Mira se leva du lit pour aller jusqu'à la fenêtre. Son souffle se coupa devant la beauté des jardins sous les derniers rayons du soleil. Comment ne pas se sentir ébloui par tant de charme. Elle se demandait même si elle méritait autant. Bien qu'elle connaissait les raisons de sa présence ici, Mira était gênée d'être traitée comme une princesse.

- Vous êtes prête ?

À cette voix grave, Mira prit le temps de se retourner et son souffle se coupa.

Vêtu d'une implacable chemise blanche, il était tout simplement à tomber par terre. Ses cheveux ébouriffés étaient encore mouillés. Son eau de toilette emplissait la chambre d'une forte odeur virile. Embarrassée par ses rougeurs qui devaient s'étendre jusqu'à son front, Mira détourna le regard vers le grand miroir et se jeta un regard contrit.

- Ma tenue ? Est-ce que ça va ?

Il releva les yeux de sur ses boutons de manches pour darder un regard impassible sur son corps.

- Vous êtes parfaite. Déclara-t-il en reportant son attention sur ses manches.

Déroutée par son changement brutale de comportement Mira l'observa du coin de l'œil. Il y a une heure encore il avait posé sa paume de main contre sa joue. Et voilà que maintenant il demeurait froid et distant. Furieuse de s'être voilée la face et d'avoir succombé à l'idée qu'il n'était pas si monstrueux qu'il le laissait paraître, Mira passa à côté de lui sans lui accorder un seul regard.

Elle descendit les marches lentement et dut s'armer de courage pour cette fois-ci, faire face à la mère de ce dernier. Elle s'arrêta à la dernière marche alors que Délia l'étudier silencieusement. Puis une main vint caresser son dos pour se loger contre sa taille, saisissant le tissu de sa robe. Une robe qu'elle avait choisie parmi le large choix de vêtements qu'il lui avait acheté. Les battements précipités de son propres cœur raisonnaient avec intensité contre ses tempes.

- Mère je te présente la vraie Mira.

Poussée par cette main ferme, Mira dut se résoudre à descendre la dernière marche. Délia dont les yeux pétillaient s'approcha d'elle.

- Quelle délicieuse enfant ! Vous êtes tellement mieux ainsi.

Rassurée par la bonté et la chaleur maternelle de cette femme, Mira put enfin étirer un sourire.

- Comment va votre poignet ? Oh mon dieu heureusement que mon fils était là !

Mira se détacha de sa main qui était plaquée contre sa taille et suivit Délia sans se préoccuper de cet homme froid et austère.

- Je vais mieux. Votre fils a été exemplaire.

Bien qu'ils devaient jouer un rôle, Mira se montrait sincère. Sans cet homme, elle aurait pu mourir.

- Mira est un peu tête en l'air, c'est un défaut que je vais prendre soin de surveiller. Lança-t-il en reposant sa main dans son dos.

S'efforçant de se montrer insensible à ce geste brûlant qui avait l'effet d'un coup d'électricité sur son épiderme, Mira sourit à se dernier en levant la tête vers lui. Sa bouche refusait de s'ouvrir devant l'ombrageux regard du duc.

Il lui tira galamment la chaise. Si cet homme refermait de multiples facettes, on ne pouvait pas lui reprocher sa bonne éducation.

Ses deux mains prirent la serviette pour la déplier. Mira se retint de respirer quand il la posa sur ses genoux.

- Et voilà moró mou te voilà prête à manger. Chuchota-t-il à son oreille.

Mira frémit et exprima un remerciement du bout de ses lèvres.

Faisait-il exprès de la rendre mal à l'aise ?

- Merci chéri. Murmura Mira en souriant.

Immédiatement, son partenaire de cette mascarade se rembruni.

L'avait-elle cherché délibérément ?

Elle détourna son regard vers Délia qui les dévisageait avec amour.

- Vous avez de si beaux yeux Mira ! Je comprends pourquoi mon fils est tombé sous votre charme !

Bien que le compliment lui allait droit au cœur, au fond d'elle, Mira ne put s'empêcher ressentir un pincement au cœur. Pourquoi ressentait-elle autant d'émotions contradictoires ?

Son cœur s'accéléra soudain.

- Elle est belle et infiniment douce. Voilà pourquoi cette jeune demoiselle a saisi mon cœur.

Elle écarquilla les yeux et arrima son regard vers le sien. Ses yeux baignaient dans une intense lueur étrange et indéfinissable. Mira leva le menton et dévia son attention sur sa mère.

- Alors d'où venez-vous Mira ?

- Maman...Mira à caché son identité. Tout ce qu'elle t'a dit hier s'avère vrai.

L'intervention de ce dernier l'empêcha de vaciller même assise.

- Oui pardon...veuillez m'excuser Mira.

Elle s'empressa de sourire.

- Ça ne fait rien, c'est tout à fait normal que vous soyez inquiète.

Alek observa du coin de l'œil la jeune femme qui malgré tout ce qu'il faisait pour la déstabiliser faisait preuve d'un calme exemplaire. Il se surpris à descendre son regard sur sa poitrine souligné par les coutures en cotons de la robe. Plus de doute...elle était un délice à regarder. Hier encore il l'avait prise pour une femme de presque trente ans, qui aspirait à une rivière de diamants. Aujourd'hui, il n'arrivait plus à dominer ses pensées.

- Où sont vos parents ?

Alek étudia sa réaction, près à intervenir et la sauver. Après tout c'est lui le narrateur de cette mise en scène, il lui devait au moins ça !

- Ils sont morts.

Dénuée d'émotions, Mira Ludington porta son verre de vin à ses lèvres d'un main tremblante.

- Oh...je suis désolé. Murmura sa mère.

Alek resta muet. Il aurait normalement dû jouer l'homme au courant mais hélas il était trop occupé à la regarder pour réagir. Il tenta en vain de déceler ce qui était en train de traverser son visage. Les deux femmes enchaînèrent une autre conversation et les sons emmêlés de leurs voix parvenaient faiblement à ses oreilles. Elle était impassible mais son regard se perdait sur la table tandis qu'un sourire forcé soulignait les beaux contours de ses lèvres. Une douleur étreignit son cœur.

- Alek ? Hé oh ?

Il cligna des yeux d'une fraction de seconde et ordonna à sa mère de répéter ce qu'elle venait de dire.

- Je disais à Mira toutes les belles choses qu'elle pourrait accomplir en duchesse.

Alek bondit sur l'occasion pour prendre sa main. Rouge d'embarras elle parvenait difficilement à vriller son regard dans le sien. Incapable de résister à ses pulsions Alek se pencha et posa ses lèvres sur les siennes.