Chapitre 21 : Opération - Festival Daihasei II : Action.
.Le soleil est haut dans le ciel alors que je sors de la tente médicale où j'ai passé la majeure partie de la journée avec Komoe-sensei. Nous avons soigné de nombreux élèves blessés, mais la satisfaction de voir mes camarades récupérer me réchauffe toujours le cœur. Ce travail est différent de ce que j'ai l'habitude de faire, mais il m'a appris à voir la force sous un autre angle, celui de la compassion et du soin.
Komoe-sensei, qui a gardé un œil attentif sur moi toute la matinée, me donne enfin une pause pour l'après-midi. « Tu as bien travaillé, X. Va prendre un peu de repos. Tu l'as bien mérité. »
Je souris à ma prof préférée, la remerciant d'un signe de tête. « Merci, Komoe-sensei. Je vais en profiter. »
Je quitte la tente médicale et me dirige rapidement vers l'hôpital où Aisa a été admise après avoir été blessée la veille. Même si je sais qu'elle est entre de bonnes mains, l'inquiétude me ronge depuis que j'ai appris la nouvelle.
Quand j'entre dans sa chambre, je la trouve assise sur son lit, l'air un peu fatiguée mais indemne. Un sentiment de soulagement m'envahit, mais je ne suis pas surpris de la voir en si bon état grâce à Canceller.
« Aisa, » dis-je doucement en m'approchant d'elle, un sourire aux lèvres. « Je suis content de te voir sur pieds. »
Elle lève les yeux vers moi et un sourire illumine son visage. « X, merci d'être venu. Je vais bien, ne t'inquiète pas. »
Je m'assois à côté d'elle, prenant une profonde inspiration. « Je savais que tu serais en sécurité avec Canceller, mais ça fait toujours plaisir de le voir de mes propres yeux. »
Elle hoche la tête, son sourire ne faiblissant pas. Nous discutons tranquillement pendant un moment, partageant des anecdotes et riant des incidents qui se sont produits pendant le festival. C'est un moment de paix dans une journée autrement tumultueuse.
Après un moment, je plonge la main dans ma poche et en sors un trousseau de clés que j'ai fabriqué moi-même. Je le tends à Aisa, un peu nerveux. « Je voulais te donner ça. Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais… j'aurais aimé t'offrir un collier, sauf que… »
Elle lève une main pour m'interrompre, son regard se faisant plus doux. « Ce n’est pas nécessaire, X. C’est parfait comme ça. Merci beaucoup. »
Je souris, un peu embarrassé mais heureux qu’elle apprécie le cadeau. « Je suis content que ça te plaise. »
Cependant, je remarque quelque chose d'étrange dans son expression. Comme si elle voulait dire quelque chose de plus, mais hésitait. « Qu’est-ce qui t’arrive, Aisa ? » je demande doucement, cherchant à comprendre ce qui la tracasse.
Elle détourne légèrement le regard, le rouge montant à ses joues. Après un moment de silence, elle murmure : « Tu as intérêt à revenir sain et sauf… » Sa voix est basse, presque inaudible, mais la sincérité derrière ses mots est indéniable.
Je fronce les sourcils, surpris par sa remarque. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
Elle se mord la lèvre, toujours incapable de me regarder dans les yeux. « Tu sais de quoi je parle, X. Tu te mêles toujours de choses dangereuses, et j’ai… j’ai peur pour toi. »
Mon cœur se serre légèrement en entendant ses mots. Je pose une main rassurante sur son épaule, lui souriant avec tendresse. « Je te promets que je reviendrai, Aisa. Je n’ai aucune intention de me mettre en danger inutilement. »
Elle lève enfin les yeux vers moi, un mélange d’inquiétude et de soulagement dans son regard. « Tu as intérêt. »
Je hoche la tête, déterminé à ne pas la décevoir. « Je te le promets. »
Après l'avoir quittée, je me dirige vers la sortie de l’hôpital, mon esprit déjà tourné vers ce qui m'attend. Avant de partir, j'appelle Canceller pour l'informer de ce qui se prépare.
« Canceller, » dis-je dès qu'il décroche. « Je vais avoir besoin de ton aide. Nous devons arrêter Kihara Gensei. »
Il y a un moment de silence avant qu'il ne réponde, sa voix calme et posée. « Je comprends. Fais attention, X. Gensei est un adversaire redoutable. »
« Je sais, » réponds-je en souriant. « Mais si tout se passe bien, peut-être que je pourrai devenir médecin comme toi un jour. » Je plaisante, mais il y a une vérité sous-jacente dans mes mots. J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même ces derniers jours, et l'idée de suivre les traces de Canceller me semble de moins en moins impossible.
Canceller rit doucement. « Je serais honoré de te voir suivre cette voie, X. Bonne chance. »
Je raccroche, me sentant étrangement serein. Le chemin qui m'attend est semé d'embûches, mais je suis prêt. Pour mes amis, pour Aisa, pour tous ceux qui comptent sur moi… je n’ai pas le droit d’échouer.
Je prends une profonde inspiration et me mets en route, le sourire aux lèvres. Peu importe ce qui m’attend, je reviendrai sain et sauf. Je l’ai promis.
Le ciel est d'un bleu éclatant au-dessus de la Cité Académique, un contraste saisissant avec l'agitation qui gronde sous la surface. Mes pas me mènent rapidement à travers les rues bondées du festival, mais mon esprit est loin d'être en paix. Mon ESP me guide, me tirant inexorablement vers un point précis, et une angoisse sourde commence à envahir mon cœur.
Alors que j'approche de la destination, une vague de froid traverse mon corps. Ce que je vois devant moi me glace le sang. Misaka Mikoto, une camarade que j’ai toujours respectée et admirée, est en train de se transformer, lentement mais sûrement. Son corps est entouré d'une aura électrique si intense que même l'air semble vibrer sous sa puissance. Le projet Level 6 vient de commencer.
Le murmure de Vitwento dans mon oreillette est absent. Je n’entends rien de sa part, et c’est là que je comprends la gravité de la situation. Ce fou, ce monstre, avait tout prévu. Kihara Gensei avait utilisé Misaka comme un pion, l’insérant dans le réseau pour qu'elle atteigne ce niveau insensé. Une force brute, une énergie qui dépasse l'entendement.
Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage. Une attaque fulgurante de Misaka, désormais au niveau 5.2, fonce droit sur moi. Mon sixième sens s'active immédiatement, suivi de mon troisième œil, et je parviens de justesse à dévier l'attaque, sentant la chaleur intense de l’électricité traverser l’air à quelques centimètres de mon visage.
Je réalise alors que je ne suis pas seul dans cette bataille. Touma et Sogita sont là, luttant désespérément contre ce qu'est devenue Misaka. Je m'apprête à les saluer, mais je me fige en voyant mon reflet dans une vitre brisée. Je suis tout noir. Pas seulement mes vêtements de sport, mais ma peau, mes cheveux, tout. Mon troisième œil brille d’une lueur aveuglante, et mes sens sont plus aiguisés que jamais, au-delà de tout ce que j'ai connu auparavant.
Mais il n'y a pas de temps pour tergiverser. Je dois contrôler cet état, quoi qu'il arrive.
Sogita et moi échangeons un regard, un accord silencieux. Nous devons sauver Misaka Mikoto, coûte que coûte, car atteindre le niveau 6 sans mourir est impossible pour elle. Son corps n'est tout simplement pas fait pour supporter une telle puissance.
Sogita use de ses pouvoirs avec une force brute impressionnante, tandis que Touma, avec son bras droit, tente d'annuler les pouvoirs de Mikoto. De mon côté, je guide nos mouvements avec Omni Senses, indiquant à Sogita et Touma où frapper avec précision, tout en boostant leurs capacités, leur donnant la force nécessaire pour affronter cette menace.
La bataille est féroce. À un moment donné, le bras droit de Touma est littéralement arraché par une explosion d’énergie, mais au lieu de reculer, il avance, conscient des dragons cachés en lui. Je concentre alors toute ma puissance pour le soutenir, le boostant au point où les dragons qu'il libère parviennent à annuler la gigantesque attaque qui aurait détruit la Cité Académique.
La pression monte alors que Misaka descend lentement au niveau 5, la transformation régressant peu à peu. Mais à mesure que sa puissance diminue, la mienne augmente dangereusement. Je sens une énergie noire m'envahir, et une auréole blanche apparaît au-dessus de ma tête. C’est un moment de clarté absolue, où j'accède à un niveau de compréhension de mon Omni Senses que je n'avais jamais atteint auparavant. Les connaissances affluent, comme si l'univers entier s'était ouvert devant moi.
Mais je ne m’arrête pas là. Alors que je vois Kihara Gensei en retrait, son visage déformé par un sourire malsain, je comprends qu’il est temps de mettre fin à cette folie. Je me débarrasse de lui avec une précision chirurgicale, l’enfermant dans le piège laissé par Shokuhou Misaki, alias Mental Out. Un sourire de satisfaction apparaît sur mes lèvres, et je murmure un « bien joué » à Misaki. Son plan avait fonctionné.
Ensuite, je me rends compte que Kouzaku Mitori a déjà été vaincue, physiquement par Kuroko et mentalement par Psi. Les autres membres de Member sont également hors d'état de nuire, tous battus par Psi seule. Je ne peux m’empêcher de murmurer un « pas mal du tout » en passant devant elle.
Mais avant de m'effondrer, une dernière tâche me vient à l’esprit. Je libère une vague de mon ESP surboostée, envoyant un message clair à toutes les personnes impliquées dans des expériences horribles, et à tous les membres du Dark Side ayant des fonds douteux. Ils ont un choix simple : arrêter leurs conneries ou mourir.
Le noir s’abat sur moi alors que je tombe dans l’inconscience.
Quand j’ouvre les yeux, le monde est flou, mais peu à peu, les visages familiers se dessinent autour de moi. Mikoto est là, enveloppée dans la veste à capuche de Touma, son regard empli de gratitude et de fatigue. Gunha, sans sa veste habituelle, se tient fièrement à mes côtés, portant un simple t-shirt avec un motif de soleil levant. Et Touma, toujours là, malgré tout, son bras miraculeusement guéri, se tient juste à côté de moi.
Je regarde autour de moi et réalise que je porte la veste de Sogita. Mes propres vêtements ont dû brûler pendant la bataille. Je les remercie tous, sans trop savoir pourquoi, mais une chaleur envahit mon cœur. Ces dernières heures me semblent floues, comme un rêve étrange dont je ne peux me souvenir clairement.
Mais une chose est certaine : nous avons réussi. Ensemble, nous avons sauvé Misaka Mikoto, et plus encore, nous avons mis un coup d'arrêt au projet Level 6.
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais pour l’instant, je suis simplement reconnaissant d’être entouré de ceux en qui j’ai confiance.
Je suis allongé sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond, comptant les heures qui s'écoulent lentement. Cela fait maintenant cinq jours que je suis confiné ici, chez moi, sans bouger. Mon corps est épuisé, mais ce n'est pas la fatigue physique qui m'alourdit le plus, c'est cette interdiction, ce secret que je dois garder. Canceller a été très clair : personne ne doit savoir pour cette forme que j’ai prise, pour cet état étrange et surpuissant que j’ai brièvement atteint. Et j’ai promis de ne rien dire, même à ceux qui sont le plus proches de moi.
Vitwento, fidèle à elle-même, a décidé de rester près de moi pendant tout ce temps. Elle s’installe souvent sur le bord de mon lit ou sur une chaise non loin, à feuilleter des livres ou à regarder par la fenêtre, toujours prête à lancer une remarque sarcastique pour détendre l’atmosphère. Ses commentaires moqueurs sont un mélange de réconfort et de distraction bienvenue.
— Alors, comment ça fait de se transformer en super-héros pour ensuite être cloué au lit comme un simple humain ? demande-t-elle avec un sourire narquois, ses yeux brillants d'une lueur amusée.
Je roule des yeux. À ce stade, je suis habitué à ses piques constantes, et je sais qu'elles sont sa façon de montrer qu'elle s'inquiète pour moi.
— Ça fait... ironique, je suppose, répliqué-je en soupirant, un sourire en coin. J'imagine que même les "super-héros" ont besoin de repos.
La vérité, c'est que je me sens étrangement déconnecté. J'ai toujours été celui qui agit, celui qui se trouve au cœur de l'action, mais ces derniers jours, je suis devenu un simple spectateur. Grâce à ma vue améliorée, je peux suivre tout ce qui se passe au Festival Daihasei depuis ma chambre, comme si je regardais un film à travers une immense fenêtre.
Je vois Aisa qui, malgré sa blessure, reste aussi vive qu'avant, participant aux festivités avec une détermination que je lui connais bien. Gunha, fidèle à lui-même, continue de se battre avec une énergie explosive, toujours prêt à affronter le prochain défi. Misaka semble s'être remise, ses pouvoirs sous contrôle, mais l’ombre de ce qui s’est passé plane encore au-dessus d’elle, visible dans la tension de ses mouvements. Psi, quant à elle, est partout à la fois, toujours en mouvement, neutralisant les menaces avant qu'elles ne deviennent un véritable danger. Kuroko, avec une concentration retrouvée, patrouille aux côtés de Misaka, comme pour s’assurer que rien de semblable ne se reproduira. Misaki, malgré son attitude distante, veille aussi discrètement, manipulant les esprits pour garder le festival en ordre.
Le Festival Daihasei bat son plein, et la ville entière semble vibrer d’énergie et de vie. Tsukiyose organise les événements avec une rigueur militaire, tandis que Tsuchimikado, toujours aussi mystérieux, garde un œil sur les choses dans l’ombre. Pierce et Index, quant à eux, semblent profiter de chaque instant, Pierce se laissant emporter par l’excitation générale, tandis qu’Index s’émerveille devant chaque stand de nourriture qu’elle croise. Touma reste, comme toujours, au centre de tout, une force tranquille qui semble attirer les ennuis autant qu’il les résout. Kenji et Aiko, eux, s’intègrent parfaitement dans cette ambiance chaotique, apportant leur propre touche de camaraderie et de soutien à l’ensemble. Miracolo, enfin, s’illustre dans chaque épreuve, avec cette détermination tranquille qui le caractérise, ses mouvements précis et calculés lui permettant de dominer les compétitions.
Komoe-sensei et Canceller continuent leur travail inlassable, assurant les soins aux blessés et maintenant l’ordre parmi les élèves. Je les observe tous, et même si je ne suis pas physiquement avec eux, je ressens une étrange satisfaction à les voir si impliqués, si déterminés.
Le soir du 25 septembre, alors que le festival touche à sa fin, je reçois un appel. Vitwento lève les yeux vers moi, curieuse, mais je lui fais signe de ne pas s'inquiéter. Je décroche, et à l'autre bout de la ligne, c'est Aisa. Sa voix est douce, presque hésitante.
— Hey, ça te dit de te changer les idées ce soir ?
Je souris. Elle n’a pas besoin de me le demander deux fois. En un rien de temps, je me retrouve entouré de tous mes amis, rassemblés chez moi. Touma, Kenji, Aiko, Psi, Miracolo, Gunha, Tsuchimikado, Pierce, Fukiyose, et bien sûr, Aisa, qui est venue avec un cadeau. Mikoto et Kuroko ont littéralement fait le mur pour venir de Tokiwadai, ce qui me fait soupirer de consternation.
Index, fidèle à elle-même, manque de peu de me mordre, mais Psi, toujours aux aguets, la détourne juste à temps. Les échanges fusent, les blagues volent bas, et je me retrouve à esquiver les coups de manière réflexe, évitant les piques et les attaques amicales de chacun. Cependant, je ne parviens pas à éviter le câlin électrisant d’Aisa, qui m'attrape par surprise avec sa matraque.
Malgré les taquineries et les remontrances légères, une atmosphère de fête imprègne la soirée. Tout le monde refuse d'aller dans les night clubs, malgré la proposition quelque peu hasardeuse de Pierce, qui se voit immédiatement menacé de mort par moi-même. Je suis sur le point de passer à l'acte, ou du moins de faire semblant, quand une vague de rire éclate autour de moi.
Finalement, la fête improvisée chez moi prend une tournure des plus agréables. Des éclats de rire, des discussions animées, des jeux, et surtout, une ambiance de camaraderie sincère. Le festival a été long et éprouvant pour tous, mais en ce moment, ici, entouré de ceux que j'apprécie, je me sens enfin détendu.
Alors que la soirée avance, je prends un instant pour m'éloigner du tumulte, observant la scène depuis un coin tranquille de la pièce. Ces derniers jours ont été remplis de défis, de dangers et de découvertes troublantes, mais ce soir, tout cela semble loin, comme un mauvais rêve dont je viens de me réveiller.
Mes amis sont là, et même si l’avenir est incertain, je sais que nous ferons face ensemble, quoi qu’il arrive. Pour le moment, je me contente de profiter de cette soirée, d’apprécier ces moments simples mais précieux.
C’est là, dans ce petit cocon de paix, que je me permets enfin de relâcher toutes les tensions accumulées, un sourire apaisé sur les lèvres. Peu importe ce qui m'attend demain, ce soir, je suis chez moi, entouré des gens qui comptent, et c’est tout ce qui importe.
Le silence retombe dans l’appartement une fois que la porte se ferme derrière le dernier de mes amis. Un calme étrange s'installe, seulement troublé par le bruit léger des pas d’Aisa qui se dirige vers moi. Leurs voix et leurs rires résonnent encore dans ma tête, mais cette tranquillité qui s’installe n’est pas désagréable. Au contraire, elle a quelque chose de réconfortant. Je me tourne vers Aisa, qui est restée près de moi, un sourire léger sur les lèvres.
Elle me fixe un instant, ses yeux pétillants dans la pénombre de la pièce. La lumière douce de la lampe qui éclaire la pièce met en valeur les traits délicats de son visage. Il y a quelque chose d’apaisant dans cette atmosphère nocturne, comme si le monde entier s’était retiré, ne laissant que nous deux.
— Tu ne devrais pas être trop fatigué, après tout ça ? me demande-t-elle doucement, sa voix un murmure dans le silence de la nuit.
Je hausse les épaules, un sourire en coin.
— J’ai survécu à pire, tu sais. Mais... ce calme, c’est agréable. Ça change.
Elle rit doucement, et ce son, si léger et naturel, fait écho dans la pièce. C’est un rire apaisant, qui me réchauffe de l’intérieur. Nous restons là, à nous regarder, sans rien dire. Les mots ne sont pas nécessaires. Cette proximité, cette complicité qui existe entre nous, est suffisante.
Après un moment, je lui fais signe de me suivre, et nous nous installons sur le canapé. Elle s’assied à côté de moi, et je sens la chaleur de son corps contre le mien. Le silence se fait à nouveau, mais il n’y a rien d’inconfortable dans ce silence. C’est un moment de paix, de repos bien mérité après les tourments des derniers jours.
Je me laisse aller contre le dossier du canapé, fermant les yeux un instant, appréciant la simple présence d’Aisa à mes côtés. La nuit est avancée, mais aucune fatigue ne vient peser sur mes paupières. Au contraire, je me sens étrangement éveillé, comme si ce moment était fait pour être vécu pleinement, sans interruption.
Aisa finit par briser le silence, sa voix douce et posée.
— J’ai l’impression que tu portes un fardeau bien plus lourd que ce que tu laisses paraître, Khi.
Je rouvre les yeux et tourne la tête vers elle. Ses yeux sont fixés sur moi, pleins d’une inquiétude sincère. Je lui souris, essayant de dissiper ses craintes.
— Je suppose que tout le monde a ses propres fardeaux à porter. Mais ce n’est pas insurmontable, dis-je en croisant son regard.
Elle hoche la tête, mais je sens qu’elle n’est pas complètement convaincue. Alors je me penche légèrement vers elle, posant une main sur son épaule pour attirer son attention.
— Je vais bien, Aisa. Et puis, tu es là, non ? Ça aide beaucoup plus que tu ne le penses.
Elle sourit à son tour, mais je vois toujours cette petite lueur d’inquiétude dans ses yeux. Je décide de changer de sujet, pour alléger l’atmosphère.
— Alors, qu’est-ce que tu as prévu pour le reste de la nuit ? demandai-je d’un ton léger.
Aisa rit à nouveau, un son mélodieux qui chasse les dernières ombres de la soirée.
— Eh bien, je comptais m’assurer que tu n’essaies pas de t’échapper pour aller jouer les héros encore une fois, dit-elle en plaisantant, mais il y a autre chose que je voulais te montrer.
Je lève un sourcil, curieux.
— Oh ? Et qu’est-ce que c’est ?
Elle se lève alors, s’éloignant du canapé pour aller fouiller dans son sac qu’elle avait laissé près de la porte. Lorsqu’elle revient, elle tient un petit paquet enveloppé dans un tissu soyeux. Elle me le tend, et je le prends avec une certaine hésitation.
— Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en l’ouvrant lentement.
À l’intérieur, je découvre une petite boîte en bois finement sculptée. Le travail est délicat, et je peux voir que beaucoup de soin a été apporté à sa réalisation. Je l’ouvre prudemment, et à l’intérieur, je trouve un collier. Le pendentif, simple mais élégant, est en argent, avec une petite pierre bleue sertie en son centre. La lumière de la lampe se reflète sur la pierre, créant des éclats scintillants.
Je relève les yeux vers Aisa, surpris.
— C’est magnifique... mais pourquoi ?
Elle s’assoit à nouveau à côté de moi, une lueur amusée dans les yeux.
— Parce que je voulais te remercier. Pour tout. Pour être là, pour m’avoir soutenue, pour avoir été un ami... et peut-être plus, dit-elle, sa voix se faisant plus douce sur les derniers mots.
Mon cœur rate un battement, et je sens une chaleur monter à mes joues. Ce n’est pas la première fois qu’Aisa me surprend, mais cette fois-ci, ses paroles résonnent profondément en moi.
Je regarde à nouveau le collier, puis elle, et je sens un sourire se former sur mes lèvres.
— Je... je ne sais pas quoi dire, Aisa. Merci.
Elle sourit en retour, et pour la première fois de la soirée, je vois cette lueur d’inquiétude disparaître de ses yeux, remplacée par quelque chose de bien plus doux, bien plus tendre.
Nous restons là, assis ensemble, à contempler le collier, et puis finalement, je me décide.
— Tu sais, je pense qu’il te vaudrait mieux qu’à moi, dis-je en lui tendant le collier.
Elle semble surprise, mais je continue.
— Tu es celle qui a le plus de courage. Tu as fait face à tout ce qui s’est passé sans broncher, et tu es toujours restée toi-même. Si quelqu’un mérite ce collier, c’est bien toi.
Aisa secoue la tête avec un sourire, puis prend doucement le collier de mes mains. Elle le passe autour de mon cou, ses doigts frôlant légèrement ma peau, et je sens un frisson me parcourir.
— Non, Khi. C’est toi qui en as le plus besoin. Et puis, ça te va bien, ajoute-t-elle avec un clin d’œil.
Je ne proteste pas, et je sens le poids léger du collier contre ma poitrine. Il est étrange de penser que quelque chose d’aussi simple peut avoir une signification si profonde.
La nuit continue de s’écouler, et nous parlons de tout et de rien, partageant des souvenirs, des rires et des moments de silence. Le temps semble s’étirer, chaque minute passant plus rapidement que la précédente, jusqu'à ce que je réalise que l'aube est presque là.
Finalement, Aisa commence à montrer des signes de fatigue. Ses paupières se font lourdes, et elle se blottit un peu plus contre moi, cherchant la chaleur et le confort. Je passe un bras autour de ses épaules, la serrant doucement contre moi.
— Tu devrais dormir un peu, lui dis-je doucement. Il reste encore quelques heures avant que le soleil ne se lève.
Elle hoche la tête, mais elle ne bouge pas. Je la sens se détendre peu à peu, son souffle devenant plus régulier. Je reste là, immobile, écoutant le rythme apaisant de sa respiration, sentant son corps se relâcher contre le mien.
Le calme de la nuit nous enveloppe, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens en paix. Le monde extérieur, avec tous ses dangers et ses responsabilités, semble lointain. Ici, dans ce moment partagé avec Aisa, tout ce qui compte, c'est le présent.
Je ferme les yeux, me laissant emporter par cette sensation de tranquillité, savourant chaque seconde de cette proximité silencieuse. La nuit est encore jeune, et pour une fois, je me permets de simplement être là, de profiter de ce moment de paix et de réconfort.
Quand je rouvre les yeux, la lumière de l'aube commence à filtrer à travers les rideaux, baignant la pièce d'une lueur douce et dorée. Aisa est toujours blottie contre moi, profondément endormie, son visage détendu. Je la regarde un instant, émerveillé par la tranquillité qui émane d'elle.
Un sourire naît sur mes lèvres alors que je réalise à quel point cette nuit a été précieuse. Peu importe ce que l'avenir nous réserve, ces instants, ces moments partagés, sont ceux qui comptent vraiment.
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