Lorsque Linda posa son front contre la vitre fraîche, je compris qu'elle ne se sentait pas bien. Je n'avais rien remarqué jusque-là. Avec les années, elle était devenue très forte pour dissimuler les coups de fatigue comme celui-ci, si bien que même moi, parfois, je n'y voyais que du feu. Bon sang, elle aurait pu me le dire, quand même !

- Ça va ? s'enquit alors Reina, interpellée par ce geste.

Linda se redressa un peu trop vite, sourit.

- Ah oui, oui. Ça va, juste un peu chaud. 

- Hmmm, ok... 

Je fis la moue, un peu vexée, mais décidai de reprendre la conversation pour la tirer de la situation inconfortable que créaient tous les regards du groupe concentrés sur elle.

- Et donc... Vous vous connaissez depuis longtemps, tous ?

Reina ouvrit la bouche pour répondre mais Ézéchiel la prit de court.

- Très longtemps. Je pense pouvoir assurer qu'une vie ne saurait résumer tout ce qu'on a vécu ensembles !

Je ris.

- Tant que ça ?

- Tu n'as pas idée !

Je sentis un poids sur mon épaule. Linda. Elle s'appuyait sur moi de manière nonchalante, dissimulant de nouveau sa fatigue. Les joies de l'anémie.

- Et... comment vous êtes-vous rencontrés ? interrogea-t-elle.

Cette-fois, ce fut Reina qui répondit :

- Durant une réunion de famille.

- Nos parents aussi sont des connaissances de longue date ! renchérit Astrid.

- Et vous ? relança Elynn. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

On lâcha un petit ricanement.

- Mmh, oui. On s'est rencontrées à la maternelle...

- ... et ç'a été le coup de foudre pour la vie ! complétai-je.