Impossible que ce soit lui !

Jeudi 27-12-18

Portland International Airport, 7 000 NE Airport Way, Portland, OR 97 218, États-Unis

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11 h 30 : Je suis assis dans ma voiture depuis cinq bonnes minutes, pourtant je n'arrive toujours pas à démarrer. Ma tête tourne, mon esprit carbure et j'en oublierais presque le départ de Jess tant cette rencontre furtive m'a chamboulé.

Ce mec un peu plus âgé que moi, en costume trois-pièces, il a vieilli certes, mais ses traits me restent familiers. Intrigué, après avoir été surpris, je suis revenu sur mes pas, mais avec la masse de personnes que génère un aéroport, impossible de le retrouver. Je suis ressorti complètement sonné.

Une fraction d'improbabilité qui m'a heurté. Alors me voilà assis dans ma voiture, à essayer de me souvenir du visage de cette personne que j'ai vue seulement une ou deux secondes, tant il était pressé d'entrer dans le sas.

Maintenant que je me repasse la scène, je peux l'observer de dos, avancer d'un pas déterminé et je suis même arrivé à visualiser un attaché-case noir maintenu par sa main gauche.

Le bruit d'un avion volant au-dessus de ma tête me sort de ma réflexion, il a opté pour une altitude un peu plus basse que les autres, ce qui attire mon regard. Vous me direz, un long-courrier, qui décolle dans un aéroport, c'est normal, mais, voyant vers où il se dirige, je me plais à croire que c'est celui de Jess...

Celui qui l'emporte loin de moi, accompagné par cette garce et de ce mannequin blond.

En songeant à ça, je n'ai pas ouvert le texto que m'a envoyé la barbie peroxydée. Je ne devrais sans doute pas le faire, mais, maintenant que j'y ai repensé, je ne pourrai pas résister. J'ai besoin de voir de mes yeux, de me faire ma propre opinion, et de ne pas oublier que c'était avant moi...

J'ouvre le texto, clique sur le lien, et en quelques clichés, je me rends compte que j'aurai mieux fait de le mettre directement à la poubelle.

Jess est belle, sensuelle, alanguie, comme j'ai pu l'observer plusieurs fois après lui avoir fait l'amour. Ce qui me permet d'identifier cette nuance, que prenaient ses iris, et que malheureusement je retrouve là, alors qu'elle pose avec ce blond et la garce...

Les attitudes sont suggestives, elles sont réalisées pour présenter un parfum, mais ce sont ces trois corps imbriqués qui font toute la différence. Entre les décors noirs, les ombres, la soie des draps qui contrastent avec les chairs claires. Jess est si belle, que je comprends qu'elle en ait fait son métier, même si ça l'éloigne de moi. Je la scrute. Je la mate sans vergogne. Après tout, c'est la même à qui je donnais du plaisir ce matin encore. La même et pourtant, elle est toute autre, car, comme elle me l'a dit, c'était avant moi.

Comment en vouloir à Jess d'avoir eu une vie avant moi ? Tout comme moi, j'en ai eu une, avant elle. Jess veut que je lui fasse confiance... En serais-je capable ? La dernière fois que j'ai fait confiance à une nana, elle m'a trahi. Elle a piétiné mon cœur et mon amour, avant de se barrer sans se retourner. Sans vérifier si je survivais à cette infidélité, si je respirais, si je vivais encore ou si, comme les chevaux, elle devait m'achever d'une balle dans la tête.

Mon frère m'a terminé à sa place. À la place de Mindy. À la place de ma fiancée...

Mon frère.

Ce mec, qui était pour moi, ce qu'on pouvait faire de mieux, c'était mon héros. Il était invulnérable. À ses côtés, rien ne pouvait m'arriver et pourtant, après vingt-deux ans à l'admirer, à le mettre sur un piédestal, il m'a trahi...

Se pourrait-il que ça soit le gars de l'aéroport ?

Où est-ce mon esprit torturé, qui se l'est imaginé ?

Quoi qu'il en soit, je dois aller bosser, sauver des vies, et penser à d'autres personnes que celles qui m'entourent, cela ne peut que me faire du bien.

Portland Fire & Rescue Station 03 - Pearl district nord-ouest, Portland, OR 97 209, États-Unis

12 h 30 :

— Te voilà enfin !

— Salut, Miles.

— À voir ta tronche, le départ de Jess a été dur.

— On pourrait parler d'autre chose ?

— À ce point ? Mec, c'est juste quinze jours, ça va vite passer...

— Voilà ! Le sujet est clos.

Je dois vite trouver une idée pour le faire changer de direction, sinon il va être en boucle sur le départ de Jess. Deux heures se sont écoulées et pourtant bien des choses se sont passées depuis, entre cette rencontre, qui me perturbe, et la vue de ce shooting... Chanel savait ce qu'elle faisait en me le montrant, et je comprends mieux la réaction de Jess en connaissant ce que j'allais y découvrir.

Comment peut-elle me demander de lui faire confiance après ça ?

Comment ne pas envisager qu'elle termine à nouveau dans le même lit que ce mannequin blond ?

— Eh, mon pote. Parle-moi ! Tu sais que tu peux tout me dire...

— Je sais... Nous verrons si nous avons une pose.

Je me change dans les vestiaires tout en lui demandant des nouvelles de mon filleul. Et un vent de fierté souffle en moi quand je pense à ce statut. Être le parrain de ce bébé revêt une importance particulière et je ferai tout pour être à la hauteur.

— Prêt pour un entraînement, Léo ?

— Ok ! Faire des pompes et soulever de la fonte ! Je suis partant.

Cela fait un bon quart d'heure, que l'on transpire quand la sirène se met en branle. Nous stoppons tout et filons à toute vitesse au vestiaire. Putain, je n'ai même pas le temps de prendre une douche. Une serviette humide passée sur tout le corps et sous les bras fera l'affaire pour nous éponger.

— On a quoi ? me questionne Miles déjà installé derrière son volant.

— Accident, une moto contre voiture.

— Merde !

Miles part à fond dès que je lui communique l'adresse, car en général ce genre d'urgence n'est jamais bonne pour le motard.

Nous arrivons rapidement sur les lieux, celle-ci ne déroge pas à la règle. Le corps du motard gît au sol, couché sur le dos avec le casque toujours en place, c'est déjà ça. Je me renseigne auprès des personnes qui ont assisté à l'accident. Je dois connaître ce qu'il s'est passé, tout en constatant l'état de la moto encastrée dans le pylône du pont. Je sais que ça va être grave.

— Léo ! Contrôle ses constantes.

Miles essaye de lui parler pour obtenir des informations, mais le mec est inconscient. Alors sans pouvoir savoir où il a mal on décide de le mettre dans une coquille et de lui placer un collier cervical pour sécuriser sa nuque et sa colonne vertébrale. Avec précautions, Miles lui retire le casque tandis que je maintiens la tête droite et je reste en arrêt devant le visage de cet homme que je reconnais immédiatement.

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Indice sur le prochain chapitre

Tel un fantôme...

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📍 On se retrouve ce soir à 21 h 00

😘 Gros bisous mes #Love #Fire 🔥

🌈 Kty.Edcall.Auteure 🌞