9| Obscurus

Après le départ de Newt, Catherine s'attarda quelques instants avec le Demiguise avant de lui dire au revoir. Dougal sembla être infiniment triste à la vue de Catherine s'éloignant et celle-ci eut un mal fou à lui tourner le dos, encore plus en sachant pertinemment qu'elle ne reverrait jamais ces grands yeux noirs.

La jeune femme chercha alors les autres du regard et aperçut Newt près d'un établi en bois à côté d'une cabane ainsi que Jacob et Queenie qui s'extasiaient d'admiration face aux petits lamas sauteurs que Dougal lui avait montré. Catherine hésita, ne sachant pas qui rejoindre ; elle ne voulait pas déranger Newt qui semblait concentré dans la préparation de quelque chose mais elle ne voulait pas non plus se retrouver entre Queenie et Jacob et assister à leurs œillades incessantes. Elle n'eut pas à y réfléchir plus longtemps car quand Queenie croisa son regard, elle lui sourit, puis se dirigea vers elle. Avant de s'éloigner de Jacob, elle lui murmura quelque chose qui le fit rire et posa sa main élégamment sur son bras, et quand celle-ci se mit à marcher vers Catherine, son long manteau rose flottant gracieusement derrière elle, Jacob n'avait d'yeux que pour elle.

La sorcière blonde atteint Catherine en quelques foulées et s'extasia sur la beauté du lieu où ils se trouvaient. Un grand sourire sur les lèvres, elle se mit à décrire une créature qu'elle avait aperçut un peu avant et qu'elle avait trouvé adorable. Catherine hochait la tête mais était bien trop distraite pour vraiment l'écouter ; une question lui trottait dans la tête depuis plusieurs heures et quand Queenie finit sa phrase, Catherine craqua :

— Comment avez-vous su que j'avais surpris Newt et Jacob dans le parc ?

Queenie haussa un sourcil avant de lui sourire chaleureusement.

— Je suis une Legilimens. Je lis dans les pensées.

Catherine fixa la sorcière pendant quelques secondes, ses mots pénétrant son cerveau avec une lenteur folle. Elle ne savait pas ce qui l'affolait le plus dans cette nouvelle : que Queenie ait dit cela comme si cela était la plus banale des choses ou l'idée que tous les sorciers puissent lire les pensées. Cette dernière pensée lui fit froid dans le dos et elle se mit alors à s'affoler, essayant tant bien que mal de se remémorer tout ce à quoi elle avait pensé en compagnie de la jeune femme. Queenie, à ses côtés, rit de bon cœur et la rassura :

— Vous n'avez eu aucunes pensées déplacées, ne vous inquiétez pas.

— C'est pour cela que vous m'avez défendu contre Tina ?, demanda Catherine, sentant une pièce du puzzle s'assembler dans son esprit.

Queenie hocha la tête et Catherine, même si soulagée, rougit à l'idée de savoir que l'on pouvait lire dans ses pensées à tout moment. Queenie sembla l'entendre, au plus grand désarroi de Catherine et précisa :

— Tous les sorciers ne peuvent pas le pratiquer, c'est quelque chose de très rare.

Catherine se détendit quelque peu à cette nouvelle mais était désormais mal à l'aise à côté de la jeune femme. Elle n'était pas le genre de personne à se confier et à s'ouvrir facilement aux autres, et se retrouver aussi nue devant quelqu'un l'embarrassait au plus haut point.

Pour distraire Catherine, Queenie se mit alors à raconter une aventure qui lui était arrivé quelques années auparavant avec l'un de ses collègues de travail et Catherine l'observa.

Queenie était une femme d'une grande beauté et Catherine ne put s'empêcher de repenser aux critiques de ses parents sur son physique ; qu'elle n'allait pas en rajeunissant et que si elle attendait plus longtemps, aucun homme ne voudrait d'elle. L'image de Jacob, obnubilé par Queenie, lui revint en tête et elle se mit alors à rêver d'un homme qui pourrait la regarder de la même manière, comme si elle était la seule femme au monde qui comptait. Elle aurait donné cher pour une telle chance. Et alors qu'elle sentait une pointe de jalousie percée, elle remarqua l'expression attristée de Queenie qui avait arrêté de parler.

— Vous n'avez rien à envier à qui que ce soit, Catherine, lui susurra Queenie. Je ne suis pas la seule à le penser. Certaines personnes sont simplement meilleures que d'autres à cacher leurs sentiments.

Le sourire chaleureux de Queenie devint malicieux et elle partit en direction de la cabane, laissant Catherine encore plus confuse qu'avant. Milles questions tournaient dans sa tête et l'une d'elle était : qu'est-ce que Queenie avait bien pu voir dans sa tête pour en déduire qu'un homme pouvait avoir des sentiments pour elle ? Se creusant la tête, elle fronça les sourcils en faisant le tour des hommes qu'elle avait côtoyés. Peut-être était-ce l'un de ses innombrables collègues au journal ?

Cette pensée la rendit triste car elle savait pertinemment qu'elle n'en reverrait aucun et n'aurait donc jamais de réponse.

Plutôt que de trop s'attarder sur cette question qui n'apporterait rien de plus dans sa vie à part broyer un peu plus du noir, Catherine préféra se diriger vers Jacob. C'était de loin la personne la plus drôle du petit groupe et elle avait bien besoin d'un peu de légèreté pour se changer les idées.

En marchant dans sa direction, elle aperçut, derrière l'habitat d'un cheval argenté, des cordes clouées au sol qui semblait tenir des toiles au mur. Cela ressemblait à l'installation d'une tente et elle comprit que la toile en question, qui ressemblait de loin à une forêt vierge, était en réalité la limite de la valise.

Contente d'en avoir appris plus sur l'aménagement de la valise, elle rejoignit Jacob qui riait devant un petit lama. La créature observait Jacob avec de grands yeux protubérants bleus au sommet de sa tête et avait la bouche légèrement ouverte et Catherine fondit devant elle.

— Elle est adorable.

— Et elle le sait. A chaque fois que j'amène de la nourriture, elle me regarde de cette manière.

Catherine rit à son tour avec Jacob et l'aida à nourrir ce qu'il appelait des Veaudelunes. Il suffisait de laisser s'échapper les petits insectes volant à proximité de leur tête et les créatures les attrapait. Les petites créatures étaient tellement pacifiques et amicales que Catherine eut un mal fou à se séparer d'elles une fois que Jacob et elle eurent fini de les nourrir.

Elle suivit donc à contrecœur Jacob qui se dirigeait vers Tina, Queenie et Newt, qui n'avaient pas changé de place.

La partie de la valise où ils étaient était éclairée d'une lumière jaune orangé tellement naturelle que cela donnait l'impression de se trouver à l'extérieur et même si Catherine avait beau savoir que la lumière était artificielle, une fois dessous, il était dur de s'en rendre compte. De plus, avec l'habitat de type plaine-désertique à côté, Catherine se serait cru en plein Texas, sans la chaleur étouffante qui allait avec.

Alors que Jacob et elle atteignait les sorciers, elle surprit une partie de leur conversation sur des écoles de sorciers et remarqua la gentille rivalité entre Queenie et Newt sur ce qui semblait être deux écoles différentes. Le cerveau de Catherine se remit alors à tourner à vive allure et à se remplir de nouvelles questions. Où étaient ces écoles ? Comment-étaient-elles ? Quels étaient les cours enseignés ? Si les sorciers avaient des écoles à part, cela voulait-ils dire qu'ils ne côtoyaient jamais des personnes comme elle et Jacob ?

Elle se massa la tempe délicatement. Cette journée avait été riche en émotions et elle commençait à devenir folle avec toutes ces questions sans réponses qui tournaient dans sa tête. Cependant, son mal de tête disparut aussi vite qu'il était apparu quand son attention fut accaparée par un brusque coup de tonnerre au-dessus de sa tête. Sursautant légèrement, elle leva la tête pour apercevoir la source du bruit.

Alors qu'elle s'attendait à retrouver le plafond noir étoilé, elle fut surprise de voir un ciel gris et orageux recouvert de nuages menaçant. De temps à autres, quelques éclairs zébraient le ciel comme invoqués par les cris de l'oiseau gigantesque qui battait des ailes en son centre.

— Il sent le danger.

Catherine baissa la tête pour regarder d'un air ahuri Newt. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Quel type de danger ?

Les sorciers se précipitèrent pour sortir de la valise et Catherine les suivit, peu sûre d'elle. Elle monta les marches à toute vitesse et sortit dans l'air frais de la nuit. Aussitôt qu'elle posa un pied sur le sol froid du toit de l'immeuble, elle eut la chair de poule. Une atmosphère oppressante semblait l'entourer et elle en comprit la raison lorsque Newt, sa valise à la main, et Tina passèrent devant elle. Un bruit fort et à glacer le sang se faisait entendre à seulement à quelques blocks de leur position.

Catherine se mit à trembler de plus belle. Elle reconnaissait ce son. C'était l'ombre noire. Celle qui détruisait tout sur son passage et qui avait tué le sénateur.

Le bruit s'approchait à toute allure de l'immeuble et Catherine serra ses bras autour de sa poitrine, priant pour que l'ombre ne s'attaque pas à eux. Son effroi augmentait à mesure que les cris des passants dans les rues devenaient plus forts, ne pouvant signifier qu'une seule chose : que la créature s'approchait. Le fracas de son arrivée se vit entendre avant qu'elle n'apparaisse devant eux, et Catherine regarda pétrifiée, l'ombre s'avancer à une vitesse vertigineuse dans leur direction, des éclairs rouges la traversant de toute part. L'ombre passa devant l'immeuble où ils se tenaient avant de se diriger dans des rues adjacentes. Les cris finirent par s'éteindre et le brouhaha de son passage s'atténuer. Catherine n'entendait plus que son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine.

— Est-ce que c'est ça ? L'obscu- truc ?, bredouilla Jacob devant elle.

Newt et Tina qui se tenait un peu plus en avant et observait avec stupeur l'Obscurus avancer le long d'un boulevard, échangèrent quelques mots avant que Newt ne fasse glisser sa valise ainsi qu'un parchemin dans la main de Tina.

Catherine, les yeux rivés sur le sorcier, fit un pas en avant et le sorcier jeta un regard dans sa direction avant de se retourner et de s'élancer dans le vide.

Catherine cria de peur, ramenant ses mains devant sa bouche, avant de le voir disparaître. Pendant un instant, elle avait cru qu'il allait sauter et elle se sentit idiote d'avoir crier son nom comme cela. Elle sentit aussi comme un poids lui tomber sur la poitrine, comme si elle pouvait sentir que quelque chose d'horrible allait se passer et qu'elle ne pourrait rien y faire. Le regard que lui avait lancé Newt semblait incrusté sur sa rétine ; c'était un regard désespéré et triste.

Catherine se remettait à peine de ses émotions que Tina donnait la valise de Newt à Queenie avant de disparaître à son tour. Queenie semblait sur le point de disparaître elle aussi quand Jacob la retint.

Catherine savait ce qui allait se passer : soit Queenie partait seule, soit elle allait partir avec Jacob. Dans les deux cas, Catherine n'avait plus sa place dans l'équation.

Prenant une grande inspiration, elle recula silencieusement et quand elle atteignit la porte menant aux escaliers, elle se glissa à l'intérieur de l'immeuble.

Ce qu'elle fit après était flou dans son esprit. Elle se souvient s'être précipitée jusque chez elle, passant en courant à côté de new-yorkais décontenancés qui parlait avec une peur évidente de l'ombre qui semait la panique dans la ville. Elle entra dans son appartement comme une furie, récupéra sa sacoche contenant son appareil photo et se remit à courir en direction de l'agitation qu'elle voyait et entendait depuis chez elle.

Elle eut seulement à parcourir une dizaine de blocks pour atteindre le lieu où visiblement l'ombre s'était arrêtée. Quand elle l'atteignit, le lieu était cerné de new-yorkais et de journalistes. Et un grand dôme lumineux se dressait devant eux.

Catherine tenta de s'en approcher mais la foule était trop dense et en colère.

Elle comprenait leurs réactions. Leur ville se faisait attaquer et ils ne pouvaient rien y faire. Leur frustration se montrait par leur colère. Cependant, elle ne comprenait pas qu'il ne soit pas fasciné par le spectacle devant leurs yeux.

Essayant d'avoir de bons clichés du dôme, Catherine se mit debout sur un banc. Alors qu'elle n'avait pris qu'un seul cliché, elle se félicita d'être arrivée sur les lieux aussi vite car quelques secondes plus tard, le dôme se mit à disparaître. Aussitôt, une explosion se fit entendre quelque part sous leurs pieds.

Catherine agrippa son appareil photo, pensant à Newt et Tina et probablement même à Queenie et Jacob quelque part là-dessous, se mettant vraisemblablement en danger.

Elle attendit alors ce qui lui sembla être une éternité, alors que le jour se levait et qu'un silence inhabituel régnait sur la foule qui s'attardait, avant qu'un cri aigu ne se fasse entendre. Un cri qu'elle reconnut aussitôt pour l'avoir entendu à peine une heure plus tôt.

Elle ne fût donc pas surprise quand l'oiseau majestueux qu'elle avait vu dans la valise de Newt s'éleva dans les airs au-dessus de leur tête. Celui-ci s'élança dans les airs et s'envola de plus en plus haut jusqu'à disparaître derrière les nuages qui s'amoncelaient dangereusement au-dessus de la ville. Le tonnerre se mit à gronder, suivit d'éclairs tout autour d'eux puis le calme revint et une fine pluie se mit à tomber.

Sans vraiment savoir pourquoi, Catherine glissa son appareil photo dans sa sacoche et laissa la pluie tomber sur son visage. Ce qu'elle ne savait pas à ce moment, c'était que les fines gouttelettes d'eaux qui glissaient sur ses joues l'enveloppaient dans une douce ignorance, effaçant par la même occasion les souvenirs qu'elle chérissait tant de sa découverte de la magie.

Comme sortit d'un cocon, elle descendit du banc d'un pas chancelant et observa la foule qui s'était massée autour d'elle se disperser. Un léger froncement de sourcils apparut sur son visage alors qu'elle essayait de se souvenir du pourquoi de sa présence en plein milieu de New York aussi tôt dans la matinée.

La pluie qui tombait maintenant de manière plus forte commençait à pénétrer sous sa veste en coton et glisser le long de son dos ce qui la fit frissonner. Une main sur sa sacoche, elle se précipita vers la station de métro la plus proche pour s'abriter.

Alors qu'elle courait vers l'abri, elle passa à côté de Langdon Shaw, l'un des journalistes qui travaillait avec elle au New York Clarion. Elle s'arrêta soudainement et le dévisagea, persuadée, sans aucunes preuves pourtant, que cet homme avait joué un rôle important dans l'un de ses reportages. Pourtant, elle eut beau se creuser la tête, rien ne lui vint à l'esprit.

Elle savait pourtant que ce ne pouvait pas être une coïncidence qu'ils se retrouvent tous les deux au même endroit, à la même heure, sans aucune raison mais alors que leur regard se croisait et qu'elle vu qu'il était aussi déboussolé qu'elle, elle se remit en marche et atteignit la station de métro sans un regard en arrière. Son départ était dans quelques heures, elle n'avait plus de temps à perdre.

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