Chapitre 4 (1/2)

Jules avait passé la journée les yeux rivés sur sa poche. Mais pourquoi donc avait-il eu l'idée de prendre une pierre magique au lycée ? Heureusement, elle n'était jamais apparue autre part que dans leurs discussions avec Luna. À croire qu'Amé n'était pas plus réelle que le père Noël.

Un par un, les cours défilaient aussi lentement qu'un lundi ordinaire. Lorsque Jules et Luna avaient croisé Arthur dans les couloirs, ce dernier s'était contenté d'offrir un léger sourire à la jeune fille. Rien de plus, et c'était déjà bien assez selon Jules.

16H59 ; plus qu'une minute avant la fin du monologue de Monsieur Baert. Les mers et océans dans la mondialisation bassinaient sérieusement Jules. Et puis enfin, la sonnerie les délivra, lui et tous les premières S2. Le garçon attendit Luna pour se précipiter vers la sortie.

Les deux amis prirent comme prévu le bus jusqu'à la maison de la jeune fille. Semblable à toutes ses voisines, elle était faite de briques cramoisies et d'un toit pentu tout aussi rouge, sur lequel siégeait une cheminée.

La brunette ouvrit la porte et invita son ami à rentrer. À peine à l'intérieur qu'ils furent reçus par une voix aiguë. Dans le vestibule, abreuvé de couleurs chaudes et de cadres photos, on sauta au cou de la jeune fille.

— Coucou Luna !

Jade, blondinette au sourire entouré de deux adorables fossettes, venait de quitter sa table de devoirs pour courir rejoindre sa grande sœur. Elle accueillit Jules avec autant d'enthousiasme, pendant que les deux amis se débarrassèrent de leur manteau. Ils n'avaient pas retiré la deuxième manche que la petite les tira jusqu'au salon.

Là, leur arrivée fut à nouveau fêtée, cette fois-ci par le chien de la famille. Milo agita ses poils blancs, tout ravi de retrouver Jules, qui s'amusa de suite avec lui. Luna, quant à elle, se concentra davantage sur le son de la télé qui résonnait dans la pièce.

— Tu es déjà rentré, papa, remarqua-t-elle.

— Je finis plus tôt le lundi, tu as encore oublié !

Jules salua le père de son amie, tout en continuant de papouiller Milo. Sans plus attendre, on lui proposa quelque chose à manger. Il déclina, puis se retrouva assis sur la table de la cuisine, face à quatre paquets de gâteaux. Autour de lui, il ne manquait à l'appel que la mère de famille au travail et la cadette Anaïs, cloîtrée dans sa chambre comme toujours. Le père ne refusait jamais un petit goûter et Jade força l'invité à se resservir. Jules prit une troisième part, non sans se forcer.

Luna appréciait partager le goûter avec sa sœur, mais avala seulement quelques gaufrettes pour rapidement emmener Jules dans sa chambre. La plus jeune bouda devant son cahier d'exercices lorsque les deux adolescents montèrent à l'étage.

La chambre de Luna était bien plus petite que celle de Jules. Pour cause : trois enfants dans une maison prenaient de la place. Mais jamais elle ne s'en plaignait, reconnaissante d'avoir une pièce pour elle seule. Finalement, c'était davantage Jules qui se lamentait du manque de frères et sœurs que l'inverse.

La porte fermée derrière eux, les deux amis s'installèrent en tailleur sur le lit. Luna attrapa son jeu de cartes pour les mélanger sans attendre. Elle distribuait souvent la première, et dans ces moments-là, Jules repassait en vue les différents posters de la pièce. Beaucoup illustrant des groupes de musique, les Stray Kids pour la plupart. Luna ne manquait jamais une occasion d'amener le garçon à les écouter, mais ses goûts le poussaient vers d'autres styles. À vrai dire, des Stray Kids, il retenait surtout le morceau Side Effect, caractéristique de la souffrance causée par l'affreux Bébé. L'écouter lui donnait la chair de poule...

Luna distribua la dernière carte. Elle proposa à Jules de sortir Amé de sa poche, espérant la rencontrer dans sa forme de petite fée. Peut-être que ce cadre, plus intime que le lycée, l'aiderait à se transformer. Un hochement de tête d'accord, et le garçon la posa sur le matelas. Ils prirent leur sept cartes chacun en main, et la partie de Juna put débuter.

— Bientôt quatre ans qu'on a inventé ce jeu, remarqua Luna.

— C'est vrai. Le temps passe super vite...

— Par contre, on ne s'est pas foulés pour trouver le nom !

L'instant nostalgie passé, la jeune fille réclama de commencer. Son sourire la rendait tout aussi adorable que sa petite sœur. Elle posa les premières cartes : deux Rois. Rapidement repris par les trois Valets de Jules.

À son tour de jouer. Chaque nouvelle pioche, il gardait le réflexe de surveiller son améthyste. Elle ne bougeait pas d'un nanomètre.

— T'as de trop bonnes cartes ! se plaignit Luna.

Jules rit à l'exclamation de la mauvaise joueuse. Les coups s'enchaînèrent, tout naturellement. Luna se grattait la tête de frustration et Jules gardait ses furtifs regards vers Amé.

Soudain, Luna plaça trois Reines, qui lui permirent de reprendre la main. Avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas, elle lança la discussion :

— Dis-moi, Jules : qu'est-ce que tu reproches à Arthur ?

— Encore lui ! Il faut que tu m'expliques ce qu'il t'a fait pour que tu penses autant à lui.

— Tu n'as pas répondu à ma question !

Jules se retint de grommeler. Jamais il n'aurait pensé se tendre ainsi devant sa meilleure amie, et pourtant à peine entamé, le sujet fâchait déjà. Qui est cet Arthur pour Luna, à la fin ? Par sûr que Jules veuille connaître la réponse. Il jeta un coup d'œil à sa pierre : aucune silhouette violette à l'horizon. Pas le choix, il devait bien se confronter.

— Je ne le sens pas, c'est tout, souffla-t-il. A tous les coups, il a un truc derrière la tête.

Jules gagna vingt points grâce à son As et une amie bouche-bée avec sa réponse.

— Mais c'est ridicule ! s'indigna-t-elle. Tu devrais lui parler avant de te faire un avis.

Elle n'obtint rien de plus qu'un marmonnement étouffé. Entre les murs de la chambre, les mains se crispèrent et les mâchoires se serrèrent. Luna tenta de calmer le jeu :

— Et tu ne veux pas faire un petit effort pour ta meilleure amie ? Je le trouve sympa, je ne vais pas m'empêcher de lui parler.

Deux tours passèrent en silence. Au troisième, Luna ramassa cinq cartes d'un coup.

— D'ailleurs, quand on s'est vu dimanche, il m'a proposé une sortie au cinéma pour ce mercredi...

— Parce que tu le vois en dehors du lycée aussi ! bondit Jules.

— En quoi c'est embêtant ?

— Peu importe, vas-y dans ce cas, si tu préfères aller au cinéma avec lui.

Jules détourna le regard. Déçu des propos de Luna ou honteux des siens, il ne savait pas lui-même. La jeune fille, désemparée, chercha à détendre l'atmosphère. Ses prochaines paroles se montrèrent plus légères et rieuses.

— C'est dingue ce que tu peux être jaloux. Je n'aimerais pas être ta petite amie !

Elle ajouta une grimace ironique que les amis aimaient partager, mais rien à faire : Jules n'entra pas dans son jeu. Il baissa la tête, alors la jeune fille soupira.

— On est meilleurs amis, mon Jules. Tu sais bien que je serai toujours là pour toi. Mais on peut aussi avoir d'autres relations. Je t'aime toujours autant, même si j'apprécie aussi Arthur. C'est juste, d'une autre manière.

Le garçon leva le regard, et soudain prit peur. Yeux fuyants, joues rouges et mains tremblantes ; aucun doute, Luna avait une annonce en tête. Et il comprit qu'il n'apprécierait pas. Agacé, il lança :

— Si c'est pour parler d'Arthur, ça ne sert à rien que je reste.

Jules perdit le dernier tour, ramassa son améthyste, et sortit sans plus attendre.

— Attends ! C'est ridicule.

Peu importe, il dévala les escaliers. Sous les questions de Jade, il salua la famille et enfila son manteau. Le soleil disparaissait déjà dans la rue grisâtre, que Jules traversa la main sur la tempe. Il regarda quelques fois derrière lui : aucune Luna ne le suivait. Tant mieux. Elle, au moins, ne l'embêtait pas.

Calme-toi, Bébé, calme-toi !

*****

Ce chapitre est dédié à Love_Shoto qui a réclamé à voir apparaître dans ce livre son Magnifique groupe de Kpop Préféré. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle... :p

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