Alek compta sur ses doigts, confortablement installé sur son fauteuil. Mira était tellement étourdie qu'elle n'avait pas un instant baissé le regard sur l'écrin qu'il avait posé sur le lit. Dans peu de temps elle allait débarquer en exigeant une explication. Et se moment allait....

- Tu es fou ! S'écria-t-elle avant même de pousser complètement la porte.

Les cheveux en bataille, visiblement habillée avec sa chemise, les joues rouge, elle était tout simplement à craquer.

- Fou de toi...puis-je t'aider chérie ? Que t'arrive-t-il ?

Elle geint et frappa son pied parterre.

- Cette bague vaut probablement des millions ! Es-tu fou !

- Et bien ? Je ne comprend toujours pas ? Dit Alek en savourant le feu qui montait presque sur son front.

Elle s'avança jusqu'à son bureau pour y planter ses mains.

- Alek arrête ce jeu, tu sais de quoi je parle !

- Et toi j'aimerai que tu cesses de me repousser sinon je risque vraiment de me mettre en colère. Gronda Alek en s'efforçant de rester sur son fauteuil par peur de regretter un emportement qui risquerait de la faire fuir.

Elle se recula, les yeux grand ouverts. Ses lèvres bougeaient mais aucun son en sortit.

- Tu es la première femme à laquelle je m'attache, pour qui j'éprouve des sentiments. Vas-tu enfin me faire confiance ? Vas-tu cesser de te cacher Mira ? Ou dois-je m'énerver pour cela.

Elle secoua imperceptiblement de la tête essayant de lui cacher le tumulte qui l'envahissait.

Elle se mit à marcher dans la pièce comme un petit chaton en cage. Alek ne bougea pas de son fauteuil pour autant. Il ne voulait plus l'attendrir pour obtenir ce qu'il voulait. Il voulait que les choses viennent d'elle-même. Et pour cela, Alek avait bien l'intention de se montrer implacable. Il sentit dans son regard qu'elle attendait qu'il vienne. Il l'avait trop habitué à ce genre de réaction et lui-même en avait pris goût. Elle s'arrêta et lui jeta des petits coup d'œil à la dérobée. Elle se mit à taper du pied sur le sol boisé comme une enfant impatiente. Alors il ne s'était pas trompé. Mira attendait clairement qu'il la rassure. Son intérieur bouillonnait, une irrésistible envie de se lever le démangé. Alek se carra dans son fauteuil pour combattre cette envie.

- D'habitude tu viens et me dit que tout ira bien. Murmura la jeune femme sans cacher sa pointe de déception.

- Je ne fais que ça de te rassurer Mira. Et moi ? As-tu pensé à moi ? Ce que je pouvais ressentir ?

Ses yeux se baissèrent sur le sol. Puis lentement, elle s'approcha de lui en contournant son bureau. Elle s'agenouilla près de lit en essayant de poser sa tête contre son torse.

Son cœur se serra.

Une chaleur irradia son bas-ventre quand elle releva ses grands yeux brillant d'intelligence vers lui.

- Tu me punis n'est-ce pas ?

- Je ne te punis pas. Je veux seulement que tu comprennes que je ne céderais rien. Ce n'est pas négociable. Soit tu deviens ma femme soit tu deviens ma femme.

Elle esquissa un petit sourire et posa son menton sur sa cuisse.

- Voilà deux choix très difficiles. Murmura-t-elle en souriant de plus en plus.

Alek resta de marbre pour lui faire savoir qu'il était très sérieux. Elle gratta son torse avec son index, les yeux fixés dessus.

- Je veux devenir votre femme votre Grâce. Murmura-t-elle enfin.

Alek souffla en fermant les yeux. Il rejeta sa tête en arrière avant de saisir ses bras pour la hisser sur ses genoux.

Sans attendre il l'embrassa avec passion, presque avec érotisme.

Une semaine plus tard, Alek boucla un dossier épineux et alla jusqu'à la fenêtre de son bureau. Un souffle d'agacement se posa sur le carreau. Les journalistes étaient campés devant le manoir depuis trois jours. Si jusque-là il avait jugé bon de les informer sur le mariage, Alek doutait à présent de leur bonne fois.

- Ils vont finir par se lasser Alek. Lança sa mère en entrant dans son bureau.

- Je ne sais plus si je dois faire subir cette pression à Mira. Dois-je vraiment me marier dans la cathédrale ?

- Oui. Tu ne peux pas fuir Alek. Et puis des journalistes m'ont contacté, ils étaient bien plus sensibilisé par l'histoire de Mira qu'indigné.

Il inspira.

- Tu as sans doute raison. C'est juste que je m'inquiète pour Mira.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Lança une voix jusque derrière lui.

Alek se retourna et découvrit sa future femme devant la porte, avec un livre à la main.

La voir tant passionnée pour les livres depuis qu'elle savait lire, lui gonfla le cœur. Dès qu'il la voyait, il se rappelait douloureusement le nombre incalculables de fois où il aurait pu la perdre.

L'accident par exemple.

- Je peux survivre Alek. Affirma-t-elle en s'approchant.

- Tu es sûre moró mou ? Insista Alek en allant vers elle.

Elle soupira et acquiesça.

- Je ne peux pas fuir Alek, sinon ça voudrait dire que je te fuis.

Alek posa ses mains sur ses joues. Il constata qu'elles étaient froides.

- Tout ce que je veux c'est devenir ta femme.

- Voilà des paroles raisonnables Mira. Déclara Délia en frappant dans ses mains toute excitée.

Alek ne la quitta pas du regard.

Mira inspira imperceptiblement et lutta contre ses inquiétudes qui grandissaient de jour en jour. Accepter d'être sa femme était comme un saut vers l'inconnu. Longtemps elle s'était leurrée sur ses propres sentiments. Elle les avait farouchement repoussé, au point de fuir. Elle était tombée follement amoureuse de lui. Mira se remémora ce long mois passé sans lui. Cette impression de ne plus pouvoir respirer comme il était devenu aussi indispensable que l'air.

Amoureuse. Oh oui elle l'était.

Qui aurait crû que la petite fille orpheline, abandonnée, née d'une union cauchemardesque, serait un jour capable de dire qu'elle était enfin heureuse. Son visage hâlé, ses yeux gris, sa façon de la regarder, absolument tout chez lui, la rendait folle d'amour.

Consciencieusement, Mira jeta un coup d'œil vers Délia qui était plongée dans ses fiches spéciale mariage qu'elle n'arrêtait pas de trimballer avec elle.

Elle posa ses mains sur son torse.

- Je t'aime. Chuchota-t-elle en espérant qu'il l'ait entendue.

- Mira. Souffla l'homme le visage rempli d'émotions. Moi aussi moró mou.

Il l'embrassa fougueusement. Sans se soucier de sa mère.