Le droit de s'aimer
18 mai 2013
Éric courait. Il n'en pouvait plus de courir tout en souriant comme un fou, et il était parfaitement à bout de souffle, mais il fallait qu'il voit Louis. Il devait le voir pour crier de joie avec lui, pour appeler son fils à Paris et crier de nouveau de joie avec le jeune roux. Ils avaient enfin le droit de se marier. Le droit de s'aimer comme les autres. Et ça le rendait euphorique. Il poussa les portes du cabinet d'avocat et salua Cynthia, la nouvelle secrétaire de son fiancé, et il fonça dans le bureau de ce dernier sans même lui demander s'il était occupé. Qui que ce soit, il passait après de toute manière.
Heureusement, Louis n'était pas en rendez-vous et il sursauta en entendant sa porte claquer violemment. Il redressa la tête des papiers qu'ils consultaient et découvrit un asiatique au souffle erratique dans l'embrasure de la porte, un immense sourire sur les lèvres.
- Tu as entendu, demanda-t-il.
- Entendu, quoi, chéri ? Et je peux savoir d'où tu viens pour être essoufflé comme ça ?
- De l'hôpital ! I-Il fallait que je te vois !
- D'accord, d'accord, mais reprends d'abord ton souffle je t'en prie...
Éric se laissa tomber sur une des chaises en face du bureau alors que le roux faisait le tour de ce dernier pour s'asseoir en face de lui sur l'autre fauteuil. Il attendit quelques minutes que le chirurgien arrive à reprendre sa respiration et puisse s'exprimer comme il faut pour lui demander ce qui lui arrivait.
- Je passais devant la salle d'attente du service et je me suis arrêté pour regarder un peu les infos et... Louis... On peut se marier ! La loi a été promulguée hier !
- Je sais, mon ange, je l'ai entendu aussi, ricana l'avocat avant de l'embrasser, je comptais t'inviter au restaurant pour fêter ça ce soir mais...
- Je viens de gâcher ta surprise ?
- Je ne dirais pas ça, je dis juste que tu as été plus rapide que moi.
Le chirurgien rigola. C'est vrai qu'il avait été tellement pressé d'annoncer la nouvelle à son futur mari qu'il avait accouru sans réfléchir. Mais il savait que Louis ne lui en voudrait pas pour ça. Qui pourrait lui en vouloir de toute manière ? Il attendait ce moment depuis si longtemps qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être heureux.
Une fois leur hilarité passée, les deux hommes décidèrent d'appeler Aaron. D'après Christian, ce dernier n'était pas en cours à cette heure, il leur répondrait donc forcément. Quelques minutes plus tard, le jeune adulte répondait en allumant sa caméra. Il semblait en forme et il salua chaleureusement ses pères, un peu surpris de les voir à cette heure.
- Vous allez bien ? Vous avez des sourires hyper niais collés au visage, ça fait peur.
- On va se marier, s'exclama Éric, incapable de retenir l'information plus longtemps.
- La loi sur le mariage pour tous a été promulguée, expliqua son père en souriant.
- Sérieux ?! C'est génial ! Désolé, j'étais plongé dans mes bagages j'ai pas entendu la nouvelle ! J'ai hâte de vous retrouver pour fêter ça !
- Tu rentres quand, Ronnie ?
- Chris' et Jean me déposent à la gare en fin d'après-midi, alors je devrais rentrer dans la soirée. On fêtera ça au dîner, Appa !
- Tu ne veux pas que je vienne te chercher, demanda Louis, inquiet de laisser son fils seul depuis ce qui lui était arrivé avec son ex.
- T'inquiètes pas, la maison n'est pas loin de la gare, j'ai juste à prendre le tram pour quelques arrêts...
- D'accord. Mais tu appelles si tu as besoin.
- Oui, papa, promis, je vous laisse je dois finir mon rangement. À ce soir !
- À ce soir, petit prince !
Les deux hommes se regardèrent en souriant. Leurs lèvres restaient étirées en permanence et ils étaient incapables de se quitter des yeux. Se marier. Ils allaient se marier. Ils n'en revenaient toujours pas, ça faisait dix ans qu'ils attendaient ça. Louis embrassa son fiancé et posa son front contre le sien en chuchotant :
- Si mon fils rentre dans la soirée, il vaut mieux pour nous de rentrer fêter ça maintenant, non ?
- Tu n'as pas de rendez-vous ?
- Non, mon amour, et toi, tu as fini ton service ?
- Oui, sinon je n'aurais pas accouru comme ça, pouffa le médecin, pas sûr que mes parents soient d'accord.
Le roux pouffa avec lui. Ils se levèrent, main dans la main, et sortirent du bureau. Louis annonça à sa secrétaire qu'elle avait le droit de prendre son après-midi. Enfin, les deux quadragénaires purent rentrer chez eux.
En poussant la porte de la maison, Louis ne pouvait plus se retenir. Il avait tellement envie de son amant là, tout de suite, qu'il le plaqua contre le mur de l'entrée en fermant avec son pied. Il l'embrassa passionnément tout en commençant à le déshabiller. Il sentit que l'asiatique passait les mains dans ses mèches rousses en répondant à son baiser avec la même ardeur.
- Fais-moi l'amour, Éric.
- Seulement si tu me portes jusque dans la chambre, Louis.
L'avocat rigola mais ne se fit pas prier plus longtemps. Il le prit dans ses bras et le porta dans leur chambre à l'étage. Là, il l'allongea sur le lit et recommença à dévorer ses lèvres plus sensuellement. Son amant en profita pour le déshabiller à son tour avant de les faire tourner dans le lit. Louis rigola légèrement quand il se retrouva sous lui et Éric l'embrassa de plus belle.
Leur après-midi de fête ne faisait que commencer...
~~~
Louis émergea du sommeil en entendant la porte de la maison s'ouvrir et se fermer. Il se redressa pour regarder son réveil, qui affichait dix-neuf heures quarante-trois. Il bâilla et observa Éric, paisiblement endormi à ses côtés. Mieux valait ne pas le réveiller tout de suite, ils avaient fait un peu trop de folie pour leur âge en une après-midi. Il pouffa en rougissant légèrement tout en repensant au fait qu'ils avaient au moins fait quatre fois l'amour en tout. Mais ça avait été agréable, de profiter comme ça tous les deux.
Il secoua la tête pour remettre de l'ordre dans ses pensées avant de se lever. Il enfila un peignoir qui traînait par là, vestige de la douche coquine qu'ils avaient pris avant de s'endormir comme des masses, et sortit discrètement de la pièce. Il gagna le rez-de-chaussé et découvrit son fils dans l'entrée, en train de se débarrasser de ses chaussures et de sa veste en jean.
- Salut, Papa, ça va ?
- À ton avis, Ronnie ? Je vais super bien, rigola-t-il, je vais me marier !
- J'avais compris...
Malgré le sourire qu'affichait le jeune homme, Louis savait qu'il ne partageait pas la même joie que lui. Parfois, il s'en voulait terriblement de lui avoir trop mis la pression. C'était en partie de sa faute s'il avait commencé la drogue et était allé trouver refuge dans les bras de Simon. Alors quelque part, il comprenait que son fils lui en veuille. Il se sentait aussi ignoble de l'avoir forcé à quitter le nid familial alors qu'il avait à peine seize ans pour aller se soigner avec l'aide de Christian à Paris. Mais en même temps... Son fils semblait aller un peu mieux depuis qu'il avait réussi à parfaitement se sevrer et avait découvert certaines choses dont ils ne préféraient pas parler. C'était un accord tacite entre eux. Tant qu'il ne touchait plus à la drogue et continuait la boxe pour gérer la colère, il faisait ce qu'il voulait dans le club des cousins. De toute façon, il était majeur désormais, il ne pouvait pas lui imposer un mode de vie...
- Appa n'est pas là ?
Louis sortit de ses pensées en entendant son fils. Aaron avait un sourcil haussé, ses jolis yeux dorés fixés dans les siens.
- Si mais il dort encore...
- Oh ok... Je vais déposer mes affaires dans ma chambre alors. Tu m'appelles pour manger ?
- Je... Oui, vas-y, mon grand.
- Cool...
Et il disparut avant que la discussion ne devienne plus gênante. Louis soupira longuement, son euphorie retombée et alla prendre le cadre de Sarah dans sa robe de mariée, avec son léger ventre rond et son magnifique sourire.
- Qu'est-ce que j'ai loupé pour qu'on s'éloigne comme ça ?
- On a rien loupé, Louis... On a fait au mieux...
- Éric !
- Je vous ai entendu discuter, ça m'a réveillé, il s'approcha et posa la tête sur l'épaule de son fiancé, ce qui s'est passé n'est de la faute à personne.
- Je lui ai quand même beaucoup trop mis la pression et ensuite je l'ai éloigné...
- Tu as fait ce que tu pensais bon pour ton fils... Laissez-vous le temps de vous pardonner les choses...
- Tu as sûrement raison....
- Tu verras, dans quelques années il trouvera une personne formidable qui lui fera découvrir l'amour et toutes les belles choses du monde, et il reviendra vers toi...
Louis soupira de nouveau en posant la photo sur le meuble. Il espérait que Éric avait raison. Parce qu'il souhaitait de tout son cœur que son fils soit heureux. Mais pour le moment, il devait aller préparer un repas de fête. Et aussi prévoir son mariage...
Un sourire réapparut sur ses lèvres. Oui, il avait un mariage à préparer. Il prit la main de Éric. Il était prêt depuis si longtemps à se marier avec lui, à lui dire oui. En fait, il lui avait déjà dit oui il y a longtemps. Il lui avait dit oui voilà treize ans...
- Je t'aime...
- Moi aussi, Louis.
- Mais moi plus...
- C'est pas possible, je t'aime depuis plus longtemps !
Louis rigola et embrassa la joue de son ami et amant, de son futur mari, de son sauveur.
- Merci d'être là. Merci...
- Je serais toujours là pour toi, idiot...
- Merci quand même...
HEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEYYYYYYYYYYYYYYYY !
Ouh, ça faisait longtemps que je n'avais pas mis un petit mot là... ahaha j'avais peut être peur de me faire assassiner pour mon irrégularité x)
Mais bon, voici le dernier chapitre avant l'épilogue de cette histoire alors je voulais vous remercier d'avoir été fidèle jusqu'au bout de cette dernière même si elle n'est pas (à mon sens) aussi bien que les autres. Je suis peut-être un peu trop sortie de ma zone de confort avec cette histoire et cette fabuleuse année 2020 *s'étouffe* m'a pas rendue la tâche facile pour l'écrire. Bref, je parle pour ne rien dire...
Bonne fêtes de fin d'années à tous.tes !
Je vous aime !!
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