Chapitre 18 - Lundi 19/04
J’arrive au café, comme tous les jours après mes cours, et vais directement au comptoir pour dire bonjour à Andrea. Je ne me fais toujours pas à son prénom. J’avais vraiment pris l’habitude de l’appeler Andy…
- Salut, je lance, une fois au comptoir.
Mon serveur attitré hausse tout d’abord les sourcils, avant de se mettre à sourire de toutes ses dents. Je ne pensais pas qu’un simple « salut » pouvait provoquer tant d’effet.
- Je pensais pas qu’un simple « salut » pouvait provoquer autant d’effet.
- C’est la première fois !, se défend Andrea, sans se démunir de son sourire.
- Que je te dis bonjour ? Pas du tout, je te le dis à chaque fois…
- Pas vraiment. Mais c’est surtout la première fois que tu viens me dire bonjour au lieu d’aller t’asseoir !
Je me gratte la nuque, en grimaçant. Le pire c’est qu’il a raison. A chaque fois, j’entre et vais directement m’asseoir, sans même le saluer… Pourtant, ça devrait presque être un réflexe ! Quand on entre, on dit bonjour !
- Pardon, je marmonne pour seule réponse.
- Comment se sont passés tes cours, aujourd’hui ?
- Ça va. C’était un peu chiant, mais ça va. Et toi ?
- Mes cours aussi étaient très chiants, me répond-il en souriant.
Je le regarde les sourcils froncés, ce qui a l’air de l’amuser. Je sais qu’il ne fait pas d’études, il me l’a dit. Son seul job, c’est de travailler dans ce café.
- Je veux dire, ta journée…
- Ça a été, me dit-il, mais ça va beaucoup mieux depuis que tu es là.
- Evidemment.
- Qu’est-ce que je vous sers aujourd’hui ?
Je ne peux pas m’empêcher de sourire quand il me vouvoie, parce que je trouve ça à la fois drôle et mignon. Il prend son travail très à cœur.
- Un café frappé, s’il vous plaît, je lui réponds.
- Oh ? C’est étonnant. Vous vous êtes lassé du café normal ?
- Non, mais quelqu’un m’a dit que je devais changer mes habitudes. Je suis son conseil.
Je crois que le sourire qu’Andrea a sur les lèvres en ce moment même n’a jamais été aussi grand. On dirait que je viens de le demander en mariage.
- Je vous prépare ça de suite.
Il se retourne et attrape tout plein d’ustensiles, se met à secouer une espèce de bouteille en métal après l’avoir rempli avec de la glace, tout ça sûrement pour me préparer mon café. Je le regarde faire, en souriant doucement moi aussi.
Je trouve ça… Amusant, de le voir faire. J’aime bien voir les bras nus d’Andrea se contracter comme ça. Il est vachement musclé. Je me demande s’il fait du sport. Vu son physique, je suis sûr qu’il doit en faire. Mais lequel ?
- Tu aimes la vue ?, me demande-t-il en se retournant pour me tendre mon café.
- J’aime l’art.
Il ouvre la bouche pour me répondre quelque chose, mais il la referme au bout de quelques secondes sans avoir prononcé un mot. Il a l’air étonné par ma réponse, et sûrement encore plus par mon petit sourire en coin.
Il devait bien se douter qu’à force de me sortir des phrases clichées comme ça, j’allais finir par faire de même. Au moins, cette fois, c’est à lui de voir ce que ça fait.
- Je ne suis apparemment pas le seul à savoir flirter.
- Tu pensais que je flirtais mal ?
- Je pensais surtout que tu ne flirtais pas.
- Je n’ai juste pas trop l’habitude, c’est tout.
- Je te taquine, t’en fais pas. J’aime bien ta façon d’être. Et j’aime bien notre façon d’être.
On se regarde pendant quelques secondes, droit dans les yeux, aucun de nous ne voulant détourner les yeux en premier. Mais pour ma défense, c’est sa faute. Il a vraiment des yeux magnifiques. J’ai vraiment l’impression de voir de la vie dans ses yeux, comme si son âme était si grande qu’elle cherchait à déborder de son corps.
C’est particulier.
- Donc, je finis par dire en regardant mon café, vaincu, c’est avéré ? On… Flirte ?
- Bah, oui. Ça me paraissait plutôt clair.
Je hoche lentement la tête, en sentant mes joues chauffer encore plus. C’est signe qu’il faut que j’aille m’asseoir, pour le laisser travailler.
Je crois que notre bataille de regard m’a fait un peu trop d’effet.
- A tout à l’heure.
Je fais un demi tour digne de Flash McQueen, et vais m’asseoir à une table pas trop loin du comptoir.
Je sirote tranquillement mon café, froid, en regardant Andrea travailler. Je n’ai pas trop envie de dessiner, aujourd’hui.
Même si je suis censé rendre mon porte folio dans peu de jours, j’ai quand même réussi à finaliser pas mal de dessins. Suffisamment, en tout cas. Il ne m’en manque plus qu’un ou deux, et ça devrait suffire.
De toute façon, il faut que je retrouve des idées de dessins. Mais je peux me laisser un peu de temps et, pour une fois, me ménager un peu.
D’autant plus que c’est bientôt la fin de l’année scolaire. Je peux donc me permettre de me relâcher un peu. Et puis, comme ma mère l’a dit, il faut que je profite de ma jeunesse.
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