Chapitre 30
Un mois et vingt-cinq jours plus tard.
Fébrilement, Mira arracha une serviette en papier et s'essuya la bouche. Elle tourna brièvement la tête vers l'agitation qui régnait près des portes des toilettes et se passa de l'eau sur le visage. Ses pensées divaguaient depuis l'aube sans qu'elle ne sache si elle était de taille à affronter la suite. Elle avait beau étudier son regard dans la glace, Mira en revenait toujours à la même question.
Allait-elle survivre ?
- Mira ? Ça va ? Tu as mauvaise mine.
Paige, sa collège de travail, arriva à sa hauteur pour se laver les mains.
Mira passa une main fébrile sur sa joue avant d'esquisser un fin sourire.
- Ou..oui je vais pas.
- Sans vouloir remuer de vieux fantômes, le duc séjourne à l'hôtel dès aujourd'hui tu le sais ?
Mira trouva la force de rire.
- Qui ne l'est pas.
Elle se passa une seconde poignée d'eau sur son visage. Elle tentait de se prouver qu'elle avait réussi au moins une chose...avoir un emploi dans un prestigieux hôtel de la capitale. Voilà la seule et unique chose qu'elle avait gagnée depuis sa rupture brutale avec Alek. Pouvait-elle parler de rupture après seulement quelques semaines ? Mira n'en était plus sûre...
Surtout après la déclaration faites à la presse deux jours après qu'elle est quittée le manoir. Mot pour mot, il avait répété le tissu de mensonge qu'elle lui avait elle-même conseillé de dire.
Ce jour-là la douleur fût vive et insupportable. Mais Mira était la seule narratrice de cette mise en scène devant cette presse déchaînée. Elle s'était sacrifiée et peut-être à la sauvée de cette histoire qui n'avait aucune fin merveilleuse.
Où peut-être que si...
- Si tu veux je peux faire en sorte que tu ne le croise pas ?
- Oh Paige...merci mais je pense pouvoir m'en sortir.
La jeune femme sourit tristement en s'essuyant les mains.
- Si ça peut te conforter, il est méconnaissable, morne et acerbe avec tout le monde.
Mira ferma les yeux. Elle n'avait pas la moindre envie de remuer la douleur du passé.
- C'est sûrement à cause du pays, écoute Paige. Je ne suis pas stupide, et toi non plus. Quelle chance ne serait-ce qu'infime peut-on avoir avec un prince, un aristocrate au passé sulfureux qui est promis à une riche fille de bonne famille ?
Mira se retint au lavabo et posa une main sur son front.
- Seigneur, cette femme doit bien rire de moi maintenant. Murmura-t-elle en inspirant profondément pour échapper aux larmes de désespoirs.
- Tu n'as absolument rien à lui envier Mira, elle est refaite de la tête aux pieds.
- Oui mais au moins elle n'est pas devenu la risée des journaux télévisé.
- Tu n'étais pas la risée des journaux. Contesta Paige. Moi-même j'ai suivi l'information. Les gens étaient simplement surpris c'est tout.
Mira planta son regard droit dans le sien.
- Et ça a créé un chaos dans monde des médias.
Mira avait l'impression de tenir la honte sur son visage creusé. Une bouffée d'angoisse la transperça.
- Hé...Mira allons, oublions ça. Je vais faire en sorte de m'occuper de lui. Murmura Paige en posant une main réconfortante sur son épaule.
- Merci Paige.
La seconde suivante, Mira profita du calme assourdissant pour éclater enfin en sanglot le regard rivé sur son propre reflet.
- Posez ça ici. Dit Alek d'une voix terne aux bagagistes.
Il desserra sa cravate et alla observer le triste paysage de la Grèce. La bouche serrée de colère, il baissa les yeux vers la circulation agitée d'en bas. De ce troupeau de journaliste agglutiné le long du trottoir.
- Je vous avez dit que je ne voulais pas de journaliste. Gronda-t-il en tournant brièvement sa tête sur le côté.
- Oh..votre grâce ils sont persistant, le service de sécurité s'en charge. Annonça son conseiller en s'inclinant généreusement devant lui.
Alek n'y prêta guère attention.
Quand il fut seul, Alek s'aperçut qu'il s'était arrêté de respirer. Sa mère ne tarda pas à combler le vide.
- Alek. Je t'en prie, cesse de malmener tout le monde. Supplia sa mère.
- Pour quelle raison devrais-je faire ça ? Cracha Alek en se retournant.
Sur ses gardes, elle s'approcha.
- Pour éviter de devenir un véritable casanier dictateur par exemple.
- Mais c'est exactement ce qu'il va se passer très chère mère. Affirma Alek en allant se servir un verre.
- Alek. Tu sais que c'était la seule solution possible, et Mira le savait elle aussi.
Rien que d'entendre son nom, Alek serra ses mâchoires. Il savait qu'elle était là, quelque part dans l'hôtel. Il était là pour cette raison.
- Elle ne savait rien ! Elle m'a quitté et tu l'as aidé par ton silence.
- Je ne le cache pas. Mais c'était ce qu'il fallait faire. Tu es le duc, tu sais...
- Épargne-moi ça mère ou je vais me mettre de nouveau en colère.
Tout en la foudroyant du regard, Alek bu une gorgée de son verre.
- Je suis maître de ma propre vie de ce que je veux en faire. Personne n'a le droit de me dire ce que je dois faire.
Délia soupira désespérément.
- Pourquoi tu ne veux pas tenter avec Célestine ?
- Quand vas-tu enfin comprendre que cette petite fille de riche née dans un berceau doré ne m'intéresse pas. D'ailleurs cesse de la faire venir partout où je vais !
Alek tourna le regard vers la baie vitrée et aussitôt se mit à réfléchir.
- Tu ne sais même pas où elle est Alek ! Elle ne t'a même pas donné de nouvelles ! Mira est passée à autre chose et tu devrais en faire autant ! S'emporta Délia en se levant d'un bond.
Alek serra le poing contre l'accoudoir.
Cette crainte qu'elle est pu rencontrer quelqu'un d'autre le faisait réveiller en sursaut chaque nuit en sueur.
- Mira est ici même dans l'hôtel. Lâcha-t-il en faisant tournoyer son verre pensivement.
- Qu..oi ? Tu l'as fait venir ici ?
- Non elle travaille ici depuis un mois.
Délia marqua un silence empreint de gêne puis lança :
- Tu vois. Elle est passée à autre chose, elle travaille dans un bel hôtel de...
- Grâce à moi. Coupa Alek brutalement.
Délia le dévisagea incrédule.
- Quoi ?
Il se leva d'un mouvement impérieux.
- Comment crois-tu qu'elle ait eu sa place ? Tu croyais sincèrement que j'allais m'asseoir sagement et passer la page avec une maîtresses ou Célestine ? Demanda-t-il avec cynisme. Non, détrompe-toi, je surveille Mira dès l'instant où elle a claquer la porte de chez moi.
Une bouffée de satisfaction l'envahi soudain. Peu pour combler le vide qui l'habitait mais assez pour avoir un regain d'énergie.
- C'est moi qui lui ai obtenu cette place et qui contrôle à distance.
- Mon dieu Alek qu'est-ce qu'il t'arrive ? Jamais tu t'es montré aussi...méchant avec ta propre mère.
Alek se retourna pour lui faire face.
- Ça c'est ce qu'il y a en moi depuis que le monde m'a poussé dans le mauvais chemin. Sauf que j'en ai désormais décider autrement.
Une détermination farouche brûlait à présent dans son regard.
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