Chapitre 33 : Réparation
La nuit est tombée sur la Cité Académique, plongeant les rues dans une obscurité qui semble engloutir tout sur son passage. Les lampadaires éclairent faiblement les avenues désertes, mais ici, dans cet endroit abandonné, l’ombre est reine. Je suis seul, enfin. Loin du bruit, des combats, des visages familiers. Seul avec mes pensées.
Je m’assieds sur une vieille chaise en métal, rouillée par le temps, et laisse mon regard se perdre dans l’obscurité qui m’entoure. Le silence est assourdissant, presque oppressant, mais c’est ce que je cherchais. Un moment où je peux être simplement X, où je n’ai pas à répondre à des attentes, à des regards, à des jugements.
Le souvenir de la bataille avec ITEM me revient en mémoire, puis celui de Himegami Aisa, et je me sens… vide. Comme si, après toute cette colère, toute cette violence, il ne restait plus rien. Juste un grand vide, une absence de tout ce qui faisait de moi ce que j’étais. Qui suis-je vraiment, sans cette colère ? Sans cette puissance ?
Je passe ma main droite devant mon visage, l’observant sous la faible lueur d’une lampe cassée qui pend du plafond. Cette main que j’ai recréée, avec cette fusion improbable de mes pouvoirs et de ce que j’ai pris de Touma. Une main qui me paraît encore étrangère, comme si elle appartenait à quelqu’un d’autre. Et peut-être que c’est le cas. Peut-être que je me suis perdu en cherchant à devenir plus fort, en cherchant à surpasser Accelerator, à protéger ceux que j’aime.
Je ferme les yeux, essayant de chasser ces pensées, mais elles reviennent toujours, comme un flot incessant que je ne peux contenir. Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi est-ce que je me bats encore ? La réponse, aussi simple soit-elle, ne vient pas.
Soudain, un bruit léger résonne dans l’air, un murmure à peine perceptible pour l’oreille humaine. Mais je le capte immédiatement. Mes sens sont en alerte, et je sais que quelqu’un approche. Un sentiment familier s’empare de moi : la méfiance. Je ne veux voir personne. Pas maintenant. Pas ici.
Mes clones de Dark Matter, des extensions de mon propre pouvoir, se meuvent dans l’ombre, guettant l’intrus. Ils sont là pour me protéger, pour assurer que ma solitude ne soit pas perturbée. Quiconque entre ici le fait à ses risques et périls. Ces clones sont impitoyables, une manifestation brute de la colère et de la frustration que je ressens, prête à exploser à tout moment.
Je me redresse lentement, mes sens en alerte maximale. Si quelqu’un s’approche, je dois être prêt. Mais au fond, une partie de moi espère que ce n’est rien, que personne n’a eu la stupide idée de me suivre ici.
Le son se rapproche, un froissement de tissu, un pas hésitant sur les débris qui jonchent le sol. Mon cœur s'accélère, ma respiration se fait plus lourde. Qu’est-ce qui pourrait bien les amener ici ? Ne comprennent-ils pas que c’est la pire idée possible ?
L’un de mes clones émerge des ombres, sa silhouette sombre et indistincte se déplaçant rapidement vers l’intrus. J’entends un cri étouffé, un bruit sourd, puis le silence. Mon clone revient, se tenant à quelques mètres de moi, comme s’il attendait mes ordres. Je n’ai pas besoin de lui demander ce qu’il s’est passé. Je sais qu’il a fait ce qui était nécessaire. Il n’y a plus rien à craindre, pour l’instant.
Mais malgré cette assurance, une autre pensée me frappe : jusqu’où suis-je prêt à aller pour cette solitude ? Jusqu’à quel point vais-je laisser cette colère, cette frustration, me consumer ?
Je soupire, me passant une main sur le visage. Je dois sortir d’ici, je dois trouver un moyen de réconcilier ce que je suis avec ce que je veux être. Mais pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est rester ici, dans cette obscurité, avec mes clones en garde autour de moi, prêt à repousser toute intrusion, toute tentative de me rappeler au monde extérieur.
Le silence revient, plus lourd que jamais. Je suis seul. Vraiment seul. Et peut-être, juste peut-être, que c’est ce que je mérite.
La lumière de l’aube filtre à travers les fissures de ma chambre détruite, éclairant les débris éparpillés sur le sol. Le calme qui règne contraste brutalement avec le chaos de la veille. Les souvenirs de l’affrontement, des cris, et de la douleur résonnent encore dans ma tête, mais ce matin, c’est une autre lutte qui m’attend, une lutte silencieuse, invisible, mais tout aussi dévastatrice.
Je regarde mon bras droit, désormais régénéré, couvert de cicatrices invisibles, mais bien présentes. Sous la peau, je peux sentir le pouvoir qui y réside, les énergies complexes qui s'entremêlent, prêtes à être libérées à tout moment. Imagine Creator... une force qui m'effraie autant qu'elle me fascine. Ce n’est pas seulement un outil, c’est une présence. Des présences, en réalité.
Je ferme les yeux et laisse mon esprit plonger en lui-même, vers cet endroit où les dragons dorment, où ils murmurent des vérités et des mensonges à la fois. Leur essence est entrelacée avec celle de Imagine Breaker, ce pouvoir mystérieux que j’ai copié de Touma, mais qui s'est tordu, muté en quelque chose de différent, quelque chose de profondément mien.
Je les sens avant même de les entendre, des présences lourdes, anciennes, des créatures qui ne devraient pas exister dans un monde tel que le nôtre. Mais ici, dans ma conscience, elles sont bien réelles. Elles se meuvent dans les ombres, leurs formes indistinctes et changeantes.
"Que veux-tu ?" murmure une voix rauque, un écho caverneux qui résonne dans ma tête.
"Pourquoi hésites-tu ?" interroge une autre, plus douce, mais tout aussi dangereuse.
Je rouvre les yeux, fixant mon bras, comme si je pouvais voir à travers ma propre chair. "Je... Je veux comprendre," dis-je à voix haute, espérant qu’ils m’entendent. "Vous êtes là, en moi, mais je ne sais pas qui vous êtes vraiment. D’où venez-vous ? Que voulez-vous ?"
Les murmures s’intensifient, s'entremêlent, comme des vagues de pensées qui se heurtent les unes aux autres, se déformant à chaque collision. Finalement, une figure se détache des autres, plus claire, plus distincte. Un dragon aux quatre yeux, un regard perçant, chargé de savoirs anciens et de secrets oubliés.
"Nous sommes des fragments, des échos d’un pouvoir plus grand," dit-il, sa voix une basse vibrante qui fait trembler mon esprit. "Des morceaux d'une force que tu as arrachée au destin d’un autre, mais que tu as fait tienne."
Je fronce les sourcils, tentant de saisir le sens de ses paroles. "Vous êtes… des copies ? Des copies de ce que Touma possède ?"
Le dragon émet un grondement sourd, une sorte de rire, amer et cynique. "Pas des copies, non. Des reflets. Des ombres de ce qu’il était, tordues par ton désir, par ta volonté. Nous ne sommes ni aussi puissants, ni aussi purs. Mais nous sommes toi. Une partie de toi."
"Des reflets…" Je répète le mot, essayant de comprendre l’implication de tout cela. "Cela signifie que vous n’êtes pas aussi forts que les dragons originaux, mais que vous avez vos propres forces, vos propres… désirs ?"
"Exactement," répond une autre voix, plus aiguë, une autre forme de dragon s’avançant dans l’obscurité de mon esprit. "Nous sommes une extension de ton pouvoir, de ton Omni Senses, mais aussi une manifestation de ta volonté. Ta rage, ton désespoir, ton désir de protéger et de détruire… Tout cela nous alimente."
Je déglutis, conscient du poids de leurs paroles. "Mais… je ne veux pas devenir comme eux. Comme les créatures qu’ils sont devenus dans le bras de Touma."
"Tu n'as pas à t’inquiéter de cela," murmure le premier dragon, ses yeux luisant d’une lueur inquiétante. "Nous ne sommes pas comme eux. Nous sommes ce que tu nous permets d’être. Nous sommes façonnés par ta volonté, ta vision. Si tu souhaites que nous soyons autre chose, tu n’as qu’à le vouloir."
"Mais à quel prix ?" La question s’échappe de mes lèvres avant que je ne puisse la retenir. "Quel est le coût d’un tel pouvoir ?"
Le silence qui suit est lourd, pesant. Les dragons se retirent légèrement, comme pour discuter entre eux, leurs voix un murmure indistinct dans l'obscurité. Finalement, le dragon aux quatre yeux prend la parole de nouveau.
"Chaque pouvoir a un prix, X. Celui-ci n’est pas différent. Mais le prix n’est pas fixe. Il dépend de toi, de tes choix, de ce que tu es prêt à sacrifier. Nous ne sommes pas des monstres, pas encore. Nous sommes des outils, des alliés. Mais nous pouvons devenir des ennemis si tu perds le contrôle."
Je hoche la tête, absorbant leurs mots. "Je comprends. Je pense… Je pense que je comprends."
Mais en vérité, je suis loin de tout comprendre. Comment pourrais-je ? Je suis encore un adolescent, plongé dans un monde de forces qui me dépassent. Mais je sais que je dois apprendre, que je dois comprendre ces forces, ces présences en moi, si je veux survivre, si je veux protéger ceux que j’aime.
"Très bien," dis-je finalement, résolu. "Nous travaillerons ensemble. Mais sachez que je ne vous utiliserai pas comme des armes sans conscience. Vous êtes une partie de moi, et je refuse de vous traiter comme des monstres."
Un silence suit mes paroles, un silence lourd, mais apaisant d'une certaine manière. Je sens que les dragons acceptent ma décision, même si je peux percevoir une ombre de scepticisme dans leurs murmures.
"Alors nous verrons ce que l'avenir réserve," dit le dragon aux quatre yeux, sa voix un écho lointain alors que je sens leur présence se dissiper légèrement, comme un poids qui se soulève.
Je rouvre les yeux, et la réalité m’accueille à nouveau. La lumière de l'aube est devenue plus forte, plus claire, et je me rends compte que j’ai passé plusieurs heures dans cette conversation intérieure. Ma main droite est toujours là, intacte, mais je sais maintenant qu’elle est plus que cela. C’est une porte, un pont vers une partie de moi que je ne comprends pas encore totalement, mais que je devrai apprendre à maîtriser.
Je me lève, déterminé. Aujourd’hui, je commence ce voyage, celui de comprendre ce que je suis devenu, et de m'assurer que je reste fidèle à moi-même. Que je reste… humain.
Je me tiens debout, seul dans ce qui reste de ma maison, les murs en ruines, les fenêtres brisées, et un silence pesant qui ne fait qu’amplifier ma solitude. Les derniers jours ont été un tourbillon de colère, de combat, de confusion, et maintenant, je suis ici, face à mes propres démons. Les dragons en moi se sont tus, leur présence pesante, mais étrangement réconfortante. Ils sont là, et je sais qu’ils attendent, prêts à répondre à mon appel, mais pour le moment, ils se sont retirés, me laissant seul avec mes pensées.
Soudain, je ressens une présence familière. Je lève les yeux et je vois Sogita Gunha, debout devant moi, les bras croisés, un sourire amusé sur son visage. Comment est-il arrivé ici ? Comment a-t-il traversé mes clones sans que je m’en aperçoive ? Mais en y réfléchissant, c’est logique. Si moi, l’original, je ne lèverai jamais la main contre Gunha, pourquoi mes clones le feraient-ils ? Ils sont une extension de ma volonté, après tout.
"X," dit-il simplement, son sourire s’élargissant. "Je savais que je te trouverais ici."
Je le regarde, surpris de sa présence mais pas vraiment étonné. Gunha a toujours eu ce don pour apparaître au moment où je m’y attends le moins. "Gunha… Qu’est-ce que tu fais ici ?"
Il s’avance, posant une main ferme sur mon épaule. "Je suis venu parce que je sens que tu es dans le pétrin, mon ami. Et ce pétrin, il me semble très familier. C’est comme la première fois qu’on s’est rencontrés, tu te souviens ?"
Je fronce les sourcils, essayant de me souvenir. C’est vrai, notre première rencontre… C’était dans un moment de crise, un moment où je me débattais avec mes propres sentiments de culpabilité, de colère. Il avait vu à travers moi, à travers mon masque, et il avait reconnu cette douleur que je tentais de cacher.
Gunha continue, son regard se faisant plus sérieux. "Tu sais, X, je n’ai jamais été très doué pour comprendre les sentiments des autres, mais j’ai vu quelque chose en toi ce jour-là. Cette culpabilité que tu portes… c’est parce que tu n’as pas réussi à protéger quelqu’un, n’est-ce pas ?"
Je détourne le regard, mal à l’aise sous son regard perçant. "Gunha… Qu’est-ce que tu racontes ? Tu as vu ça dans un manga ou quoi ?"
Il éclate de rire, un son fort et joyeux qui semble incongru dans ce décor de désolation. "Peut-être bien que oui !" Il ne le nie même pas. "Mais ce n’est pas le manga qui m’a montré ça. C’est toi. Et c’est pour ça que je suis ici. Parce que je sais ce que c’est que de se sentir perdu, de se sentir impuissant. Mais je sais aussi que ce n’est pas une raison pour abandonner."
Je lève les yeux vers lui, touché malgré moi par ses paroles. Gunha a toujours eu cette façon de voir les choses de manière simple, directe. Pour lui, tout est une question de tripes, d’instinct. Il ne se laisse pas prendre par les doutes ou les complications. Il agit, il avance, peu importe les obstacles.
"Gunha, tu ne comprends pas," dis-je doucement. "Ce que j’ai à l’intérieur de moi… ce n’est pas quelque chose que je peux simplement ignorer. C’est dangereux. Ça pourrait détruire tout ce que j’aime, tout ce que je veux protéger."
Il secoue la tête, son sourire s’élargissant. "C’est justement pour ça que je suis ici. Pour te rappeler que parfois, il faut arrêter de réfléchir et juste se battre. Se battre avec tout ce qu’on a. Et c’est ce que je vais te montrer."
Avant que je puisse répondre, il adopte une posture de combat, ses poings levés, un sourire défiant sur son visage. "Viens, X. Un duel amical. Juste toi et moi. Comme au bon vieux temps."
Je reste immobile, un peu abasourdi par sa proposition. "Un duel ? Maintenant ? Sérieusement, Gunha ?"
"Oui, sérieusement !" réplique-t-il avec une énergie inépuisable. "Tu as trop réfléchi, X. Tu t’es perdu dans ta tête. Maintenant, il est temps de te retrouver. Et quoi de mieux qu’un bon vieux combat pour ça ?"
Je soupire, secouant la tête. Mais au fond de moi, je sais qu’il a raison. Peut-être que c’est justement ce dont j’ai besoin. Un combat pour me rappeler qui je suis vraiment, pour me sortir de cette spirale de doutes et de peur.
"Très bien," dis-je finalement, prenant moi aussi une posture de combat. "Mais ne te retiens pas, Gunha. Je vais me battre à fond."
Son sourire s’élargit encore, s’il est possible. "C’est ce que je voulais entendre !"
Le combat commence, et dès le premier coup, je sens la différence. Gunha ne retient rien, chaque coup est puissant, précis, mais il y a aussi une joie dans ses mouvements, une simplicité que j’avais oubliée. Je me retrouve à sourire malgré moi, à laisser de côté mes préoccupations, mes peurs, pour me concentrer uniquement sur l’instant présent.
Je sens mon corps réagir, mes réflexes se réveiller, et bientôt, je ne pense plus. Je me bats, je ressens, je vis. C’est libérateur, presque euphorique. Gunha a raison, j’ai trop réfléchi, trop analysé. Il est temps de laisser mes tripes prendre le dessus.
Le combat continue, chaque échange de coups résonnant dans l’air. Nous sommes deux forces de la nature, deux esprits indomptables qui s’affrontent, non pas pour se détruire, mais pour se comprendre, pour se reconnecter à ce que nous sommes vraiment.
Et puis, finalement, le combat atteint son apogée. Un dernier coup, puissant, et je réussis à désarmer Gunha, le mettant au sol. Je gagne, physiquement du moins. Mais au fond de moi, je sais que c’est lui qui a gagné.
Essoufflé, je tends la main pour l’aider à se relever. "Gunha… tu as toujours su comment me faire sortir de ma tête, hein ?"
Il attrape ma main, se relevant avec un sourire triomphant. "C’est ça, X. Parfois, il faut juste se battre, se libérer, et arrêter de trop penser. La vie est assez compliquée comme ça. Tu n’as pas besoin de te rendre les choses encore plus difficiles."
Je hoche la tête, réalisant que ses paroles ont touché une corde sensible en moi. Il a raison. J’ai pris les choses trop au sérieux, j’ai laissé mes peurs me contrôler, et cela m’a isolé des autres, de moi-même.
"Merci, Gunha," dis-je doucement, sincèrement. "Merci de m’avoir rappelé ce qui compte vraiment."
Il me frappe amicalement dans le dos, un sourire éclatant sur son visage. "C’est ce que font les amis, non ? On est là l’un pour l’autre, quoi qu’il arrive."
En entendant ces mots, je sens quelque chose en moi se relâcher, une tension que je ne réalisais même pas avoir. Les clones que j’avais invoqués se dissipent, disparaissant comme des ombres au soleil. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens en paix, en paix avec moi-même et avec ce que je suis devenu.
Alors que nous quittons les ruines de ma maison, je réalise que je ne suis pas seul. Pas vraiment. Tant que j’ai des amis comme Gunha, des personnes qui me rappellent ce qui est important, je sais que je peux continuer à avancer, peu importe les obstacles.
Et pour la première fois depuis ce qui semble être une éternité, je souris vraiment, un sourire qui vient du cœur. Parce que même si le chemin est difficile, je sais que je n’ai pas à le parcourir seul.
Je marche aux côtés de Sogita Gunha, le poids de mes actions pesant lourdement sur mes épaules. Nous retournons à l'endroit où tout a dérapé, là où j'ai laissé libre cours à ma colère contre le Dark Side. Bien que je n'aie pas touché aux civils, les dégâts sont indéniables. Les rues sont en ruines, les bâtiments portent les cicatrices de mon déchaînement, et même si mes intentions étaient de protéger la ville, je ne peux ignorer le chaos que j'ai causé.
Gunha est silencieux à mes côtés, mais je sais qu'il me comprend. Ce n'est pas la première fois que l'un de nous se retrouve dans cette situation, accablé par la culpabilité de ses actions, même si ces actions étaient justifiées. Et pour être honnête, sa présence me réconforte. Je sais que je ne suis pas seul dans tout ça, mais il n'en demeure pas moins que j'ai une responsabilité à assumer.
Nous arrivons sur les lieux du combat, et je prends un moment pour observer les dégâts. Les façades des bâtiments sont fissurées, certaines fenêtres sont brisées, et la rue elle-même est parsemée de débris. Je laisse échapper un soupir avant de me tourner vers Gunha.
"Je vais devoir réparer tout ça," dis-je, plus pour moi-même que pour lui.
Gunha hoche la tête, croisant les bras. "Ouais, c'est pas beau à voir, mais je sais que tu peux remettre tout en ordre, X."
Je me concentre, activant mon Omni Senses pour évaluer l'étendue des dégâts. Je commence par faire le tour des maisons situées dans le périmètre de la destruction. À chaque porte que je frappe, je présente mes excuses, expliquant que je suis responsable des dégâts causés. Les habitants sont surpris de me voir, mais la plupart acceptent mes excuses, certains avec un sourire, d'autres avec des regards plus réservés. C'est humiliant, mais c'est aussi nécessaire. Je ne peux pas simplement réparer les choses sans reconnaître mes torts.
Une fois que j'ai fait le tour, je me tiens au milieu de la rue, prenant une profonde inspiration. Avec Omni Senses, je commence à restaurer ce que j'ai détruit. Les fissures dans les murs se referment, les fenêtres brisées se reforment, et la rue elle-même redevient telle qu'elle était avant mon passage. C'est un processus lent, méticuleux, mais je veux faire les choses correctement. Je ne veux pas laisser de traces de ce déchaînement de colère.
Quand tout est remis en ordre, je me tourne vers Gunha. "C'est fait. Maintenant, il me reste encore quelques personnes à qui je dois des excuses."
Nous nous dirigeons ensuite vers les forces d'Anti-Skill, où Yomikawa Aiho nous attend, les bras croisés. Son expression est sérieuse, mais pas hostile. Elle sait que je ne suis pas un danger pour les civils, mais les règles sont les règles, et je les ai enfreintes.
"Je suis désolé, Yomikawa," dis-je, inclinant légèrement la tête. "Je n'aurais pas dû laisser ma colère prendre le dessus de cette façon."
Elle me regarde pendant un long moment, avant de laisser échapper un soupir. "Tu as causé des dégâts, X. Mais je sais que ce n'était pas ton intention. Fais juste attention à l'avenir. La prochaine fois, essaie de trouver un moyen de gérer ta colère sans détruire la moitié de la ville."
Je hoche la tête. "Je ferai de mon mieux."
Nous continuons notre route, cette fois vers Komoe-sensei. Quand elle me voit, son visage s'illumine d'un sourire chaleureux, mais je peux voir l'inquiétude dans ses yeux. Elle sait que quelque chose me tourmente, et elle n'aime pas voir ses élèves souffrir.
"Komoe-sensei," dis-je, me sentant soudainement petit face à elle. "Je suis désolé pour tout ce qui s'est passé. Je sais que je t'ai causé des inquiétudes, et ce n'était pas mon intention."
Elle s'approche de moi, posant une main réconfortante sur mon bras. "X, tu es un bon garçon. Je sais que tu ne voulais pas faire de mal. Mais n'oublie pas que tu n'es pas seul. Il y a des gens autour de toi qui veulent t'aider. Tu n'as pas à tout porter sur tes épaules."
Ses mots sont doux, mais ils frappent juste. Je hoche la tête, incapable de répondre, sentant la lourdeur de mes propres pensées.
Ensuite, nous nous dirigeons vers l'appartement de Himegami Aisa. Je suis un peu plus nerveux à l'idée de la confronter. Aisa a une façon de voir les choses qui me rend toujours conscient de mes propres défauts, et je ne suis pas sûr d'être prêt pour ce qu'elle a à dire.
Quand elle ouvre la porte, elle me regarde avec une expression indéchiffrable, mais je peux sentir sa colère contenue. "X," dit-elle simplement, sa voix froide.
Je prends une profonde inspiration. "Aisa, je suis désolé. Je sais que j'ai fait quelque chose de terrible, et je sais que je n'aurais pas dû…"
Elle me coupe, son ton dur. "Tu sais ce que tu as fait, X. Mais est-ce que tu sais pourquoi c'était mal ? Est-ce que tu comprends vraiment ce que tu as fait ?"
Ses mots sont comme un coup de poing. Je baisse les yeux, incapable de la regarder. "Oui… je comprends. Je me suis laissé emporter. J'ai oublié ce que je devais protéger."
Il y a un long silence, puis elle pousse un soupir. "Tu es un idiot, X. Mais tu es aussi quelqu'un de bien. Apprends de tes erreurs. Ne les répète pas."
Je relève les yeux, la voyant sous un autre angle. Elle n'est pas seulement en colère, elle s'inquiète. Pour moi. Pour ce que je pourrais devenir si je continue sur cette voie. Je hoche la tête, plus déterminé que jamais à faire les choses correctement.
Après cela, je me dirige vers l'administration, puis vers Seria, et enfin, vers les personnes les plus proches de moi : Sahariel, Ururiel, Psi, et Vitwento. Les voir, en sécurité mais marqués par ce qui s'est passé, me fait mal. Je m'excuse devant eux, sincèrement, et bien que Psi me pardonne immédiatement, Vitwento, elle, reste silencieuse, me boudant un peu. Elle a ses raisons, je le sais, et je vais devoir regagner sa confiance.
Je termine avec Awaki et Accelerator II. Ces deux-là… je sais qu'ils ne sont pas vraiment en colère contre moi, mais ils méritent quand même des excuses. "Je sais que vous avez mérité ce qui vous est arrivé," dis-je, "mais je n'aurais pas dû aller aussi loin."
Ils me regardent, un mélange d'acceptation et de défi dans leurs yeux. Ils ne disent rien, mais je sais que le message est passé.
Alors que je commence à me sentir épuisé par tout ce que j'ai traversé, je suis rejoint par Touma et Miracolo. Ils savent ce qui s'est passé, et dès qu'ils me voient, ils me pardonnent sans hésitation.
"X," dit Touma, un sourire sur son visage. "Tu n'aurais jamais agi ainsi sans une bonne raison, et nous le savons."
Je me sens soudainement soulagé. "Merci, Touma, Miracolo. Ça signifie beaucoup pour moi."
"Comment ça s'est passé ?" demande Miracolo, sérieusement cette fois.
"Eh bien," dis-je, en grattant l'arrière de ma tête, "vous avez affronté Terra de la gauche, non ? Eh bien, il a dit que j'allais aussi avoir un nouveau pouvoir à cause de Touma et du contact avec Omni Senses."
Touma baisse les yeux, un peu coupable. "Je m'en veux un peu…"
"Ne t'inquiète pas," dis-je en riant. "Grâce à ça, j'ai maintenant un bras droit qui combine une version moins forte d'Imagine Breaker avec Omni Senses. Je l'appelle Imagine Creator."
Gunha rit, trouvant le nom générique. "Imagine Creator ? Sérieusement ? On peut faire mieux, tu ne crois pas, X ?"
Je me plains, mais à la fin, nous rions tous ensemble. Ils m'aident à me rappeler que, peu importe ce qui s'est passé, je ne suis pas seul. Nous faisons tous des erreurs, et maintenant, je dois faire face aux conséquences de mes actions.
"Tu risques de te faire disputer par l'administration," dit Touma, "ou peut-être qu'ils vont étouffer l'affaire."
Je hoche la tête. "Peu importe ce qui se passe, je vais affronter ce qui vient. Et je ferai en sorte de ne plus me perdre dans ma colère."
Le quatuor se sépare, chacun retournant à ses propres responsabilités, mais je me sens plus léger, plus en paix. Le poids de la solitude, de la culpabilité, commence à s'alléger. Peut-être que je ne suis pas seul après tout.
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