Chapitre 30
Jungkook avait tout retiré. RM, dont il avait appris qu'il s'appelait Kim Namjoon, lui avait remis le roman qu'il lui avait acheté, et il s'était rendu au magasin de bijou pour y demander sa commande. Il avait vérifié le bijou, encore plus beau qu'il l'avait espéré, et il avait envoyé un message à Taehyung pour l'informer qu'il rentrait chez lui et qu'il pouvait passer quand il le désirait. Son ami – ils l'étaient, à présent – lui avait confirmé qu'il viendrait aux alentours de huit heures et demie.
À présent, alors que le rendez-vous approchait, le jeune homme patientait devant la télévision. Jimin était parti passer la nuit chez son compagnon qui lui avait proposé de dîner avec lui au restaurant près de son travail. Étendu sur le canapé, ses yeux se fermaient à moitié. Il ne luttait plus, il en avait perdu la force. Il avait passé son après-midi à courir partout, à s'inquiéter pour ce maudit contrat, à se demander s'il ne devenait d'ailleurs pas plus qu'un simple contrat, à se raisonner, se fustiger, puis râler. Même s'il était tôt, bon sang, il voulait dormir, juste dormir !
Son esprit lui échappa, ses pensées s'envolèrent, et il sombra.
Il sursauta quand la sonnerie de l'interphone retentit. Une décharge d'adrénaline courut dans son corps, il bondit du canapé en même temps que son cœur bondissait dans sa cage thoracique, et il fila décrocher l'interphone.
« Oui ?
— Jungkook ? C'est moi, tu descends ou bien tu m'ouvres ?
— Je t'ouvre, attends. »
Il lui indiqua l'étage puis pressa le bouton pour déverrouiller la porte. Sans comprendre tout à fait pourquoi il agissait de cette manière, il s'employa à vérifier sa coiffure et ses habits – un t-shirt et un short de pyjama. Parce qu'il s'était endormi, il grimaça face au miroir de l'entrée en constatant qu'il affichait une mine à faire peur et des cheveux en bataille qui laissaient deviner sa précédente activité. Dépité, il abandonna l'idée de se rendre présentable quand il entendit des pas sur le palier. Il ouvrit et adressa un sourire sincère à son aîné.
« Bonjour, Taehyung, comment tu vas ?
— Bien et toi ?
— Tranquille.
— Comme quelqu'un qui vient de se réveiller, quoi, le taquina Taehyung.
— Ouais... entre, j'ai laissé les cadeaux dans ma chambre.
— Merci. »
Son manteau couvert de neige, le garçon entra en grommelant qu'il faisait trop mauvais ces temps-ci. Jungkook lui adressa un rictus malicieux.
« Ça avait pas l'air de te déranger quand on faisait une bataille de boules de neige, remarqua-t-il tandis que Taehyung relevait la fermeture éclair de son pull noir – un pull qui soulignait la finesse de son corps, de même que son jean sombre, et mon dieu comme il était beau habillé ainsi !
— Va me chercher mes cadeaux, râla l'entrepreneur.
— Un s'il te plaît, ça t'arracherait la gueule ?
— Ouais. »
Son sourire provocateur fit grimacer Jungkook qui croisa les bras contre son torse.
« Pas de politesse, pas de cadeau.
— Oh, pauvre de moi, j'ai pas été sage ? » se moqua Taehyung alors qu'il se débarrassait de ses chaussures.
Son cadet avisa son manteau dégoulinant de neige glacée et, avant que son ami ne relève la tête, il attrapa le vêtement qu'il lui jeta en pleine figure. Il lui tourna aussitôt le dos, satisfait, et se dirigea vers sa chambre.
« Pas de politesse, pas d'excuse ! lança-t-il en s'éloignant.
— P'tit con ! »
Jungkook laissa échapper un rire bruyant pour l'énerver autant que possible. Il revint peu après, un sac en tissu à la main. Taehyung s'était assis sur le canapé, enroulé dans le plaid qui avait servi de couverture peu de temps auparavant. Il contemplait l'un des coussins du canapé avec un sourire amusé.
« Bah dis-moi, Jungkook, t'as l'habitude de baver quand tu dors ?
— Quand je fais une sieste, ça m'arrive, répliqua l'autre avec l'espoir de le déstabiliser. D'ailleurs, je dois t'avouer qu'ensuite, j'ai tendance à m'essuyer les lèvres sur le plaid que j'utilise pour rester au chaud. »
Une moue écœurée apparut sur le visage de Taehyung qui se sépara aussitôt de cet immonde torchon.
« C'est dégueulasse, maugréa-t-il. Et ta copine dit rien ?
— Ma copine ?
— Bah oui.
— À quel moment j'ai mentionné une copine ?
— Jamais, mais sur la sonnette y a deux noms.
— Ah oui, c'est celui de mon colocataire.
— Ah pardon... et ton colocataire dit rien ?
— On a chacun notre plaid. On les range dans les deux tiroirs sous le canapé. Chacun son plaid, chacun son tiroir. Pareil pour les coussins, le mien c'est le gris, le sien c'est le blanc. Comme ça je peux faire l'escargot où je veux, quand je veux.
— Dégueulasse, mais malin, je reconnais. Donc tu n'as personne dans ta vie ?
— Non, et puis je cherche pas vraiment, admit Jungkook en approchant pour lui remettre ses paquets. J'imagine que celui qui me correspond viendra tôt ou tard, j'ai le temps. »
Taehyung attrapa le sac, sourcils froncés, et leva son regard surpris sur son cadet.
« Celui ? » répéta-t-il – et Jungkook s'aperçut trop tard de son erreur.
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