Tome 1 | Chapter 16.01
Retour à la réalité...
Mercredi 12/12/18
Bar de plage sur Pacific Ave - à Oceanside | Oregon
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16 h 30 - Le temps de manger un morceau dans un des bars en bord de mer et de faire une dernière balade sur le sable, il est l'heure de rentrer. On bosse ce soir, et, tant mieux, ça va me permettre de faire le vide, et de ne surtout pas me rendre au QG pour boire avec les collègues.
— Tu es sûr d'être en état de travailler ?
— Oui ! Ne t'inquiète pas pour ça. Une fois dans l'urgence, je retrouve toutes mes capacités.
— Si tu le dis ! Franchement, on en a fait des virées, mais je ne t'ai jamais vu aussi mal le lendemain.
— Normal, je n'avais pas perdu tout espoir. Tandis que, là, je sais que j'ai tout foutu en l'air.
— Pourquoi, tu tiens tant à cette promesse d'adolescent ?
— Je ne sais pas Léo. Je pense que c'est con, ce que je vais te dire...
— Vu ton niveau, je n'en attendais pas moins de ta part !
Léo affiche un sourire en coin alors qu'il vient de me pousser de sa main au niveau de l'épaule. D'un geste du menton, il m'incite à continuer mon analyse.
— C'est par habitude...
— Ben en fait si ! T'es encore plus con que je ne le pensais ! Tu vas foutre ta vie en l'air pour quoi... Une habitude ?
— Je ne vais pas tout foutre en l'air, je l'ai déjà fait, tu veux dire.
Le silence me répond. De toute façon, que peut me dire Léo pour changer le fait que j'ai agi comme un abruti ? Que j'ai ruiné ce qui est le plus important pour moi en me comportant en un véritable con ! Il est sans doute mieux pour Cody que je reste loin de lui. Je ne suis pas le meilleur exemple à donner à un môme. Alors pourquoi cette idée de vivre loin de mon fils et de celle que j'aime me fait-elle aussi mal ?
— Est-ce que je peux tout sacrifier pour une promesse ?
— À toi de juger ce qui compte le plus pour toi !
— Je me suis tellement forgé avec cette idée en tête que c'est dur d'admettre que je suis amoureux et papa, et ça en même pas une semaine. Reconnais que c'est ardu, court et brutal, surtout pour un mec comme moi.
— J'avoue, c'est rapide. Mais c'est surtout un énorme gâchis, quand je repense à Leyna et Cody. Tu es attaché à eux, c'est flagrant.
— Ce môme a changé un truc en moi.
— Ben, tu aurais dû penser à ton fils avant de tout envoyer balader.
— J'aurais dû m'y prendre autrement, j'ai été maladroit avec Leyna. Je ne sais pas faire ou être ce genre de mec.
— Tu crois que c'est ce que te demande Leyna ?
— Non, mais...
— S'il y a bien une personne qui te connaît, c'est elle. Elle t'aime... Toi, m'annonce-t-il en pointant son doigt sur mon torse. Et c'est à se demander comment c'est possible, vu ton niveau de conneries.
— Je ne la mérite pas...
— Pour une fois, je suis d'accord avec toi !
Les vagues, elles aussi ont un avis et se déchaînent de plus en plus. Le temps devient maussade, tout comme mon état.
Je suis responsable de tout ce qui est arrivé et pourtant je ne voulais pas que ça se termine ainsi.
— Mais, tout ce qui s'est produit ensuite, je ne pouvais pas le prévoir.
— Sauf que si tu étais rentré à l'appartement au lieu de te rendre au QG, tu n'aurais pas bu tel un ivrogne. Tu n'aurais pas envoyé des textos ni terminé chez Chanel et l'on aurait pu parler comme on le fait depuis ce matin pour recoller les morceaux avec Leyna. Au lieu de ça...
— La prochaine fois que je vois Jimmy, je lui dirai...
— Le mieux, tu évites le QG et Jimmy si tu es seul. Et ce n'est pas que les clés qu'il devrait te prendre, mais aussi ton téléphone.
Léo se marre en secouant la tête de gauche à droite.
— Quoi ?
— C'est vraiment dommage que ton téléphone ne soit pas équipé d'une application « éthylotest », qui le garderait verrouillé si ton taux est supérieur à la limite légale !
— Ce n'est pas con ça, tu devrais l'inventer, souris-je légèrement.
Le premier depuis mon départ de chez Leyna.
Putain ! Ils me manquent grave...
Portland Fire & Rescue Station 03 - Pearl district nord-ouest | Oregon
18 h 00 - Le temps de prendre une douche, de me changer et me voilà prêt... Physiquement. Car à l'inverse de ce que j'ai dit à Léo, niveau émotionnel et mental, ça ne va pas du tout. Et si j'étais honnête avec moi-même, je serais rentré à l'appartement, parce que je ne suis pas opérationnel.
— Salut, les gars !
Je checke les poings de chacun des mecs de la caserne. Et même si certains ont remarqué mon état, ils n'ont rien dit. Mais c'est sans compter sur Josh, qui, lui, s'en tape royalement que je suis son chef. S'il a un truc à balancer. Tu le prends en pleine gueule, et ce n'est pas autrement.
D'habitude, je recherche sa connerie et son trait d'humour noir et décalé. Mais ce soir, je ne suis pas équipé de patience ou de filtre « troisième degré ».
— Mon con, elle devait être bonne, la salope avec qui tu as passé ton jour de repos ! Tu partages ?
— Laisse tomber, le conseille Léo, qui, sachant mon état, s'est placé entre nous deux.
— Ben quoi, Miles ? Tu comptes te la jouer perso maintenant que tu es rentré ? Où est passé ton sens de la fraternité ?
— Josh, arrête de le chercher ! C'est un conseil !
— T'es vraiment devenu un enfoiré ! L'armée n'a pas arrangé ton niveau de débilité, m'invective Josh tout en avançant vers moi malgré la présence de Léo qui lui fait barrage.
Il me cherche depuis mon retour. Je sais bien que certains gars ont mal vécu mon départ. Ils se sont sentis trahis et abandonnés par leur Chef. Mais là, je n'ai pas la capacité de compréhension dont je devrais faire preuve pour garder la cohésion de groupe.
— Répète un peu espèce de connard !
Cette fois-ci, c'est Cameron qui essaye de calmer la tension qui monte entre nous deux.
— Qu'est-ce que t'as à me chercher ainsi ?
— Eh, oh ! Les mecs, on souffle un bon coup, et l'on se détend !
J'allais répondre, quand l'alarme répand sa sonnerie stridente dans tout le bâtiment. Putain, ma tête... J'ai beau l'entourer de mes mains et la serrer dans cet étau, rien n'y fait, c'est la fin du monde sous mon crâne.
— Tu devrais rester dans la chambre Miles, c'est plus prudent, repose-toi et tu viendras sur la prochaine intervention.
Et c'est ce que j'aurai dû faire.
J'aurais dû écouter Léo et Cameron. Mais voilà, quand on est con, et malheureux de surcroît, on enchaîne les mauvaises décisions. Je voulais juste que cette urgence m'empêche de cogiter...
— Je te laisse conduire, et c'est déjà énorme ! Alors, ne viens pas me faire plus chier que ça, tu veux.
— En effet, c'est un exploit ! balance Brant. En cinq ans, pas une fois, tu n'as passé la main. Tu dois vraiment être mal.
— Tu te souviens de l'épidémie de gastro, on était tous dans des états pas possibles. Eh, bien même là, tu avais conduit avec ton sac à vomir, ouvert entre les cuisses, se marre Todd.
Je ne sais pas si c'est le souvenir de ce jour, ou des restes d'alcool dans mon sang, mais heureusement que ces fameux sacs existent parce que j'ai un haut-le-cœur. J'ai juste le temps d'en attraper un pour le remplir de tout ce qui pèse sur mon estomac. Si seulement, je pouvais en faire autant avec mon esprit...
— Putain d'odeur ! T'es dégueulasse Miles, m'invective Keith, qui passe au blanc comme un linge et vomit à son tour.
— Eh bien, quelle équipe ! s'amuse Léo en voyant nos têtes. J'espère que ça va te servir d'exemple, la prochaine fois où tu changeras ton sang en alcool.
— C'est bon Léo ! N'en rajoute pas, j'ai la tête qui explose.
— Tu as voulu venir ? Tenir tête à tout le monde ? Maintenant, tu assumes.
Quel connard quand il s'y met !
Nous voilà arrivés sur l'intervention et nous descendons tous rapidement du camion. Enfin, je glisse plutôt mon corps contre la carrosserie en mode « grosse limace ».
— Tu vas rester à côté du camion pour gérer les pompes à eau des lances, m'ordonne Léo. Je ne veux pas devoir te surveiller en plus du feu.
Je capitule, parce que je n'ai pas la force de répliquer. Pourtant je sais que ce n'est plus l'alcool qui me met dans cet état, contrairement à ce que pensent les gars. Mais je préfère qu'ils croient ça, plutôt que de devoir avouer, que c'est mon cœur broyé en miettes qui me rend ainsi.
Je suis malade comme un chien, et je ne veux pas en guérir, car c'est largement mérité.
Les mecs assurent face au feu qui vient de cramer ces deux bagnoles en stationnement.
Mais alors qu'on pense qu'on est arrivé à bout de cette urgence, des types surgissent de nulle part et ils s'en prennent aux gars en les canardant de cailloux, de bouteilles. Pour certains, ils sont même armés de battes de baseball.
Je lâche mon poste pour venir les aider, quand une douleur immense me coupe le souffle. J'ai tout juste le temps de voir Léo courir vers moi, avant que je ne m'effondre au sol. Le corps roué de coups.
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Indice pour le prochain chapitre
📍En attente de...
⭐La suite... Ce soir à 21 h 00⭐
😘 Gros bisous mes Love Fire 🔥
🌈 Kty.Edcall.Auteure 🌞
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