Juste un signe du passé qui revient me hanter !

Jeudi 27-12-18

Legacy Emanuel Medical Center, 2 801 N. Gantenbein Ave, Portland OR 97 227, États-Unis

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14 h 00 : Nous voilà arrivés à l'hôpital. J'aide Miles à descendre la civière. Je le laisse énoncer l'état du motard aux toubibs et autres internes qui nous attendent pour prendre tout de suite le relais avant d'agir au plus vite sur les multiples blessures.

Il a de la chance d'être encore en vie.

Je me décale du brancard, pour céder la place au personnel soignant, sans quitter cet homme du regard. Je ne sais pas s'il l'a senti, mais ses yeux apeurés, après avoir survolé plusieurs endroits, tombent dans les miens, tandis que mon prénom passe douloureusement la barrière de ses lèvres. Miles étant plus près de lui, il l'a encore mieux entendu, car il se retourne vers moi en me demandant :

— Tu le connais ?

En effet, je le connais. Mais je suis incapable de répondre tant je suis tétanisé par l'émotion, par le passé qui revient au galop. Je n'arrive à rien. À part garder mes yeux fixés dans les siens. Je sens les mains de Miles sur mes bras qui me secouent pour me faire réagir, mais arriver à ouvrir la bouche est au-dessus de mes forces.

— Monsieur Wayne ! lis le médecin sur sa fiche. Heu, Clayton, c'est ça ?

Miles m'oblige à le regarder et je sais qu'il a compris qui était cet homme allongé sur le brancard.

— Putain ! C'est ton frère ?

J'arrive à acquiescer. Mais ma gorge est trop sèche pour que je lui réponde de vive voix. Tandis que le brancard passe devant nous.

— Léo, exprime le blessé avec difficulté en me tendant sa main.

Et est-ce par réflexe, ou totale perte de compréhension de ma part. Mais je la prends et marche à côté du brancard guidé vers les boxes d'examen.

— J'ai... Peur.

— Ne t'inquiète pas Clay, tu es entre de bonnes mains.

— Tu restes, me supplie-t-il de la voix et du regard.

— Oui.

— Merci... Léo.

Je le lâche, même en étant pompier ou faisant partie de la famille, on me signale que je n'ai pas accès au poste de soins.

Assis sur un siège en plastique de la salle de repos des internes, je bois mon café. Miles respecte mon silence. Il sait que ça ne sert à rien de me presser de questions. Que rien ne passera la barrière de mes lèvres, tant que je serai sous le choc.

— Ce mec est mon grand frère...

— C'est celui qui t'a trahi avec ton ex ? Ou tu en as un autre ? essaye-t-il de plaisanter pour détendre l'atmosphère irrespirable.

— Non, c'est bien lui ! Mais pour moi, il n'existe plus...

— Il ne t'a visiblement pas oublié, lui... constate Miles en grimaçant.

— Oui enfin, il se rappelle que j'existe quand ça l'arrange.

Ma grimace, mes pensées, mes souvenirs et des images me reviennent encore et encore...

J'ai fait cinq ans. Ferme.

Et pourquoi ? Pour rien, puisque la douleur est toujours bien présente aux fonds de mes tripes. Elle est là, à me lacérer le cœur, pour en dégager ce fiel, que me distillent les images de mon frangin et de sa trahison.

Comment peut-on faire ça à son frère ?

Je n'ai toujours pas la réponse...

Cette parenthèse de cinq ans à me battre, à mettre ma vie en danger, pour en fin de compte me retrouver à la case départ. Putain de karma. Il se marre et se fout bien de ma gueule, là !

— C'est bien à cause de lui que tu t'es engagé dans l'armée ?

— Ouep.

— Je comprends ta réaction. Partir pour essayer d'oublier, s'engager pour sauver des vies autres que la sienne, s'éloigner pour avoir un semblant de normalité...

La porte de la salle de repos s'ouvre et coupe instantanément la réflexion de Miles. Je lui donnerai les détails de toute cette merde, mais, pas là, pas comme ça.

J'aurais voulu que Jess soit avec moi pour me soutenir et m'aider à passer ce moment horrible et tout ce qu'il ramène dans ma vie. Mais je sais que, dorénavant, je vais devoir faire sans elle. Et je regrette même de lui avoir ouvert à ce point mon cœur...

Maintenant que je pensais m'être débarrassé de ce passé pour construire une nouvelle vie avec mon pote à mes côtés et avec Jess que je croyais être la nana, qui me ferait enfin dépasser ce cap. Il a fallu qu'elle s'en aille et que lui revienne...

— Wayne ! Désolé de t'interrompre, me balance un infirmier, mais il y a quelqu'un à l'accueil qui demande à voir ton frère.

Je me raidis instantanément en entendant cette nouvelle, qui m'indique que le cauchemar ne fait que commencer.

Cinq ans de ma vie réduite en miettes, écrasée par le talon aiguille de sa chaussure. Même de dos, je la reconnaîtrai entre mille. Elle a gardé cette silhouette parfaite, tirée à quatre épingles dans ce tailleur chic. Ses cheveux sont relevés dans un chignon strict, ce qui me fait penser qu'elle a dû réussir ses études et devenir avocate, comme elle l'a toujours voulu...

Elle pivote vers moi et j'arrête de respirer.

Miles vient se poster à côté de moi, en comprenant de qui il s'agit. À travers ce geste, cette position déterminée, il me montre qu'il est là. Qu'il me soutient comme il le fait depuis le premier jour ! Même s'il ne maîtrise pas entièrement l'histoire, il en connaît bien assez pour savoir à quel point cette merde m'a envoyé à l'autre bout de la terre.

On est toujours là, l'un pour l'autre, quoiqu'il arrive et qu'il en coûte. C'est ça être un frère, un vrai...

— Léopold, mon chou.

Putain de voix...

Elle m'arrache un frisson de dégoût en l'entendant me parler ainsi. Des mots qu'elle n'a plus le droit de prononcer, et encore moins avec ces aigus, qui me percent les tympans.

Mon cœur se resserre et rate un battement en la voyant se rapprocher avant de sentir sa main sur ma joue.

Mon mouvement de recul est à la hauteur de la châtaigne que j'aurai pu prendre en mettant les doigts dans la prise.

Une électrocution qu'elle a dû ressentir, à moins que ça ne soit mon regard glacial, qui la déstabilise, en attendant elle retire sa main et fait un pas en arrière.

— Tu n'as rien à faire là. Dégage !

Ma voix est plus forte, sans doute portée par toute la haine que je ressens envers elle...

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Indice sur le prochain chapitre

La triste réalité...

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📍 On se retrouve demain à 11 h 00

😘 Gros bisous mes #Love #Fire 🔥

🌈 Kty.Edcall.Auteure 🌛