Chapitre 24 - Dimanche 25/04
J’ouvre doucement les yeux, réveillé par les rayons du soleil passant à travers les stores de la fenêtre d’Andrea. Cet Andouille ne les avait pas entièrement fermés.
Je souris en sentant le souffle d’Andrea me chatouiller le cou, mais ça me rappelle instinctivement la soirée de la veille. Je finis les joues toutes aussi rouges que mon caleçon.
Hier soir, j’ai dessiné Andrea pendant une bonne heure, et celui-ci en a profité pour simplement me fixer en souriant. C’était mignon, mais surtout très déstabilisant. C’est pour ça que je n’aime pas quand je dois dessiner des modèles qui posent pour moi. J’ai l’impression de leur faire perdre leur temps, et c’est gênant à la fois pour eux et pour moi.
Mais bon, Andrea m’a assuré à plusieurs reprises que ça ne le dérangeait pas, au contraire. Il m’a dit, textuellement, qu’il aimait tout autant m’admirer que j’aime le dessiner.
Ça aussi, c’était très mignon. Comme tout le reste de notre soirée, en fait. Parce qu’après avoir fini l’ébauche, le brouillon de mon dessin, Andrea est parti cuisiner pour me laisser le peaufiner. Il nous a préparé un bon petit plat, et on a mangé en discutant et en riant comme des imbéciles.
On a discuté jusqu’à très tard avant d’aller dormir. Je pensais que le fait de m’inviter dormir ici était une sorte de proposition un peu suggestive, mais apparemment non, vu qu’on a juste dormi l’un à côté de l’autre, en t-shirt et caleçon.
Enfin, « l’un à côté de l’autre »… Andrea est quand même rapidement venu se blottir contre moi. Il m’a pris dans ses bras pour me serrer contre lui, et il ne m’a pas lâché depuis. Ce qui n’est pas pour me déplaire.
Sa peau est toute douce, et ses bras sont aussi fermes que je le pensais. Et en plus, il sent vraiment bon. Je ne sais pas si c’est son odeur naturelle ou celle de son gel douche, mais je l’apprécie beaucoup. C’est une odeur légèrement sucrée, mais je ne saurais pas dire à quoi elle correspond. Mais ça me donne envie de le croquer.
C’est agréable d’être dans ses bras. Je m’y sens protégé, au calme. Je crois que je commence à comprendre pourquoi tout le monde cherche à se mettre en couple ou à avoir un partenaire. Je suis vraiment passé à côté de ça toute ma vie ?
Je reste un long moment allongé comme ça, sur le dos, à simplement profiter du contact de nos peaux et de son souffle régulier dans mon cou. Mais ce dernier commence à se faire un peu plus fort, et Andrea finit par doucement se réveiller en gémissant.
Il s’éloigne un peu de moi, sûrement en réalisant qu’il me tenait fermement contre lui, ce qui m’arrache un petit sourire.
- Je sais que tu ne dors pas, me dit-il, avec une voix un peu rauque.
Et dire que j’appréciais déjà sa voix en temps normal…
- Si.
- Si tu dormais, tu ne me répondrais pas.
- Si. Je suis un fantôme.
Ma réponse le fait rire, puis je le sens s’étirer en poussant de nouveau un petit gémissement.
- Tu as bien dormi ?
- Oui.
- Désolé, j’ai dû me rapprocher de toi dans la nuit… Ça ne t’a pas dérangé ?
Je tourne la tête vers lui et ouvre enfin les yeux pour le regarder, en souriant encore plus.
- Non.
Andrea me sourit aussi, puis plus aucun de nous deux ne parle. Non, à la place, on se lance dans un duel de regard. On se fixe tous les deux, les yeux chacun rivés dans les yeux de l’autre.
Je tiens quand même plusieurs minutes, avant de tourner de nouveau la tête en sentant mes joues rougir. Pourquoi a-t-il fallu qu’elles me trahissent ? J’aurais pu gagner, pour une fois…
- Comment tu fais pour être aussi beau, même au réveil ?, me demande-t-il tandis que je fixe son plafond.
- Je te retourne la question.
Au lieu de me répondre, il se contente de pouffer. Et puis, je le sens bouger et se rapprocher, jusqu’à encore une fois le sentir contre moi. Je regarde toujours fixement son plafond, en essayant de rester le plus détendu possible, même si je sens mon cœur s’affoler dans ma poitrine.
Qu’il se colle à moi par erreur en dormant c’est une chose, mais là, nous sommes tous les deux bien réveillés…
Je ressens son souffle dans mon cou, puis ses lèvres sur ma peau. Il y dépose quelques légers baisers, avant de se reculer et de se lever du lit.
Je me redresse pour de nouveau le regarder, mais mes yeux restent bloqués sur son caleçon. On voit qu’il vient de se réveiller. Mais vu ce que je vois, je suis content de n’avoir rien fait hier soir. Je pense que je n’aurais pas pu dormir de la nuit. Ou en tout cas, pas pu m’asseoir sur son lit.
J’écarquille les yeux en me rendant compte que lui aussi me regarde, les joues rouges écarlates. Il bégaye des mots que je ne comprends pas, avant de se mettre à rire.
- Je… C’est le matin, okay ?
- Je n’ai rien dit.
- Tes yeux parlent tout seul.
Il baisse lui-même la tête vers son caleçon, sans perdre son sourire.
- Remarque, au moins t’es au courant de mes qualités.
- T’appelles ça une qualité ?
- Bah oui…
- On dirait un ado.
Il pouffe, avant de me tirer la langue et de sortir de sa chambre.
- Tu as faim ?, me demande-t-il.
- De quoi ?
Il ne me répond, et laisse planer un long silence, avant de soupirer fortement.
- De nourriture, Eli’. Je te demandais si tu voulais un petit dej.
- A-Ah ! Oui, je veux bien.
- Tu manges quoi, d’habitude ?
- Ça dépend… Souvent, juste un pain au chocolat industriel.
Je n’ai toujours aucune réponse, mais au bout de quelques secondes, la tête d’Andrea apparaît dans l’embrasure de la porte. Il a la bouche et les yeux grands ouverts, faisant mine d’être faussement choqué.
- Tu plaisantes ! On ne mange pas des trucs industriels !!
- Et comment tu veux que je mange ? J’ai une tête à faire pousser des carottes ?
- Ta répartie finira par me tuer, me dit-il simplement, en souriant de toutes ses dents.
Je lui souris aussi, fier de moi, avant de me lever du lit pour le rejoindre.
- Je n’ai pas de pain au chocolat, me dit-il en me regardant arriver jusqu’à lui.
- C’est pas grave. Je mange n’importe quoi.
Il grimace et retourne dans la cuisine, moi sur ses talons.
- Je vais te faire un bon petit déjeuner, comme tu le mérites. Tu veux m’aider ?
J’acquiesce en hochant la tête, et il se décale pour que j’ai la place de me poster à côté de lui. Je le regarde sortir plein de trucs, puis se mettre à préparer quelque chose.
- Tu sais faire du pain perdu ?, me demande-t-il.
- Euh… Non, pas vraiment.
Il fait la moue, et me guide pour que je l’aide à préparer le petit déjeuner, soit deux grosses assiettes de pain perdu recouvert par… Des œufs au plat.
- C’est… Bizarre.
- Je préfère « atypique ». Mais tu verras, je suis un pro de la cuisine.
- Hum… On va voir ça.
On met la table, et Andrea me souhaite un bon appétit avant de me regarder avec des yeux plein d’étoiles.
- Quoi ?
- J’attends que tu goûtes…
Je découpe un petit bout de pain et d’œuf, que je mets rapidement dans ma bouche en essayant de faire abstraction des yeux de félins que pose sur moi mon serveur préféré.
- Ouais, je commence entre deux bouchées, c’est étonnamment bon. J’aurais pas pensé.
- Je n’ai pas prévu de t’empoisonner pour le moment, t’en fais pas.
- Pour le moment ? Je vais faire un peu plus attention à ce que je mange, alors.
Andrea rigole, avant de poser sa tête dans la paume d’une de ses mains pour me regarder. Me regarder fixement. En souriant. Pendant que je mange.
Pendant longtemps.
Et je dois avouer que c’est difficile, de se rappeler comment manger quand on vous fixe comme ça.
- Q-Quoi ?
- Rien. Je te regarde.
- Pourquoi ?
- Parce que t’es beau.
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