Assumer

23 décembre 2000


- Je viens avec vous chez tes parents, demanda Éric en se rasant alors que Louis nettoyait le visage de son fils.

- C'est pas encore le bon moment.


L'asiatique manqua de se couper en entendant la réponse du roux. Son visage s'assombrit dans le miroir. Louis lui avait promis qu'il dirait tout alors pourquoi changeait-il d'avis aussi soudainement ?Ce n'était pourtant pas son genre de revenir sur sa parole !

Il tenta de juguler cette colère qui montait en lui, alimentée par le sentiment de trahison. Il savait que faire son coming out n'était pas simple, surtout alors que Louis avait été marié à une femme et qu'ils avaient eu un enfant. Sauf qu'il n'en pouvait plus de se cacher. En dehors du cocon protecteur de sa maison, Louis n'avait aucun geste affectueux à son attention, pas même le plus discret. Et ça commençait à peser sur son cœur malgré lui... Ce refus et cette promesse trahie, c'était la goutte de trop. Il se sentait prêt à exploser mais il se rappela de justesse la présence de Aaron dans la pièce. Il inspira donc profondément et demanda le plus calmement possible :


- Aaron, tu veux bien aller t'habiller tout seul ? Je te coifferais après.

- D'accord, Appa, s'exclama joyeusement le petit garçon.


Il attendit qu'il sorte de la salle de bain pour se tourner vers Louis. L'avocat fuyait son regard et occupait ses mains en rangeant les produits alignés sur la baignoire. Cette attitude lui rappela avec violence celle que son meilleur ami avait eu avec lui après sa tentative de suicide. Son esprit, déjà bouillonnant, explosa.


- C'est ta seule excuse ?! Sérieusement ?!

- Éric, c'est pas le bon moment ! Mon grand-frère est en train de divorcer et mes parents sont déjà assez sur les nerfs comme ça, je ne vais pas en plus leur imposer... ça.

- Alors c'est ainsi que tu me vois ? Comme un ça ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit !

- Alors quoi ?! Tu as promis ! Tu as dit que ça ne poserait aucun problème pour Aaron et que tes parents avaient l'air assez ouverts ! Je ne te demande pas de l'annoncer à la famille de Sarah, juste à la tienne !

- Je peux pas ! Je suis pas prêt ! Ok ?!

- Pourquoi tu m'as dit le contraire, alors ?


Éric sentit sa voix se briser sur le dernier mot et il se maudit un peu d'être aussi sensible. Il aurait aimé resté énervé, il aurait aimé continuer à hurler et peut-être même casser des trucs. Sauf qu'en vérité, son cœur se brisait en petits morceaux. Et, en face de lui, le roux faisait comme si de rien était. Ce dernier se contenta d'ailleurs de soupirer pour lui répondre puis se redressa. Il le vit lui passer devant et le sortir de la pièce, le plantant là sans qu'il n'en sache plus. Cette énième fuite le fit entrer dans une rage folle. Il sortit en trombe de la pièce et saisit le poignet de son petit-ami, le forçant à se tourner vers lui.


- Soit tu trouves une bonne raison à ton mensonge en rentrant ce soir, soit je rentre chez moi jusqu'à ce que tu t'excuses.

- Éric...

- Je ne veux pas te mettre la pression, Louis, mais ne me donne pas de faux espoirs comme ça. Ne me laisse pas imaginer que je pourrais enfin être avec toi comme si on était un vrai couple alors que tu n'en as pas envie. Parce que c'est ça, qui me fait le plus de mal.


Il n'attendit pas que l'avocat lui réponde et alla dans la chambre de Aaron. Ce n'était pas tout, il avait des choses à faire pour ne pas penser qu'il venait sûrement de briser son couple.


~~~


Les sourcils froncés, Éric fouillait tous les placards à la recherche des biscuits qu'il avait acheté pour le goûter de Aaron. Depuis sa dispute avec Louis le matin même, il n'avait pas réussi à décolérer. En même temps, comment aurait-il pu ? Le goût amer de la trahison lui brûlait douloureusement la gorge. Et le plus douloureux, c'était que Louis était parti au travail l'air de rien, sans un seul mot d'excuse.


- Appa, pourquoi tu es en colère ?


La voix du petit roux le fit sursauter et il se tourna vers lui en haussant les sourcils. Apparemment, son état ne lui avait pas échappé. Mine de rien, il était vraiment observateur... Il soupira longuement. Observateur, certes, mais il restait un enfant, alors ce n'était pas lui qui allait le consoler.


- C'est rien, mon poussin... juste des problèmes d'adultes...

- Tu t'es fâché avec papa ?

- Qu-quoi ? Je... oui, on s'est un peu fâché m-mais...

- Il a eu tonton au téléphone hier soir, tu sais ? Il avait l'air en colère aussi.


L'asiatique arrêta de fouiller frénétiquement dans un placard et se tourna vers Aaron. Il allait vraiment finir par croire qu'il écoutait aux portes. Ou bien qu'il avait des oreilles partout. Mais au moins, il lui avait donné une piste à creuser pour comprendre pourquoi son petit-ami été revenu sur sa promesse.


- Dis, Ronnie, tu penses pas qu'on devrait aller prendre le goûter avec papa ?


Le jeune garçon hocha vivement la tête et descendit de la chaise sur laquelle il était assis. Éric sourit devant son enthousiasme. Il allait prendre Louis au dépourvu, arriver dans son bureau sans le prévenir et discuter avec lui. Ensuite, ils iraient prendre tous les trois un chocolat chaud dans le petit café près du cabinet.


~~~


Éric entra dans le cabinet en tenant la main de Aaron. Ce dernier jetait des regards curieux un peu partout, étant rarement venu au bureau de son père. L'asiatique, quant à lui, se dirigea vers l'accueil et demanda à Jeanne si Louis était disponible. Cette dernière hocha la tête avant d'ajouter :


- Je le préviens que vous êtes là ?

- Non, par contre je veux bien que vous gardiez un œil sur Aaron le temps que nous ayons une petite discussion, répondit-il avec un sourire innocent.

- Bien sûr ! Tu viens avec moi, chéri ?


Le rouquin ne protesta pas et rejoignit Jeanne de l'autre côté du bureau. Le chirurgien la remercia brièvement avant de rejoindre le bureau de son meilleur ami. Il ne frappa pas pour s'annoncer. Il comptait sur l'effet de surprise pour obtenir des réponses. Alors il tourna la poignée et poussa la porte. Il découvrit Louis penché sur son bureau recouvert de papiers. Ce dernier leva à peine la tête en entendant quelqu'un entrer dans la porte et grommela :


- Jeanne, je pensais vous avoir dit de ne pas me déranger.

- La règle s'applique à moi aussi ?

- Éric ?!


L'avocat se redressa si rapidement que quelques feuilles volèrent. Éric se contenta de fermer la porte derrière lui. Il avança jusqu'au meuble au milieu de la pièce et s'appuya dessus. Enfin, il commença à parler calmement.


- Ne crie pas, ton fils est à côté avec ta secrétaire. Il sait déjà que l'on s'est disputé alors n'envenimons pas la situation.

- Qu'est-ce que tu fais là, souffla Louis en se rasseyant.

- Je suis venu discuter de ce qu'il s'est passé ce matin. Même si tu dois sûrement penser que ce n'est pas le moment de faire ça.

- C'est exact.


L'asiatique grimaça. Apparemment, Louis s'était déjà remis de l'effet de surprise. Il allait être plus dur de parler avec lui s'il avait la pleine possession de ses moyens. Il allait donc devoir sortir son atout dès le début de sa discussion.


- Tu t'es disputé avec ton frère ?

- Qui t'a dit ça ?

- Le garçon très intelligent qui vit avec nous. Et qui laisse sûrement traîner ses oreilles un peu partout, je te l'accorde. Parle-moi, je t'en prie...

- Je n'ai rien à dire.

- Si. Si, tu as quelque chose sur le cœur que tu ne veux pas me dire. Mais je te rappelle qu'on sort ensemble, Louis, alors ça fait partie de la communication dans un couple. Et je te rappelle aussi que je t'aime, bordel. Je veux juste comprendre à la fin.


Le roux ouvrit la bouche pour protester mais il ne trouva rien à dire alors il la referma en baissant la tête. Il se sentit soudainement stupide. Éric avait raison. Il ne pouvait pas lui cacher des choses aussi importantes.


- Quand mon grand-frère m'a appelé hier soir, il m'a parlé de son divorce. Et du fait que mes parents voyaient cela d'un très mauvais œil, tu les connais. Pour eux, divorcer c'est pas bien. D'autant plus que dans l'histoire c'est mon frère qui a fait n'importe quoi...

- En quoi cela doit-il influer sur ta décision, Louis ?

- Quand je lui ai dit que je ramenais quelqu'un avec moi à Noël et que c'était... un homme... il m'a reproché de ne pas respecter Sarah. D'avoir fait semblant de l'aimer. Que si c'était les hommes que j'aimais, j'aurais dû le dire plutôt et que de toute façon je n'étais qu'un lâche... Et tout plein d'autres choses encore.

- Louis... ne laisse pas les remarques de ton frère t'influencer. Il a juste fait éclater sa colère contre toi. Tout le monde ne réagira pas comme ça, ok ?

- Tu en es certain ?

- J'en suis sûr, regarde Aurélie... Et même s'ils ne comprennent pas, on restera ensemble tous les trois. Toi, moi et Aaron. On forme un trio de choc, non ?

- Oui... tu as raison. Toi, moi et Aaron contre le reste du monde. Il va falloir que j'assume. Moi non plus, je ne veux plus vivre cacher. J'ai envie de te serrer dans mes bras dès qu'on est ensemble.

- Je t'aime, Louis, chuchota le chirurgien en se mordant la lèvre.

- Moi aussi... à quoi tu es en train de penser ?

- Que... ce bureau a l'air très confortable... et aussi qu'une dispute se règle souvent sur l'oreiller. Mais on a pas d'oreiller à disposition...

- Donc tu proposes mon bureau ?


Louis n'avait pas pu retenir l'excitation dans sa voix, ce qui agrandit le sourire malicieux de son amant. Apparemment, oui, c'était bien ce qu'il proposait.


- Qu'est-ce que tu attends pour venir de ce côté alors, souffla le roux.


Éric pouffa et s'empressa de faire le tour du bureau pour rejoindre son petit-ami. Ce dernier le tira avec lui sur la chaise de bureau et l'embrassa sensuellement. Le chirurgien sourit contre ses lèvres en approfondissant leur baiser et colla son bassin au sien. Il commença à se frotter langoureusement contre lui, faisant augmenter peu à peu la taille de leurs érections.


- Mm... Éric... Je t'aime...


Après avoir murmuré cette phrase à l'oreille de son compagnon d'une voix rauque, Louis en mordilla le lobe. Il passa les mains sous ses cuisses et le porta sur le bureau, l'allongeant sur les papiers qui le recouvraient. Ses doigts se faufilèrent agilement sous sa chemise et caressèrent la peau de ses hanches en remontant lentement vers ses tétons. Éric était déjà haletant sur le bureau et une belle bosse déformait son pantalon. L'avocat ne se faisait pas d'idée, il devait sûrement être dans le même état. Mais un léger problème se rappela à lui au moment où il descendait le pantalon sur les chevilles mates de l'asiatique.


- J'ai pas de lubrifiant.

- Louis... tu es encore beaucoup trop innocent.

- Qu-quoi ?


Le chirurgien prit sa main dans la sienne et guida ses doigts vers sa bouche. Les joues pâles de son amant se colorèrent de rouge alors qu'il commençait à lécher sensuellement trois doigts. Éric les recouvrit consciencieusement de salive avant de mener sa main vers son intimité. Le roux paressait un peu sous le choc, peut habitué à voir son petit-ami aussi sexy. Ou bien il venait de réaliser qu'il venait de lui lécher les doigts sur son bureau et que maintenant son regard le suppliait de le préparer. Ce qu'il s'empressa de faire car son érection commençait à devenir douloureuse.

Quand l'asiatique commença à lui demander plus, il sortit ses doigts de son anus souple tout en baissant maladroitement ses bas. Il pressa son gland contre son entrée et le pénétra en une seule poussée. Il commença à bouger lentement, pour tenter de faire durer le plaisir. Ils ne cessaient de s'embrasser pour étouffer leurs bruits. Louis serra la main de son amant dans la sienne et se jura silencieusement de ne plus jamais la lâcher. Quoiqu'il arrive, ils étaient ensemble désormais. Il avait quelqu'un qu'il aimait à ses côtés et c'était le plus important.


- Je... t'aime tellement, souffla-t-il à son oreille alors que l'orgasme finissaient par les emporter au même moment. 

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