Chapitre 6 - Mercredi 07/04
J’aime le mercredi, parce que c’est le seul jour de la semaine où je finis vraiment tôt, ce qui me laisse du temps libre pour mes vaquer à mes différentes activités, notamment dessiner. Et c’est tant mieux, parce qu’il faut vraiment que je travaille mon porte folio.
Il ne me reste que peu de temps avant de rendre mes premiers dessins, donc il faut vraiment que je commence à plancher dessus.
Arrivé au café, je vais m’asseoir à une table de libre, comme d’habitude, et sors toutes mes affaires de dessin. Je fixe la feuille blanche posée devant moi longuement avant de soupirer. Je n’ai toujours pas d’inspiration.
- Hey hey hey !
Je tourne la tête vers le serveur qui m’est apparemment attitré, et suis obligé de sourire en voyant son visage. Malgré son côté agaçant, c’est vraiment quelqu’un de rayonnant.
- J’espère qu’aujourd’hui vous allez prendre autre chose qu’un café, vu l’heure !
- Oui, je vais vous prendre un sandwich. Au poulet.
- Aaah, enfin ! Je vous le fais de ce pas, et je vais m’en occuper moi-même !
C’est vrai que vu l’heure, au moins, je vais avoir du temps pour dessiner. C’est ça qui est bien le mercredi : en finissant à midi, j’ai vraiment tout le reste de la journée pour moi.
Néanmoins, il faut vraiment que je mette à profit ce temps pour avancer sur mon fichu porte folio, où je peux dire au revoir à mon passage en deuxième année.
Je lève machinalement la tête, et souris en tombant sur mon serveur en train préparer mon sandwich. Il a l’air très concentré dans sa tache, mais le sourire qu’il arbore même en travaillant est contagieux. Il est vraiment mignon. Malheureusement, on dirait qu’il sent mon regard sur lui, car il relève la tête vers moi.
Je baisse instinctivement les yeux quand nos regards se croisent, et me repenche sur la feuille de cresson toujours complètement blanche.
- Et un sandwich au poulet, un !, lance le serveur prénommé Andy en revenant vers moi.
Il dépose mon assiette devant moi, à côté de mes affaires de dessin, et je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir grand les yeux en la voyant. Je crois que je n’ai jamais vu un sandwich aussi gros. Ce n’est pas la première fois que j’en prends un ici, mais aucun n’a jamais été aussi garni.
- Merci beaucoup.
- Pas de soucis ! Je suis un pro des sandwichs, vous verrez.
- J’en doute pas. Je crois que je vais prendre trois kilos.
- Seulement trois ?!, s’exclame-t-il. Je peux vous en ramener un en plus, si vous voulez.
- Non merci, ça ira. Par contre, je veux bien un milkshake aussi.
- Je vous amène ça de suite ! Quel parfum vous fait envie ?
- Euh… Vanille ou chocolat, peu importe.
Il hoche la tête et s’en va comme une fusée me chercher ma boisson, avant de revenir tout aussi vite et toujours en souriant.
- Et voici ! Un milkshake à la vanille, aussi doux que votre regard.
- Merci…, je lui réponds, en rougissant légèrement.
- Bon appétit, me répond-il en souriant. D’ailleurs, je peux poser pour vous quand vous voulez !
- Poser pour… Hein ?
- J’ai vu votre dessin, m’explique-t-il. Vous dessinez super bien.
- Quel dessin ? Celui de la dernière fois ?
- Ouais, Wendy m’a montré le dessin de moi que vous avez laissé là hier. Je suis content d’être un modèle aussi attirant.
Je deviens rapidement encore plus rouge, car je pensais que mon dessin allait finir à la poubelle, et non pas dans les mains de celui que j’ai dessiné. Surtout que ce dessin était un échec.
- I-Il n’était pas fini, je bégaye, et, euh… C’était pas vous que je dessinais, mais le paysage, enfin le café, sauf que vous étiez là, et donc…
Andy éclate de rire, tandis que je continue de creuser ma tombe.
- Je cherchais juste de l’inspiration, je finis par soupirer en baissant la tête, comme un petit chien battu.
- Je comprends. Je suis un super modèle, et vu mon style j’aurais fait fureur comme mannequin dans les années cinquante.
Je ne lui réponds que par un sourire, préférant éviter de rouvrir la bouche. Mais il n’a pas complètement tort, c’est vrai qu’il a la vibe des années cinquante, comme on dit dans le milieu de la mode (pas du tout).
- Bon, je vais vous laisser dessiner, désolé de vous embêter sans cesse, reprend-il en se grattant la nuque. Bon appétit.
- Merci, je lui réponds en souriant toujours. Bon courage à vous.
Il me sourit aussi, et s’en va en reculant. Il est vraiment… Particulier. Mais même si je l’ai trouvé agaçant au début, je commence à me faire à sa personnalité. Et je dois avouer que je commence même à l’apprécier.
Je croque un bout de mon sandwich, tout en me demandant ce que je vais bien pouvoir dessiner. En parlant des années cinquante, Andy m’a donné quelques idées. Etant donné que j’adore la mode, je pourrais dessiner quelque chose en lien avec la mode de ces années là. Surtout qu’à l’époque, la mode était beaucoup plus intéressante qu’aujourd’hui.
Avant, quand elles sortaient les femmes avaient de sublimes robes, les hommes de magnifiques costumes… Ce n’est pas comme maintenant, où même les défilés sont pour la plupart atroce à regarder.
Je prends mon crayon de papier, et me mets à dessiner des tenues, des robes et des vêtements dans le style des années cinquante, et ce tout en finissant mon délicieux sandwich et en sirotant mon milkshake.
J’en dessine plusieurs, de tête, en suivant les idées qui me viennent à l’esprit. Au bout d’un moment, durant l’après midi, j’interpelle le serveur pour lui demander de me ravitailler en boisson.
- Avec beaucoup de sucres, je sais !, me répond-il quand je lui demande de me ramener un café.
Café qu’il me ramène à peine quelques minutes après.
- Vous dessinez vraiment bien, me complimente-t-il. C’est toujours en lien avec votre chat pas chapeauté ?
- Non, j’ai déjà fini ce projet là.
- Aah ! C’est dommage, j’aurais bien aimé voir le résultat final… Vous avez eu une bonne note ?
- Je présente mon dessin demain, j’ai un oral dessus. Du coup je n’ai pas encore de note.
Il hoche la tête en haussant les sourcils, comme s’il était un peu surpris.
- Eh oui, on ne passe pas juste notre temps à dessiner, je lui dis, c’est plus compliqué que ça.
- Je vois ça !
- Mais c’est vrai que vous auriez aimé mon dessin. J’ai fini par lui mettre chapeau.
Andy se met à sourire, sourire qui lui monte presque jusqu’aux oreilles. On dirait qu’on vient de lui dire qu’il a gagné au loto.
- Je suis très content d’avoir pu vous aider, finit-il par répondre.
- C’est aussi un peu vous qui m’avez donné l’idée de mes dessins d’aujourd’hui, je lui avoue avec un sourire en coin.
- Ah ? Pourquoi ?
Je lui explique les idées qu’il m’a donné, et même si je ne pensais pas ça possible, son sourire s’agrandit à mesure que je parle. Il a même l’air d’apprécier mes critiques de la mode contemporaine.
- Je vois… Ce sont de très beaux dessins, en tout cas, et de très bonnes idées.
- Merci…
- Je vais vous laisser continuer. Mais j’ai hâte de voir vos futures créations, monsieur l’artiste.
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