Chapitre 12
Stiles prenait beaucoup de décisions sur un coup de tête. Parfois, il les regrettait, pour ne pas dire souvent. Et celle de retourner en cours au plus vite était l'une d'elles, l'une de ces décisions impulsives... Qu'il regrettait...
... Amèrement.
Le jeune homme avait démarré depuis quelques minutes à peine et pourtant, il hésitait déjà à faire demi-tour pour rentrer dans le but... De se glisser sous sa couette, une bouillotte bouillante contre le ventre. Car cette douleur qui le mettait d'ores et déjà à terre lui faisait l'effet d'un coup de poignard répété et répété, et répété... A une cadence plus ou moins régulière. Autant dire que le simple fait de se concentrer sur la route était d'une difficulté certaine, presque indécente pour le jeune homme qu'il était... Et qui n'avait aucune autre connaissance du monde des règles en dehors de ce qu'on lui en avait déjà raconté. Il avait quelques maigres souvenirs de certains cours de sciences qui y étaient consacrés, mais... Il se rendait compte d'à quel point le côté technique n'avait rien à voir avec le ressenti réel. Ainsi, Stiles se promit qu'il ne ferait plus jamais de blagues à ce sujet. Du moins plus devant Lydia, qui lui avait, quelques semaines plus tôt, confié ses souffrances dans le domaine. La jeune femme lui avait dit qu'elle devrait bientôt réaliser certains examens, dans l'optique d'expliquer certaines douleurs qu'elle trouvait quelque peu anormales... Et Stiles se demanda si ce qu'il ressentait lui pouvait être considéré comme normal ou non.
Enfin, pouvait-il considérer sa perception de la chose comme objective dans la mesure où il considérait chaque seconde passée à avoir ses règles comme une torture sans fin ? Existait-il un examen, une méthode de mesure de la douleur en elle-même ? On lui avait autrefois dit que chaque femme avait un ressenti différent à ce sujet. A quel point ? Devait-il considérer que sa souffrance à lui était classique ou témoin d'un dysfonctionnement quelconque, d'une maladie qu'on ne lui connaissait pas ? Stiles écarta aussitôt cette pensée-là d'un revers de main. Ce n'était qu'un sort. Un mauvais moment à passer. Rien de comparable avec des douleurs menstruelles... A moins que le sortilège les exagère pour lui ? Ou alors était-ce simplement son corps de jeune homme qui encaissait difficilement, pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas formé de façon à correctement tanker la douleur de ce déferlement menstruel mensuel... Et que le manque d'habitude – le concernant – rendait la chose bien plus difficile à appréhender que Lydia, par exemple, ou toute autre personne ayant à subir régulièrement ce phénomène des plus naturels.
- C'est qu'une fois, se répéta-t-il à de nombreuses reprises. Dans quelques jours, c'est fini...
Et il y croyait. C'était Deaton qui le lui avait dit et le savoir du vétérinaire en matière de connerie surnaturelle était incroyable... Alors aux yeux de Stiles, il ne pouvait pas se tromper.
D'ici peu de temps, ces satanées crampes et ces écoulements incroyablement gênants disparaîtraient. L'hyperactif souffla. Il avait mal et cette putain de couche le gênait au plus haut point. Elle était plus petite et moins épaisse que celles qu'il avait portées la veille, d'autant plus qu'il l'avait un petit peu bricolée, histoire qu'elle l'entrave le moins possibles dans ses mouvements et... Qu'elle ne se voie pas. Que l'on devine ce qu'il portait était une véritable hantise. Ainsi, pour maximiser les chances que sa dissimulation fonctionne tout en faisant en sorte qu'il profite du meilleur confort possible, Stiles s'était vêtu différemment par rapport à d'habitude. Adieu jeans, t-shirt et chemise : dites bonjour au sweat et au pantalon de jogging informes, sombres et larges. L'humain savait pertinemment qu'il n'avait pas fière allure, mais tant pis. Impossible pour lui de s'habiller comme il avait coutume de le faire. Il avait essayé avant de rapidement se raviser : s'il ne pouvait décemment pas emporter sa bouillote avec lui au lycée, autant qu'il puisse se mettre à l'aise... De toute façon, il fallait bien qu'il retourne en cours à un moment et à un autre. Son père lui avait bien proposé d'attendre que cet épisode se termine, en lui disant qu'il lui tolèrerait ses absences dans la mesure où il en « comprenait » l'origine... Mais Stiles avait refusé.
Officiellement, il avait la flemme d'avoir trop de cours à rattraper. Officieusement, il ne désirait pas que son père prenne ses congés en fonction de lui. Aux yeux de Stiles, ces précieux jours devaient servir pour des urgences, ou bien en tant que suppléments de vacances. S'il restait à la maison et que Noah faisait de même, ce serait pour lui. Pour le surveiller, pour l'aider... Pour être aux petits soins avec lui. Mais malgré leur semblant de discussion, la plus récente... Stiles ne voulait pas passer en premier dans le foyer, surtout pas pour un problème de ce genre. A ses yeux, le boulot de son paternel passait bien avant... Un problème de règles qui disparaîtrait d'ici quelques pauvres jours et qu'il peinait à supporter... Parce que c'était tout nouveau pour lui. Il ne connaissait pas et n'avait jamais eu à expérimenter une douleur pareille qui n'était d'ailleurs pas que cela. Il y avait aussi cet inconfort permanent, celui d'avoir l'impression de ne jamais savoir comment se positionner pour diminuer cette sensation des plus exécrables. Stiles se dandinait sur le siège conducteur et sa gêne influençait sa conduite qui se faisait moins rapide et sa trajectoire, moins précise.
Ainsi, son arrivée au lycée fut une délivrance, pour la simple et bonne raison qu'il pouvait se reposer quelques minutes dans sa voiture sans avoir à se concentrer sur un élément routier ou le contrôle de son véhicule. D'autant plus que la douleur, qui déferlait sur lui par vagues, ne semblait pas diminuer en intensité. Stiles grimaça et se tint le ventre tout en sachant que ce n'était pas exactement là qu'il avait mal, mais un peu plus bas. Et il était vraiment censé tenir une journée de cours dans cet état ? Sur le papier, il devait simplement encaisser dans l'espoir de s'y habituer, ce qui restait faisable, mais... Il n'avait vraiment pas l'habitude d'un tel ressenti. C'était fort, horrible, incessant. Mais il avait pris sa décision et considérer qu'il devait retrouver au plus tôt une vie normale et tout faire pour ne pas inquiéter son père à outrance. Or, ses regrets, il se les prenait de plein fouet tout en sachant pertinemment qu'il ne reviendrait sur ses pas sous aucun prétexte. Il avait fait son choix et il l'assumerait jusqu'au bout... Enfin s'il tenait. Et ça, Stiles ne pouvait en rien le garantir tant il se sentait faiblard, fébrile, fragile. Une chose était certaine : en plus de ne plus faire de blagues à Lydia concernant ce sujet, il mettrait son poing dans la figure à quiconque minimiserait les douleurs de règles devant lui. Il s'en fit la promesse solennelle...
... Et ne se décida à sortir de sa Jeep qu'un long moment plus tard. Sa motivation ? Le temps qui passait, l'approche de l'heure du début des cours. Stiles savait qu'il risquait d'attirer l'attention de ses amis, mais il ne voulait pas que tous les regards se posent sur lui. Ainsi, arriver en retard fut sa hantise et c'est la raison pour laquelle il accéléra le pas malgré cette lame intérieure qui paraissait lui cisailler le bas-ventre et dont les assauts semblaient s'étendre jusqu'à ses cuisses. Son visage plus que crispé ne passa pas complètement inaperçu, mais Stiles fit comme si rien autour de lui n'existait. Il ne lui tardait qu'une chose : poser ses fesses sur sa chaise et laisser les cours le distraire de la douleur.
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