elle les mord subtilement, comme si elle essayait de contenir une émotion qu'elle ne veut pas montrer.

« Sa petite amie, hein ? » murmure-t-elle avec un sourire plus distant, presque froid cette fois. « Je vois. »

Elle se lève, et pendant une fraction de seconde, je pense qu'elle va dire quelque chose de plus tranchant, quelque chose qui pourrait rendre la situation encore plus tendue. Mais au lieu de ça, elle se contente de me lancer un dernier regard, un regard que je ne parviens pas à décrypter complètement.

« Bonne chance, X, » dit-elle, avant de se diriger calmement vers la porte.

Je la regarde partir, une étrange sensation me traversant. Elle a dit tout ce qu'elle voulait dire... du moins, en surface. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a bien plus derrière ses paroles, derrière ses gestes. Kumokawa est une énigme, même pour moi.

Une fois qu'elle est partie, je me tourne vers Aisa, qui reste silencieuse, me regardant avec une expression indéchiffrable.

« Aisa... » dis-je doucement, ne sachant pas trop par où commencer. « Tu... »

Elle me coupe avant que je ne puisse finir. « Ne dis rien, X. Je savais que je devais intervenir. Elle n'a pas à jouer avec toi comme ça. »

Je hoche la tête, toujours un peu sous le choc de ce qui vient de se passer. « Merci. »

Elle s'assoit à côté de moi, prenant ma main dans la sienne. Il y a une chaleur et une sécurité dans ce geste simple, et je sens une partie de moi se détendre enfin. Aisa est là. C'est tout ce qui compte, pour le moment.

Mais dans un coin de mon esprit, les mots de Seria résonnent toujours. Ce qu'elle n'a pas dit reste avec moi, comme un mystère que je ne suis pas sûr de vouloir résoudre.

La chambre d'hôpital est plongée dans un calme presque irréel après la tension qui venait de s'y dérouler. Je sens la présence d'Aisa à côté de moi, et son silence est à la fois apaisant et lourd de sens. C'est un moment que je ne pensais jamais vivre, surtout après tout ce qui s'est passé. Nous sommes seuls maintenant, plus de médecins, plus de visiteurs. Juste elle et moi.

Je tourne doucement la tête vers elle, essayant de trouver les mots. Aisa reste là, assise au bord de mon lit, son regard plongé dans le mien. Elle semble calme, mais je devine une certaine nervosité derrière ses yeux. Je n'ai jamais été très doué pour comprendre ce genre de subtilités, mais après tout ce que nous avons traversé, quelque chose en moi sait que ce moment est important.

« Merci d'être là, Aisa, » dis-je enfin, ma voix légèrement rauque. « Je sais que je te fais passer par des trucs que personne ne devrait vivre. »

Elle secoue la tête, un sourire doux étirant ses lèvres. « Je ne suis pas là pour te juger, Khi. Je sais ce que tu as vécu, et je sais pourquoi tu te bats. Tu n'as pas besoin de t'excuser. »

Ses mots, simples et honnêtes, m'atteignent en plein cœur. C'est comme si elle comprenait tout, sans que je n'aie à dire quoi que ce soit. Pendant un instant, je me perds dans ses yeux, cherchant à comprendre comment elle peut être si forte, si sereine face à tout ce chaos.

Je prends une profonde inspiration, laissant mes pensées s'ordonner. « Je... je ne sais pas si je mérite tout ça, » dis-je doucement. « Toi, les autres... Vous m'avez tous soutenu, mais je ne sais pas si j'ai été à la hauteur. »

Elle pose une main douce sur la mienne, un geste qui me surprend par sa chaleur et sa sincérité. « C'est ça, être humain, Khi. On fait de notre mieux, mais on ne peut jamais tout contrôler. Ce qui compte, c'est que tu n'as jamais abandonné. »

Le contact de sa main m'ancre dans le présent, chassant les doutes et la culpabilité qui m'envahissaient. Elle a raison. J'ai fait ce que je pouvais, et peut-être que c'est tout ce qu'on peut vraiment demander à quelqu'un. Je la regarde, et pour la première fois depuis longtemps, je me permets de sourire, un vrai sourire.

« Aisa... » commençais-je, mais je m'arrête, ne sachant pas comment formuler ce que je ressens. Comment lui dire que sa présence signifie plus pour moi que je ne pourrais jamais exprimer ? Que dans ce monde rempli de batailles, de morts, et de sacrifices, elle est l'une des rares choses qui me donne envie de continuer ?

Elle me fixe, attendant que je termine ma pensée, mais je sens que les mots vont échouer à traduire tout ce que je veux lui dire. Alors, je décide de ne pas parler davantage, laissant le silence combler les vides entre nous. Ce silence n'est pas gênant. Il est apaisant, presque rassurant.

Après un long moment, elle brise doucement le silence. « Tu sais, je me suis souvent demandée pourquoi tu t'accroches autant à ce monde, malgré tout ce qu'il t'a pris. Mais maintenant, je pense que je comprends. » Elle penche la tête légèrement, un sourire fragile sur les lèvres. « Tu te bats pour les gens que tu aimes, pour ceux qui comptent pour toi. Et je respecte ça. »

Je baisse les yeux, un peu honteux de ne pas avoir vu les choses sous cet angle auparavant. « J'ai juste eu l'impression de perdre plus que je ne gagne. Mais peut-être que je suis passé à côté de ce qui compte vraiment. »

Aisa serre un peu plus fort ma main. « Et qu'est-ce qui compte vraiment pour toi, Khi ? »

Je la regarde, et tout devient clair. « Toi. Mes amis. Ceux pour qui je suis prêt à tout sacrifier. »

Elle rougit légèrement à cette réponse, ses yeux brillants d'une émotion que je n'avais jamais vue chez elle auparavant. « Alors ne te sacrifie pas trop, d'accord ? On a encore besoin de toi. J'ai encore besoin de toi. »

Ses mots résonnent en moi, plus forts que toutes les batailles que j'ai livrées. Je réalise que dans ce monde de chaos et de violence, c'est ce genre de moments qui rendent tout le reste supportable. C'est pour ça que je me bats, pour ces instants de paix, même fugaces.

Je la tire doucement vers moi, et elle se laisse faire, posant sa tête sur mon épaule. Nous restons ainsi, sans parler, profitant de ce rare moment de tranquillité. Je sens la chaleur de son corps contre le mien, et pour la première fois depuis ce qui semble une éternité, je me sens... en paix.

Je ferme les yeux, appréciant cette rare accalmie dans la tempête. Je sais que les batailles ne sont pas terminées, que d'autres épreuves nous attendent, mais ici, maintenant, tout semble plus simple, plus léger.

Aisa bouge légèrement, relevant la tête pour me regarder dans les yeux. « Promets-moi que tu feras attention à toi, Khi. Que tu ne prendras plus de risques insensés. »

Je ris doucement. « Tu sais que je ne peux pas te promettre ça. »

Elle soupire, amusée mais résignée. « Je m'en doutais. Mais essaie au moins. Pour moi. »

Je hoche la tête, souriant. « D'accord. Pour toi. »

Ce n'est pas une promesse que je sais pouvoir tenir, mais je ferai de mon mieux. Parce qu'elle mérite que j'essaie. Parce que pour une fois, j'ai quelqu'un pour qui je veux vraiment revenir en vie.

Et dans ce moment, avec elle à mes côtés, je me dis que peut-être, après tout ce chaos, il y a encore quelque chose de beau à trouver dans ce monde.

Chapitre 38 : La fin d'un voyage

Partie 7 : Point de vue de X (Khi)

Je suis allongé dans ce lit d'hôpital depuis ce qui me semble être une éternité. Mes pensées flottent encore, entre les échos de la bataille et le vide laissé par l'absence de Vitwento. J'ai déjà reçu la visite de plusieurs personnes aujourd'hui, mais rien ne semble apaiser le poids qui pèse sur mon cœur.

La porte s'ouvre doucement. Je tourne la tête pour voir trois silhouettes familières entrer : Accelerator, Misaka Worst et Last Order. À leur vue, une étrange combinaison de soulagement et d'appréhension me traverse. Ces trois-là sont toujours ensemble, une sorte d'équilibre improbable, et malgré la situation, je suis heureux de les voir.

Last Order est la première à s'approcher de moi, son visage affichant un mélange de tristesse et de détermination. Elle grimpe sur une chaise à côté de mon lit, ses yeux grands et sérieux.

« X, Misaka... Misaka voulait te parler... au nom de toutes les Sisters, commence Last Order, sa voix tremblant légèrement. Misaka sait que tu as perdu Vitwento. Misaka... Misaka ressent ta tristesse, dit-elle en pleurant un peu. »

Je sens déjà la boule dans ma gorge se former. Last Order continue avec une telle sincérité que je ne peux m'empêcher de me sentir touché par sa compassion.

« Misaka voulait aussi te transmettre un message. Un message que Vitwento n'a jamais pu te dire avant de... avant de partir. »

Mon cœur se serre à l'idée de recevoir quelque chose d'aussi intime, quelque chose que Vitwento voulait dire mais n'a jamais eu l'occasion de formuler. Last Order approche sa main de la mienne et, dans un geste tendre, elle la serre doucement.

Elle ferme les yeux et prononce lentement, chaque mot semblant peser une tonne dans l'air : « Vitwento... Vitwento voulait te dire qu'elle a toujours été reconnaissante de t'avoir rencontré. Que, même si elle savait que son temps était compté, elle n'a jamais regretté un seul instant passé avec toi. Elle voulait te dire... qu'elle t'aimait. »

À cet instant, quelque chose en moi se brise. Des larmes commencent à couler sans que je puisse les arrêter. Vitwento... Elle m'aimait. Et je n'ai jamais eu la chance de lui dire que je partageais ces sentiments. La douleur est à la fois intense et douce, comme un dernier adieu murmuré dans le vent.

Je sens la présence de Misaka Worst à côté de Last Order. Elle, fidèle à elle-même, affiche son habituel sourire en coin, mais cette fois, quelque chose dans son expression est différent. Peut-être un peu plus doux, un peu moins moqueur.

« Eh bien, Misaka Worst ne pensait pas te voir dans cet état, » dit-elle, croisant les bras. « Mais même toi, le grand X, a un cœur, hein ? » Elle lâche un léger rire, mais je peux voir qu'elle essaie de ne pas trop en faire, respectant à sa manière ce moment.

Je ne peux m'empêcher de sourire un peu à travers mes larmes. Misaka Worst est toujours... Misaka Worst.

« Merci, » dis-je finalement, ma voix rauque.

Elle hausse les épaules, comme si ce n'était rien. « Ne t'y habitue pas trop. »

Et puis, après quelques instants, Accelerator se tourne vers Last Order et Misaka Worst. « Sortez. Je dois parler seul à seul avec lui. »

Last Order le regarde avec un air de défi. « Vous n'avez pas intérêt à vous battre ! Misaka prévient, dit Last Order avec un ton autoritaire. »

Je suis surpris, mais je hoche la tête pour lui assurer que tout ira bien. Misaka Worst tire Last Order par la main, et les deux quittent la pièce, nous laissant seuls, Accelerator et moi.

Il reste debout un moment, ses yeux rouges me fixant intensément, comme s'il pesait chacun de ses mots avant de parler. Il finit par s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, bras croisés.

« T'as l'air d'un sacré bordel, » dit-il, sa voix rauque mais sans hostilité.

Je ris légèrement, essuyant mes larmes. « Ouais, c'est ce qu'on dit. »

Un silence confortable s'installe. Ce n'est pas le genre de silence pesant, mais plutôt celui de deux personnes qui se comprennent sans avoir besoin de mots. Enfin, il prend la parole.

« Vitwento... c'était son choix. Je l'ai su assez tôt, » dit-il, les yeux toujours fixés sur l'extérieur. « Elle savait ce qu'elle faisait. »

Je hoche la tête, mais cela ne rend pas les choses plus faciles.

« Je savais qu'elle ne prendrait pas le traitement, mais je n'ai pas essayé de la convaincre, » continue-t-il. « J'ai appris depuis longtemps qu'on ne peut pas forcer les gens à vivre selon nos propres attentes. »

Ses paroles me frappent profondément. Ce que Vitwento a décidé, c'était son choix, et personne n'aurait pu la forcer à en changer. Cela ne fait pas disparaître la douleur, mais cela m'aide à comprendre. Elle a vécu comme elle l'a voulu, même si cela signifie qu'elle est partie plus tôt que je ne l'aurais souhaité.

« Je ne suis pas là pour te dire quoi faire, X. Je ne suis pas là pour t'offrir des solutions miracles. Mais je sais une chose, » ajoute-t-il, se tournant enfin pour me regarder droit dans les yeux. « T'as encore du chemin à faire. Et c'est pas en pleurant sur ce que t'as perdu que tu y arriveras. »

Je le fixe, absorbant chacune de ses paroles. Accelerator n'est pas du genre à prendre des gants, mais c'est ce qui fait de lui quelqu'un de si brut, mais aussi... vrai.

« Vitwento t'a donné quelque chose de précieux, quelque chose que même moi je n'ai pas vraiment eu. Un choix. Utilise-le. »

Je reste silencieux un moment, réfléchissant à ce qu'il vient de dire. C'est vrai. Même dans sa mort, Vitwento m'a laissé avec quelque chose de plus grand que je ne l'avais imaginé : la liberté de faire mes propres choix.

« Merci, » dis-je finalement, ma voix plus ferme. « Je pense que j'en avais besoin. »

Accelerator se lève alors, comme s'il avait fini de dire ce qu'il devait dire. Il se dirige vers la porte, mais s'arrête un instant avant de sortir. « T'as intérêt à te relever. Parce que si t'as encore des choses à faire dans ce monde, t'as pas le droit de t'écrouler maintenant. »

Puis il quitte la pièce, me laissant seul une fois de plus, mais cette fois, avec une nouvelle clarté dans l'esprit.

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