Rien a faire.

Strictement rien à faire.

Je mourais déjà d'ennui en imaginant le weekend.

Linda avait de la famille, donc niet. Même si elle ne cessait de me répéter que nooon, enfin, tu ne gênes pas !!, moi ça me gênait de me ramener chez sa famille, comme ça.

Bon. Quoi d'autre ?

Série ? Pas envie.

Baby-sitting ? Zéro demande.

Glandouillage ? Pff.

Photo ?

...

Bon, allez.

J'enfilai mes chaussures, une veste, passai la lanière de mon appareil autour de mon cou et sortis.

– Je vais faire quelques photos ! criai-je avant de claquer la porte.

Mais je m'arrêtais aussitôt. C'était bien de vouloir prendre des photos, mais où ? La rue, non merci. Le parc, bondé chaque weekend.

Je fis le tour du pâté de maisons, allai jusqu'à la mairie puis revins, bredouille.

– C'était rapide, dis donc, constata Matthieu en levant les yeux de son livre d'histoire.

Il était en première année de master en histoire. Son projet ? Rédiger sa thèse et obtenir un doctorat de chercheur.

– Y a rien à photographier, soupirai-je avant de remonter dans ma chambre.

Je posai mon appareil puis redescendis. Je regardai par la fenêtre, pris un livre dans l'étagère, le feuilletai, le rangeai, allai m'asseoir, me relevai, fredonnai, ouvris le frigo dans la cuisine, le refermai, revins dans le salon.

Matthieu fini par lever franchement les yeux de ses cours.

– Tu n'as pas fini de tourner en rond comme un lion dans sa cage ?

– Je m'ennuie...

– T'as pas des devoirs ?

– Pas envie de les faire maintenant.

– Eh bien fais-les.

Je soupirai.

– À quelle heure on retourne chez maman, demain ?

Il s'arrêta pour réfléchir un instant.

– Avant le dîner. Si tu ne veux pas faire tes devoirs, alors prépare tes affaires, comme ça ce sera fait.

– Mmh.