#Tome 2 | #Amour 77


Parce que c'est nous, un point c'est tout !

Samedi 12-01-19

Portland Fire & Rescue Station 03 | Pearl district nord-ouest, Portland, OR 97 209, États-Unis

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18 h 30 | La main en lévitation, face à la porte du chef de la caserne, je fouille le regard de Jina pour m'assurer que nous sommes bien d'accord sur notre décision. Pour vérifier que je ne me fourvoie pas dans sa réponse. Que le chemin que nous voulons emprunter est bien le même.

Jina opine de la tête et me gratifie même d'un clin d'œil.

— On est d'accord alors ?

— Oui, mon amour !

— Alors, allons lui annoncer la nouvelle !

Mon poing s'abat avec conviction sur le montant de la porte par trois fois et je pousse le vantail, quand la voix grave du Capitaine nous donne l'accès à son bureau.

— Chef Lanson !

Nous le saluons en même temps et nous attendons sa permission de pénétrer dans le bureau.

— Harry, Wayne, entrez !

— Merci.

Nous nous asseyons après que le chef nous le signifie d'un geste de la main.

— Vous allez mieux, Harry ?

— Oui chef, merci, plus de peur que de mal !

— Tant mieux ! Que me vaut votre visite alors ?

— Nous voulions vous parler.

— À quel sujet Wayne ?

Jina et moi, nous nous regardons et dans un même geste nos mains se soudent et en même temps nous annonçons au chef... La sonnerie du téléphone nous coupe dans notre élan et nous le laissons répondre patiemment.

— Désolés, nous en étions où ?

— Ben nulle part ! Nous n'avons pas eu le temps de commencer, Chef.

D'habitude, j'aurais râlé, mais, là, je n'ai envie que de garder le positif de notre démarche en me focalisant sur ce que nous voulons lui annoncer. Je ne sais pas s'il connaît les raisons de ce rendez-vous, mais ça n'a pas l'air de le perturber. Ce mec, c'est la tranquillité personnifiée. En toute situation, il garde son calme, il prend le temps d'analyser les choses, les gens, les contextes tout en triturant son stylo en appuyant sur le poussoir pour faire entrer ou sortir la mine. Ce bruit essaye de s'ancrer dans ma tête et commence à me taper sur les nerfs. Alors pour distraire mon exaspération soudaine, je calque le rythme avec ma jambe qui se soulève et s'abaisse sur le même tempo.

— Chef, en fait nous voulions vous prévenir...

Trois coups sont frappés à la porte nous stoppent encore.

Putain ! Tout le monde a décidé de nous faire chier. Ce n'est pas possible, ils se sont tous donné le mot ! Pourtant, il pourrait y avoir le feu. Une catastrophe naturelle. Ou que sais-je encore, je ne changerai pas d'avis.

— Chef, s'annonce un brancardier. Mince, je ne savais pas que vous étiez occupé ! Wayne, Harry ? Vous êtes de retour ? grimace-t-il.

— On dirait bien !

Forcément, il fallait que ce soit un collègue de Jina et, en plus, un de ceux qui ne l'apprécient pas. Je sens son bras se tendre, ses traits se tirer et je n'ai qu'une envie, c'est de lui faire avaler sa grimace à ce trou du cul.

— Bon, vous vouliez quoi, Marty ? l'interroge le chef en voyant que je perds patience.

— Vous déposez les rapports des trois dernières sorties de cette nuit.

— C'est toi qui as mis la main sur le commandement de l'équipe ?

Jina formule ouvertement ma pensée, car, de tous ceux qui auraient pu prendre la place de Jina, j'aurais espéré que ça ne soit pas un des mecs qui lui en voulait. Ce connard doit jubiler et ce n'est pas son sourire satisfait qui va me dire le contraire. Je dois me retenir pour ne pas le lui faire avaler. Alors je me focalise sur la parole que reprend le Chef.

— Harry, il fallait bien que quelqu'un vous seconde en attendant votre retour.

— Je comprends, Chef.

Bien sûr que nous comprenons, le Capitaine a une caserne à faire tourner, il n'est pas là pour faire ses choix en fonction des humeurs des uns et des autres. Cependant, ça lui fait mal... L'autre con dépose les dossiers et se retourne pour sortir du bureau en balançant un sourire machiavélique dans la direction de Jina. Ses fesses se soulèvent de l'assise, mais nous ne sommes pas là pour régler ce problème. Alors, je serre sa main pour la ramener à moi, à notre mission avant qu'elle laisse sortir sa colère envers ce mec. Il ne vaut pas la peine qu'elle lui fasse le plaisir de s'abaisser à son niveau. Et puis si un de nous deux doit l'attaquer, ça doit être moi. Pas que je pense que Jina n'en est pas capable, elle l'a démontré bon nombre de fois, mais je me suis fait la promesse de la soutenir et de la protéger. Alors je suis du regard l'autre enflure et apparemment mes iris sont assez noirs et inquiétants, car il se départit de son rictus avant de passer la porte.

— Bon, Harry, Wayne, reprenons !

Et avant, qu'un autre élément se déchaîne contre nous, je balance notre décision sans plus de cérémonie, pour les détails, nous verrons ensuite.

— Nous démissionnons !

Ma phrase claque dans le silence qui est devenu lourd en une poignée de secondes. Le chef accuse le coup, reprend son stylo en main et pose son dos contre le fauteuil. À mon regard agacé sur ce dernier, il a dû comprendre que je ne supporterai pas qu'il recommence ses successions de clics. Il le range dans la poche de sa chemisette et repose ses bras sur le plateau de son bureau.

— J'avais espéré que vous n'en arriveriez pas jusque-là. Je pensais que vous vouliez quelques jours de plus pour vous remettre.

— Chef, nous savons que notre décision peut vous paraître soudaine, mais...

— Mais, je comprends, depuis qu'Harry est arrivée à la caserne, rien n'a été simple. Pourtant, si une femme pouvait tenir une brigade, c'était bien vous.

— Vous n'y êtes pour rien, chef ! Je n'ai pas pour habitude de baisser les bras face à la difficulté, mais, là, ils sont allés trop loin. Je ne veux plus vivre avec cette boule d'angoisse au ventre et Léo non plus.

— Wayne, votre démission est pour les mêmes raisons ?

— Oui, je ne tiens plus à trembler pour Jina chaque fois qu'elle sort pour des urgences avec des mecs qui ne souhaitent qu'une chose, sa défection, je me tourne vers Jina et termine. Nous voulons pouvoir vivre une vie plus sereine et sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. L'explosion aurait pu nous être fatale.

— Je ne peux rien dire pour vous faire changer d'avis ?

— Non, chef, notre décision est mûrement réfléchie, même si à notre arrivée à la caserne de voir des collègues partir en intervention ça nous a faits bizarres, nous voulons tourner cette page.

— Vous allez faire quoi ?

— Nous allons reprendre le garage de mon père.

— Vous allez pouvoir à nouveau vous servir de vos talents de mécano, c'est bien, hoche-t-il de la tête.

Le Chef prend acte de notre décision et, au moment où nous pensons que le rendez-vous est terminé, il reprend la parole :

— Je ne sais pas si vous voulez avoir des nouvelles de vos collègues, Marshall et Colton ?

— Pas vraiment !

Ma réaction est un cri du cœur. Je n'ai pas pu la retenir. Par contre, Jina veut savoir, parce que malgré ce qu'ils nous ont fait, elle garde au fond d'elle cette part d'humanité que l'armée, son ex ou ces deux connards ne lui ont pas enlevée.

— Ils vont comment ?

— Ils sont toujours en soins intensifs, leurs brûlures sont assez importantes. Marshall est le plus touché, il a failli mourir pendant l'opération afin de stopper l'hémorragie interne. Il est toujours maintenu dans un coma artificiel. Quant à Colton, il ne pourra jamais plus exercer son métier.

— Vous l'avez viré ?

— Je n'ai même pas eu besoin de le faire, Wayne. Sous le coup de l'explosion, il a été projeté à l'extérieur et son dos a percuté le tronc d'un arbre. Il va finir sa vie en fauteuil roulant et ne marchera plus jamais.

— Vous voulez que je vous dise que je suis triste pour eux ?

— Non, Wayne. Je voulais juste vous aviser que la vie s'était chargée de leur faire payer leur haine et leur geste impardonnable.

Nous avons, tous les trois, besoin de ce silence pour acter les dernières informations.

— Chef, vous auriez des nouvelles d'Éden, vous savez le petit garçon...

— Celui que vous avez sauvé ? Oui, j'en ai.

Le chef resserre ses mains et, tout en nous regardant d'un air abattu, nous annonce d'une voix empreinte de tristesse :

— Éden a été confié à une famille d'accueil.

— Comment ça ? Pourquoi ?



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Indice sur le prochain chapitre

📍😲 Le ciel...

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📍 Pour info : Il ne reste que 5 chapitres... 

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😉 On se retrouve demain à 11 h 00 👍

😘 Kiss mes #Love #Fire 🔥

😍 Je vous burn 💕

🌈 Kty.Edcall.Auteure 🌞

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