Chapitre 42



L'odeur de l'hôpital mettait Mira dans tout ses états. Elle détestait ça. Elle était en colère contre Alek mais préférait garder le silence même si elle bouillonnait à l'intérieur. Elle profita de son absence pour songer à l'avenir. Un bébé ? Mira avait longuement pensé à cette question. Cela lui faisait peur mais à la fois elle se sentait envahi par de nombreuses émotions. Elle, le petit bébé abandonné qui n'avait jamais cru en un avenir merveilleux. Qui n'a jamais d'éducation et qui encore se battait pour apprendre à lire correctement. Avoir un bébé signifiait un nouveau tournant dans sa vie. Seul bémol, Alek se comportait d'une manière très étrange. Elle ne parvenait à comprendre pourquoi tant de colère reflétait dans ses yeux. Pourquoi il semblait nerveux et presque agressif.

La porte de la chambre s'ouvrit. Très vite elle remarqua qu'il s'était changé. Il ne portait plus son uniforme d'aristocrate mais une chemise noire et une veste aussi obscure que son regard.

Il s'approcha du lit les mains dans le poches. Sa respiration était hachée. Il balada son regard sur elle sans un mot.

- Le médecin a dit qu'il en avait pour une petite demi-heure. Comment tu te sens ?

- Et bien comme une femme qui a troqué sa robe de princesse pour une blouse d'hôpital le jour de son mariage et qui d'interpelle sur le comportement étrange de son mari.

- Je sais que tu m'en veux mais je regrette c'est ainsi.

- Tu te rends compte que nous sommes partis en plein milieu du repas ? Je n'ai même pas pu découper le gâteau. Tu ne crois pas que tu as agi trop vite ?

Leur regard se soudèrent. Impassible il exhala un soupir puis secoua de la tête.

- J'avais dix ans. Ma mère attendait un bébé, elle l'a perdu, à cause de mon père. Il a étouffé l'affaire en faisant croire qu'elle était tombée dans les escaliers.

Mira se redressa et sa colère se dissipa immédiatement quand enfin, elle comprit pourquoi il agissait de la sorte.

- Alek pourquoi tu ne m'as rien dit. Murmura-t-elle en se redressant totalement en essayant de trouver son regard qui se perdait sur le lit.

Il se passa une main sur le visage.

- Parce que je n'aime pas parler de ça, trop de mauvais souvenirs ressortent et me rendent infâme. Déclara ce dernier en allant se poster devant la fenêtre, fuyant clairement son regard.

Ainsi elle pensait agir comme son père ?

- Alek comment peux-tu croire que tu m'as fait du mal ou bien au bébé ?

- Je t'ai mis en danger. Je t'ai laissé partir.

- Tu ne m'as pas mise en danger, personne pouvait prévoir que...et puis on ne sait même pas si je suis enceinte Alek !

Il se retourna.

Son visage était peigné de fautes et de regrets, comme s'il s'en voulait. Une lueur de tristesse se fondit dans ses yeux.

- Tu n'es pas ton père Alek et tu ne le seras jamais.

- Qu'en sais-tu ?

- Parce que je le sais. Sinon je ne serais pas ta femme.

Il revint vers elle et s'assit au bord du lit. Sa main se glissa sur la sienne, la où orné son alliance.

Le silence emplit la pièce avant que le médecin pénètre dans la chambre, dossier à la main.

Mira se retourna vers lui tandis qu'Alek s'était levé.

- Alors ? Ne faites pas durer le suspens s'il vous plaît docteur. Déclara Alek d'une voix tendue presque nouée.

- Vous êtes enceinte. Dit-il en la regardant.

Mira ne sut comment réagir ses mots moururent sur ses lèvres.

- D'après les examens, je note que vous êtes en parfaite santé, ainsi que votre bébé.

Elle porta une main tremblante à son front qui maintenant, perlait de sueur.

- Comment est-ce possible ? Je n'ai...

- Le stress. Coupa Alek sans quitter des yeux le médecin.

Ce dernier acquiesça.

- Le stress peut jouer un rôle important sur les femmes enceintes, elles ont l'impression qu'elles ne le sont pas et découvre bien plus tars qu'elles sont enceinte.

Mira peinait à y croire.

En un instant, Alek fut à ses côtés, le visage impénétrable. Il lui caressa le dos.

- Depuis combien de temps ?

- Deux mois environs.

Mira retint un souffle de surprise alors qu'il avait cessé de lui masser le dos.

- Thee mou...

Mon dieu, venait-il de dire en grec.

Le médecin s'inclina et quitta la chambre les laissant seuls avec cette nouvelle.

- Comment tu te sens Mira ? S'enquit-il de demander.

- Perturbée à vrai dire...

Silence.

- Remet ta robe, je t'emmène en lieu sûr.

Sûr ? À l'écouter, elle était en danger. Pourquoi fallait-il qu'il agisse avec tant de mystère ? Mira s'exécuta sans mot dire. De nouveau dans sa robe, Mira toucha son ventre. Elle était nouée, comme si bientôt elle passerait une étape douloureuse.

- Nous rentrons au manoir ?

- Non...je t'emmène ailleurs. Répondit-il d'une voix chargée de mystère.

Mira se contenta d'attendre, alors que la voiture s'engageait vers une direction inconnue. Depuis qu'elle connaissait Alek, elle avait longtemps eu l'impression que cet homme était constitué de mystère. Mais peu à peu, à force d'en apprendre sur lui, malgré l'amour indéniable qu'elle lui tenait, Mira découvrait un autre homme.

Vulnérable, luttant contre la culpabilité et le chagrin.

L'air semblait s'épaissir.

Mira enroula son bras sous le sien et posa sa tête contre son bras, afin qu'il puisse entendre son amour traduit par ses battements de cœur irrégulier.

Il lui embrassa le sommet de sa tête et passa sa main libre sous son menton.

Peu de temps après, la voiture se gara devant le grand port.

Mira sortit de la voiture et n'eut pas le temps de faire un pas que déjà, il la souleva.

Il marcha jusqu'au port et s'engageait sur le ponton vers un magnifique yacht.

Dès qu'il monta à bord sans jamais songer à la laisser descendre de ses bras.

Il sillonna l'immense yatch pour arriver dans une chambre spacieuse et démesurée.

- C'est dans ce yatch que va se passer notre lune de miel ?

Il la déposa sur le grand aux draps nacrés.

- Vas-tu avoir des nausées ? Sinon j'annule ?

Sa voix colorée d'inquiétude lui fendit le cœur. Elle toucha sa joue ombragée de barbe et la caressa avec son pouce.

- Aucune nausée monsieur Kaïros.

Il soupira pour le nez et s'assit au bord du lit et posa sa main chaude sur son ventre.

- Pardon d'avoir gâché notre repas de mariage.

- Je te pardonne seulement si tu arrives à récupérer notre gâteau de mariage. Murmura Mira un sourire taquin aux lèvres.

Il crispa un sourire.

- Tu aurais dû me dire Alek...afin que je puisse comprendre pourquoi tu as agi de la sorte. Reprit Mira en se redressant.

Elle l'embrassa sur le coin de ses lèvres fermées. Il ferma les yeux.

- J'ai paniqué je crois. Répondit-il en marmonnant.

Monsieur Kaïros grand duc de la Grèce avait visiblement beaucoup de mal à montrer ses points faibles, pensa Mira en embrassant sa joue.

Il lui prit le poignet.

- Parfois je sens des accès de colère se réveiller en moi. Alors quand ma mère a supposé que tu étais enceinte, j'ai perdu l'esprit je m'en voulais amèrement.

- Tu n'as pas à t'en vouloir puisque j'ai ma part de responsabilité dans notre séparation, ni toi ni moi pouvions savoir que j'étais enceinte.

Il porta son poignet à ses lèvres.

- Je t'aime Mira. J'aime ton âme qui diverse l'innocence de ton être, ton ignorance à l'argent. Ta façon de me regarder...

- Oh Alek...

Émue au point d'éclater en sanglot,  elle entoura ses bras autour de son cou et y nicha sa tête.

Mira s'écarta les mains posées sur ses épaules. Elle fouilla dans son regard. Envahie d'une émotion indicible, Mira vit dans ses yeux tout ce qu'elle désirait voir de son amour.

Il la fit basculer sur le lit et toucha son ventre.

- Tu es enceinte, tu portes mon enfant. Annonça-t-il comme s'il venait de réaliser.

Elle sourit et posa sa main sur la sienne.

- Tu es heureux ? Tu sais il va falloir supporter mes sautes d'humeur, je vais prendre du poids.

Il captura sa bouche.

  - Je prend le risque mon amour.

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