Chapitre 28



Un silence suivit sa question.

Le visage fermé, il la dévisagea les yeux étincelant de colère. Mira n'y prêta pas attention et soutenait son regard, le cœur presque arrêté.

- Aucune femmes a partagé mon lit sauf toi...

Le soulagement aurait pu la saisir, mais elle savait bien qu'il suffisait qu'il passe dans un endroit pour que toutes les femmes se retournent. Assaillie par une bouffée de jalousie, Mira garda obstinément ses yeux sur son torse avant qu'il ne l'oblige à le regarder.

- Je ne pourrai pas me détacher de mon passé Mira. J'ai eu beaucoup d'aventures, mais elles savaient à quoi s'en tenir.

- Et moi ? Dois-je m'en tenir à la nature de la relation que tu as évoqué avant de me faire l'amour.

- Les choses sont à présent différentes.

- Et en quoi ? Ne me dis pas que tu restes uniquement avec moi parce que j'étais vierge.

- Bien sûr que non ! Gronda-t-il en se levant.

Mira sentait qu'il était nerveux. Et cela lui brisait le cœur. Elle avait l'impression d'être un poids.

- C'est pourtant comme ça que tu me vois Alek. Comme celle que tu...

- Je t'interdis de dire un mot de plus. Coupa-t-il d'un voix doucereuse.

Mira ne cilla pas et ne lâcha pas son regard.

- Je suis avec toi parce que je le veux. Reprit-il d'un ton un peu plus doux. Crois-tu sincèrement que je serais revenu te chercher si tu étais qu'une brève aventure ?

- Pourtant tu t'es montré froid quand on s'est quitté ?

- Parce que tu l'étais également et que visiblement tu ne voulais pas rester avec moi. Répondit-il d'un ton accusateur.

Mira écarquilla les yeux sous choc.

- Moi j'étais froide ? Répéta Mira en se pointant du doigt. Non mais est-ce que tu t'es vu quand tu m'as dit " Adieu Mira" sur un ton complètement détaché. Comment tu voulais que je réagisse !

Il soupira en se passant une main dans les cheveux.

- C'est vrai tu as raison...

Elle réprima un soupir à son tour et enfilant le peignoir qu'il avait sûrement dû laisser à sa portée pendant qu'elle dormait.

- Jamais une femme ne m'avait mis devant une telle situation. Ajouta ce dernier en marchant devant lui comme un fauve en cage.

- Quelle situation ?

- La situation dans laquelle une femme me quitte avant que je n'ai eu le temps de la retenir.

Mira rit avec toussotement amer.

- D'habitude c'est toi qui te charge de ça. Eluda Mira en se levant.

- C'est exactement ça. Avoua ce dernier en cessant de marcher. Mais après notre nuit je me suis rendu compte que je n'avais pas la moindre envie que tu partes.

Inconscient des multitudes d'émotions qui l'a traversé, il se rapprocha pour saisir ses joues entre ses mains.

- Si j'en avais que faire de toi, je n'aurais pas insisté pour tu viennes au manoir après avoir découvert ton identité.

Le voir insister autant, le voir se justifier comme s'il craignait qu'elle parte lui serra le cœur.

- Si jamais tu me fais souffrir Alek je...

Elle ne parvint pas à finir sa phrase.

- Je te retourne cet avertissement implicite. Dit-il en lâchant ses joues.

La tension était palpable, Mira se frotta les bras.

- Si tu es en colère moi aussi je le suis. Tu n'imagines pas ce que je peux ressentir là toute suite alors que le monde s'affère à chercher qui je suis. Et quand il l'auront découvert, je ne serais rien de plus qu'une roturière née à côté d'une poubelle.

- Je t'interdis de parler de toi comme ça ! Tu n'es pas une...

- Bien sûr que si ! C'est la vérité pourquoi veux-tu la contourner ? Sais-tu ce que sa fait d'avoir l'impression d'appartenir à personne ? D'avoir l'impression de ne pas avoir d'identité ? De ne pas savoir à quoi ressemble ses parents ?

Les larmes lui montèrent aux yeux.

- Thée mou...murmura l'homme en allant la prendre dans ses bras.

- Je ne veux pas que mon passé te...

- Ton passé n'aura aucune influence sur mon jugement ni sur ce que je veux. C'est compris ?

Mira n'osa à peine lever le regard, elle hocha simplement de la tête. De ses doigts, il caressa ses cheveux. La conversation semblait peu à peu s'apaiser et se transformer en un instant de confiance. Quand il lui offrir un faible sourire et qu'il se dirigea vers ses papiers et son ordinateur pour le ranger, Mira suivit sa trajectoire avant de s'asseoir sur le bord du lit.

- Tu me perturbes Alek. Confia Mira en le regardant se diriger vers l'autre pièce pour y déposer ses affaires. Sa sombre silhouette revint vers elle, d'un pas nonchalant. Il s'adossa contre l'encadrement de la porte, bras croisés.

Dès que leurs yeux s'accrochèrent, elle peinait à ne pas détourner le regard tant il y avait de la possessivité dans ses yeux.

- Pourquoi ?

- Tu es très déstabilisant.

Visiblement satisfait de cette confession, il esquissa un sourire en coin et s'approcha.

- Tu es si imposant, tu as un côté dangereux qui me fait me sentir bien et qui me terrifie.

Il l'obligea à s'allonger sur le lit quand il rampa jusqu'à elle.

- Tu as dit avoir l'impression de n'appartenir à personne, c'est faux.

Sa voix était au delà de sa profondeur habituelle.

- Tu m'appartiens...

Il l'embrassa, sauvagement puis se redressa pour la contempler. Jamais personne ne l'avait regardé comme ça.

- Et pour une durée indéterminée...

Pour une durée déterminée avait-elle dit en franchissant le seuil du manoir quelques heures plus tôt. Une phrase qui visiblement ne l'avait pas laissé indifférent.

- Viens....

Mira recouvrit ses esprits et se leva pour le suivre dans la salle de bains attenante. Devant le lavabos double, Mira observa son reflet et se trouvait étonnement belle. Sans qu'elle n'eût le temps de réagir elle se retrouva nu et dans la grande baignoire. Durant sa semaine ici, Mira n'avait jamais osé s'y plonger. L'eau était chaude, déjà, de la vapeur rendait sa peau brillante. Il se glissa derrière elle et posa main sur son ventre. Sans un mot il se mit à la savonner. Ses gestes étaient doux. Cela n'avait rien de sexuel, mais simplement un moment de détente, un moment à deux, l'un contre l'autre.

Il se mit à laver ses cheveux tendrement, le bout de ses doigts massait son cuire chevelu avec une douceur incroyable.

- Tu vas sentir mon shampooing navré mademoiselle Ludington. Chuchota-t-il à son oreille.

- Ça ne fait rien. Dit-elle en souriant.

- Tes cheveux sont incroyablement long, ne les coupe jamais.

- Sinon quoi ? Demanda-t-elle d'un air de défit.

Énergiquement il frotta son cuire chevelu et saisit sa gorge pour l'obliger à ramener sa tête contre lui. Mira ferma un œil en poussant des petits cris plaintifs.

- Il vaut mieux que je le garde pour moi. Répond-il d'une voix dangereuse en se redressant.

De délicieuses décharges électriques se glissèrent dans son cou quand il rinça sa tête.

- À mon tour.

Joignant le geste à la parole Mira se retourna. Sa peau bronzée, luisait sous les lumières du plafonnier. Une fine toison recouvrait son torse et descendait vers son nombril. Mira appliqua le savon sur ses épaules, il avait les yeux rivés sur elle. Il se pencha en lui saisissant ses poignets et l'embrassa d'un baisers insistant. Ses mains se mirent à sculpter son corps avec vénération.

- Je ne veux pas que tu es peur Mira.

Elle s'écarta de lui et une vague d'incertitude l'a saisi. Elle la réprima.

- Je n'ai pa-s pe-eur ! Dit-elle en un éternuement qui la fit rencontrer son torse violemment.

Alek se mit à rire, alors qu'elle se frottait le nez. C'est en la regardant avec attention, qu'il comprit qu'il n'avait jamais atteint une telle félicité. Mira était le bien incarné. La seule personne jusqu'ici à qui il donnait de l'amour, était sa mère, c'est pour cette raison qui ne savait pas comment donner à une femme ni comment le recevoir. Sauf que cette émotion s'était présentée là où il s'y attendait le moins...

Il voulait se perdre en elle, cet instinct de possessivité était tellement présent en lui que ça en devenait douloureux.

- Je crois qu'il est temps de sortir de l'eau mademoiselle Ludington.

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