Épilogue

24 décembre 2018

Assis sur le canapé, Louis et Éric regardaient Aaron et son petit-ami, qui découvraient leur cadeau de Noël avec entrain. Les deux jeunes hommes, assis sur le tapis au pied du sapin, souriaient comme des enfants à la lecture de la lettre. Puis il croisa les yeux noisettes de Hugo, qui semblait au bord des larmes tellement le cadeau semblait le toucher. Il lui sourit. L'homme qui lui avait ramené son fils méritait mille fois mieux qu'un simple voyage à la montagne, mais c'était tout ce qu'il avait trouvé avec son mari. En tout cas, vu sa tête, cela semblait lui plaire... La voix de Éric le sortit de ses pensées quand il apostropha son fils.

- Aaron ! Donne-nous notre cadeau maintenant !

- Éric, soupira-t-il d'un air excédé mais le léger sourire sur ses lèvres trahissait sa bonne humeur et toute la tendresse qu'il éprouvait pour l'asiatique à ses côtés.

- Quoi, "Éric" ? Il sait très bien que c'est ce que je préfère à Noël, ce chenapan ! Allez, Ronnie !

Le jeune roux explosa de rire et posa la lettre sur la table basse. C'est vrai, il savait parfaitement que ce que le chirurgien aimait, c'était les cadeaux. C'est d'ailleurs pour cela qu'il en faisait tout le temps à son père ! Il attrapa un grand paquet au pied du sapin et le tendit à ses parents en annonçant :

- C'est de notre part à tous les deux, Appa.

- Oh ! Merci, les garçons, vous êtes adorables !

Louis leva les yeux au ciel alors que son mari prenait le cadeau des mains de son fils. Ce dernier profita d'ailleurs d'avoir les mains libres pour aller mêler ses doigts à ceux de son petit-ami qui trépignait d'impatience à l'idée que ses beaux-parents découvrent leur cadeau, puisque c'est lui qui en avait eu l'idée. Et il en était très très fier !

Éric se fit une joie de déchirer le papier, grand enfant qu'il était, et une exclamation lui échappa quand il découvrit le cadre photo qu'il renfermait. Le cliché représentait le petit couple en train de s'embrasser, une rose blanche autour de laquelle était noué un foulard blanc et or entre leurs bouches. Ce foulard que Aaron avait depuis si longtemps et qui avait perdu l'odeur de celle à qui il avait un jour appartenu. Ce foulard que Louis lui avait donné le jour de l'enterrement de sa mère pour le consoler. C'était un cadeau magnifique, et un très bel hommage à ce qui les liait tous les trois, Sarah, Louis et lui. Il tendit le cadre à son mari avec un sourire. Il vit des larmes briller au coin de ses yeux et sentit son corps se tendre contre le sien. Comme s'il avait besoin de dire quelque chose, mais qu'il ne pouvait pas. Il se tourna vers lui avec un regard suppliant et il comprit sans les mots. Il fallait le laisser seul avec son fils. Il hocha très légèrement la tête et se leva.

- Hugo, si on allait chercher le dessert avant les derniers cadeaux ?

Il lui fit comprendre d'un regard de ne pas protester et de le suivre dans la cuisine, ce que ce dernier s'empressa de faire. Une fois qu'ils furent seuls de leur côté, le décoloré lui jeta un regard interrogateur et chuchota :

- Qu'est-ce qui se passe ? C'est le cadeau ?

- Oh, il est magnifique votre cadeau, ce n'est pas ça le problème. Ils ont juste besoin d'un petit moment tous les deux... Tu sais, après ce qui lui est arrivé, Aaron s'est beaucoup éloigné de nous parce qu'il se sentait coupable. Mais comme la communication n'est pas le fort de ses deux têtes de mule, Louis ne lui a pas dit que lui aussi se sentait responsable... Il s'en est voulu tellement longtemps...

- Oh je... Je ne savais pas...

- Puis tu es arrivé... et notre petit prince a recommencé à vivre. Tu as rallumé tout ce qui avait été éteint. Et par la même, tu as chassé tous ses non-dits... Alors je te remercie. Du fond du cœur.

Hugo rougit. Il sembla chercher ses mots de longues minutes avant de souffler :

- Vous n'avez pas à me remercier. J'ai trouvé une nouvelle famille... si j'ai pu aider j'en suis heureux...

- Ah, tu es adorable. Je comprends mieux que mon petit Ronnie soit tombé amoureux de toi.

Il pouffa en voyant que l'étudiant rougissait de plus belle. Il savait qu'il était facilement gêné et il s'amusait peut-être parfois un peu de ses réactions. Mais c'était toujours gentil, et pour se faire pardonner il l'enlaça.

~~~

En voyant son mari quitter la pièce avec Hugo, Louis, ne put s'empêcher de sourire à nouveau. Son mari le connaissait trop bien. Un peu trop parfois. Il observa une dernière fois la photo avant de passer la main dans les cheveux de son fils qui venait de s'installer près de lui.

- Elle est magnifique, Aaron.

- Tu... Tu trouves vraiment... ?

- Oui, il hésita un peu avant d'ajouter, elle aurait adoré aussi.

- Elle me manque, parfois, Papa.

- Je sais, à moi aussi. Mais je reste persuadé qu'elle n'est jamais bien loin. Elle serait fière de toi et de l'homme que tu es devenu. En tout cas, moi, je le suis. Et je t'aime, mon grand.

Ces mots avaient été si rarement prononcés ces dernières années qu'ils arrachèrent une larme à Aaron. Il laissa tomber sa tête sur son épaule. Le quadragénaire lui accorda encore quelques caresses dans les cheveux et un léger baiser sur la tempe comme il avait l'habitude de le faire quand il était jeune.

- Papa. Je me disais... Tu penses que le voyage serait une bonne occasion pour... hum..

- Pour, questionna Louis même s'il savait de quoi il souhaitait parler.

- Lui... donner une bague...

- Je dirais même que c'est le cadre parfait, Ronnie. Et il acceptera, j'en suis sûr.

Ses mots semblèrent rassurer son fils, qui resta contre lui. Il ne fit rien pour briser l'étreinte. Ce moment, ça faisait tellement longtemps qu'il en rêvait... Il était fier d'avoir enfin réussi à chasser sa culpabilité et que son fils en ait fait de même. Ils retrouvaient peu à peu la complicité qu'ils avaient quand Aaron était plus jeune et il en était heureux. Comme quoi, Éric avait raison. Un jour la bonne personne avait frappé à la porte du jeune roux et avait réussi à poser des pansements partout où il y en avait eu besoin...

~~~

Alors qu'il se déshabillait tranquillement, Louis sentit un léger baiser sur son épaule. Il tourna la tête pour avoir Éric juste derrière lui. Ce dernier commença d'ailleurs de douces caresses sur son omoplate, descendant doucement vers ses fesses.

- Chez Aaron ? Vraiment ?

- Il ne se gêne pas pour le faire à la maison, hein, alors je ne vois pas pourquoi je ferais le contraire !

L'avocat pouffa. C'était en effet un très bon argument. L'érection pressée contre son cul en était aussi un autre, de très bon argument. Il attrapa la main qui se baladait sur sa hanche et entraîna son compagnon sur le lit. Éric le laissa faire en rigolant, ses jolis yeux noirs brillants de désir. Louis le fit s'allonger sur le dos et caressa son torse en se mordant la lèvre. Il aimait tellement cette peau mate si douce... Il alla taquiner les deux bouts de chair avec ses dents pendant que des doigts se glissaient sensuellement le long de son dos jusqu'à ses fesses. Il ne put retenir un couinement de plaisir quand il sentit que l'asiatique commençait à le préparer. Le roux décida de frotter leurs érections l'une contre l'autre au rythme des doigts de son mari en lui. Leurs gémissements et soupirs de plaisir se mêlèrent, donnant une magnifique symphonie qu'ils espéraient discrète. Ils ne voulaient pas risquer d'attirer l'attention de Aaron et de Hugo qui dormaient dans la pièce voisine.

Quand il jugea que Louis était assez détendu, Éric retira ses doigts et attrapa ses fesses en le tirant vers son érection. Son aîné sourit et l'embrassa en se frottant contre lui, juste pour l'embêter. Il adorait quand il perdait ses moyens parce qu'il traînait trop. Ce qui fut d'ailleurs rapidement le cas ici puisque l'asiatique grogna en se redressant. Il rigola contre ses lèvres et s'appuya sur ses épaules pour répondre à la demande muette qui brillait au fond de ses yeux. Ces derniers lui criaient de se dépêcher et c'est ce qu'il fit. Le sexe de son mari disparut entre ses fesses alors qu'il poussait un léger grognement de douleur. Il ne pensait pas que ça faisait aussi longtemps qu'il avait été passif, alors il n'était plus aussi habitué. Mais la douleur reflua rapidement pour laisser place à toute autre chose. Le plaisir de sentir son amant logé contre sa prostate, alors que ses lèvres embrassaient sa clavicule et que ses dents se plantaient parfois dans sa peau.

Il commença à bouger. Ses hanches ondulèrent à un rythme doux, comme celui des vagues qui venaient s'échouer sur la plage. Puis, peu à peu, la tempête du désir le gagna. Il accéléra, gémit un peu plus fort, griffa le dos auquel il s'accrochait. C'était si bon... Si merveilleux...

- Louis, souffla une voix contre son oreille.

- Éric, répondit-il sur le même ton en plongeant ses yeux gris dans les siens.

Ils se sourirent. S'embrassèrent. Et jouirent ensemble, s'envolant loin, très loin du monde pour mieux se retrouver ensemble ailleurs.

~~~

Un immense sourire un peu niais aux lèvres, Éric humidifiait une serviette dans la salle de bain. Il espérait que le bruit qu'il avait fait avec son mari n'avait pas réveillé Aaron ou Hugo. Pas que ça les gênaient mais bon... la situation le lendemain au petit déjeuner risquerait d'être coquace. Il pouffa à cette idée et éteignit l'eau. Il sortit de la pièce et se stoppa net. Aaron était en face de lui, son petit ami dans les bras. Visiblement, eux aussi venaient de passer du bon temps. Il retint de justesse un éclat de rire devant la face totalement déconfite du jeune roux, qui semblait chercher à reprendre pied, et chuchota :

- Je propose qu'on ne parle jamais de ça, Ronnie.

- Euh... Ok ?

- Fantastique ! Bonne nuit !

Et il détala sans demander son reste, disparaissant dans la chambre d'amis. Quand il ferma la porte derrière lui, il explosa de rire. Louis le regarda en haussant un sourcil, assis nu dans le milieu du lit.

- Je peux savoir ce qui est drôle ?

- Je crois que ton fils vient de perdre son innocence et de découvrir que ses pères couchent ensemble.

- Ne me dis pas que...

- Je l'ai croisé à la sortie de la salle de bain, tu aurais vu sa tête ! Aaah, j'en peux plus !

L'asiatique s'approcha de lui sans cesser de rire et il le rejoignit. Même s'il n'avait pas vu la scène, il imaginait à peu près ce que s'était passé.

- Et je peux savoir ce qu'il faisait là ?

- Apparemment, tu n'es pas le seul à avoir besoin d'un coup de serviette, pouffa Éric en lui tendant le linge.

Louis le remercia en pouffant et s'essuya. Ensuite, il se leva pour aller fermer les volets, s'attardant quelques secondes pour regarder la nuit étoilée. Il se demandait si là-haut, une étoile les surveillait plus que les autres. Il sourit. Oui, il n'y avait aucun doute. Son fils et lui avaient une bonne étoile là-haut, qui poussait certaines personnes dans leurs vies pour qu'ils soient heureux.

- Merci, chuchota-t-il pour cette étoile bienveillante avant de rejoindre son mari dans le lit.

Il se blottit contre lui et ferma les yeux. Malgré tout ce qui lui était arrivé, il avait une belle vie. Et il était heureux...

Grâce à Éric. Grâce à son ami. Grâce à son mari. Grâce à l'homme qu'il aimait passionnément.

THE END

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