Chapitre 2 : Kamijou Touma - Mon allié d'inforturne
Le lendemain du 20 juillet marque officiellement le début des vacances d'été. C'est la pause estivale tant attendue, ce moment où les étudiants peuvent enfin souffler après les longues heures passées en classe. Pour la plupart des élèves de la Cité Académique, c'est une période de détente, de loisirs, et de liberté. Mais pour moi, X - ou Khi, comme je préfère être appelé - ce n'est qu'un autre jour. Un jour où les responsabilités continuent, où l'entraînement ne s'arrête jamais. Et aujourd'hui, j'ai une mission bien particulière.
Je traverse les rues animées de la ville, le soleil matinal filtrant à travers les immeubles imposants. Les rires et les conversations des étudiants résonnent autour de moi, créant un contraste étrange avec la tâche que je me suis imposée. Car aujourd'hui, je vais m'occuper de Kamijou Touma.
Contrairement à Tsuchimikado et Aogami Pierce, que je considère comme des causes perdues en matière de performance académique, Touma représente quelque chose de différent. Il est un paradoxe ambulant, une énigme que beaucoup prennent pour un idiot chanceux - ou plutôt malchanceux, selon la manière dont on voit les choses. Mais moi, je sais mieux que ça. Je connais le secret qu'il cache, ce pouvoir unique qu'il possède, l'Imagine Breaker.
Je n'ai jamais révélé à Touma que je sais ce qu'il est capable de faire. Mon pouvoir, l'Omni Senses, me donne une perspective unique sur le monde. C'est un ESP qui pousse mes sens à des niveaux que personne ne peut comprendre. Ma vue me permet de voir et comprendre tout ce qui m'entoure en un seul regard, chaque détail, chaque secret caché. Mon ouïe capte les sons les plus infimes, jusqu'à l'autre bout du monde, si je le souhaite. Mon toucher me donne un contrôle absolu sur mon corps, jusqu'au niveau cellulaire, me permettant de le modifier à ma guise. Mon odorat peut déceler la moindre particule dans l'air, et mon goût, bien qu'inutilisé dans ce contexte, pourrait analyser n'importe quelle substance.
Mais le plus puissant de mes sens, et celui que je contrôle le moins, c'est mon sixième sens. C'est lui qui me permet d'analyser le passé, le présent et le futur, de voir les fils du destin se tisser devant moi. C'est ce sixième sens qui m'a révélé la véritable nature de l'Imagine Breaker de Touma, ce pouvoir capable d'annuler toute forme de surnaturel, d'effacer l'impossible avec un simple contact.
J'ai éveillé ce pouvoir quand j'avais trois ans, dans un moment de désespoir. J'étais paralysé, plongé dans un coma où mes cinq sens avaient été réduits au silence. Il ne me restait plus que le sixième, et c'est lui qui m'a sauvé, qui m'a permis de survivre dans cet état de vide. Depuis, je ne l'utilise que lorsque c'est absolument nécessaire, car il me montre des choses que personne ne devrait voir. Des vérités crues, des réalités déformées, des futurs incertains. C'est un fardeau autant qu'un don.
Et c'est grâce à ce pouvoir que je sais que la malchance de Touma n'est pas une simple coïncidence. Chaque événement, chaque catastrophe qui le frappe est lié à cette main droite qui porte l'Imagine Breaker. C'est une anomalie dans ce monde, quelque chose qui ne devrait pas exister, et qui pourtant se manifeste avec une régularité effrayante.
Aujourd'hui, je me suis donné pour mission de l'aider. Car malgré tout ce que les autres peuvent penser, je crois qu'il est encore sauvable. Et même si je ne l'admettrai jamais devant lui, je respecte la ténacité avec laquelle il fait face à ce monde hostile, malgré toute l'adversité qui lui tombe dessus.
Je le trouve finalement près de la rivière, assis sur un banc, les yeux perdus dans l'eau qui coule doucement devant lui. Son expression est, comme toujours, un mélange de fatigue et de résignation, mais il y a aussi cette étincelle de détermination dans son regard. Celle qui lui permet de continuer à avancer, même quand tout semble perdu.
« Kamijou, » dis-je en m'approchant, ma voix calme mais autoritaire.
Il lève les yeux vers moi, surpris de me voir ici. « Oh, X... Qu'est-ce que tu fais là ? »
Je m'assois à côté de lui, laissant un silence s'installer pendant un moment. Je ne suis pas doué pour les discours motivants, mais je sais ce que je veux dire.
« Tu vas passer tes vacances à réviser, » dis-je finalement, sans laisser de place à la discussion.
Touma cligne des yeux, visiblement pris au dépourvu. « Quoi ? Pourquoi ça ? C'est les vacances ! »
Je tourne mon regard vers lui, le fixant intensément. « Parce que tu as encore une chance. Contrairement à ces idiots de Tsuchimikado et Aogami, tu peux réussir. Et je ne vais pas te laisser gâcher cette chance. »
Il ouvre la bouche pour protester, mais je l'interromps en posant une main sur son épaule. Mon toucher amplifié par l'Omni Senses capte chaque tension dans ses muscles, chaque hésitation dans son corps. Je sens sa fatigue, son désespoir latent, mais aussi cette étincelle de potentiel qui ne demande qu'à être nourrie.
« Tu as un don, Kamijou, » dis-je, mon ton se radoucissant légèrement. « Et je ne parle pas seulement de l'Imagine Breaker. Tu as la capacité de surmonter les obstacles, de persévérer même quand tout semble aller contre toi. Mais pour ça, tu dois travailler. Tu dois te battre, pas seulement contre les choses surnaturelles, mais aussi contre toi-même. »
Il me regarde en silence, et je peux voir qu'il pèse mes mots. Touma n'est pas stupide, loin de là. Il comprend ce que je veux dire, même s'il n'en a pas encore pleinement conscience.
« D'accord, » finit-il par dire, soupirant. « Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je suis nul en études, tu le sais bien. »
Je souris légèrement, une expression rare pour moi. « C'est pour ça que je suis là. J'ai préparé un plan sur mesure pour toi. Tu vas réviser, mais pas comme tu l'as fait jusqu'à maintenant. On va faire les choses différemment, de manière plus efficace. »
Touma hoche la tête, un peu incertain, mais il accepte. Je sais qu'il n'a pas beaucoup d'autres options. Et surtout, il sait que je ne le laisserai pas tomber.
Nous passons le reste de la matinée ensemble, à planifier ses révisions. Je lui montre des techniques pour mieux mémoriser, pour comprendre les concepts plutôt que de les apprendre par cœur. Je l'aide à organiser son temps, à se fixer des objectifs réalistes mais ambitieux. Chaque fois qu'il doute, je suis là pour le remettre sur la bonne voie, pour lui rappeler pourquoi il fait tout ça.
Alors que l'après-midi avance, je sens qu'il commence à reprendre confiance en lui. Ce n'est qu'un début, mais c'est un bon début. Et je sais que si quelqu'un peut réussir malgré tout, c'est bien Kamijou Touma.
En marchant à ses côtés, je ne peux m'empêcher de penser à l'ironie de la situation. Moi, un Gemstone, une anomalie parmi les Espers, aidant un garçon avec un pouvoir qui défie toute logique. Mais peut-être que c'est ça, notre point commun. Nous sommes tous les deux des exceptions dans un monde qui ne sait pas comment nous traiter. Et c'est peut-être ce qui fait de nous des alliés, malgré toutes nos différences.
Alors que nous nous préparons à partir, je pose une main sur son épaule, une dernière fois. « Tu n'es pas seul dans ce combat, Kamijou. Peu importe ce qui arrive, je serai là pour te soutenir. »
Il me regarde, surpris par mes mots, mais il n'a pas besoin de répondre. Je sais qu'il comprend.
Et ainsi commence cet été, non pas sous le signe de la détente, mais sous celui de l'apprentissage. Car même si les vacances d'été sont là, pour nous, il n'y aura pas de répit. Nous avons un objectif, et nous allons l'atteindre, peu importe les obstacles qui se dressent devant nous.
Le soleil décline doucement à l'horizon, projetant des ombres longues et dorées à travers la pièce où je me trouve. Le bureau de Kamijou Touma est encombré de cahiers et de manuels scolaires, des traces visibles de notre séance de révision intensive. Nous avons passé la journée à travailler sur ses matières les plus faibles, et malgré ses protestations initiales, je peux voir qu'il fait des progrès. Son attention est fixée sur une équation complexe qu'il s'efforce de résoudre, le front plissé de concentration.
Je reste en retrait, observant en silence, prêt à intervenir si nécessaire. Mon pouvoir, l'Omni Senses, me permet de percevoir chaque détail, chaque fluctuation dans son état d'esprit. Je peux presque entendre les rouages de son cerveau tourner, le flux de ses pensées alors qu'il s'efforce de comprendre.
Alors que je m'apprête à lui donner un conseil pour simplifier le problème, un bruit léger, à peine perceptible, retentit à l'extérieur. Un son que la plupart des gens n'auraient probablement pas remarqué. Mais pour moi, il est aussi clair que si quelqu'un avait frappé à la porte.
Touma lève les yeux, ses sourcils se fronçant de perplexité. « Tu as entendu ça ? » me demande-t-il.
Je hoche la tête, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il se précipite vers la porte. Dans sa précipitation, il renverse accidentellement le sandwich qu'il avait préparé plus tôt. Le sandwich tombe lentement, presque en suspension dans l'air, tandis que Touma se précipite pour ouvrir la porte.
Je réagis instantanément. Mon bras s'allonge, mon toucher se transformant pour allonger mes muscles et mes tendons, me permettant d'attraper le sandwich avant qu'il ne touche le sol. Je le tire vers moi, puis, en anticipant les mouvements de Touma, je modifie la structure de mon bras, le rendant aussi mou qu'un coussin. Quelques secondes plus tard, le pied de Touma se pose accidentellement sur mon bras, mais grâce à mon pouvoir, il ne sent rien et ne me fait aucun mal.
Il se tourne vers moi, l'air confus, comme s'il avait perçu quelque chose d'étrange mais ne pouvait pas le cerner. Je me contente de lui montrer le sandwich, intact, un sourire discret aux lèvres.
« Ton goûter est sauf, » dis-je calmement, en le lui tendant.
Touma laisse échapper un soupir de soulagement, prenant le sandwich avec un sourire reconnaissant. « Merci, X. J'ai eu de la chance que tu sois là. »
Je ne réponds pas, me contentant de hocher la tête. La chance, ou la malchance, a toujours été un sujet délicat pour lui, et je n'ai pas envie de m'y attarder. Au lieu de cela, je me dirige vers la porte, où Touma se tient maintenant, légèrement hésitant.
Quand je le rejoins, je vois ce qui l'a rendu si perplexe. Sur le balcon, une jeune fille en robe blanche est accroupie, tremblante. Ses cheveux argentés tombent en cascade autour de son visage, et ses yeux, d'un vert perçant, sont remplis de terreur et de désespoir. Elle semble épuisée, affamée, comme si elle avait été en fuite pendant des jours.
« Qui... qui es-tu ? » demande Touma, la voix incertaine.
La jeune fille lève les yeux vers lui, ses lèvres tremblantes alors qu'elle murmure d'une voix faible, « Index. »
Je m'avance doucement, mon regard fixé sur elle. Mon Omni Senses me permet instantanément de percevoir des détails qui échapperaient à un œil normal. La magie imprègne son corps, une magie ancienne et puissante, bien au-delà de ce que l'on trouve habituellement dans la Cité Académique. Et ce nom... Index. Il résonne en moi, éveillant des souvenirs de textes que j'ai lus, des histoires anciennes de mages et de sorciers.
« Touma, aide-moi à la faire entrer, » dis-je, brisant le silence qui s'était installé.
Sans hésiter, il obéit, et ensemble, nous guidons la jeune fille à l'intérieur. Une fois installée sur le canapé, je remarque qu'elle a des éraflures sur les bras et les jambes, des signes évidents de lutte ou de fuite.
« On doit la soigner, » murmure Touma, préoccupé.
Je hoche la tête, déjà en train de chercher de quoi désinfecter ses plaies. Tandis que je m'occupe de la partie physique, Touma s'assied à côté d'elle, son sandwich à la main. Il tente de lui sourire, essayant de la rassurer malgré la situation étrange.
« Tiens, tu dois avoir faim, » dit-il en lui tendant doucement la nourriture.
Elle le regarde, hésitante, avant de finalement prendre le sandwich. Pendant qu'elle mange avec hésitation, je continue d'appliquer des pansements sur ses plaies, restant silencieux mais observant chaque réaction.
« Merci, » murmure-t-elle entre deux bouchées.
Touma, visiblement soulagé qu'elle se sente mieux, commence à lui poser des questions. « Pourquoi es-tu ici ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Index semble hésiter, jetant un coup d'œil vers moi avant de répondre. « Je... je fuis des gens. Des magiciens. Ils veulent m'effacer. »
Le mot « magiciens » fait tressaillir Touma. Il n'a jamais été exposé à ce genre de réalité. Mais pour moi, ce terme réveille une colère que je m'efforce de contenir. La magie... C'est une force qui va à l'encontre de tout ce que je représente en tant que Gemstone. Une force que je méprise et que je combats depuis longtemps.
« Des magiciens ? » répète Touma, incrédule.
Index hoche la tête, ses yeux se remplissant de larmes. « Oui. Ils veulent me prendre tout ce que je sais, toutes les connaissances que je porte en moi. Je suis l'Index Librorum Prohibitorum, un recueil vivant de grimoires interdits. »
La tension monte en moi, mes poings se serrant malgré moi. La magie... Cet art sombre et ancien, responsable de tant de souffrances et de chaos. C'est la première fois que je suis confronté à une manifestation aussi claire de son influence ici, dans la Cité Académique.
Touma semble tout aussi choqué, mais il fait de son mieux pour cacher sa confusion. « Pourquoi voudraient-ils t'effacer ? Qu'est-ce que tu sais de si dangereux ? »
Index baisse les yeux, ses mains tremblant autour du sandwich à moitié mangé. « Je... Je ne peux pas tout expliquer maintenant. C'est trop dangereux. Mais... merci de m'avoir aidée. »
Elle finit par se lever, chancelante mais déterminée. « Je dois partir avant qu'ils ne reviennent. Ils savent où je suis. »
Touma se précipite vers elle, essayant de la retenir. « Non, attends ! Tu ne peux pas partir comme ça ! Tu es blessée, et si ces magiciens sont vraiment aussi dangereux, tu ne devrais pas être seule ! »
Mais elle secoue la tête, un regard triste dans ses yeux. « C'est trop risqué. Ils vous tueront tous les deux si je reste. Je ne peux pas... Je ne veux pas que vous souffriez à cause de moi. »
Je serre les poings, mes pensées tourbillonnant. Si elle part maintenant, elle court droit vers sa perte. Et pourtant, je comprends son besoin de protéger les autres. C'est une décision qui ne peut être prise à la légère, et je respecte cela, même si cela me ronge de l'intérieur.
Touma me jette un regard désespéré, cherchant des conseils ou une solution. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Index se tourne vers nous avec un dernier sourire triste.
« Merci, » dit-elle doucement, avant de se diriger vers la porte.
Mon sixième sens se déchaîne en moi, captant des fragments du futur, des possibilités sombres et incertaines. Mon instinct me hurle de faire quelque chose, de l'arrêter, de ne pas la laisser partir seule dans la nuit. Mais je sais aussi que ce n'est pas à moi de décider. Son chemin est semé d'embûches, mais c'est son choix.
Quand elle franchit la porte, un silence pesant s'abat sur la pièce. Je regarde Touma, dont les épaules s'affaissent sous le poids de l'impuissance. Il se tourne vers moi, remarquant enfin la tension dans mes poings serrés.
« X... Qu'est-ce qui ne va pas ? » demande-t-il, sa voix pleine d'inquiétude.
Je respire profondément, essayant de relâcher la pression qui s'est accumulée en moi. C'est à ce moment-là que j'utilise mon goût, un aspect subtil de mon ESP qui me permet de manipuler les émotions, d'une certaine manière. Je prends un instant pour ajuster la chimie de mon corps, relâchant une subtile influence apaisante qui se propage dans l'air.
« Ce n'est rien, » dis-je calmement, relâchant mes poings. « Je m'inquiète pour elle, mais c'est son choix. On ne peut pas toujours protéger tout le monde, Touma. »
Touma fronce les sourcils, cherchant des réponses dans mon regard, mais je garde mes pensées pour moi. Il ne sait pas que mon Omni Senses a déjà perçu les dangers qui rôdent autour d'Index, ni la profondeur de ma méfiance envers la magie. Pour l'instant, il est préférable de ne pas alourdir davantage ses épaules.
« Peut-être... » commence-t-il, avant de soupirer. « Peut-être que tu as raison. Mais ça ne me plaît pas de la laisser partir comme ça. »
Je comprends son sentiment. Kamijou Touma est quelqu'un qui ne peut pas détourner les yeux de quelqu'un dans le besoin. C'est précisément cette qualité qui le rend différent des autres, qui me pousse à croire en lui malgré ses nombreuses faiblesses académiques. Mais ce soir, il doit accepter qu'il y a des choses qu'il ne peut pas changer.
Je pose une main sur son épaule, un geste rare venant de moi. « Ce n'est pas parce que tu ne peux pas l'aider maintenant que tu ne pourras pas le faire plus tard. Concentre-toi sur ce que tu peux faire ici et maintenant. C'est la meilleure façon de t'assurer que tu pourras être là pour les autres quand ils auront vraiment besoin de toi. »
Il hoche la tête lentement, absorbant mes paroles. Je sens qu'il se ressaisit, même si l'inquiétude pour Index reste présente dans ses yeux.
Nous retournons alors à notre travail. J'ouvre un manuel et je continue de lui expliquer les concepts qu'il a du mal à comprendre, gardant un œil sur lui pour m'assurer qu'il ne s'égare pas dans ses pensées. Pourtant, malgré mes efforts, je ne peux m'empêcher de repenser à ce qui vient de se passer.
L'image d'Index, désespérée et seule, ne quitte pas mon esprit. Mon Omni Senses continue de capter des échos de sa présence, comme si elle laissait une trace invisible derrière elle. Je sais que quelque chose de sombre et de dangereux se trame dans l'ombre, et cela me perturbe.
Je me concentre davantage sur mes explications, mais une partie de moi reste en alerte, prête à réagir au moindre signe de trouble. Je ne peux pas m'empêcher de m'interroger sur ce que l'avenir réserve à Touma, à moi, et à cette mystérieuse jeune fille qui a croisé notre chemin ce soir.
Peu importe ce qui arrive, je sais que je dois être prêt. Mon pouvoir, aussi puissant soit-il, ne peut résoudre tous les problèmes. Mais si je dois utiliser mes capacités pour protéger ceux qui comptent, alors je le ferai sans hésiter.
Touma finit par se détendre et se concentrer de nouveau sur ses études, me posant des questions sur les problèmes qu'il rencontre. J'apprécie cette détermination en lui, même si cela ne se voit pas toujours. C'est ce qui le rend si unique dans cet endroit où tout le monde semble obsédé par la puissance et les résultats. Touma, lui, cherche simplement à comprendre et à faire ce qu'il peut, à sa manière.
Les heures passent, et finalement, la fatigue commence à se faire sentir. Nous décidons de faire une pause, et Touma se laisse tomber sur son lit, épuisé mais satisfait de ce qu'il a accompli.
Je reste debout, les bras croisés, réfléchissant à tout ce qui s'est passé ce soir. La nuit s'annonce longue, et je ne peux m'empêcher de me demander si Index est en sécurité là où elle est partie. Mais je chasse cette pensée, car m'inquiéter pour elle ne changera rien.
Je sors discrètement de la chambre de Touma, le laissant se reposer. Dehors, l'air est frais, et je m'arrête un instant pour observer le ciel nocturne. Les étoiles brillent faiblement à travers les lumières de la ville, et je sens un poids étrange dans ma poitrine.
« La nuit ne fait que commencer, » murmuré-je pour moi-même, avant de me diriger lentement vers chez moi, gardant tous mes sens en alerte, prêt à affronter ce qui pourrait surgir de l'obscurité.
Ce soir, la Cité Académique est calme, mais je sais que ce n'est qu'une illusion. L'ombre de la magie plane sur nous, et je peux déjà sentir que les événements de cette nuit ne sont que le prélude à quelque chose de bien plus grand.
En marchant dans les rues encore animées de la Cité Académique, je sens la fraîcheur de la nuit s'infiltrer dans mes vêtements. Les événements récents tournent en boucle dans ma tête, mais je préfère les mettre de côté pour l'instant. Je fais un détour par un distributeur automatique pour me prendre un soda au chocolat, une habitude que j'ai gardée depuis mon arrivée ici.
Je glisse une pièce dans la machine, récupère ma boisson et prends une gorgée, savourant la saveur sucrée et légèrement amère. Alors que je m'apprête à reprendre ma marche, je perçois des murmures et des pas lourds qui s'approchent. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir qui ils sont. Les Skill-Out, un gang de délinquants sans pouvoir qui cherche à imposer sa loi sur ceux qu'ils considèrent comme des menaces. Et, apparemment, je fais partie de leur liste noire.
« Eh, regardez qui voilà, » lance l'un d'eux, un sourire sournois aux lèvres. « Le fameux Khi, le gars qui se prend pour un Level 0. »
Je me retourne lentement, ma canette à la main, et je les observe calmement. Ils sont six, leur chef arborant une cicatrice au visage, probablement un trophée de ses nombreux combats. Ils se croient redoutables, mais ils ne sont que des amateurs face à ce que j'ai déjà affronté.
« Vous ne vous lassez jamais, n'est-ce pas ? » dis-je avec un soupir exagéré, avant de prendre une autre gorgée de mon soda. « Qu'est-ce que vous voulez cette fois ? »
Le chef du groupe éclate de rire. « T'as la langue bien pendue pour un Level 0. On a juste envie de s'amuser un peu. Peut-être que cette fois, tu vas nous montrer ce que tu sais vraiment faire. »
Leur ignorance m'amuse. Ils ne savent pas que je me retiens de dévoiler la pleine mesure de mes capacités, utilisant uniquement mon épée de Balmung pour m'entraîner. Je n'ai pas besoin de mon ESP, Omni Senses, pour affronter ces types. Je ne l'utilise que dans des situations d'urgence, et ce n'est certainement pas le cas ici.
Je pose ma canette sur le distributeur et fais un pas en avant. « Très bien, jouons, » dis-je d'une voix calme, dégainant l'Épée de Balmung avec une rapidité fulgurante. Le métal luisant capte la lumière des réverbères, illuminant leurs visages soudainement moins confiants.
Ils hésitent, mais leur fierté les pousse à m'attaquer malgré tout. Le premier se jette sur moi avec une batte de baseball. Je pivote légèrement, évitant son coup et frappant avec le plat de ma lame. Il s'effondre instantanément, sa batte roulant au sol. Les autres prennent cela comme un signal pour se ruer sur moi.
Je les esquive avec une aisance presque paresseuse, ma lame virevoltant dans l'air, frappant leurs bras, jambes, et torses avec précision. Je m'assure de ne pas les blesser grièvement, juste assez pour les mettre hors d'état de nuire. En quelques minutes, ils sont tous étalés sur le trottoir, gémissant de douleur.
« Vous devriez vraiment arrêter de me chercher, » je leur dis, remettant l'épée dans son fourreau. « Vous ne faites que vous ridiculiser. »
Le chef, maintenant à genoux et serrant son bras contusionné, me regarde avec une lueur de colère dans les yeux. « Un jour, on t'aura, Khi... Tu peux en être sûr. »
Je le fixe un moment, puis je récupère ma canette et tourne les talons, les laissant là, amochés mais toujours vivants. Ils pensent que je suis un Level 0 parce que je n'utilise jamais mes véritables pouvoirs contre eux. C'est mieux ainsi. Moins ils en savent, mieux c'est.
En continuant mon chemin, je me sens observé. Je me retourne discrètement et aperçois une scène qui me fait lever un sourcil. Kamijou Touma, le garçon le plus malchanceux de la Cité Académique, est encore en train de se faire défier par Misaka Mikoto, la Railgun, troisième Esper la plus puissante de la ville.
Je m'arrête un instant pour observer. Mikoto est tenace, je lui donne ça. Mais elle devrait savoir que Touma ne se laissera pas faire, peu importe combien de fois elle tente de le provoquer. Il refuse toujours de l'affronter sérieusement, et cela m'arrache un sourire. Elle est puissante, mais parfois elle manque de maturité. Elle agit comme une enfant qui n'a pas obtenu ce qu'elle voulait.
Touma, fidèle à lui-même, esquive ses attaques avec une patience qui force le respect. Je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine fierté en le regardant se défendre sans avoir recours à la violence. Il est peut-être malchanceux, mais il sait comment gérer les situations tendues.
Finalement, après quelques échanges, Mikoto abandonne, furieuse, et s'éloigne en marmonnant des insultes à peine audibles. Touma la regarde partir avec un air épuisé, mais soulagé. Il se retourne alors, prêt à rentrer chez lui, et c'est là que je décide d'intervenir.
« Hé, Touma, » je l'appelle en avançant vers lui.
Il se retourne, surpris de me voir là. « Oh, Khi, qu'est-ce que tu fais ici ? »
Je hausse les épaules. « Je me baladais, et j'ai vu que tu avais encore des ennuis avec Misaka. Elle ne te laisse jamais tranquille, hein ? »
Touma sourit, un peu gêné. « Ouais, disons qu'elle est... persistante. Mais ça va, j'ai l'habitude. »
Je le regarde un moment, pesant mes mots avant de parler. « Tu sais, elle est l'une des Espers les plus puissantes de la ville, et pourtant, tu parviens toujours à éviter le conflit. Je respecte ça. »
Touma semble surpris par mon compliment, mais il hoche la tête, reconnaissant. « Merci, Khi. J'essaie juste de faire ce qui me semble juste. »
Je le fixe un instant, mes pensées retournant à la scène précédente avec les Skill-Out. Touma et moi avons des approches très différentes face aux conflits, mais au fond, je pense que nous partageons le même désir de protéger ce qui est important pour nous.
Mais alors que nous commençons à marcher ensemble, une alarme s'allume dans mon esprit. Mon Omni Senses s'active instinctivement, captant des voix au loin, bien au-delà de la portée des oreilles humaines. Styl Magnus et Kanzaki Kaori. Ils sont toujours après Index.
Je m'arrête net, tendant l'oreille pour mieux capter leur conversation. Ils sont proches, trop proches, et ils poursuivent toujours Index. Je n'ai pas le temps d'expliquer à Touma, mais je sais que je dois agir vite.
Je modifie la structure musculaire de mes jambes avec mon pouvoir de toucher, les renforçant pour atteindre une vitesse surhumaine. « Touma, » dis-je rapidement, « reste ici. Quelque chose ne va pas, je dois y aller. »
Sans attendre sa réponse, je me propulse dans la direction de Kanzaki Kaori, laissant un Touma perplexe derrière moi. Mon esprit est concentré sur une seule chose : arrêter Kanzaki avant qu'elle ne puisse atteindre Index. Je sais que Touma sera capable de gérer Styl Magnus, surtout avec son Imagine Breaker. Mais Kanzaki, elle, est une autre histoire.
La nuit est un flou autour de moi alors que je cours à une vitesse vertigineuse. Les bâtiments défilent à toute allure, mais mon esprit est parfaitement clair. Je n'ai jamais utilisé mon Omni Senses à ce niveau sans que ce soit une urgence absolue, mais cette fois, je sens que c'est nécessaire.
En un instant, j'aperçois Kanzaki. Elle se déplace avec une agilité et une vitesse qui dépassent celles de la plupart des humains, mais je suis prêt. Mon épée de Balmung est déjà dégainée quand je me positionne devant elle, bloquant sa route.
« Pas cette fois, » dis-je d'une voix calme, mais déterminée.
Elle s'arrête net, surprise de me voir là, mais elle ne montre aucune peur. « Toi encore, » dit-elle en serrant son arme, Shichiten Shichitou, une longue épée qu'elle manie avec une maîtrise exceptionnelle.
Je la regarde, mes sens en alerte. Je sais que ce combat ne sera pas facile, mais je n'ai pas l'intention de la laisser passer. Pas tant qu'Index est en danger.
« Tu es persévérant, je te l'accorde, » dit-elle en se mettant en position de combat. « Mais tu ne peux pas me battre. »
Je souris légèrement. « Peut-être. Mais je n'ai pas besoin de te battre. Je dois juste te ralentir. »
Kanzaki plisse les yeux, réalisant que je suis prêt à tout pour protéger Index. Sans plus attendre, elle attaque avec une rapidité fulgurante, mais je suis prêt. Je bloque son coup avec ma lame, et le choc résonne à travers mon corps. L'impact est puissant, bien plus que ce à quoi je m'attendais. Kanzaki Kaori n'est pas une adversaire ordinaire. En tant que Sainte, elle possède une force surhumaine et une vitesse qui défient les lois de la physique. Mais je ne suis pas non plus un simple étudiant.
Ma lame, l'Épée de Balmung, vibre sous la pression, mais elle tient bon. Je ressens la tension entre nos armes, une force brute contre une détermination inébranlable. Kanzaki recule légèrement, évaluant la situation. Elle sait qu'elle a l'avantage en termes de puissance brute, mais elle semble hésiter, peut-être se demandant pourquoi je ne recule pas.
« Je vois, » dit-elle finalement, son regard s'assombrissant. « Tu es prêt à mourir pour elle, n'est-ce pas ? »
Je ne réponds pas tout de suite, me concentrant sur notre environnement. Mon Omni Senses est en alerte maximale, chaque détail autour de moi se grave dans mon esprit : le souffle de Kanzaki, la légère brise nocturne, le cliquetis métallique des armes. Je peux tout voir, tout entendre, tout ressentir. Pourtant, malgré la clarté de mes perceptions, une seule chose importe : protéger Index.
« Ce n'est pas une question de mourir, » dis-je finalement, mes yeux fixés sur ceux de Kanzaki. « C'est une question de faire ce qui est juste. »
Kanzaki fronce les sourcils, puis sans prévenir, elle lance une nouvelle attaque, plus rapide cette fois. Son épée trace un arc mortel dans l'air, mais je l'anticipe. Mon corps réagit avant même que mon esprit ne le commande. Je dévie sa lame avec la mienne, puis je me faufile sous son bras pour frapper avec le pommeau de mon épée. Le coup est destiné à la déséquilibrer, pas à la blesser.
Kanzaki vacille légèrement, mais elle se reprend rapidement. Elle tourne sur elle-même et tente un coup latéral, visant mon flanc. Je saute en arrière juste à temps, évitant de justesse la lame tranchante. C'est un jeu dangereux, un combat de réflexes et d'instincts. Chaque mouvement compte, chaque erreur peut être fatale.
« Tu es doué, » admet-elle, ses yeux perçant les miens. « Mais ce n'est pas suffisant. »
Elle a raison. Je peux sentir la fatigue commencer à s'installer dans mes muscles. Elle, en revanche, semble infatigable. Mais je ne peux pas me permettre de faiblir. Pas maintenant. Pas alors qu'Index est en danger.
Je prends une profonde inspiration, laissant mon Omni Senses intensifier ma concentration. Chaque fibre de mon être est tendue, prête à répondre à la moindre menace. Je peux sentir l'énergie circuler à travers mon corps, renforçant mes sens, affinant mes réactions.
« Je ne te laisserai pas passer, » dis-je d'une voix basse, mais résolue.
Kanzaki m'observe un moment, puis elle sourit légèrement, presque avec tristesse. « Très bien, » murmure-t-elle. « Mais sache que je n'hésiterai pas. »
Elle se prépare à attaquer de nouveau, et je le sens. Cette fois, elle n'y va pas à moitié. Sa présence devient écrasante, comme si une aura invisible pesait sur moi. Je serre les dents et me prépare au choc, sachant que le prochain coup pourrait bien décider de l'issue de ce combat.
Elle bouge, et tout devient flou. Son épée fend l'air avec une vitesse inimaginable. Je me déplace par instinct, ma lame rencontrant la sienne dans un éclat de lumière. Le choc est si puissant qu'il envoie une onde de choc autour de nous, faisant trembler le sol sous nos pieds.
Mais alors, quelque chose d'inattendu se produit. Je sens une chaleur intense près de moi, et avant que je puisse comprendre ce qui se passe, une flamme jaillit entre nous, séparant nos lames. Styl Magnus. Il est là, et il a décidé de rejoindre le combat.
« Kanzaki, » dit-il d'une voix calme mais ferme, « ce n'est pas le moment de te battre avec lui. Nous devons nous concentrer sur notre mission. »
Kanzaki recule, baissant légèrement son épée, mais ses yeux restent fixés sur moi. Elle semble hésiter, comme si une partie d'elle voulait continuer le combat, mais finalement, elle acquiesce. « Tu as raison, » dit-elle doucement, avant de se tourner vers moi. « Nous réglerons ça une autre fois. »
Je reste immobile, observant les deux magiciens se retirer. Je pourrais les poursuivre, mais ce serait imprudent. Styl et Kanzaki sont des adversaires redoutables, et sans utiliser pleinement mon Omni Senses, je ne suis pas sûr de pouvoir les affronter tous les deux à la fois.
Une fois qu'ils disparaissent dans l'obscurité, je relâche la tension dans mes muscles et range mon épée. Mon cœur bat encore à un rythme effréné, mais je me force à respirer lentement pour me calmer. Le danger est passé, pour l'instant du moins.
Je jette un dernier regard dans la direction où ils sont partis, puis je me tourne pour revenir sur mes pas. Il est temps de retrouver Touma. Il a sûrement besoin de mon aide avec Styl Magnus, et surtout, il doit être inquiet pour Index.
En retournant vers la zone où je l'ai laissé, mes pensées se bousculent. Ce n'était pas seulement un combat pour protéger Index. C'était aussi une confrontation avec moi-même, une preuve que même sans utiliser mon pouvoir à plein régime, je peux tenir tête à des adversaires redoutables. Mais je ne peux m'empêcher de me demander combien de temps encore je pourrai me retenir d'utiliser pleinement mon Omni Senses. Chaque jour dans cette ville me confronte à des ennemis plus puissants, à des défis plus grands. Il arrivera un moment où je devrai faire un choix.
Je rejoins finalement Touma qui, à ma grande surprise, semble en pleine forme, bien qu'essoufflé. À ses côtés, Index est en sécurité, même si elle a l'air épuisée. Styl Magnus est à terre, inconscient, apparemment neutralisé par Touma.
« Touma, » dis-je en arrivant près de lui. « Tout va bien ? »
Il me regarde, un sourire fatigué sur les lèvres. « Ouais, j'ai réussi à le mettre hors d'état de nuire... pour l'instant. Et toi ? Tu es en un seul morceau, à ce que je vois. »
Je hoche la tête, un léger sourire sur mon visage. « Disons que j'ai eu de la chance. »
Touma rit doucement, puis son expression devient sérieuse. « On doit trouver un endroit sûr pour Index. Ils ne s'arrêteront pas là. »
Je réfléchis rapidement. Il a raison. Styl Magnus et Kanzaki Kaori reviendront, et la prochaine fois, ils ne seront pas aussi indulgents. « Je connais un endroit, » dis-je finalement. « Mais il faudra être rapides. »
Touma acquiesce, puis il se penche vers Index, l'aidant à se relever. « Allez, » dit-il doucement, « on va te mettre en sécurité. »
Elle acquiesce faiblement, ses yeux fixant le sol. Elle semble épuisée, physiquement et mentalement. Je m'approche d'elle et pose une main sur son épaule. « Ne t'inquiète pas, » dis-je doucement. « On te protégera. »
Elle lève les yeux vers moi, et je vois une lueur de gratitude dans son regard. « Merci, » murmure-t-elle faiblement.
Nous commençons à marcher, Touma prenant les devants, moi à l'arrière, surveillant les environs avec mes sens en alerte. Nous devons être rapides, silencieux, et surtout prudents. La nuit est encore jeune, et les dangers rôdent toujours. Mais tant que je serai là, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger ceux qui comptent sur moi. Peu importe les risques, peu importe les ennemis.
Cette nuit fatidique n'est pas encore terminée, et je sais qu'elle marquera le début de quelque chose de bien plus grand, quelque chose que je ne peux pas encore comprendre. Mais une chose est sûre : je suis prêt à affronter ce qui vient. Je suis Khi, le Gemstone, et je ne reculerai devant rien pour accomplir ma mission.
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