Chapitre 18 : Opération - Reste du Tree Diagram II
Le téléphone sonne soudainement, me tirant de mes pensées. C’est un numéro inconnu, mais je devine déjà de qui il s’agit avant même de décrocher.
« Alors, comment ça s’est passé ? » demande la voix familière de Misaka numéro 22 à l’autre bout du fil.
« Tout s’est déroulé comme prévu, » réponds-je calmement. « Kuroko a refusé mon offre, comme je m’y attendais. » Mon ton est neutre, presque désintéressé, mais je sens un léger pincement d’irritation. Malgré mon analyse et mes préparations, elle est restée aussi obstinée que je l’avais prévu.
« Et maintenant ? » demande Misaka numéro 22, sa voix légèrement teintée de curiosité. Elle connaît la profondeur de mes plans, et elle sait que ce refus n’est qu’une pièce dans un puzzle bien plus vaste.
« Maintenant, nous continuons. Awaki ne restera pas inactive, surtout après ce soir. Elle sait qu’elle a attiré l’attention, et elle redoublera de prudence. Mais j’ai une longueur d’avance sur elle, grâce à toi. »
Je me redresse, faisant quelques pas dans la pièce pour évacuer la tension accumulée. « Je veux que tu gardes un œil sur Kuroko. Elle pourrait encore essayer de me retrouver, surtout après avoir appris ma véritable identité. »
« Compris, » répond-elle sans hésitation. « Mais que comptes-tu faire avec Awaki ? »
Je prends une profonde inspiration, réfléchissant à la question. « Awaki est un danger que je ne peux pas ignorer, mais je dois aussi être prudent. La confronter directement pourrait nous attirer plus d’ennuis que nécessaire. Je vais devoir la pousser à se montrer, à révéler ses véritables intentions. Pour cela, je vais devoir prendre des risques. »
Misaka numéro 22 reste silencieuse un moment, puis elle ajoute, d’une voix plus douce : « Sois prudent. Ce que nous faisons ici a des répercussions plus grandes que ce que nous pouvons imaginer. »
Je souris à son avertissement. « Je le sais. C’est pourquoi je ne laisserai rien au hasard. Nous avons trop à perdre. »
Nous échangeons encore quelques détails sur nos prochaines actions, puis je raccroche, me laissant à nouveau dans le silence de ma chambre. Je m’approche de la fenêtre et regarde au loin, vers les lumières de la ville qui ne dorment jamais.
Kuroko et Awaki ne sont que les premières pièces d’un échiquier bien plus complexe. Le reste du Tree Diagram, les restes des anciens projets, tout cela converge vers un point de non-retour. Mais avant de pouvoir agir pleinement, je dois comprendre toutes les forces en jeu.
Et pour cela, je dois observer, analyser, attendre le moment propice. Le moment où toutes les pièces seront alignées, prêtes à tomber comme des dominos.
Mais pour l’instant, je me contente de savourer ce calme avant la tempête, sachant que les jours à venir seront cruciaux pour ce qui va suivre.
Les cours de Komoe-sensei battent leur plein, et comme toujours, je suis pleinement concentré. Chaque mot, chaque explication, je les absorbe avec une attention sans faille. Je prends des notes avec une précision clinique, mon stylo glissant sans hésitation sur la feuille. Pour moi, écouter les cours de Komoe-sensei est sacré. Elle a une façon unique de rendre même les concepts les plus complexes accessibles, et je ne compte pas en perdre une miette.
Tout en suivant le cours, je prends quelques secondes pour envoyer des messages de salutations au trio élémentaire et à Canceller. Ces derniers temps, une certaine clarté s'est imposée à moi : il semble que j’ai trouvé ma vocation, ma place dans ce vaste monde chaotique qu'est la Cité Académique.
Entre deux explications, je jette un coup d'œil à mes camarades de classe. Touma est évidemment distrait, son regard vide trahissant son ennui. Juste à côté, Tsuchimikado et Pierce chuchotent en échangeant des regards complices. Et puis il y a Psi, qui semble plongée dans une profonde réflexion, probablement en train de préparer une nouvelle manigance.
Je n'aime pas laisser la paresse se propager, surtout en classe, alors je décide de les ramener à l'ordre discrètement. Grâce à mon toucher, je fais glisser une légère brise sous les pieds de Touma, le faisant sursauter. Il se redresse immédiatement, jetant un regard confus autour de lui, tandis que Tsuchimikado et Pierce sont interrompus par une petite impulsion qui fait tomber leurs stylos. Psi, quant à elle, reçoit un minuscule coup de vent sur la joue, suffisamment pour la sortir de ses pensées. Mission accomplie.
Aisa, qui est assise non loin, observe la scène avec amusement. Elle se penche légèrement vers moi et murmure, taquine : « Alors, j'aurais eu droit à quoi si j'avais été distraite ? »
Je lui lance un regard en coin, un sourire en coin se formant sur mes lèvres, mais je reste silencieux. Je sais que répondre à sa provocation serait me jeter dans la gueule du loup, et avec Fukiyose qui nous surveille du coin de l'œil, mieux vaut ne pas prendre de risques inutiles.
Komoe-sensei continue son cours, et je reviens rapidement à mon état de concentration. Pour moi, tout ce qui se passe en classe est d'une importance capitale. Ma réputation de chouchou des profs est bien établie, et je compte bien la maintenir. Tant que mes notes restent au-dessus de 80 sur 100, je suis aux anges, mais ce n’est pas juste une question de résultats. Apprendre, comprendre, c’est ce qui me motive. C’est comme une quête personnelle de savoir.
À la fin du cours, la cloche sonne, annonçant la pause déjeuner. Je rassemble mes affaires avec soin et me lève pour rejoindre Aisa et Fukiyose. Ensemble, nous nous dirigeons vers un coin tranquille de la cour pour déjeuner. Aisa est de bonne humeur, et elle ne manque pas de taquiner Fukiyose, qui reste toutefois un peu méfiante à mon égard, probablement à cause de ce qui s'est passé le 1er septembre.
Je peux sentir le malaise dans l’air. Fukiyose n’a pas encore complètement digéré les événements, et son regard méfiant ne me lâche pas. Aisa, bien consciente de la tension, prend la parole pour expliquer ce qui s'est réellement passé ce jour-là. Son ton est calme et posé, et je l'écoute en silence, appréciant son effort pour apaiser la situation.
Finalement, Fukiyose se détend un peu, mais je sens bien que la tension n’a pas complètement disparu. Je pourrais essayer de faire amende honorable, de m’excuser pour ce qu’elle pourrait percevoir comme de la froideur de ma part. Mais, d’un ton plus doux que d’habitude, je lui dis que ce n’est pas la peine. J’ai l’habitude d’être jugé de travers, et cela ne me touche plus vraiment.
C’est à ce moment-là que Touma, qui s’est tenu à l’écart depuis le début du déjeuner, m’interpelle. Il a cet air sérieux que je connais bien, celui qu’il affiche quand il a quelque chose d’important à dire. « X, j'ai besoin de te parler en solo. »
Je hoche la tête, me tournant vers Aisa et Fukiyose pour m’excuser brièvement avant de suivre Touma. Nous nous éloignons du groupe, trouvant un coin plus isolé dans la cour.
Touma se tourne vers moi, les bras croisés, et je sens une légère tension dans l'air. « Qu'est-ce qui se passe, Touma ? » demandé-je calmement, bien que je me doute déjà de la direction que va prendre cette conversation.
Il prend une profonde inspiration avant de se lancer. « Écoute, X, je sais que tu fais beaucoup pour aider les autres, et je respecte ça. Mais... parfois, tu sembles tellement détaché, tellement froid. Comme si tout ce que tu faisais n'était qu'une mission à accomplir, sans rien ressentir. »
Je reste silencieux, le laissant continuer. Ce n'est pas la première fois qu'il me parle de ça, mais je sens que cette fois, il est plus inquiet que d'habitude.
« Je ne dis pas que c’est mal d’être méthodique ou même stratégique. Mais je m’inquiète pour toi. Tu te coupes de plus en plus des autres, et même si tu dis que ça ne te touche pas, je vois bien que quelque chose te pèse. »
Je fixe un point imaginaire devant moi, réfléchissant à ses paroles. Il n’a pas complètement tort. Depuis un certain temps, j’ai ressenti une certaine distance croissante entre moi et les autres. Mais c'est une distance que je juge nécessaire pour accomplir ce que je dois faire.
« Je comprends ton inquiétude, Touma, » dis-je finalement, « mais je ne fais que ce qui est nécessaire. Les émotions peuvent brouiller le jugement, et dans ce que je fais, je ne peux pas me permettre des erreurs. »
Touma secoue la tête. « Je ne parle pas de faire des erreurs, X. Je parle de te rappeler que tu es humain. Que tu ne dois pas perdre cette part de toi, même si tout te pousse à te concentrer uniquement sur ta mission. »
Je sais qu'il a raison, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir une certaine frustration. « C’est plus facile à dire qu’à faire. Dans ce monde, être humain peut être une faiblesse. »
Touma sourit doucement. « Ça peut l’être, oui. Mais ça peut aussi être une force. Ne l’oublie pas. »
Je soupire, détournant le regard. « J’essaierai de m’en souvenir. Mais ne t’attends pas à des miracles. »
Il rit légèrement. « Je ne m’attends jamais à des miracles avec toi, X. Juste à ce que tu restes toi-même. »
La conversation se termine sur cette note, et nous retournons vers les autres. Mais les mots de Touma résonnent encore dans ma tête. Peut-être a-t-il raison, peut-être que je devrais faire plus attention à cette part de moi que j’essaie d’enterrer.
Mais pour l’instant, j’ai des missions à accomplir, et je ne peux pas me permettre de laisser mes sentiments prendre le dessus. Pas encore.
L'après-midi se déroule sans encombre, les heures s'égrainant au rythme des cours de Komoe-sensei. Mais, alors que la fin des cours approche, je sens une tension sourde monter en moi. Les événements qui s'annoncent ne me laissent aucun répit. Les ténèbres de la Cité Académique sont sur le point de se réveiller, et je sais que je dois agir. Pas seulement parce que c'est nécessaire, mais parce que je le dois.
Alors que la dernière cloche retentit, signifiant la fin des cours, je rassemble mes affaires rapidement et me dirige vers Psi, Fukiyose, et Aisa. Je les prends à part, les emmenant dans un coin plus isolé du couloir, là où nous ne serons pas dérangés.
« Écoutez, » je commence, mon ton plus grave que d'habitude. « Il va se passer des choses cette nuit dans la Cité Académique. Des choses... dangereuses. Je veux que vous restiez ensemble et que vous rentriez directement chez vous. Ne vous séparez sous aucun prétexte, compris ? »
Les trois filles échangent des regards inquiets. Psi est la première à réagir, posant une main sur mon bras. « Qu'est-ce qui se passe, X ? Pourquoi cette urgence ? »
Fukiyose croise les bras, son visage habituellement serein marqué par une inquiétude visible. « Si c'est si dangereux, pourquoi est-ce que tu t'impliques ? »
Je soupire, cherchant les mots justes. « Ce n’est pas vraiment une question de choix. La Cité Académique va entrer en phase de fusillade. Si je n'interviens pas... » Je fais une pause, luttant contre l'appréhension qui monte en moi. « Ce n'est pas les ténèbres qui me font peur, c'est ce qu'elles feront si personne ne les arrête. »
Aisa, jusque-là silencieuse, me regarde avec une intensité rare. « Est-ce que ça a un lien avec des personnes auxquelles tu tiens ? »
Je hoche la tête, mon regard se posant tour à tour sur chacune d'elles. « Oui, » dis-je simplement.
Leurs visages se durcissent, une détermination silencieuse remplaçant l'inquiétude. « Tu as intérêt à revenir en un seul morceau, » déclare Fukiyose d'un ton sans appel, ses yeux plantés dans les miens. Psi et Aisa acquiescent vivement.
Je ne peux m'empêcher de sourire, une chaleur inattendue envahissant mon cœur. Pour les narguer et alléger l'atmosphère, je prends leur apparence fusionnée – un mélange des trois filles – et leur tire la langue avant de m'enfuir en riant. Derrière moi, je les entends protester, mais leur rire perce à travers leur inquiétude. Ces moments de légèreté sont précieux, d'autant plus qu'ils sont rares pour moi.
Alors que je me transforme de nouveau, optant cette fois pour l'uniforme féminin de A Certain High School, je sens une nouvelle énergie s'installer en moi. Je ne suis plus seulement concentré sur mes Omni Senses, mais je compte aussi utiliser Omni Psy de manière plus subtile, pour anticiper chaque mouvement, chaque réaction. De plus, la condition physique de Fukiyose me sera d'une grande aide dans ce qui m'attend.
Mais juste au moment où je me prépare à agir, un appel d'urgence de Misaka numéro 22 me parvient. Ses paroles sont comme un coup de tonnerre dans mon esprit. Kuroko a été blessée… et kidnappée par Awaki. Mon sang se glace un instant, avant de se mettre à bouillir. Je suis sur le point de me précipiter à son secours quand je perçois deux présences familières sur les lieux : Mikoto Misaka et Touma Kamijou.
Je m'arrête, hésitant. Si je me montre maintenant sous ma véritable apparence, cela pourrait compliquer les choses. Mikoto et Touma sont déjà engagés dans ce combat. Mais je ne peux pas non plus rester les bras croisés. Il me faut une couverture, un moyen de les aider sans révéler qui je suis réellement.
Je soupire, prenant une décision rapide. Au lieu d'intervenir directement en tant que moi-même, je vais utiliser un faux nom et une apparence différente. Rapidement, je modifie mon apparence pour ressembler à une autre élève de Tokiwadai, et je m'approche discrètement de la scène où Mikoto et Touma se trouvent.
« Besoin d'aide ? » demandé-je en les rejoignant, ma voix légèrement modifiée pour correspondre à mon déguisement.
Mikoto se tourne vers moi, les sourcils froncés. Elle est sur ses gardes, méfiante. « Qui es-tu ? »
« Le temps presse, » réponds-je en ignorant sa question directe, et en utilisant Omni Psy pour lui transmettre mentalement que la situation est critique. Je sais que cela va la convaincre de me laisser les aider, même si elle ne me fait pas entièrement confiance.
Pour éviter d'être repéré, je prends l'apparence d'un de ses clones, et je m'adresse à Touma avec un sourire en coin. « Appelle-moi Misaka Railgun. Alors, prêt à sauver la situation, 'Ape'? » Contrairement à Kuroko, je le dis avec un certain respect, reconnaissant sa force et sa détermination.
Touma me regarde, d'abord surpris par mon apparence, puis il hoche la tête, comprenant l'urgence de la situation. « On a un plan ? » demande-t-il.
« Simple mais efficace, » dis-je. « Mikoto attaque de front, toi, tu bloques ses attaques avec ton Imagine Breaker, et moi, je sauve Kuroko et la mets à l'abri. On évite tout combat direct contre Awaki jusqu'à ce qu'on soit sûr que Kuroko est en sécurité. »
Mikoto semble approuver d'un signe de tête rapide. « D'accord. On y va. »
Le trio ainsi formé, nous nous mettons en mouvement, chacun parfaitement conscient de notre rôle. Je reste en arrière, prêt à intervenir au bon moment, mon cœur battant à un rythme soutenu. Si quelque chose tourne mal, je dois être prêt à agir instantanément.
Le combat commence rapidement. Mikoto charge avec une férocité caractéristique, lançant des éclairs de toutes ses forces. Awaki réagit avec une précision glaciale, utilisant Move Point pour dévier les attaques ou les retourner contre nous. Mais Touma est là, son Imagine Breaker neutralisant toute menace qui pourrait franchir notre ligne de défense.
Pendant ce temps, je reste en retrait, mes sens en alerte maximale, scrutant chaque mouvement d'Awaki, cherchant le moment propice pour passer à l'action. Chaque instant est crucial, chaque décision peut faire la différence entre le succès et l'échec.
Finalement, je repère une ouverture. Kuroko est à portée, vulnérable mais vivante. Avec une précision chirurgicale, je me téléporte à ses côtés, la prenant par surprise. Ses yeux s'écarquillent en me voyant, mais je n'ai pas le temps de lui expliquer. Je la saisis et, en une fraction de seconde, nous nous téléportons loin du champ de bataille.
Je l'emmène à un endroit sûr, hors de portée d'Awaki. « Tu es en sécurité maintenant, » murmuré-je avant de lui tirer la langue en signe de défi, encore sous mon déguisement. Kuroko essaie de répliquer quelque chose, mais elle est trop faible pour résister.
Revenant sur le lieu du combat, je vois qu'Awaki commence à perdre son sang-froid. Ses mouvements deviennent plus désordonnés, et ses attaques moins précises. C'est le moment de l'achever, de mettre fin à cette menace.
Mais au lieu de continuer à la combattre directement, je décide de l'épuiser davantage. En utilisant ma capacité de téléportation, je la harcèle de toutes parts, l'empêchant de se concentrer, la forçant à gaspiller son énergie.
Plus le combat avance, plus elle devient instable. Je peux sentir la panique s'installer en elle, son pouvoir commençant à devenir incontrôlable. Ses attaques deviennent erratiques, imprécises. C'est le moment de frapper.
D'un geste rapide, je me téléporte directement derrière elle et lui applique un coup décisif, non pas pour la blesser, mais pour la neutraliser. Elle s'effondre, épuisée et incapable de continuer le combat. Les ténèbres de la Cité Académique ont été repoussées, au moins pour le moment.
Je me téléporte ensuite hors de portée, m'assurant que personne ne me suit, et je reviens lentement à ma véritable apparence. Avant de quitter les lieux, je prends une dernière fois le temps de vérifier que tout est en ordre.
C'est fini pour aujourd'hui, mais je sais que ce n'est que le début. Les ténèbres reviendront, et je serai là pour les affronter. Mais pour l'instant, je dois revenir auprès de ceux qui comptent sur moi, en un seul morceau, comme je l'ai promis.
Je ressens une vibration dans ma poche, signe que quelqu'un cherche à me joindre. Je sors mon téléphone et, en voyant le nom qui s'affiche à l'écran, je ne peux m'empêcher de sourire. C'est Misaka numéro 22. Je réponds immédiatement, un peu curieux de savoir ce qu'elle a à me dire.
« Mission accomplie, » annonce-t-elle d'une voix fière, avec une pointe de satisfaction non dissimulée. « Après que tu as neutralisé Awaki, Touma et Misaka ont réussi à annuler l'explosion qui aurait pu se produire à cause de son pétage de plomb. Heureusement, ça s'est terminé sans trop de casse. »
Je me laisse aller contre un mur, relâchant enfin la tension accumulée durant cette mission. « Bien joué, » dis-je simplement, appréciant ce moment de calme après la tempête. « Ça aurait pu être bien pire. »
Il y a un moment de silence à l'autre bout du fil, puis Misaka numéro 22 reprend, mais cette fois avec un ton plus moqueur. « Mais sérieusement, 'Misaka Railgun' comme nom de code ? C'est carrément pourri ! »
Je fronce les sourcils, même si je sais qu'elle ne peut pas le voir. « Vraiment ? » répliqué-je avec une pointe d'ironie. « Parce que je me souviens que toi, tu t'appelles toujours 'Misaka numéro 22'. Franchement, pas de quoi se vanter. »
Il y a un silence à l'autre bout de la ligne, puis un léger soupir. « Ouais... » murmure-t-elle, visiblement déprimée. « C'est vrai que mon nom n'est pas vraiment cool non plus... »
Je me mords la lèvre, réalisant que j'ai peut-être été un peu dur. Mais l'idée qui me traverse l'esprit me fait sourire. « Tu sais quoi ? J'ai une idée. Pourquoi est-ce que je ne t'appellerais pas Vitwento ? 'V' était la 22ème lettre de l'alphabet français, et 'twen' pour twenty et 'two' pour 2. Qu'est-ce que tu en penses ? Ça sonne un peu bizarre, mais je trouve ça original, et surtout, c'est un nom que je t'ai donné. Ça te rend unique. »
Il y a un long silence à l'autre bout du fil. Pendant un instant, je me demande si j'ai dit quelque chose de travers. Mais avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, j'entends un léger reniflement, suivi d'un sanglot étouffé.
« Tu… tu penses vraiment que je suis spéciale ? » demande-t-elle, sa voix tremblante d'émotion.
Je me fige, sentant une vague de chaleur monter en moi. Je n'avais pas prévu que cela la toucherait autant. « Bien sûr que oui, » dis-je avec sincérité. « Tu n'es pas juste un numéro pour moi. Tu es Vitwento, quelqu'un d'important. Quelqu'un sur qui je compte. »
Il y a un autre sanglot, puis elle éclate en pleurs, mais cette fois, ce sont des larmes de joie. Mon cœur se serre en l'entendant. Moi qui ai toujours été solitaire, je réalise à quel point ce simple geste a pu signifier pour elle.
« Merci, X… » murmure-t-elle, la voix encore brisée par l'émotion. « Je ne savais pas à quel point ça comptait pour moi… d'avoir un nom qui n'est pas juste un numéro. »
Je sens mes propres yeux s'humidifier, et je me retrouve à sourire bêtement tout en essayant de retenir mes larmes. « Hey, c'est rien, » dis-je, mais ma voix est rauque, chargée d'émotion. « C'est moi qui devrais te remercier. Pour être là, pour m'aider. Tu es importante, Vitwento. Ne l'oublie jamais. »
Nous restons silencieux pendant un moment, chacun perdu dans ses pensées. Je l'entends calmer ses sanglots petit à petit, tandis que je reprends peu à peu le contrôle de mes émotions.
« Vitwento, » répète-t-elle doucement, comme pour s'habituer à son nouveau nom. « Ça sonne bien, maintenant que j'y pense. Merci, X. »
« Toujours là pour toi, » dis-je avec un sourire, bien que je sache qu'elle ne peut pas le voir. « Et n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de quoi que ce soit. »
« Je le ferai, » répond-elle, sa voix maintenant remplie d'une nouvelle détermination. « Fais attention à toi, X. On a encore beaucoup de missions à accomplir. »
« Toi aussi, Vitwento, » dis-je avant de raccrocher.
Je reste là, le téléphone encore en main, le regard tourné vers le ciel nocturne qui commence à s'assombrir. Cette conversation m'a rappelé pourquoi je fais ce que je fais. Pas seulement pour protéger la Cité Académique, mais pour protéger les gens qui comptent pour moi.
Vitwento… Je souris en pensant à ce nom. Ça sonne bien, en effet. Peut-être que tout cela n’est pas si terrible après tout, même si les ténèbres continuent de rôder. J’ai trouvé un semblant de lumière dans cette ville, et cela me suffit pour continuer à avancer.
Je range mon téléphone et me redresse. Le monde autour de moi semble un peu moins lourd maintenant. Je sais que je vais devoir affronter encore beaucoup de choses, mais au moins, je ne suis plus seul. J’ai des alliés, des amis, et maintenant, une personne spéciale que je peux appeler Vitwento.
Je tourne les talons et commence à marcher, prêt à rentrer chez moi. Mais avant cela, je jette un dernier coup d'œil au ciel, murmure un dernier remerciement, et me promets de toujours veiller sur ceux qui comptent pour moi. Parce qu’au final, c’est tout ce qui importe vraiment.
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