Un bourgeois et une roturière

« L'important dans la vie n'est pas ce qu'on aime, c'est d'aimer » - Marcel Proust

On peut dire que ma vie est assez compliquée. Je n'ai presque jamais eu l'occasion de m'imposer, ne serait-ce qu'une fois. Ma famille possède une simple entreprise qui est sous l'influence d'une autre entreprise très importante du nom de "Closte". Je suis la fille du dirigeant de cette "simple entreprise". Je me nomme Sarah Heartcruz, j'ai 19 ans et j'étudie dans une université basique non très loin du lieu de travail de mon père. Jusqu'à il y a quelques années, je vivais heureuse.

Comme toujours, j'avais cette mauvaise habitude de m'endormir n'importe où après les cours. C'est une habitude que mon entourage n'appréciait pas vraiment chez moi. Mais de toute façon, je suis comme ça et j'espère qu'on ne me changera pas.

Alors que je dormais paisiblement contre un arbre dans le parc naturel de la ville, assise dans l'herbe. La douce brise d'après les cours qui me caressait les cheveux. Endormie paisiblement, je profitais un maximum de cet instant jusqu'à ce que "Je-sais-qui" vienne m'embêter. Quel doux rêve. La liberté . . . Quelqu'un s'approcha et me sortit de mon doux sommeil.

- Réveille-toi idiote.

J'ouvris mes yeux et le vis.

Celui qui venait de me traiter d'idiote était David Closte. Il avait un an de plus que moi. Il était brun, aux yeux noisettes, les cheveux relevés, avec un piercing à l'oreille gauche en forme de saphir. Son visage était fin sans aucun défaut. Il était beau, poli, sérieux, respectueux, ordonné. C'est l'héritier de l'entreprise "Closte". Mais il y avait une chose que seule moi pouvais voir. Envers la petite personne que j'étais (socialement), il se relâchait complètement et devenait vulgaire, impoli, le total opposé de son image "parfaite". Il étudiait dans une grande université reconnue dans tout le pays pour son très haut niveau et sa sécurité assurée. David pensait bien sûr qu'il était la maître du monde et pouvais faire ce qu'il lui chantait et malgré moi, avec moi il a tous les droits.

Je baillai, la bouche grande ouverte sans mettre devant celle-ci ma main (signe que je ne suis pas aussi bien élevée que lui) et m'exclamai comme une imbécile heureuse:

- J'ai bien dormie ! Quelle heure est-il ? Oh! C'est toi David, que fais-tu ici ?

- Il est l'heure de rentrer chez nous. Pourquoi faut-il toujours que tu dormes dans des endroits étranges et inattendus ? Imbécile, tu aurais pu te faire attaquer dans ce parc naturel de la ville. Mais bon, ce n'est pas grave. Une idiote de moins ne ferait de mal à personne. Fainéante, inutile, idiote, imbécile, catastrophe ambulante.

Comme toujours, je me sentis poignardée par toutes ces injures. Mais aujourd'hui, il exagère plus que d'habitude ce bourgeois. Pourquoi n'était-il grossier qu'avec moi? Ce garçon, je le hais plus que tout au monde. Il me cassait les oreilles! Il m'énervait ! Seul problème . . .

- Eh! Tu sais quoi l'idiot ?

- Quoi l'idiote ? soupira-t-il.

- Kévin Todo. Un camarade d'université m'a demandé de sortir avec lui.

- Et alors ? soupira-t-il de nouveau.

- Eh bien j'ai bien sûre accepté.

Il se racla la gorge. Il semblait indifférent à cette nouvelle. Pourtant je voulais l'embêter. Pourquoi ne réagit-il pas comme une personne normale ? Venait-il d'un autre pays ? D'une autre planète ? Un autre univers ?!

- Tu n'es pas en colère ?

- Non.

- Pourquoi ?

Il saisit délicatement ma main gauche et me dit accompagné d'un sourire malicieux.

- Parce que tu es à moi et à personne d'autre. Tu es en ma possession. Tu m'appartiens.

Malgré moi, j'étais sa fiancée. J'ai été vendu à cette ignoble personne qui ne pensait qu'à jouer avec moi. Il ne travaillait que très peu ses études et pourtant, à mon grand étonnement il était toujours parmi les 10 plus grands étudiants international. Comment faisait-il ce miracle ?! David était extrêmement admiré de tous (sauf moi), il suivait ses études et travaillait déjà pour l'entreprise de son père. Il était considéré comme une grande personne.

David me prit la main et m'emmena de force avec lui en rajoutant:

- Viens. On rentre à la maison.

Effectivement, je vivais avec cet insupportable fils de riche, vu que j'ai été vendu. Mais heureusement pour moi, nous ne dormions pas dans la même chambre, néanmoins, il intervenait dans ma chambre à tout moment sans m'y attendre, et même souvent, aux moments les plus embarrassants.

Une fois arrivés dans sa demeure, je me dirigeai vers ma chambre où j'étudiai sagement. Soudain, je reçu un SMS de Kévin (mon nouveau copain qui d'ailleurs est le premier) disant que pour notre premier rendez-vous ce sera demain à 11 heures devant l'entreprise de ma famille.

Je me souvins alors que le lendemain nous serons samedi. Enfin le week-end ! Je n'en pouvais vraiment plus de l'université.

Je terminai mon travail d'université et allai prendre un bain pour me relaxer de cette dur semaine de torture (les cours et moi ça faisait deux). De l'eau chaude, la délicieuse odeur de mon produit douche à la pomme, la mousse qui me recouvre, la pression agréable du bain comme dans un jacuzzi. Sur ce point-là, j'aimais bien vivre là.

Alors que je me baignais, me relaxais, profitais de cette douceur aquatique, David entra sans ma permission dans la salle de bain, et réflexe de ma part; je criai, je hurlai à en perdre mes poumons. Il posa brusquement sa main sur ma bouche pour me faire taire et il m'ordonna grossièrement:

- Tais-toi idiote, tu vas faire venir les gardes du corps.

Je fermai ma grande gueule et me tournai dos à lui. Pourquoi était-ce toujours moi qui subissais ce traitement ?! Ne pouvait-il pas se défouler sur les gardes du corps ? Non ?

- Sors ! Pourquoi es-tu ici ?! m'exclamai-je.

- Je resterai tant que je le souhaite. Après tout, c'est ma maison.

I.N.S.U.P.O.R.T.A.B.L.E. Quelle bonne définition pour le décrire. Malheureusement, ce mec était mon fiancé. Sans doute le diable en personne.

- C'est bon, je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux ?

- Demain mon père et un important entrepreneur de la société C.S. viennent. Et mon père souhaiterait te revoir. Ils seront présents pour le déjeuner et partiront tard au soir.

- Ce ne sera pas possible. Demain je ne serais pas présente à partir de 11 heures.

- Pourquoi?

M*rde. Prise au piège. Je sens que ça va mal se finir.

- J'ai un rendez-vous avec Kévin.

- Eh bien, tu annuleras.

- Non! m'opposai-je.

- Quoi "Non!" ?! Tu vas rester avec moi un point c'est tout. Tu es ma fiancée, tu dois m'obéir ! me gronda-t-il.

Je n'ai jamais signé de contrat disant que je devais lui obéir au doigt et à l'œil comme le fait un chien!

- Et si je ne t'obéis pas. Que feras-tu ?

- Je ferais en sorte que l'entreprise de ton père ne soit plus qu'un tas de ruine tout simplement. Alors? Que vas-tu me répondre?

Diabolique.

- Je serai là demain. déclarai-je pessimiste.

- Bonne décision. sourit-il fier de sa victoire.

Il se retira du lieu et me laissa terminer ma toilette.

C'était un homme ignoble que je désapprouvais totalement. Il usait de son pouvoir à sa guise. Imbus de lui-même. C'était également une des raisons pour lesquelles je ne le supportais plus ! Il abusait trop de son emprise sur moi. Il profitait à tout moment de ma soumission et de mon manque d'autorité. C'était l'homme qui assombrissait mon monde.

Je sortis de la baignoire irritée de mon incapacité à lui résister et lui montrer les dents, je vidai le bain et saisis ma serviette orange clair, que je mis autour de moi. D'ailleurs, j'avais du mal à faire tenir la serviette tant mes mains tremblaient de rage. Je pris mon téléphone qui était sur le lavabo et envoyai un SMS à Kévin: « Désolé, demain je ne pourrai pas être là. J'ai des obligations. Une autre fois peut-être. ». Il me répondit quelques minutes après: « D'accord. Je t'aime.».

Kévin était vraiment adorable et parfait. Il était tout l'opposé de David; attentionné, affectueux, généreux, gentil, patient. J'aurai préféré que ce soit lui mon fiancé que cet horrible David. Rha! Qu'est-ce qu'il m'énervait ce fils de riche. Rien que de penser à lui me tapait sur le système.

Alors que je sortais à peine de la salle de bain, une domestique vint me voir en disant:

- Mademoiselle, monsieur Closte désire vous voir maintenant dans sa chambre.

Je fis signe de la tête, elle sortit, je me changeai rapidement pour ne pas trop faire attendre "monsieur Closte". Mais qu'est-ce qu'il me voulait encore ?! Il me mettait en rogne! Il m'étouffait ! Ah !

Je passai la porte de ma chambre et entre dans sa chambre après avoir frappé la porte (moi au moins je suis polie). Je m'assis sur le lit et attendis son arrivé. David quitta sa salle de bain, en short en jean, torse nu, les cheveux trempés et le corps encore humide. Il s'approcha de moi et s'assit également sur le lit. Je me tournai légèrement vers lui et croisai les bras comme pour montrer mon agacement.

- Qu'est-ce que tu me veux encore David ?

- Je veux que tu casses avec Kévin.

Quoi ?! Et maintenant c'était lui qui décide avec qui je sors ?! Mais il n'était pas mon père! Il n'était non plus mon meilleur ami ! Et encore moins mon copain ! Alors de quel droit il m'ordonnait de casser avec Kévin ?! C'est hors de question ! Non !

- Pourquoi ?!

- Parce qu'il mérite beaucoup mieux qu'une idiote comme toi. Et de plus, tu es à moi et à personne d'autre, imbécile.

Il m'horripilait ! Il m'exaspérait ! Il me mettait en pétard ! Et depuis quand étais-je à lui ?! J'étais juste sa fiancée ! D'ailleurs, j'étais persuadée qu'il était le seul à respecter ce genre de vieille tradition ! Ça ne se faisait plus de nos jours ! 

- David ! Arrête de me traiter d'idiote ou d'imbécile, ou d'autres choses insultantes ! J'en ai marre ! Tu me saoules ! Tu es vulgaire juste avec moi. Tu te comportes avec moi comme si j'étais ton objet! Comme ta propriété privée ! Tu m'énerves à user de ton influence pour avoir ce que tu veux quand tu veux! Je n'en peux plus de ta présence qui me pèse comme un poids lourd ! Alors je resterai la petite amie de Kévin un point c'est tout !

- C'est bon ? T'as arrêté de me dire mes 4 vérités ? demanda-t-il ennuyé comme s'il ne m'avait pas écouté.

- Euh...David, il faut retourner à la maternelle pour apprendre à compter. Il n'y en a pas 4 de tes vérités que j'ai citées, mais 3 (vulgarité, propriété, abus d'influence excessive). rectifiai-je.

- C'était une expression, idiote. me contre-dit-il de mauvaise humeur.

-Tu vois ! Tu continues !

Il m'attrapa les deux mains et me plaqua sur le lit. Il se mit au-dessus de moi et approcha son visage de mon cou. Ses lèvres touchèrent mon petit cou. Je me débâtais de toutes mes forces, mais il était trop fort (et trop lourd). Il me relâcha et me dit:

- Tu peux y aller, t'en a assez eu pour aujourd'hui, la vierge.

Il était odieux. C'était une personne sans cœur. Voilà pourquoi je le détestais tant. Il était incapable de ressentir le moindre sentiment pour quelqu'un. Je ne pourrais jamais aimer un mec pareil!

Je m'échappai de sa chambre et courus vers la mienne. Je me regardai dans le miroir et remarquai un suçon à la base de mon cou. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ?! Comment allais-je faire pour cacher ça maintenant ?! David m'énervait vraiment plus que tout. Pour enfin oublier cette dure journée, je filai dans mon grand lit et m'endormis au plus vite.

 

- Sarah.

- Oui papa ?

- Ta mère et moi t'avions trouvés un fiancé.

- Mais je n'ai que 17 ans, de plus ça ne se fait plus de nos jours.

- Oui mais ce garçon voulait absolument t'avoir comme fiancée, n'est-ce pas chérie ?

- Si.

- Et qui est-ce ?

- David Closte, ce magnifique héritier de l'entreprise Closte. J'ai déjà hâte d'être sa belle-mère.

- Et comment me connait-il ?

- Il y a quatre mois sa famille a fait une réception où nous avions été invités. Et c'est là-bas que vous vous êtes rencontrés. Tu ne t'en souviens pas? Peu importe maintenant. Il te conviendra parfaitement. expliqua mon père.


Voilà comment j'étais devenue la fiancée de David. C'est le jour où toute une vie s'était effondrée et s'était transformée en une vie d'esclave.

Le jour se levait et je m'éveillai à l'instar d'un enfant qui veut dormir plus longtemps mais qui ne souhaite que une chose : débuter cette journée au plus vite. Et lorsque j'ouvris les yeux, je vis dans mon lit une chose qui me fit hurler, un cri qui résonne dans toute la maison. Que fait David dans mon lit?!

Cet intrus se réveilla et soudain la porte de ma chambre s'ouvrit. Je m'attendais à voir une domestique, un majordome ou même un garde du corps. Mais la personne qui pénètre dans ma chambre n'est autre que le père de David en s'exclamant :

- Bonjour les amoureux !

- Bonjour père.

- Quel a été ce hurlement ?

- Ce n'est rien, c'est juste que mon adorable fiancée s'est cognée la tête contre la table de chevet et elle a eu très mal. Mais elle va mieux à présent.

« Adorable fiancée » ? Mais depuis quand j'étais son « adorable fiancée » ? Il avait peut être mangé quelque chose de périmé la veille. En plus, je n'étais pas tête en l'air et maladroite au point de me cogner la tête d'une manière aussi pitoyable!

- Je vois que votre relation est si profonde que vous dormez même dans le même lit. se trompa sans le savoir le père de David.

- Oui. Nous nous aimons passionnément, mentit David en me serrant dans ses bras. Peux-tu à présent nous laisser seuls ?

- Bien sûr.

Et le père referma la porte. Je poussai brusquement David.

- Eh! C'est quoi cette mascarade ?!

- D'abord, dès le matin, on commence par dire "bonjour" à son fiancé, me rectifia-t-il. Ensuite mon père croit que nous sommes fiancés car nous nous aimons. Alors s'il te plait, juste pour aujourd'hui, peux-tu jouer le jeu ?

Il voulait que je lui rende service ?! Mais qu'est-ce que j'y gagnais là-dedans ?! Je réfléchis un instant, pensant aux conséquences si je refusais et soupirai.

- C'est d'accord. Mais je ne fais pas ça pour toi.

- Je comprends.

Je partis me préparer dans la salle de bain. Je mis une tenue correcte, une robe bleu marine m'arrivant aux genoux avec des collants noirs. Puis j'allai rejoindre les hommes dans le petit salon (dans cette maison il y a un grand et un petit salon).

Il y avait David, son père et un autre homme que je ne connaissais pas. Ils étaient tous les trois en costume, en tenue d'affaire, tous élégant. Même mon père en costume n'est pas aussi élégant et tape l'œil. David s'approcha de moi puis m'escorta en soutenant ma main dans la sienne avec beaucoup d'élégance jusqu'aux deux adultes - Trop d'élégance en une journée. L'inconnu se leva pour me serrer la main et le père me fit la bise.

- Monsieur Sharts, je vous présente ma fiancée, mademoiselle Heartcruz.

- Enchanté mademoiselle Heartcruz. Je suis Jason Sharts, un administrateur de contrat de l'entreprise "C.S.".

Toute la journée,  ils n'avaient fait que parler d'affaire administrative, ce qui m'ennuyait du plus haut point. Mais en y repensant David semblait très sérieux quand il parlait d'affaire. C'était un de ses visages que je n'avais jamais vu de ma vie. D'un certain point de vu, je trouvais ce côté sérieux un peu attirant. C'était assez charismatique.

STOP ! Sarah ! Qu'est-ce que tu foutais ?! Tu ne devrais pas trouver attirant cette personne, non ! Cette chose odieuse et sans cœur qui se nommait "David". Ne perds pas ton sang-froid Sarah !

Après des affaires qui duraient une journée, monsieur Sharts rentra chez lui dans une longue limousine blanche - Ces riches . . . Toujours dans la démesure. Nous nous installâmes dans le petit salon quand sans s'y attendre, la sonnette résonna dans la demeure. Je me relevai pour aller ouvrir la porte principale. La personne en face de moi était un homme, grand, des lunettes de vue, des yeux reflétant le ciel bleu, des cheveux bruns coiffés type gentlemen.

Il baissa la tête pour me regarder et s'adressa calmement à moi avec le sourire:

- Bonsoir mademoiselle. Monsieur David Closte est-il présent ?

- Oui bien sûr.

- Puis-je le voir ?

- Et vous êtes ?

Il haussa les sourcils surpris de mon impertinence.

- Docteur Renold de l'hôpital Saint Théodore. Alors, puis-je le voir ?

- Oui, entrez.

Je l'invitai à rentrer dans la maison et je l'accompagnai au petit salon. L'homme sera la main de David et de son père. David se tourna vers moi et me sourit.

- Mon cœur, peux-tu m'attendre dans la chambre. me dit-il avec un air tendre dont seul lui et moi savions que c'est un mensonge.

- Oui chéri.

Et je retournai dans ma chambre. J'ai dis "Chéri" à David. . . Je devrai peut être aller vomir. Je pris un bain à la place, le temps qu'ils eussent terminé leur discussion. Et j'attendais, attendais, attendais, attendais. . .

- Enfin terminé ! Eh ! L'idiote ! T'es où ?! s'exclama soulagé David dans ma chambre.

Je ne répondis pas. La porte de la salle de bain s'ouvrit et David entra, les mains dans les poches.

- Ah bah t'étais là ! T'aurais pu me le dire.

- Non ! Et sors d'ici !

- T'inquiète pas, je n'ai pas envie de voir une idiote nue.

- Cesse de me traiter d'idiote !

- Non. s'opposa-t-il avec un sourire démoniaque.

Il me tourna le dos et s'assit sur le rebord de la baignoire.

- Pourquoi ce docteur est venu ici ? demandai-je curieuse.

- Pour me faire un rapport sur un ami qui a un cancer du cœur et qui n'en a plus que pour quelques jours.

- C'est triste pour lui.

- Oui.

Un silence complet prit rapidement place entre nous. Ce genre de situation était pesante, plus qu'embarrassante. Il regardait à droite, à gauche. Moi j'étais bloquée ici à attendre qu'il sorte de la salle de bain.

- Pour mon anniversaire qui est dans trois jours, je vais faire une réception ici. Tu es donc contrainte à participer à la fête.

- Dommage. . . Que veux-tu comme cadeau pour ton anniversaire ?

- Rien. J'en aurai bien assez ce jour-là.

Après cette causette, David sortit sans un mot et je m'extirpai de la baignoire pour ensuite me sécher puis me changer en chemise de nuit. Je retournai dans ma chambre où je retrouvai David (à nouveau) dans mon lit à lire un document - Il sait lire ? Je lui demandai gentiment s'il pouvait retourner dans sa chambre. Mais il refusa et resta, sous prétexte que nous sommes fiancés. Je soupirai désespérée, m'allongeai dans mon lit pour enfin dormir sans dire un mot.

- Tu me hais au point de ne pas vouloir parler avec moi ce soir ? me demanda-t-il en remarquant le silence de mort. 

- En effet, je te déteste, mais de ce point à faire une chose aussi immature et puéril, je ne suis plus une gamine de 3 ans depuis longtemps.

Le lit se mut dans mon dos. Il doit sans doute s'être retourné vers moi.

- Tu me détestes car j'ai fait de toi ma fiancée sans ton accord ?

- En particulier pour ça. De plus, je ne comprends pas la nature de ton geste sachant que je n'ai aucun sentiment amoureux pour toi et qu'à mon avis c'est réciproque vu que tu ne cesses pas un instant de me traiter d'idiote et que tu m'insultes. Pourquoi m'as-tu fiancée à toi ? Je veux savoir !

- Parce que simplement tu étais la seule prétendante qui était potable.

- "Potable". Si c'est pour me dire que je suis potable, tu n'avais qu'à pas nous fiancer si en plus tu le regrettes.

- Je ne le regrette pas. répondit-il avec tant d'assurance.

Je roulai sur moi-même pour lui faire face.

- Vraiment ?! soufflai-je septique.

- Oui, car j'ai une idiote qui est soumise, qui m'obéis docilement; en clair, qui est sous mon totale contrôle.

- BONNE NUIT ! m'exclamai-je en colère par ses paroles blessantes refaisant volte-face.

- Bonne nuit. me souhaita David calmement.

Et nous nous sommes endormîmes.


- Crois-tu vraiment que je t'ai choisi parce que "je t'aime" ? Vraiment, tout ce qu'il ne faut pas entendre. Qui aimeraient une idiote telle que toi ? Une fille pitoyable ? Personne c'est sûr.


Des paroles dont j'avais rêvé qu'il me disait, qui me détruisait le cœur à chaque syllabe, qui me transperçait le corps à chaque consonne et qui me déchirait la peau à chaque voyelle. Une souffrance imaginaire dont j'avais souffert toute une nuit.

À mon réveil, David n'était plus présent dans la chambre. J'allai me préparer pour la journée, puis manger mon petit déjeuner dans la salle à manger. David venait de terminer son plat alors que je venais à peine d'arriver. Il me salua froidement, je fis de même et nous nous croisâmes comme deux inconnus. Il était vraiment imprévisible, soit il devenait taquin, soit il devenait énervant ou encore indifférent. Je m'assis et mangeai puis je retournai dans ma chambre. Alors que je travaillais, la sonnerie de l'entrée principale se fit entendre de nouveaux. Je restai à mon bureau qui est dans ma chambre. C'est alors que quelqu'un frappa à la porte de ma chambre. J'allai ouvrir et soudain je m'exclamai stupéfaite en voyant sa visite inattendue:

- Kévin ?!

- Bonjour Sarah. me salua-t-il en souriant.

- Ah, euh...Bon-bonjour. Que fais-tu ici ? bredouillai-je confuse.

- David m'a contacté et m'a demandé de venir chez lui. m'expliqua-t-il en pointant du pouce David derrière lui.

- Ouais. dit brièvement David sans daigner me regarder.

- Vous vous connaissez ? demandai-je en plus.

- Bah oui. On est meilleurs amis depuis qu'on est tout petit. confirma Kévin comme si tout était normal.

J'en restai sans voix. Ils se connaissaient et en plus étaient meilleurs amis. Et je n'étais au courant de rien! Ils ne m'avaient rien dit et m'avaient laissé dans l'ignorance ?! Je n'y comprenais plus rein.

Kévin saisit ma main et disant à David: "Je te l'emprunte." et il m'emmena en ville. Là-bas nous arrivons dans un parc naturel où nous nous y promenâmes, il croisait ses doigts avec les miens.

- Depuis quand êtes-vous fiancés tous les deux ? me demanda soudainement Kévin en ayant un visage sans émotions.

Il avait enfin lancé le sujet qui fâchait. Je n'aimais pas parler de ce genre de chose. Et si en plus c'était avec lui, j'aurai voulu m'enterrer six pieds sous terre.

- Depuis la terminal; j'ai été vendue à David.

Il rit doucement.

- David est un type bien au fond. Et assez drôle d'ailleurs. s'exprima-t-il en grimaçant. Je ne fais pas le poids face à lui.

- Vraiment ? Je ne te crois pas. Il est odieux et le restera. m'avançai-je sur mes informations.

- L'image qu'il te fait passer de lui est mauvaise, c'est juste qu'il est maladroit quand il veut montrer ses sentiments. Exemple, ce suçon que tu as à ton cou représente le fait que tu comptes pour lui.

Mince, j'avais oublié cette trace qui était resté à mon cou. Il m'énervait toujours autant. 

- Je ne te crois toujours pas. répétai-je.

- Fais ce qui te chantes, crois-moi ou non si tu le souhaites. Mais tu sais Sarah, même si tu es sa fiancée, je t'aime quand même.

Il se tourna vers moi et m'embrassa tendrement. Une agréable chaleur se répand dans tout mon corps. Un doux frisson. Un délicieux contact. Plus rien ne comptait pour moi lors de ce court instant. Kévin était beaucoup plus gentil que David. C'est pour cela que je l'aimais tant. J'aurai préféré être fiancée à lui qu'à David.  Mais était-ce vraiment de l'amour ?

- Néanmoins, ce fut notre premier et dernier baiser. déclara-t-il en prenant un air triste.

- Pourquoi ?!

- Sarah. Je t'adore, je ne souhaite que ton bonheur, mais je sais que ta véritable source de bonheur ne sera pas moi. J'aimerai en rester là avec toi. Je veux juste que tu fondes ce bonheur au creux des mains maladroites de David.

- Mais . . . !

- Ne dis pas que tu n'aimeras jamais un type comme lui, me coupa-t-il la parole, et avant de le juger, apprends à mieux le connaître. Enseigne-lui ce qu'est d'être aimé, apprends-lui la forme du bonheur, montre-lui qu'il n'est plus seul et qu'il peut se reposer sur quelqu'un. Et toi, observe son comportements, ses plusieurs visages, ses qualités et défauts. s'exprima mélancoliquement Kévin.

- Euh. . . Oui. . . D'accord. hésitai-je.

- Merci.

Suite à ça, il me ramena chez David à l'heure du déjeuner puis repartit en me laissant devant la porte d'entrée. J'hésitai à ouvrir la porte.

Pourquoi n'arrivais-je pas à ouvrir cette porte ? Pourquoi rien que de voir cette bague à ma main gauche me déstabilisait tant ? Je n'arrivais même pas à ouvrir la porte de mes propres mains alors que c'était ici que je vivais à présent. J'avais l'impression que si j'ouvrais cette porte, j'ouvrirai une cage qui me tiendra prisonnière à tout jamais. Ce sentiment que je ressentais est tellement désagréable.

Je me ressaisis soudainement, prenant mon courage à deux mains et levai la main pour ouvrir la porte qui me permettra d'entrer dans cette demeure. Lorsque je remarquai qu'une autre main venait de me précéder. Je regardai le possesseur de cette grande main et vis un magnifique jeune homme de mon âge (il me sembla).

Il avait un très beau visage fin, de beaux yeux verts reflétant l'émeraude à son piercing à l'oreille gauche. Il avait de longs bras et de grandes mains. Il souriait naturellement. Son corps était fin et pour orner son cou, il avait un ras de cou avec une perle de Tahiti noir qui précédait ses magnifiques clavicules visible par sa chemise blanche déboutonnée jusqu'au second bouton. Ses cheveux courts représentaient parfaitement la couleur du crépuscule.

- Bonjour mademoiselle.

- Bonjour. répondis-je intimidée.

- Souhaitez-vous entrer?

- Oui.

Il m'ouvrit la porte et me laissa rentrer dans la demeure à l'instar d'un majordome au service de sa maîtresse. Il s'installa dans le petit salon comme si c'était chez lui, je m'assis à côté de lui sur un fauteuil individuel:

- Puis-je savoir qui êtes-vous? demandai-je poliment.

- Je suis un vieil ami du propriétaire de cette humble maison. Je m'appelle Tristan Mickael.

Je ne savais pas que David avait un ami aussi important que Tristan Mickael. Le fils du P-DG qui possédait une des entreprises international les plus connues. Comment avait-il fait pour être ami avec lui ? C'était impressionnant. De plus, une personne aussi influente que lui me parlait naturellement sans se forcer. C'était assez étonnant. En fait, rien que savoir que David avait des amis était surprenant. Mais . . . Pourquoi Tristan disait en parlant de cette demeure :"humble maison" ? "Humble", je ne pensais pas la même chose; "maison", ça ressemblait plus à un château.

- Je suis enchantée de vous rencontrer monsieur Tristan. souriais-je ravie.

- Tutoies-moi s'il te plait. Mais en fait, quel est ton nom?

- Je suis . . .

- L'idiote! Que fais-tu avec lui ?! Tu devrais m'attendre à table ! m'interpella furieux David.

- Désolé David.

- Ah, mon cher Dav', ravi de te revoir. s'enchanta Tristan.

- Dégage de cette demeure. dit hostilement le propriétaire.

- Toujours aussi accueillant. affirma l'invité pas invité.

Je ne comprenais pas, David ne jouait pas la comédie devant Tristan. Peut-être que celui-ci connaissait sa vrai nature.

Mon fiancé regarda Tristan avec un regard noir et le fils de très grand riche sourit bêtement. J'essayai de rafraîchir l'ambiance en proposant d'aller déjeuner à trois au restaurant. Ils acceptèrent et nous y allons dans le "Range Rover" de David qu'il conduisait en me laissant seule à l'arrière. Même au restaurant la tension était palpable. À une table rectangulaire de quatre, je m'installai la première à table, Tristan à ma droite et David en face de moi. Je n'osais plus les regarder dans les yeux. Pendant que nous mangions nos plats parisiens, Tristan fit une remarque qui allait chambouler David.

- Quel bel anneau tu as à ta main gauche mon p'tit Dav'. À qui es-tu fiancé ou même marié ?

- J'estime que je suis trop jeune pour me marier. répondit sèchement David pour le moment.

- Alors à qui es-tu fiancé? De plus ce n'est pas juste, tu es fiancé avant moi, alors que j'ai 3 ans de plus que toi.

David se tut le temps d'un instant. Il n'avait sans doute pas envie de dire que c'était moi sa fiancée. Tristan me regarda et dit à David:

- Je suis désolé d'avoir invité à notre resto une inconnue, mais elle était si mignonne. Si tu l'avais vu à hésiter à frapper à la porte de chez toi, c'était adorable.

Il était vrai qu'il ne savait toujours pas qui j'étais, et pourquoi j'étais devant chez David. Mais cela dit, c'était la première personne qui me disait que j'étais mignonne ou adorable. Cela m'avait touché, et mes joues s'enflammaient. En revanche, je n'allais pas frapper à la porte, mais l'ouvrir. C'est juste que j'hésitais. David me regarda étonné que je ne puisse pas entrer chez lui sans aucune hésitation après tout le temps passé à vivre ensemble puis revînt à sa préoccupation première : Manger.

- Mmmmh. abrégea David.

- Mais en y pensant, il me semble que tu connais cette fille Dav'. Vu que tu l'as interpellé d'une façon très familière chez toi, voire même vulgaire.

- Mmmmh. continua David.

- Dis ma jolie, comment t'appelles-tu? s'adressa à moi Tristan.

- Sarah. ai-je répondu.

- Sarah, tu ne trouves pas que Dav' est "trop chou" quand il fait du boudin?

- Si. riais-je

David détourna son regard et rougit. Je n'arrivais pas à comprendre la réaction de David. Pourquoi rougit-il ? C'était tellement drôle de le voir comme ça. Il était . . . mignon. Ce n'était pas tous les jours qu'on le voyait comme ça.

- Alors Dav' ?! Qui est cette fiancée ? insista lourdement Tristan.

- Si tu veux absolument le savoir, je suis fiancé à cette idiote à côté de toi. grommela David.

- Sarah ?! s'exclama-t-il. C'est vrai ce que tu dis ?! Tu es marié à une inconnue d'il y a à peine une heure ! s'adressa-t-il ensuite à David.

- Chut! Imbécile. prononça David en tentant de calmer Tristan. D'abord, c'est vrai, regarde sa main. Ensuite ce n'est pas une inconnue puisqu'elle vit chez moi, et enfin, je ne suis pas marié mais fiancé. articula David sur le dernier mot.

- Dans ce cas, Sarah, tu es la fille de la famille Heartcruz?

- Oui.

- David, tu vas me le payer, t'es qu'un s*lopard. vociféra Tristan à David sur un ton de vengeance.

- Viens Sarah. se précipita David me tirant par la main.

Il paya l'addition pour nous deux repartit dans la voiture sans un mot puis nous rentrâmes chez nous. Je n'avais même pas fini de manger. Arrivés dans le garage, il m'ouvrit la portière, je sortis, il la claqua derrière moi, verrouilla la voiture et entra avec moi à l'intérieur de la maison. Il me suivit jusqu'à dans ma chambre, il me coucha brusquement sur le lit et se mit au-dessus de moi.

- Idiote, qu'est-ce qui t'as pris d'amener Tristan ici ?! me gronda-t-il.

- Je ne l'ai pas amené ici, il est venu sans que je ne le sache.

- Peut-être, mais vous étiez tout de même ensemble lorsque je vous ai vu.

- Il est rentré dans la maison avec moi. C'est tout, nous avons juste parlé.

- Ne t'approche plus de lui !

Je n'arrivais pas à comprendre la raison de sa colère.

- Et pourquoi?

- Il n'est pas fréquentable.

"Pas fréquentable" ? Pourquoi ?

- Vraiment ? Pourtant il l'est plus que toi dans tous les cas, il est beaucoup plus gentil que toi.

- Là n'est pas la question. De plus son côté "gentil" n'est qu'un masque, c'est comme quand je me montre affectueux avec toi devant mon père ou d'autres personnes importantes.

- De toute façon, tu ne vas pas m'empêcher de voir Tristan.

- Si !

- Et comment ?

- Pour cela, j'ai ma petite idée.

Il avait refusé de me dire comment il comptait faire et avait quitté ma chambre. Voilà comment s'était terminée ma rude journée.

Le lendemain, 6 heures du matin, je me réveillais la tête dans les nuages, une domestique m'amena mon uniforme comme toujours et mes chaussures, je pris mon sac de cours et me dirigea vers la salle à manger. Je pris mon petit-déjeuner face à David, très élégant dans son uniforme noir, blanc et bleu ciel, qui porte l'emblème de l'université Ludivia.

Il me fixa et me fit remarquer que mon nouvel uniforme m'allait bien. Un NOUVEL UNIFORME ?! Je me regardai et m'aperçu qu'on m'avait donné l'uniforme pour fille de l'université Ludivia où va étudier David. Désappointé, je lui fis un discours dans la voiture qu'il conduisait sur le fait que je ne voulais pas aller là-bas. Il n'avait rien dit et souriait diaboliquement.

C'était une université immense, avec un jardin immense et des salles de cours immenses. Le jardin était magnifiquement fleuri, aux fleurs et couleurs multiples, accordé par un parfum doux et hivernal.  Les salles de classe étaient silencieuses, étudier dans autant de calme et de sérieux m'était presque impossible. Passer une journée à travailler sans comprendre ce que je faisais était fatiguant, donc comme toujours, je m'isolai quelque part dans la ville et m'endormis. Cette fois-ci, ma sieste se fit dans un arbre près de la plage. J'ai toujours cette mauvaise habitude de dormir dans des lieux anodins.

Je ne comprenais toujours pas pourquoi David ne voulais pas que je vois Tristan. En plus, je préférais Tristan que David. Tristan était gentil, il m'avait déjà complimenté alors que David, il me traitait comme son objet et m'insultait en permanence. Mais en quoi Tristan n'était "pas fréquentable" ? En fait, je n'avais jamais compris David ni sa manière de fonctionner.

- Réveille-toi Idiote ! Fainéante !

Cette voix, ces surnoms, c'était sûrement David. Je regardai en bas et aperçu ses cheveux bruns relevés sur le devant. Comment faisait-il pour toujours me retrouver dans toute la ville? Il a mis un mouchard sur moi à croire, ou un GPS pour me localiser.

- Descends idiote ! m'ordonna-t-il.

- Non. refusai-je en croisant les bras. Pourquoi devrai-je t'obéir ?

- Car tu es ma fiancée !

- Ce n'est pas une raison.

- S'il te plait. Kévin t'attends chez moi, il souhaiterai te voir.

- Si c'est Kévin, alors d'accord.

Je descendis de l'arbre pris mon sac et partis chez David avec lui. Arrivés à la maison, je me rendis compte que les paroles de David n'étaient qu'un mensonge. Lorsqu'il comprit que j'avais découvert sa tromperie je sentis un métal froid sur mon poignet et le cliquetis des chaînes. C'étaient des menottes qui nous liaient. Pourquoi me menottait-il ? Et en plus à lui ? Il souhaitait m'empêcher de voir Tristan de cette manière vulgaire et puéril ?

Il me sourit sournoisement et me dit:

- Tu ne peux aller nulle part sans moi.

- Ah ah ah. C'est très drôle, riais-je ironiquement. Relâche-moi maintenant.

- Non.

C'était bon, pour la unième fois il me tapait sur le système. Quand est-ce qu'il allait se décider à grandir un peu ?! Il me mit comme toujours hors de moi.

- Mais p*tain ! Tu vas me laisser tranquille oui ?! Depuis que je suis ta fiancée, je vis un véritable enfer ! Ce n'est plus une vie que j'ai à présent ! Tu m'as tout pris, tout retiré ! Tu m'éloignes de tout ! Tu m'empêche d'être heureuse ! Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me fasses endurer ça ?!

- Rien, j'aime juste te soumettre à moi. répondit-il d'un air satisfait.

Je le détestais vraiment, en plus, ce c*nnard me dit avec un grand sourire en banane :

- Tu viens? On va prendre un bain.

Moi ? Prendre un bain avec ce sadique ?! C'était hors de question ! C'était limite du harcèlement sexuel et moral ! Il m'énervait vraiment ce bourgeois qui se croyait tout permis ! Ce p'tit fils de riche pourri gâté ! Et dans tout ça je n'avais même pas mon mot à dire. Quelle était cette injustice ?!

Il m'emmena dans une salle d'eau où il y avait une grande baignoire à bulle. Ce fils de riche demanda à des domestiques de nous ôter nos menottes et de me déshabiller. POURQUOI ? Je n'étais plus une enfant ! Je savais le faire toute seule !

Une fois nus, je ne savais pas de qui est venu l'idée de nous remettre les menottes. J'étais sûre à cent pourcent que ça venait de David. Ce dernier me tira dans le bain par les menottes alors que je me sentais déjà assez gênée comme ça. Heureusement, on ne voyait pas nos corps dans l'eau grâce aux bulles.

De sa main menottée, il enlace la mienne qui l'était également. Je ne pouvais pas dire que sa main était plus chaude que la mienne à cause de la température de l'eau. Mais je savais en moi qu'il n'y avait pas de mauvaises intentions derrière ce geste chaleureux. Il se pencha vers moi et me chuchota à l'oreille :

- Ne t'inquiète pas, ton enfer prendra bientôt fin.

Que voulait-il dire par-là ? Il avait le don pour ne pas être facilement lisible. Lire en lui était presque impossible. Même son regard ne précisait pas quel sentiment il éprouvait en me disant cela. De la Joie ? De la mélancolie ? Rien du tout ? Il restait stoïque en toute situation. Je ne su que plus tard la raison de ses paroles.

Je me tournai vers lui surprise de la douceur dans sa voix et me rappelai des paroles dites par Kévin :

 

-...avant de le juger, apprends à mieux le connaître. Enseigne-lui ce qu'est d'être aimé, apprends-lui la forme du bonheur, montre-lui qu'il n'est plus seul et qu'il peut se reposer sur quelqu'un. Et toi, observe son comportements, ses plusieurs visages, ses qualités et défauts.

Je regardai David, hésitai puis lançai le sujet de conversation:

- David, quel enfant étais-tu dans ton passé ?

Il haussa les sourcils ahuri par ma question soudaine. Il ne s'y attendait sans doute pas.

- Pourquoi veux-tu le savoir? Après ce discours enragé que tu m'as balancé il n'y a même pas deux minutes, tu me demandes ça ? Pourquoi ?

- Car j'aimerai mieux te connaitre.

Il rougit brusquement et cacha son visage en tournant la tête.

- Quand j'étais petit, j'étais sans amis, seul, car les gens avaient peur de l'influence que j'avais à cause de l'entreprise de mon père. J'avais Kévin, mais nous nous voyons rarement à cause de la différence sociale entre nos pères. Ma mère voyage beaucoup et mon père passe sa vie au bureau, je n'ai jamais connu cette convivialité familial que tout le monde peut connaitre. La solitude me dominait, j'étais trop timide pour aller vers les autres, je n'avais aucun désir, je ne souriais pratiquement jamais; je vivais avec la tristesse et la peur. Je ne broyais que du noir. Mais il y a un an, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a donné goût à ma vie que je savais éphémère. Mais cette personne, je n'ai jamais réussi à capturer son cœur, alors j'attends qu'elle se rapproche de moi et souhaitant de tout cœur qu'elle m'aime en retour. me raconta-t-il nostalgique.

- Tu l'aimes beaucoup cette personne?

Un sourire mêlant tristesse et sincérité se dessina sur son visage qui réussi à me refaire face. Je ne l'avais jamais vu aussi . . . ému.

- Oui, elle est magnifique, gentille, mais surtout pleine de vie, parfois fatigante, naïve, souvent impulsive, mais elle est très souriante et aimante. J'aimerai tant lui apporter le même bonheur qu'elle m'offre sans le savoir.

Il avait besoin d'amour, il avait besoin d'aide.

- Moi je te conseille de te rapprocher d'elle gentiment, ce qui n'est pas ton fort ; lui montrer que tu peux offrir de l'affection, que tu es capable d'être tendre avec elle. Tu pourrais essayer de lui tenir la main comme tu me le fais, les filles aiment ça. Et quand vous êtes juste à deux, tu pourrais lui voler quelques baisers. N'oublie pas de l'enlacer dans tes bras, de lui chuchoter des mots doux qui lui feront plaisir, lui rappeler que tu l'aimes. Et offre-lui des cadeaux lorsqu'il le faut. Ça c'est ce qu'un homme romantique ferait.

- Tu penses que si je fais ce que tu me dis, elle pourrait tomber amoureuse de moi?

- Ouais, en tout cas, j'aimerai que mon copain fasse ça si j'en avais un.

- Alors je peux te demander une faveur?

- Quoi?

- Apprends-moi tout cela comme si tu étais celle que j'aime et que tu m'aimes en retour. Ainsi, je ne pourrai pas faire d'erreur lorsque je serai avec elle.

J'hésitai un long moment dubitative.

- S'il te plait. me supplia-t-il avec des yeux doux.

- Si tu insistes et que tu le demandes si gentiment, d'accord.

Ma conscience s'était alors mise dans tous ses états : « SARAH ! Qu'as-tu fait ?! Pourquoi diable as-tu accepté ?! Tu es vraiment trop gentille ! Idiote, idiote, idiote, idiote ! »

Il me tira vers lui et me porta sur ses jambes.

C'était très embarrassant, ce contact entre nos peaux, sentir son odeur de si près. Une odeur de mandarine, doux et légèrement acidulé. C'est étrange, mais au fond de moi, je me sens bien à ses côtés pour une fois. Il avait la peau douce, il était musclé. Des milliers de frissons inconnus me parcouraient de la tête aux pieds. Je ne comprenais plus rien à ce qui m'entourait. Seul lui restait dans mon champ de vision étroit. S'il me soulevait plus, il me verrait nue, je ne veux pas ça. La situation est trop embarrassante. Mon souffle devint irrégulier, le rythme de mon cœur fut saccadé. Ma peau rougissait naturellement. Je n'aime pas être dans cette position. Sa main dans mon dos pour me maintenir me caressait le long de la colonne vertébrale. Pourquoi me faisait-il ça ? Cet homme était censé me répugner, et pourtant, je ne voulais pas qu'il s'arrête.

Il me murmura intimement:

- Apprends-moi les baisers qui lui feront plaisir.

Je n'avais pas le choix, je devais assumer mes actes. J'avais accepté, donc je devais le faire.

Je penchai ma tête vers la sienne, je le vis me sourire, il posa sa main menotté sur ma joue, je posai la mienne sur sa grande main. Ses doigts étaient si longs, ils entouraient toute ma joue. Sa paume de main était chaude. Et je l'embrassai avec une fausse passion. Il m'enlaça contre lui au point que ma poitrine touche son dur torse. Son cœur battait aussi vite que le mien. Je sentis une sensation étrange dans ma bouche, mais qui était toute aussi agréable. Il me caressa plusieurs fois mes longs cheveux. J'étais bientôt à bout de souffle. D'ailleurs pourquoi avais-je retenue ma respiration ?

Mais sur le fait de la gêne, sachant que ce n'était pas pour de vrai, je sortis brusquement de la baignoire en oubliant un détail qui m'arrêta dans mon élan . . . Les menottes.

David appela une domestique qui nous enleva les menottes pour de bon et repartit. Je me séchai, me changeai et retournai dans ma chambre en courant.

Comment se faisait-il que cet instant passé avec David m'ai été si bon ? J'étais pourtant censé le haïr de tout mon cœur. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi aujourd'hui ? Je ne me comprenais toujours pas. Il avait peut-être raison, j'étais peut être réellement une idiote, même si je le savais déjà que je suis loin d'être une lumière.

Je bâclai mon travail donné par l'université Ludivia et regardai le calendrier par réflexe. M*rde ! Le lendemain allait déjà être l'anniversaire de David et je l'avais complètement oublié. Je n'avais pas de cadeau pour lui . . . Il me semblait pourtant que la dernière fois il avait mentionné une chose dans le genre :

 

- Rien. J'en aurai bien assez ce jour-là.

 

Mais il fallait tout de même que je lui offre quelque chose. C'était la moindre des choses.

David entra dans ma chambre dans un vacarme inégalable, les cheveux encore trempés, les vêtements légèrement humides, le visage un peu mouillé.

- Idiote, pourquoi tu m'as laissé planté dans l'eau ? Je suis si déplaisant que ça ? Si c'est le cas, alors dis-le-moi en face ! demanda-t-il en s'apitoyant sur lui-même.

- Non, ce n'est pas ça. Je ne me sentais pas très bien. C'est juste ça.

- Vraiment ? Alors cela ne te gêne pas que je dorme avec toi ce soir ? Après tout, c'est ce que font les couples quand ils s'aiment il me semble. me proposa-t-il sur un ton de défi.

- Euh . . . Si tu veux.

Nous nous allongeâmes dans le lit et il me prit dans ses bras en me demandant :

- Je peux dormir comme ça?

Je lui posai un baiser sur la joue qui le fit rougir de nouveau pour accepter sa demande. Puis nous nous endormîmes doucement dans la calme nuit noir.

Au lendemain, je me réveillai toujours tôt, trop tôt pour mes petits yeux plissés. Je me délivrai doucement des bras de David et me dirigeai vers la salle de bain où je me préparai pour la journée. À mon retour, David était déjà réveillé, il s'habillait. Il était à moitié nu et attachait la ceinture de son pantalon.

- Bonjour David.

- Salut. Déjà prête ?

- Oui, je vais à présent prendre mon petit déjeuner.

- D'accord. Et aujourd'hui, ça ne t'embête pas de m'accompagner faire les boutiques. J'ai des choses à faire.

- Non, je viendrai.

- Cool. Merci.

- De rien.

Donc voilà comment avait commencé ma journée. Toute la matinée j'avais fait les magasins avec lui. Il s'était acheté un nouveau smoking, il m'avait offert une robe de soirée pour ce soir.  Une magnifique robe bustier avec quelques volants. Une paire de Louboutin assortis et une chaîne en or très discrète. Et par la même occasion, j'avais pu lui acheter en douce un cadeau d'anniversaire. J'avais juste trouvé un porte-clefs en forme d'étoile avec gravé dessus son prénom. Quelque chose de tout à fait banal. Mais c'était le plus discret que j'avais pu trouver. Et de toute la matinée, je n'avais pas trouvé l'occasion de lui fêter son anniversaire. De plus l'après-midi également je n'avais pas pu le lui fêter car il était trop occupé par les préparatifs de la réception.

Au soir, je mis ma longue robe de soirée, lui s'habilla en costume. Il m'évitait, il ne m'adressait pas un mot. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais jamais. Avais-je fait quelque chose de travers ? Voici les premiers invités qui arrivent avec une longue suite de d'autres invités. Je rejoignis David pour les accueillir, il posa sa main sur ma hanche, et je me contentai de sourire et saluer. Pendant la soirée, tout le temps David me présente en disant juste: « Voici ma fiancée, mademoiselle Heartcruz ». Connaissait-il au moins mon prénom ? Cette soirée était d'un ennuie à mourir. Une personne me bouscula malencontreusement. L'individu s'excusa et ce fut à ce moment-là que je reconnu Tristan. Il me salua poliment et fit de même avec David tout en lui fêtant son anniversaire. David était resté polie malgré l'hostilité qui sortait de lui comme une aura sombre.

Vers le milieu de la soirée, je m'éloignai de David en lui expliquant que j'allais remplir mon verre à présent vide. Sur mon chemin, je recroisai Tristan qui m'emmena de force dans le couloir des chambres.

- Tu a l'air de bien t'entendre avec ton fiancé.

- Et alors ?

- En vrai tu ne l'aimes pas. N'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- Eh bien moi je t'aime ! Et te voir te forcer à sourire m'est insupportable ! Ce mec n'en vaut pas la peine que tu sois avec lui ! Cet idiot vole tout ce qu'il touche ! Il s'est fiancé à toi tout en sachant que tu m'étais destinée.

Je ne savais pas s'il me disait la vérité ou non. Peut être que mes idées ont du mal à se mettre en ordre à cause du champagne. Il me semblait pourtant que je tenais l'alcool.

- Je ne mens pas.

Il me caressa doucement les cheveux et m'embrassa passionnément. Je n'eu même pas le temps de riposter que j'étais déjà plongée dans ce baiser langoureux. Je ne savais pas ce que je ressentais pour Tristan. Je pensais l'aimer. Il était plus doux, plus sincère, plus affectueux, plus gentil et plus poli que David. Mais je ne savais vraiment pas ce que je ressentais exactement pour lui.

Tristan me porta jusque dans ma chambre, et me déposa sur le lit. Je répondais à ses baisers avec d'autres tendres baisers. Je commençais à déboutonner sa chemise, faisant ressortir ses muscles. Il était plus musclé que David. Sa respiration haletante contre mes lèvres me faisait étrangement réagir. Il enleva doucement ma robe, me contemplant sous toutes mes formes. Je lui ai tout accepté. Dans ma confusion, je ne savais plus ce que je faisais. En une simple, mais belle soirée, j'ai perdu ma virginité.

Je me sentais bizarre. Je ne savais plus où mettre de ma tête. Devais-je aimer Tristan, ou devais-je me rapprocher de David qui était si impassible ? Mince ! Alors qu'aujourd'hui je devais me rapprocher de David, j'ai oublié de lui fêter son anniversaire et de lui offrir son cadeau. Je suis une femme horrible qui ne mérite pas d'être aimée.

Au petit matin, je me réveillai la tête sur le bras de Tristan qui attendait mon réveil. Il m'embrassa plusieurs fois, caressa doucement mon corps. Quand soudain la porte s'ouvrit et David entra. Il nous regarda surpris, choqué, médusé. Il aperçu nos vêtements à terre éparpillés çà et là. Je sentais qu'au fond de lui, il ne savait plus quoi faire. Il était littéralement figé sur place à nous regarder.

- Que lui as-tu fait Tristan ? demanda lentement David à Tristan.

- C'est simple à comprendre. J'ai couché avec Sarah. Je lui ai longuement et passionnément fait l'amour. répondit naturellement Tristan.

Je ne savais plus où me mettre. David s'approcha rapidement de Tristan et le frappa au visage puis dans le ventre sans que je m'y attende en s'exclamant:

- VIRE DE CETTE MAISON !

Et par la suite David m'emmena de force dans la salle de bain alors que je ne m'étais pas encore revêtu. Il me m'encercla contre les lavabos de marbre et ne dit plus rien. Il fait froid, pourtant j'ai chaud. Que faire ? Il semblait désespéré, je ne l'avais jamais comme ça avant. De plus j'étais dans une situation assez embarrassante.

- Dis-moi . . .

- Quoi ? eu-je demandé car je n'avais pas très bien entendu ses paroles basses.

- Dis-moi ce que je dois faire dans une situation pareil. Ma fiancée a couché avec cet homme horrible !

Il pleura. C'était vraiment la première fois que je le voyais pleurer, que je le voyais aussi déstabilisé. Il semblait si triste, si innocent. Mais surtout, si inoffensif et enfantin. Il était adorable et attendrissant. Je me sentais un peu coupable de le voir aussi vulnérable. Il n'a jamais été comme ça depuis que je le connais. Toujours à garder son sang-froid. Il semblait si différent du David que j'avais l'habitude de fréquenter.

Je le serrai dans mes bras touchée par sa tristesse incompréhensible.

- "Horrible" ? Pourquoi est-il "horrible" ?

Il me serre encore plus fort dans ses bras. Je sens couler ses larmes sur mon épaule droite.

- Il m'a tout volé, il m'a pris tout ce que j'aimais, en commençant par ma grande sœur.

- Tu as une grande sœur ?

- J'avais . . . Il a couché avec elle, puis l'a forcé à l'épouser, après elle ne pouvait plus tenir de me voir triste à cause d'elle et lui, donc elle s'est suicidée. On l'a trouvé pendu dans sa chambre. Il n'a pas pleuré sa mort, cet homme sans cœur. Tout ce qu'il entreprend c'est pour satisfaire ses désirs. Il t'a sûrement dit qu'il t'aimait, mais c'est faux, il se sert complètement de toi pour me perturber.

- Je suis désolée. Mais ne pleure plus. Je suis là maintenant. Tu n'es plus tout seul à souffrir dans ton coin. Tu peux te reposer sur moi.

Je pense que c'est à partir de ce moment-là que je suis tombé amoureuse de David.

Ensuite, il m'avait pardonné et s'était expliqué avec Tristan. D'après David, c'était la première fois que Tristan s'excusait devant quelqu'un. Ils avaient parlé ensemble toute la journée et David m'était revenu le cœur léger. Je le sentais en quelque sorte... apaisé.

Une semaine s'était déroulée depuis cet accident. J'étais à présent heureuse de vivre avec David et de l'aimer, même si je ne le montrais pas. Il croyait encore que je le haïssais. Et en plus, avec ces rôles de faux amoureux, je pouvais exprimer mes vrais sentiments sans qu'il ne s'en rendu compte. Depuis son anniversaire, il s'ouvrait plus à moi et était plus doux. Il montrait qu'il était capable d'aimer, même si ce n'était qu'un rôle entre nous. Mais de temps en temps, il m'appelait toujours "Idiote". Malheureusement, il ne m'avait jamais appelé par mon prénom. Peut-être l'avait-il oublié.

Ce jour là était la Saint Valentin, et j'avais décidé de lui offrir son cadeau d'anniversaire que je n'avais pas pu lui donner comme cadeau de Saint valentin. Ce matin, il m'avait déjà offert un cadeau, une magnifique paire de boucle d'oreille en cristal rouge en forme de cœur. C'était si mignon de sa part.

Il était dix-huit heures, je le rejoignis dans sa chambre. Il était à son bureau, à travailler sérieusement. C'était sans doute un devoir de l'université ou un dossier pour le travail de son père. Je m'assis sur son grand lit, le cadeau dans ma poche de pantalon. Il se retourna vers moi après avoir rangé ses affaires dans un sac.

- Oui ? Que viens-tu faire ici ? me demanda-t-il curieux.

- J'aimerai te donner ça.

Je fouillai dans ma poche et lui offris le cadeau qui lui était destiné en disant:

- Bonne Saint Valentin.

Il me sourit et ouvrit le cadeau après m'avoir également remercié. En apercevant le cadeau offert, il me serra dans ses bras et me remercia de nouveau. Puis il me regarda longuement avec ses beaux yeux noisette et me posa un gentil baiser sur mes lèvres. Comme si une douce plume s'était posée puis était repartie aussitôt. Mais il y avait une chose que je ne supportais plus. C'était d'éprouver autant de joie dans ces gestes qu'il me donnait alors que tout cet amour ne m'était pas dédié.

- Qui est cette fille ? demandai-je sombrement.

- Quoi ? Mais de qui parles-tu ?

- De cette fille que tu aimes. Et que de ce fait tu fais semblant de sortir avec moi pour savoir comment te comporter avec elle.

- Je ne peux pas te le dire.

- DIS-MOI ! JE DOIS SAVOIR !

Je me rendis compte que j'étais vraiment minable, d'être amoureuse alors que ce n'était pas réciproque. Je retournai dans ma chambre et m'apitoyai sur mon sort. J'aurai tant aimé que David ressente les mêmes sentiments que moi. J'aurai tant aimé que cette fille qui est entre lui et moi disparaisse. J'aurai tant aimé que la vie soit humble avec moi. Est-ce ma punition de ne pas avoir son amour car j'avais couché avec un autre que lui ?

Au lendemain, je cherchai David dans toute la maison pour m'excuser pour mon attitude déplacée de la veille. Mais je ne le trouvai nulle part. Il était peut être partit en ville se balader. Je l'appelai sur son téléphone portable; c'était la messagerie. Je demandai au personnel de la maison s'ils savaient où se trouvait David. Ils ne savaient pas. J'appelai par téléphone Kévin pour lui demander s'il savait quelque chose à ce sujet. Il me répondit froidement : « Il est à l'hôpital saint Théodore ».

À L'hôpital ? Pourquoi ?

Je couru là-bas inquiète. Peut-être qu'il était partit rendre visite à son ami qui avait un cancer du cœur. Mais j'étais tout de même inquiète. Je demandai à la réception s'il est venu. La personne derrière le comptoir me répondit : « Monsieur Closte est dans la chambre 38 au deuxième étage. ». Je remercie cette personne et filai à l'ascenseur. J'avançai d'un pas rapide dans le couloir jusqu'à la chambre n°38. J'entrai dans la chambre et je le vis dans un lit d'hôpital avec juste une perfusion à glucose et une pince à l'index. Il me regarda puis évita mon regard. Je m'approchai de lui et m'assis sur une chaise qui était à côté du lit. Le porte-clefs que je lui avais offert la veille était posé sur la table juste à côté.

- Que fais-tu ici ? C'est grave ce que tu as ? Tu vas bientôt sortir de l'hôpital ? questionnai-je.

- Qui t'as dit que j'étais ici?

- Kévin.

- Celui-là. Je le retiens. Siffla-t-il en fronçant les sourcils.

- Alors ? Réponds à mes questions !

- . . .

- David. Je suis désolé pour mon attitude d'hier.

- Tu es pardonnée.

Sa voix rauque signifiait qu'il se foutait de l'accident de la veille.

- Mais tu sais, savoir que tu en aimes une autre, ça m'est insupportable. Je t'aime ! me confessai-je.

- Ah bon ?! Depuis quand ?! demanda-t-il surpris.

- Ton anniversaire.

- Ah . . .

- Je suis désolée de ne pas avoir été à la hauteur de la fille parfaite que tout le monde attend de moi. Mais maintenant je vais changer ! C'est fini la fille capricieuse qui se plaint tout le temps pour un oui ou un non ! Rentrons à la maison ! Même si tu ne m'aimes pas, je cèderai à tout tes caprices, je serai toujours à tes côtés, je ferai ce que tu veux, alors rentrons ensemble à la maison ! m'exprimai-je impulsivement en donnant tout mon amour.

- Je ne peux pas. répondit-il tristement.

- Pourquoi? demandai-je en larme.

- Tu sais, cet ami dont je t'avais dit qui avait un cancer du cœur et qui n'en avait plus pour très longtemps... C'est moi. Et dans quelques heures, même des minutes, je ne serai plus de ce monde. C'est une fatalité à laquelle je ne peux échapper. Je ne reverrai plus la lumière du jour. Mais tu sais. J'ai été très heureux de vivre depuis que je t'ai rencontré. J'ai connu mon espérance de vie à 14 ans, et c'est alors que j'ai arrêté d'être heureux. Mais depuis que je t'ai rencontré, je suis content de vivre, et chaque instant de ma vie que j'ai découvert les uns après les autres, je les ai chéris. Je suis heureux que ma vie ne soit pas un cœur vide. Je suis vraiment désolé de t'avoir infligé tant de tristesse, tant de colère. Mais ne t'inquiète pas, tout cela va disparaître en même temps que moi. Tout ce que je t'ai fait subir, tu ne le ressentiras plus de ma part. Je suis encore très heureux d'être tombé amoureux de toi du début à la fin. Ton magnifique sourire a illuminé ma vie. C'est pour cela que je ne veux plus voir de larme couler sur ton beau visage, alors laisse-moi ne plus exister. Être tombé amoureux de toi est la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma pitoyable vie. Même si pour pouvoir te toucher de mes propres mains j'ai dû te mentir. Excuse-moi. Avoir connu ta gentillesse, ta sincérité, ta paresse, ta crainte, ta mélancolie, ta nostalgie, ta compassion, ta générosité, mais surtout ta naïveté, ton idiotie adorable, ça a été merveilleux pour moi. Tu as été et tu seras pour toujours jusqu'à ce que j'en perde le souffle, le sens de ma vie. Adieu . . . Je . . . T'aime . . . Sarah . . .

Il me sourit, ferme les yeux et ne dis plus rien.

- Eh, David . . . Tu dors hein ? Réveille-toi. S'il te plaît.

Il ne répondait pas. Je pris sa main dans les miennes mouillées par mes larmes qui coulent de nouveau. Je savais au fond de moi qu'il m'avait quitté, mais je ne voulais pas croire cette réalité.

- DAVID ! NE ME LAISSE PAS ! JE T'AIME, JE T'AIME, JE T'AIME ! JE T'EN SUPPLIE, NE ME QUITTE PAS ! J'AI BESOIN DE TOI ! JE VEUX FONDER UNE FAMILLE AVEC TOI ! RESTE AVEC MOI ! TU ES LA SEULE PERSONNE AVEC QUI JE VEUX ÊTRE !

Je m'allongeai sur son corps et pleurais sans savoir quoi faire.

Les docteurs et infirmiers l'emmenèrent dans une salle où je n'avais pas accès. Au retour du docteur que j'avais vu l'autre fois chez David, docteur Renold, il me dit avec une triste expression : « Monsieur CLOSTE nous a quitté. »

Cette phrase confirma ce que je ne voulais pas voir, ni entendre. J'étais perdue.

David. Plus jamais je ne pourrais revoir ton sourire. Plus jamais je ne pourrai ressentir tes douces et grandes mains. Plus jamais je ne pourrai sentir ton odeur de mandarine. Plus jamais je n'entendrai ta voix. Pourquoi étais-tu parti sans moi ? Pourquoi m'as-tu laissé derrière toi ? Je ne veux pas être seule.

Je tombai à terre et pleurais, pleurais et pleurais encore. Je pleurais son départ. Je pleurais le fait que tout ai disparu. Je pleurais sans m'arrêter. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Nous aurions pu vivre heureux tous les deux si il n'avait pas eu ce cancer.

Ensuite Kévin a été contacté et m'a amené dans son appartement. Il m'a gentiment hébergé chez lui. J'ai assisté au lendemain au deuil de David. Je ne pouvais toujours pas empêcher mes larmes de rouler sur mes joues. Kévin a été mon soutient lors de cet évènement. Au soir je n'arrivais pas à dormir. Le sommeil ne venait pas, mais en revanche, la tristesse me pesait lourd sur le cœur. Pendant cette semaine, je n'avais fait que pleurer et rester dans la chambre qu'il m'avait prêtée. Je n'avais mangé que très peu. Quand était-ce la dernière fois que j'avais pris un repas si consistant ? J'avais sans doute maigris. Combien de kilos avais-je perdue ? Étais-je squelettique ? Mes parents voulaient me recontacter, mais je ne le souhaitais pas. Je trouvais ça odieux de vouloir me reprendre alors qu'ils m'ont vendu pour une grande somme d'argent en ne pensant pas aux sentiments que leur fille a eu. J'avais tout perdu, ma famille, mon bonheur, David. Seul Kévin restait près de moi.

Aujourd'hui encore, trois semaines après son deuil, je me souviens des paroles de David avant sa mort. C'était la première et dernière fois qu'il avait dit mon prénom. Je me rappel toujours de ce dernier sourire paisible qu'il m'a laissé avant de fermer les yeux et partir loin de moi.

Tout le monde le savait pour son cancer. Sauf moi, car d'après Kévin, mon confident, il ne voulait pas m'inquiéter inutilement.

Kévin vient me voir en plein après-midi.

- Sarah, il faut que tu prennes l'air.

Je suis assise sur mon lit, adossée au mur, le visage tourné vers l'extérieur. Qu'espérais-je y voir ? Je ne sais pas, mais j'espérais.

- "Sarah", la première fois qu'il m'a appelée par mon prénom, c'était avant qu'il ne nous quitte.

- Sarah. David m'avait confié une lettre que je devais te donner quand il ne serait plus là et que tu seras au plus grand désespoir. Je pense que c'est le moment.

Il est sorti puis est revenue avec une enveloppe blanche, il me la tend avec un air sérieux. Je la prends et lis :

"À l'intention de ma fiancé Sarah Heartcruz

Ma chère Sarah, je t'écris ce dernier message en sentant ma fin doucement s'approcher, aujourd'hui je viens de recevoir ton cadeau pour la Saint Valentin. Cela m'a vraiment fait plaisir. Tous ces bons moments passés avec toi étaient merveilleux, car depuis bien avant nos fiançailles, je t'aimais déjà, tu as attiré mon regard pendant cette fête où tu as été invité avec tes parents il y a un an. Je ne sais pas si tu seras triste de mon départ car je n'ai jamais vraiment pu cerner tes vrais sentiments pour savoir s'ils étaient réels ou non. Pour moi, tu as été mon rayon du soleil qui me réveil chaque matin, tu as été le sens de ma vie. J'ai été lâche de cacher mes sentiments par la méchanceté. Mais tout ce que je voulais, c'était être à tes côtés et t'aimer pour l'éternité. J'espère avoir réussi à te rendre amoureuse de moi, mais je ne pense pas, car tu as toujours été si dur avec moi.

Sarah, tu aimes la vie, et je suis mort. Mais ce n'est pas pour autant que tu dois m'oublier, ou bien m'abandonner, dans le cas où tu ne m'aime pas. Mais si tu venais à m'aimer en retour, je ne te demande qu'une chose. Ne reste pas enfermée dans une chambre seule et à déprimer. Ma dernière volonté t'est adressée. J'espère que tu la respecteras :

Vis non seulement pour toi, mais aussi pour moi qui n'ai eu qu'une vie éphémère.

Voilà. Adieu, je t'aime Sarah.

David ton fiancé."

 

Je suis émue par cette lettre venant de celui que j'aime. Une larme perla dans un coin de mon œil pour se renversée sur mes joues en un battement de cils.

- Alors Sarah ? Que vas-tu faire maintenant ?

Je me suis retourné vers Kévin et j'ai souri. Ma voix trembla lorsque je pris ma décision.

- Je vais vivre. Pour "lui" ; pour moi.

Je suis sortie de ma chambre, ai changé mes vêtements, puis j'ai regardé ce ciel bleu par la fenêtre qui m'attend à l'extérieur de cet immeuble. Je descends les plusieurs étages de l'appartement avec Kévin et j'arrive devant la porte. Il m'ouvre la porte avec le sourire.

Adieu. Je t'aime David.

J'avance et redécouvre le monde.

Dans ce monde,

nous cherchons ce bonheur

qui est en grande partie

le sens de notre vie,

et parfois, lorsqu'on le trouve,

il disparaît du jour au lendemain.

Mais il ne faut pas abandonner.

Cherchons de nouveau le bonheur et...

...Avançons en prenant

un nouveau départ.

Vivons pour nous et pour les autres.


©Copyright 2014, Gadjiml

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Ps: si vous voulez en savoir plus sur l'histoire d'un bourgeois et une roturière, les personnages (apparences, pensées, raison sur leurs agissements), vous pouvez lire "les mondes crées pas Gadjiml". Ou même pour juste le plaisir de lire, mes histoires (si vous le voulez évidement). Bisous bisous les calinous !!!






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