Chapitre 8



Quand il la vit, Alek ne put contrôle le désir impérial qui monta en lui. Il la regarda et la vit...impossible d'échapper à cette chevelure rousse à la couleur saisissante. Ces boucles soyeuses qui tombaient en rébellions contre ses épaules menues. Impossible d'échapper à ces yeux bleus dont la profondeur était comme l'océan sous un hiver gelé, laissant les profondeurs des fonds marin s'exposer à l'horizon. Un désir cette fois-ci viscéral le foudroya. Sans pouvoir recouvrer la raison, Alek ne savait plus si la colère avait une place dans ce moment de contemplation déraisonnable.

Plus il s'avançait plus Alek allait de surprise en surprise. Sous le teint hâlé de la veille qui l'avait induit en erreur, un teint frais et diaphane s'y cachait...

Vingt-neuf ans avait-il dit !

Alek se passa une main nerveuse dans les cheveux en observant le modelé de ses traits fins et innocents et la courbe de sa bouche aux contours sûrement convoités par la gente masculine...

N'était-il pas en train de la regarder comme un prédateur ? Prêt à sauter sur sa proie ?

Quand il reprit difficilement ses esprits, Alek se posa de nombreuses des questions auxquelles il n'avait pas les réponses.

Pourquoi avoir joué la comédie ? À quel prix une jeune femme au visage d'ange pouvait s'adonner à un jeu dangereux tel que celui d'Evy Parxon ?

Qu'avait-elle obtenue ?

Certainement pas de l'argent en conclu Alek en baissant les yeux sur sa tenue dix fois trop grande pour elle. Et bien qu'il connaissait les courbes qui se cachaient sous ces vêtements qui ne la mettaient pas valeur, Alek aurait voulu les revoir pour être sûr de ne pas se tromper...

- Merci mademoiselle Ludington ! À bientôt !

- À bientôt Monsieur Benson.

Le murmure de cette voix qu'il connaissait eut raison de ses doutes.

Il jura à voix basse et profita qu'elle se retourne vers les étalages pour s'avancer jusqu'au comptoir.

Il plissa les yeux en baissant le regard sur la chute de ses cheveux roux. Incapable de rester sans réponses une seconde plus, Alek appuya sur la petite sonnette pour qu'elle se retourne.

- Je suis à vous dans une seconde.

- Et pourquoi pas toute suite ? Proposa Alek d'une voix suave.

Elle poussa un petit hoquet en se retournant. Quand il la vit de plus près, Alek s'émerveilla de la voir prise au piège, car ses yeux bleus se fondirent dans l'éclat d'un rayon du soleil, leur donnant une couleur turquoise.

Sa bouche s'ouvrait et se refermait sans qu'aucun son ne puisse s'en échapper. Alek fut pris d'un élan de pitié qui lui monta au cœur.

- Pourquoi avez-vous fait ça ? Avez-vous une explication plausible à ce petit jeu ?

Il avait adouci sa voix en un murmure de façon à conquérir la confiance de ce petit être soudain sans défense mais assez farouche pour hésiter...

- Comment m'avez-vous retrouvé ?

Sa petit voix n'était qu'un faible murmure.

- Je suis passé chez votre amie...

- Ce n'est plus mon amie ! Coupa-t-elle les yeux flamboyants de colère.

Respirant par sacade, Mira crut que le vertige dont elle était victime allait l'achever. Le duc en personne était devant elle.

Devant sa véritable identité.

Hier encore elle s'efforçait de jouer une femme perfide, croqueuse de diamant.

Et aujourd'hui...devant cet homme habitué à regarder des belles femmes bien habillées, elle était qu'une vulgaire serveuse...un laquais.

- Je vous l'ai dit, j'ai travaillé à l'hôtel où avait lieu le bal. Evy a eu l'idée de me grimer avec du maquillage et des faux cheveux et de la teinture je...

Secouée par de violent spams, Mira s'interrompit avant de reprendre.

- Ensuite je n'ai pas pu dévoiler mon identité quand vous m'avez fait chanter.

Mira détourna le regard pour saisir le pain frais qui reposait sur le comptoir.

- Rassurez-vous je n'ai rien tiré de cette histoire. Ni argent, ni satisfaction...seulement voir ma vie s'écrouler autour de moi.

Elle releva les yeux.

- Vous devriez être content ?

Rien de ce qu'elle voyait dans ses yeux d'argent ne pouvait se traduire. Pour la première fois, l'homme était énigmatique, ne laissant rien transparaître sur ses traits affirmés.

- Je n'en tire aucune satisfaction mademoiselle seulement le goût amer d'avoir été piégé.

Elle aurait préféré qu'il se taise.

- Evy est la seule narratrice de cette mascarade, moi je ne suis que l'actrice soudoyée et manipulée. Rétorqua-t-elle sèchement en découpant le pain.

Il se rapprocha en glissant sa grande main qui refermait le délice d'une chaleur rassurante sur le comptoir.

- Ma mère veut vous revoir alors je crois que nous avons un problème miss Ludington.

Mira haussa ses épaules pour toute réponse.

- Ce ne sont plus mes affaires.

- Bien au contraire, il est hors de question que ma mère paye pour...

- Dois-je vous rappeler le but de cette comédie ? De ce chantage ? Votre mère n'a pas à payer effectivement. Coupa la jeune femme avec véhémence.

Étonné par la sincérité de la jeune femme, Alek avala douloureusement la vérité. N'était-il pas en train de tromper sa mère pour échapper à Célestine McCarty ?

Il serra ses mâchoires.

- Elle vous apprécie, elle était déçu ce matin d'apprendre que vous étiez partie. D'ailleurs vous auriez pu au moins me laisser un petit mot. Déclara-t-il avec un ton qu'il voulait aimable.

Elle était troublée. Il pouvait le voir à sa façon de découper les tranches de pain. Alek s'arrêta sur ses mains en prenant conscience de n'y avoir jamais prêté aucune attention. Elles étaient fines. Ses doigts étaient délicats.

- Le principal c'est que les vêtements que vous avez eu la bonté de m'acheter vous soit restitué non ?

Alek ne releva pas ce point même s'il était vrai qu'elle avait tout laissé et soigneusement plié.

- Là n'est pas le problème, j'ai besoin de vous et vous allez accepter.

- Où sinon quoi ? Vous allez m'envoyez en prison ? Peu m'importe monsieur, je vous l'ai dit, j'ai tout perdu. Vous avez gagné. S'emporta-t-elle en riant amèrement.

Alek passa un regard sur l'immense peine qui venait traverser son visage.

Elle était belle....infiniment belle. Et cela l'empêcher de réfléchir correctement. Il reprit de sa lucidité, loin d'en avoir terminé avec elle.

- Pensez à ma mère, hier vous aviez l'air de vous entendre non ? Insista-t-il en réprimant la voix dure qui menaçait de rejaillir de sa gorge.

Elle secoua de la tête avec emphase.

- Je sais et j'ai adoré passer du temps avec elle mais je suis désolé c'est non.

Alek ferma le poing sur le comptoir.

- Et puis d'abord quand bien même j'accepterai de vous aidez, comment allez-vous expliquer ceci ? Demanda-t-elle en montrant son visage.

Elle fléchissait....bientôt elle craquerait, pensa Alek en réprimant un sourire.

- Je lui dirais la vérité.

Mira sentit ses mains devenir moites. Le revoir dans un moment aussi humiliant que de tartiner du beurre devant lui l'a submergé d'émotions qu'elle n'arrivait pas à contrôler.

Il se pencha, une partie de son corps passa au-dessus du comptoir.

- Je suis un homme persistant mademoiselle Ludington...je peux rester ici jusqu'à la fin de votre service et vous suivre chez vous et ça tous le jours encore et encore...jusqu'à ce que vous craquiez...

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