Chapitre 10
Après avoir rangé les étalages Mira quitta la sandwicherie avec la certitude d'être débarrassée du duc. Mais hélas, c'est avec le cœur accéléré qu'elle le vit adossé à la carrosserie de sa Berline noire. Elle s'empressa de s'engager sur le long trottoir d'un pas rapide sans se retourner.
Sa vision se brouilla soudain quand il se trouva en un clin d'œil devant elle, lui bloquant le passage.
Devant l'immense masse de muscles qui l'empêchait de passer, Mira sentit les assauts de son cœur redoublaient d'intensité.
- Votre déjeuner.
Il lui tendit le sandwich.
Mira s'immobilisa en posant un regard perplexe sur le sandwich puis remonta les yeux lentement sur lui.
- Vous essayez de m'avoir en jouant un jeu de politesse ?
- Je vous l'ai dit Mira, je suis persistant.
Elle passa à côté de lui en accéléra le pas pour échapper à son regard. C'était impossible ! Impossible que cet homme puisse vouloir continuer cette comédie avec elle. N'avait-il pas comprit qu'elle n'était pas la fille qu'il pensait qu'elle était ?
- Mira !
Lorsque sa voix devint soudain plus forte comme un hurlement, Mira tourna la tête et n'eut que le temps de voir son ombre foncer droit sur elle.
Tout se passa trop vite. Alek n'eut que le temps de l'attraper pour la protéger avant que la voiture ne les heurte de plein fouet. La voiture pila de toute ses forces tandis que déjà, ils furent tout les deux projetés sur la route. Alek eut le reflex de poser sa main libre par terre, et accusa le choc du mieux qu'il le pouvait. Grâce au ciel, leurs corps cessèrent de glisser sur le béton l'instant suivant. Sous les cris des passants affolés, Alek secoua de la tête pour reprendre ses esprits alors qu'une odeur de rouille lui monta au nez. Le coude appuyé sur le sol, sa main reposait derrière la nuque de la jeune femme. Il l'examina la respiration saccadée alors qu'ils étaient à cheval sur la route et le trottoir.
- Mon dieu ! Je ne l'ai pas vu je vous jure ! Cria le conducteur en sortant son téléphone.
Alek garda sa main sur sa nuque malgré la brûlure de ses phalanges qui avaient râpés sur la route. Des égratignures suintaient la joue de la jeune femme jusqu'à son menton.
- Ne bougez pas votre Grâce ! S'écria une passante quand il se redressa sur ses genoux.
Sans se préoccuper de la foule massée autour d'eux, Alek posa ses deux doigts sur son cou, là où l'on pouvait entendre son cœur battre faiblement. Il réprima son soulagement en restant sur ses gardes.
Pour la première fois de sa vie il pouvait entendre son cœur battre sourdement dans ses oreilles. Il était impératif qu'il garde sa main sous sa nuque, car pendant le choc, il ignorait si sa tête avait heurté la tôle.
Bien que le conducteur ne roulait pas excessivement vite, la jeune femme avait perdue connaissance. Alek toucha sa paume lorsqu'elle bougea faiblement de la tête. Ce premier mouvement le rassura.
- Mira ? Vous m'entendez ?
Elle ouvrit les paupières lentement en essayant de visualiser ce qu'il y avait autour d'elle. Prenant le soin de ne pas effleurer sa blessure, Alek écarta ses cheveux retombés sur son front.
Après avoir cligné des yeux un bref instant, la jeune femme prit une expression de contentement.
- Je suis au paradis ?
Alek la dévisagea avec un faible sourire de soulagement.
- Pas tout à fait...
Son chauffeur déboula en trombe et s'agenouilla près d'eux. Ils échangèrent en grec alors que l'ambulance se gara derrière l'attroupement des passants.
Déjà, il voyait sa photo en première page des journaux de demain...
Quelques heures plus tard, Mira émergea d'un court sommeil pour la deuxième fois. L'instant lui parut flou en promenant un regard dans la chambre avant de voir son reflet dans le miroir de la chambre d'hôpital. Elle se souvenait à présent de cette voiture qu'elle n'avait vu arriver sur sa gauche. Une émotion indéfinissable monta en elle, quand elle se repassa les images de l'homme qui l'avait saisi par la taille pour la protéger. Elle se souvenait d'avoir inhalé son odeur avant que la choc lui bloque la respiration.
Il l'avait probablement sauvé...
- Réveillée ?
Sa voix, brûlante et grave la berça encore d'une émotion troublante. Mira tourna la tête dans sa direction et se figea d'horreur quand elle vit un bandage entourer son avant bras.
- Vous êtes blessé ?
Il entra dans la chambre.
- Je pense pouvoir survivre, c'est juste un peu brûlé.
Se sentant coupable, Mira se tut en baissant les yeux sur sa carrure impressionnante. Elle rougit en se rappelant lui avoir dit qu'elle pensait être au paradis quand elle avait vu son visage sous le soleil, laissant une aura s'émanait tout autour de lui.
- Le médecin a dit que vous aviez le poignet fracturé.
Il s'assit au bord du lit l'hôpital.
- Ça aurait pu être pire, vous m'avez sauvé. Dit-elle à mi-voix.
L'homme qui jusque-là s'était montré vil et détestable venait de saisir sa main.
Le contact brûlant qui jadis quelques jours l'avait fait frissonner, colora instantanément ses joues.
- Je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable. Avoua-t-il en plissant ses sourcils tristement.
Elle ne répondit pas toute suite, désarçonnée par son regard chargé de remords.
- Rassurez-vous ce n'est pas de votre faute, c'est de la mienne. J'ai tendance à me laisser dominer par des rêveries.
Alek observa la jeune femme qui avait détourné la tête avec un sentiment de culpabilité. Bien qu'elle essayait de s'accabler, Alek se tenait en partie responsable de cet accident qui aurait pu être pire.
- Mademoiselle Ludington ? Comment vous sentez-vous ?
Alek se leva du lit et quitta la main de la jeune pour qu'il procède tranquillement à son examen.
- Ma tête ne tourne plus.
- Vous avez eu beaucoup de chance que sa Grâce ait eu le réflexe de mettre sa main sur votre nuque. Sinon la clavicule aurait pu être touchée.
Les yeux turquoises mélangés au profondeur de l'océan se tournèrent vers lui.
- Heureusement alors...murmura-t-elle en reportant son attention sur le médecin.
- Je vais vous prescrire des médicaments pour soulager vos douleurs. Expliqua le médecin en passant une lampe dans ses yeux. Avez-vous quelqu'un pour vous occupez de vous ?
- Oui moi...elle va venir chez moi.
Immédiatement la concernée ouvrit la bouche pour protester. Alek l'obligea à se taire d'un regard.
- Et bien quelle chance avez-vous là mademoiselle. S'exclama le médecin timidement.
Elle marmonna quelque chose d'incompréhensible en serrant les dents.
- Je sais que vous êtes mal en point mais l'accueil aimerait avoir le formulaire pour votre entrée.
Mira sentit son sang se glacer. Elle fixa la feuille le cœur battant. Sa main droite valide laissait croire qu'elle pouvait écrire. Son regard se perdit sur le lit. Sa gorge se serra au point de ne plus pouvoir respirer.
- Je vais le remplir pour elle. Intervint le duc en prenant les papiers. Elle n'est pas en mesure de lire votre charabia maintenant.
Le médecin s'inclina avec un sourire en quitta la chambre.
Mira se détendit et inspira profondément. Voilà pourquoi elle faisait attention de ne jamais tomber malade, ni d'avoir d'accident. Pour éviter ce genre de moment terrifiant.
Elle remercia l'homme intérieurement en se demandant soudain, quelle serait sa réaction s'il savait qu'elle était analphabète. Lui qui avait sûrement dû faire de grandes étude et qui devait connaître la langue de Molière ou bien les célèbres écrivains anglais qui berçaient le monde depuis des siècles...alors que de son côté, elle ne savait même pas lire un livre pour enfant.
- Vous me permettez de fouiller dans votre sac ? J'ai besoin de vos numéros d'assurance maladie.
Mira réprima un sanglot et hocha de la tête.
Le ventre noué à l'idée de retourner chez lui, Mira songeait à d'autres options qui auraient pu lui permettre de s'extraire de cette situation. Malheureusement, personne ne pouvait l'aider sauf cet homme au regard aussi glacial que l'Antarctique.
- Que comptez-vous dire à votre mère ? Elle n'avalera jamais tout ce qu'il vient de se passer en une journée.
Il releva les yeux.
- Je me charge de ça. Déclara-t-il assurément. Nous allons d'abord nous occuper de vous. Pour le reste...nous aviserons plus tard.
Il se leva, et posa ses mains de chaque côté de sa tête. Prisonnière, Mira recula sa tête contre l'oreiller. Elle se liquéfia quand sa main repoussa une mèche de son front.
- je suis sûr que ma mère va se ravir de votre compagnie pour partager avec vous les joies de la convalescence.....
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