Tome 1 | Chapter 10.01


Entre hommes...

Dimanche 09/12/18

1 732 W Burnside St - Appart n° 7 - Goose Hollow district - Portland | Oregon

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06 h 30 - Leyna a du mal à partir pour aller bosser. Elle aimerait rester avec son fils et moi. Former déjà ce « nous à trois ». Mais elle n'a pas le choix, et c'est l'âme en peine qu'elle nous laisse après avoir donné ses dernières recommandations à son fils. Je pense qu'elle les lui confère plus pour se rassurer que pour le tranquilliser. Il n'a pas l'air plus perturbé que ça par l'information.

— Sois sage, mon bébé. Tu restes avec Miles, et maman rentre le plus vite possible.

Cody babille dans ses bras tandis que Leyna l'embrasse une dernière fois. Elle me tend son fils, qui se loge contre mon torse, comme il en a pris l'habitude depuis notre rencontre. C'est dingue, la manière dont ce petit être récupère sa place. Il reprend possession de mon doigt et se remet à gazouiller.

— Allez, file ! Tu vas finir par être en retard.

— Ok, tu appelles si...

— Oui, maman, la chambré-je un peu en souriant.

Elle me tire la langue, et passe son sac bandoulière au-dessus de sa tête. Sa tenue est simple et se compose d'un jean, baskets avec un tee-shirt à l'effigie de la marque de café pour laquelle elle bosse, mais elle lui va bien. Même ce gros pull en maille, qu'elle a passé par-dessus et qui l'englobe, la rend belle. Ses cheveux sont attachés en une queue-de-cheval haute qui me délivre des images pas très catholiques de ce que je pourrais faire en l'entourant autour de mon poing.

Elle se dirige vers la sortie et il n'est pas question que je la laisse partir ainsi.

— Tu n'as rien oublié ?

Ma question la stoppe juste devant la porte. Elle se retourne, me regarde un peu gênée avant de me répondre :

— Je ne savais pas si...

Je pose le petit dans le parc, lui donne ensuite son doudou avant de rapprocher quelques jouets de lui.

— Je reviens bonhomme, je vais dire au revoir à ta mère. Tu comprends, tu es un peu trop petit pour voir ça encore, me marré-je de ma connerie.

Et bizarrement, comme si Cody avait capté, il me fait un sourire et un areuh. Un peu chamboulé, je lui rends sa moue rieuse en ne sachant pas quoi faire d'autre. Je relancerais une nouvelle tentative de communication quand on ne sera que tous les deux. Là, j'ai plus important à traiter comme urgence. 

Je me retourne vers celle qui est en train de faire chavirer mon cœur et avale la distance entre Leyna et moi en deux pas. Mes mains enserrent sa taille, son corps se moule au mien. Ce genre de moment, de contact, voilà de quoi j'ai envie pour « nous ». La sentir frémissante dans mes bras, en attente de ce qui va suivre. 

Mon regard se perd dans le sien, je sais, c'est un peu cliché. Et il y a encore quelques jours, j'aurais trouvé ça à gerber, mais, là, je m'en tape de passer pour ce genre de mec. Ce que je traitais de canard et sur qui je me retournais pour rire d'eux. Tout est en train de voler en éclats. Toutes mes certitudes se cassent la gueule les unes après les autres. Je devrais flipper. Me reprendre. Mais je n'en ai aucune envie. La seule que je ressens est de la regarder me sourire, alors que je lui demande d'un air malicieux :

— Tu ne savais pas quoi ?

— Si nous...

Je pose mes lèvres, tendrement sur les siennes, voulant lui faire ressentir tous les changements qui s'effectuent en moi. Elle me laisse lui distiller subtilement ce flot d'émotions, que j'éprouve. Elle les accueille, les fait siennes et me rend mon baiser avec celles que ce nouveau moi lui provoque. Front contre front, on s'accorde quelques secondes encore.

— Travaille bien, bébé.

Leyna est ravie de me sentir si proche, aussi attentionné, mais très « couple », sans doute. Je suis surpris, mais j'accueille favorablement ces changements. Cette normalité de vie à deux qui m'effrayait tant, là, elle m'enthousiasme. Et je ne ressens qu'une chose, celle de vivre et partager ces moments du quotidien avec eux.

Durant l'année passée, cette séparation a été une épreuve, mais surtout un révélateur de ce que Leyna représentait pour moi. Et là, où, normalement, j'aurais fui en n'ayant qu'une idée en tête, celle de rentrer chez moi, et, bien, je calcule déjà ce que l'on pourrait faire cet après-midi, tous les trois.

— Tu pensais à quoi ?

— À ce que l'on pourrait faire ensemble après ton boulot. Tu rentres à quelle heure ?

— À treize heures.

Leyna a les yeux brillants. Son émotion me chamboule. Merde, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Je sais qu'elle est touchée parce que je le suis aussi, parce que je ne suis pas ce genre de mec, parce que je suis en train de laisser tomber mes barrières une à une. Et je n'ai même pas peur au contraire...

Ça me rend heureux.

— Ok, bébé, acquiescé-je avant de l'embrasser tendrement. Il me tarde déjà que tu reviennes.

— J'ai l'impression de rêver, me souffle-t-elle encore en contact avec mes lèvres. Je pensais t'avoir perdu, m'avoue-t-elle la voix un peu chevrotante, et je te retrouve si différent, si proche de ce que je désirais pour « nous ».

— Je ne l'avais pas compris, bébé, mais cette année m'a permis d'ouvrir les yeux. Tu m'as manqué.

— Toi, aussi, Miles. Si tu savais...

Ses mots se terminent sur mes lèvres entrouvertes et prêtes à recevoir ce cadeau que nous fait la vie. Je resserre mes bras, je n'ai pas envie de la lâcher. J'aurais bien fait mon connard en la soulevant du sol pour l'emmener dans sa chambre, mais je n'en ai pas le droit. Elle a besoin de ce boulot. Alors je vais me montrer raisonnable.

Putain, qu'est-ce que ces moments de tendresse peuvent me faire dire comme conneries ! Pourtant, j'assume ce nouveau, moi, alors qu'il prend forme petit à petit.

— Je dois y aller...

— À tout à l'heure, bébé.

— À tout à l'heure, Miles.

Nos yeux brillent de ce bonheur qu'on ne pensait jamais atteindre.

Elle se détache, va embrasser son fils une dernière fois, puis Leyna part vite, avant de ne plus en avoir le courage.

La pièce me semble vide.

Je me sens con sans ses baisers, sans sa chaleur, sa douceur. Seul au milieu de ce salon, je regarde la porte d'entrée, comme si Leyna allait revenir. Faire demi-tour. Tout envoyer balader, juste pour « nous »... Cody se rappelle à moi, et je me reconnecte sur cette matinée entre mecs.

— Alors, mon bonhomme, qu'est-ce que tu as envie de faire ?

Dans le coin du parc, un hochet attend qu'on veuille bien jouer avec lui. Je le secoue et Cody tend ses petits bras pour l'attraper. Tout est si naturel, je ne me pose pas de questions sur ce que je devrais faire ou pas, tout me vient instinctivement, et je ne veux même pas essayer de comprendre les raisons.

La seule chose qui m'importe, c'est lui, son bien-être et rien d'autre.

Après qu'on se soit amusé avec ses jouets, et avoir résisté à l'envie de le rejoindre dans ce parc en bois, pour être plus proche encore, je lui propose :

— Bonhomme, t'es prêt pour me laisser te changer la couche ?

Cody me regarde et je me doute bien qu'il ne peut pas répondre. Mais la façon dont je lui parle à l'air de lui plaire, vu ses mirettes enjouées.

— Tu es courageux, tu sais ! Je n'ai jamais fait ça, alors sois indulgent, lui annoncé-je en le prenant dans mes bras.

Son odeur m'envahit. Ce léger parfum, qui le recouvre, exerce un je-ne-sais-quoi en moi. Il me donne envie de l'embrasser. De déposer des baisers sur son front, ses joues potelées. Je ne me reconnais pas. Je n'ai pas envie de fuir. Au contraire, je m'amuse en caressant son nez avec le mien tout en fredonnant une chanson de mon enfance. Une de celles que me chantait ma mère.

Elle n'en va pas en revenir quand je vais lui raconter cette rencontre avec ce petit être.

Je le dépose sur la table à langer et essaye de me souvenir des gestes de Leyna. Je prépare tout ce dont je vais avoir besoin en espérant qu'il n'est pas fait caca. S'il vous plaît, pas pour une première fois...

— Bon, allez, on y va !

Je pense que c'est plus pour m'encourager plutôt que pour l'en informer.

Je lui retire son pyjama, dégrafe son body, le remonte comme l'a fait Leyna. Puis je détache délicatement les scotchs de la couche en espérant ne pas trouver de cadeau malodorant, et je pousse un soupir de soulagement en voyant qu'il n'a fait que pipi.

Et tout à ma joie, je ne me méfie pas...


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Indice pour le prochain chapitre

👨‍🚒👶 Entre nous...

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#wattpad #bébé #amour #papa

📍 On se retrouve ce soir à 21 h 00

😘 Gros bisous mes #Love #Fire 🔥

🌈 Kty.Edcall.Auteure 🌞

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