❅-9 Décembre-❅
(3055 mots)
« On devrait faire des pains d'épices demain. » Proposa Louis soudain, sa voix sortant bizarrement précipitée de sa gorge. Il fit un sourire et comprit qu'il était sûrement allé trop loin. Il se leva donc du canapé pour laisser sa tasse sur la table. Un regard sur l'horloge murale lui annonça minuit pile. C'était donc devenu une habitude de traîner tard avec Louis n'est-ce pas ? Il partit dans le couloir pour rejoindre la chambre d'Olive, il y faisait noir et quand il ouvrit la porte il trouva Livio en train de dormir dans le grand lit, entre le mur et Olive qui somnolait avec son téléphone à la main, tous deux simplement éclairés par la lumière du couloir. Il sourit tendrement et se coinça contre le cadre de la porte.
« Louis. » Appela-t-il à voix basse dans le couloir. L'homme ne tarda pas à arriver à son tour et à se stopper à côté de lui, observant leurs deux enfants et la façon dont ils s'étaient si facilement adoptés l'un l'autre. Harry se tourna vers son aîné de tout juste quelques mois pour le voir arborer un heureux sourire. Il le vit entrer dans la pièce et approcher de sa fille pour lui prendre son téléphone et le poser sur la table de chevet. Il la borda tendrement et passa le dos de sa main sur sa joue. Harry l'observa tout du long. Il était si délicat, si doux et tendre, affectueux.
Louis lui avait dit, il y a de cela plusieurs années, qu'il avait beaucoup de facilités avec les enfants, qu'il était souvent le grand garçon rigolo pour eux, que si un jour il le pouvait alors il bosserait dans ce domaine. Ça lui était revenu juste plus tôt, et maintenant il se sentait triste. Il avait laissé tomber ça pour faire un métier qui ne lui convenait même pas un peu. Quelle tristesse.
Et il avait beau penser pareille chose, Louis ne semblait pas une seconde triste de ses choix de vie, il avait aimé sa femme, il l'aimait sûrement encore au fond de lui, il avait aimé calibrer sa vie pour elle. S'était-elle rendue compte de la chance qu'elle avait ? « On devrait les laisser un peu, demain c'est dimanche après tout. » Chuchota Louis, le ramenant sur terre alors qu'il fermait doucement la porte de la chambre pour ne pas réveiller les deux Liv. « Je peux garder Liv si tu veux. » Proposa-t-il en penchant sa tête sur le côté et s'éloignant. « Je ne te mets pas à la porte hein. » Clarifia-t-il ensuite, levant un sourcil et poussant un rire en même temps, qui sonnait bizarre comme... il ne savait trop quoi. Il ne voulait pas se faire de films, après tout il venait de se faire refuser un baiser, non ?
« Arrête, je ne vais pas te laisser mon fils... » Rigola-t-il en se tournant dans le couloir quand Louis passa à côté de lui. Celui-ci haussa ses épaules en entrant dans le salon et il le rejoignit, se coinçant dans l'encadrement de la porte pour le regarder s'asseoir gracieusement sur le canapé en récupérant sa tasse. Un soupir souleva ses épaules. Il en avait presque assez de le contempler comme ça tout le temps, d'avoir des flashbacks aléatoires de leur idylle hivernale. « Enfin je peux te le laisser à une condition. » Les yeux bleus se tournèrent vers lui pour plonger dans les siens, embrasant son âme. « J'ai le droit moi aussi ? De rester ici ? » Il put voir le rouge monter aux joues de son interlocuteur, se mêlant à celui que le froid avait laissé là à cause de ses douloureuses morsures. Puis il secoua la tête. « Je rigole, je ne veux pas te mettre mal à l'aise. » Souffla-t-il en riant.
« D'accord. » Poursuivit Louis.
C'était la deuxième fois qu'il le surprenait comme ça maintenant, à lui donner une réponse inattendue qui le mettait mal à l'aise et qui donnait envie à Harry de se cacher trois heures derrière une plante verte pour se faire oublier. Il s'approcha cependant pour s'asseoir, sans jamais quitter Louis des yeux à ses côtés.
« Peut-être que... » Il racla sa gorge avant de finir sa phrase mais resta fier en face de lui et Harry crut mourir. « Peut-être que tu peux m'embrasser à nouveau... ça pourrait nous aider à briser la glace. » Il aurait bien aimé garder son sérieux mais il ne put que se mettre à rire. Ce n'était vraiment que quand Louis décidait de quelque chose que ça pouvait arriver. Et en plus il reprenait ses mots. Il était drôlement gonflé, non ? Ça n'avait pas grande importance. Ce qui importa fut simplement qu'il attrapa sa joue en coupe pour le guider vers lui et l'embrasser. Il aurait voulu y aller doucement et laisser à Louis le temps de le voir venir, mais le besoin était trop urgent, l'envie trop forte. Il le tira contre lui plutôt et mis tout son cœur dans le baiser qu'il lui offrit. Laissant sa main glisser lentement dans le creux de son cou, ses doigts appuyer sur sa nuque et jouer avec les petits cheveux qui la caressait. Le souffle de Louis s'écrasant contre le sien et la chaleur de sa bouche, la fraîcheur habituelle de ses mains menues et sournoises attrapant ses hanches. Comme avant.
Il put l'entendre pousser un son, quelque chose qui signifiait le bonheur certain qu'il trouvait là, contre lui. Et Harry en sourit de tendresse, c'était le son le plus adorable et sexy qu'il ait jamais entendu et encore une fois c'était le même qu'avant. Ils marquèrent une pause pour rire une seconde sans se lâcher, les bouches proches partageant le même air aussi chaud que la surface d'une étoile, celle que Harry décrocherait pour lui s'il lui demandait. Ils gardèrent leurs yeux fermés pour rester coincés dans l'instant, puis il balaya sa mèche épaisse en arrière pour dégager son front et ça le fit se coucher en arrière et le précipiter avec lui. L'un au-dessus de l'autre sur le canapé, ils avaient à nouveau ouvert leurs yeux, pour s'observer. Une drôle d'ombre dormait sous l'océan de chaleur dans les prunelles de son compagnon mais il n'y fit aucune allusion. « On peut dire que là... la glace est brisée. » Chuchota-t-il.
Louis pouffa contre ses lèvres en serrant ses doigts sur ses poignées d'amour et il rigola. Il était adorable. Il avait l'impression de vivre dans un rêve. Il allait se réveiller dans son lit chez sa mère et il aurait rêvé tout ça, ce n'était pas possible que ce soit permis de se sentir si heureux, léger, hors du temps, avec une seule personne. Comment tant de bonheur pouvait exister dans le monde, avoir le goût du chocolat chaud et sentir la cannelle, ça n'avait pas le moindre sens.
« Je suppose que je vais devoir te laisser alors... » Annonça-t-il ensuite en haussant une épaule. Louis fronça ses sourcils et frappa son épaule du dos de sa main.
« Ne soit pas stupide, comme si j'allais te laisser partir de l'autre côté de la rue maintenant. » Ses petites mains coururent vers sa nuque et il le précipita dans un nouveau baiser. Harry fut surpris, évidemment, mais ne se fit pas prier pour enfoncer sa main dans ses cheveux en l'embrassant de nouveau, aimant ses lèvres et sa chaleur, son goût et son odeur. Tout au sujet de Louis était parfait, encore plus que dans ses souvenirs. Il avait déjà, à l'époque, eut pensé que Louis était parfait et il avait changé depuis, il était devenu plus vieux et avait gagné plus d'expérience et c'était encore mieux qu'avant. Ses baisers, ses mains, ses caresses, son corps répondant au sien sans aucun mouvement plus que platonique. C'était superbe, tout fonctionnait à merveille entre leurs deux âmes et leurs deux corps. « C'est beaucoup trop loin. » Clarifia Louis ensuite. « De toute façon tu dois déjà revenir pour faire des pains d'épices, alors... reste. » Il recula pour observer ses yeux, son visage, et le sérieux qu'il arborait, le fait qu'il lui dise sincèrement de rester, même alors qu'il y avait quelque chose en lui qui le dérangeait et que Harry pouvait le sentir sans savoir ce que c'était.
« D'accord. » Décida-t-il simplement, hochant de la tête en même temps qu'un sourire se fit une place sur ses lèvres. Pas un sourire trop franc, il ne voulait pas avoir l'air de quelqu'un qui n'attendait que ça. Il fallait y aller doucement, parce qu'il y avait une chose qui avait changé en vingt et un ans, Louis était toujours aussi réticent aux nouvelles choses, il fallait toujours y aller doucement, même quand tout était simple et naturel.
~
Lancer des avions en papier. Louis observa la feuille pliée entre ses mains. C'est métaphorique. C'est Harry qui lui a dit. Mais il espère, en silence, sur le balcon de la chambre d'hôtel qu'il partage avec ses amis, que ce ne soit pas que métaphorique. Il fait presque nuit. Ce fut une longue journée, il a beaucoup skié, et maintenant il est fatigué, mais il y a une raison pour qu'il se retrouve ici, seul, emmitouflé dans une épaisse veste, un avion en papier dans les mains, griffonnée de mots.
'Peur du changement.' Il aimerait que ça fonctionne, que ce soit aussi simple.
« Louis ? » En un sursaut il se tourne vers le balcon voisin pour faire tomber son regard sur le garçon qu'il a vu le matin même.
« Oh, bonsoir. » Il sourit.
Encore une fois. Il n'avait pas pu voir son visage. Il ne savait pas vraiment pourquoi il rêvait tant de lui dernièrement, de ce garçon. Il y avait peut-être une raison, mais il ne pouvait pas la voir, ça faisait des années maintenant, quel message son inconscient essayait-il de lui de lui passer ? Il s'étira lentement dans ses draps, se tournant sur son flanc et frottant ses yeux pour voir l'heure le mieux possible sur le radio réveil. Les numéros lumineux de couleur rouge flattèrent sa rétine pour annoncer neuf heures du matin. Il poussa un soupir et se redressa dans le lit vide. Il étudia une seconde la pièce avant d'identifier quelque chose en particulier, le jean posé sur le fauteuil... ce n'était pas le sien. Les souvenirs lui revinrent alors et il sentit son cœur s'emballer. Il avait complètement oublié à cause de son rêve, il avait ses pensées dans le brouillard mais il était maintenant revenu au réel. Il... avait dormi avec Harry. Ils n'avaient absolument rien fait, ils n'avaient que dormi, bien sûr et c'était peut-être encore plus important que s'ils avaient fait quelque chose. Il avait dormi avec lui, en discutant, en riant aussi.
Il sortit de la chambre. Dans la maison il y avait un silence agréable, quelque chose de léger qui ne semblait pas terrifiant mais plutôt mystique, magique. Il se guida lentement dans le couloir et sentit une odeur alléchante arriver à lui. Quand il arriva dans la cuisine il trouva son voisin aussi à l'aise que chez lui, faisant cuire une omelette dans une poêle. « Bonjour. » L'homme se tourna vers lui, surpris et sourit. Quelque chose en son cœur sembla empli de chaleur soudain, quelque chose qui lui donna l'impression que c'était ça, le sentiment d'être à la maison avec quelqu'un. « Tu te mets à l'aise monsieur. » Souffla-t-il en rigolant. Il s'approcha de lui pour se coincer contre le plan de travail à ses côtés.
« Oui désolé, c'est juste que je t'encombre et je voulais... faire quelque chose pour toi. » Louis poussa un petit rire amusé en le regardant se tourner vers la poêle à nouveau et se concentrer sur son omelette.
« C'est gentil de ta part. » Remarqua-t-il en croisant ses bras, regardant le plat cuire. « Je mange rarement salé le matin mais... j'accepte cette offre. » Il poussa un petit rire. Harry pouffa gentiment aussi, berçant le silence entre eux avec une couche de légèreté.
« Bonjour ? » Ils se tournèrent vers l'entrée de la cuisine pour voir Livio, frottant son œil en baillant. Le petit garçon portait encore son pull de la veille mais plus son pantalon, ce qui ne surprit que Louis, ce devait-être chose courante sous le toit des Styles. Il se sentit un peu désolé aussi, Harry et Livio étaient restés chez lui pour la nuit et Livio s'était retrouvé à dormir uniquement en pull. Harry ne semblait pas trouver ça grave, après tout il s'était juste endormi et l'avait laissé ainsi, mais Louis avait constamment eu sa mère sur le dos quand Olive était petite, toujours en train de lui dire ce qui était bien ou mal, et laisser dormir sa fille sans avoir mis son pyjama était dans la catégorie 'mal'.
« Bonjour chéri, tu faisais un gros dodo alors avec Louis on a décidé de te laisser dormir ici. » Harry tourna un visage souriant vers son fils et tendit sa main vers lui pour la poser sur sa tête et tendrement caresser ses cheveux. « Tu vas encore un peu jouer avec la grande Liv après, mais d'abord on ira se laver et se changer à la maison, dacodac ? » Il était si émerveillé. Harry prenait des décisions si simplement, il prenait tout naturellement, comme ça venait. Dormir ici était inattendu, faire des pains d'épices aussi, et pourtant il s'en accommodait, n'avait pas de problème. Louis serait en train de réfléchir à comment organiser cette suite de journée, comment il allait faire... il réfléchissait tellement, trop, pour rien, pour tout, et pour Harry tout était aussi simple que respirer.
« Ouais ! » S'exclama Livio en enfonçant sa tête dans la cuisse de son père, déclenchant un rire de la part de celui-ci. Louis les trouvait touchant, il pouvait voir l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, le fait que l'un était le monde de l'autre et inversement. Il pouvait presque revoir, en se concentrant bien, sa Liv et sa femme avec ce genre de moment, de complicité. Pour une fois, il ne se sentit pas trop triste de se souvenir, il se sentit plutôt profondément nostalgique, c'était loin, mais c'était le passé. Ce sentiment lui fit vraiment bizarre, c'était la première fois qu'il se sentait ainsi, nostalgique dans un sens de manque d'un temps révolu, qui était derrière lui. Il savait pourtant avoir fini son deuil, mais alors pourquoi ce changement de sentiment ?
« On va faire des bonhommes de pain d'épices aussi après, tu es content ? » Livio leva ses yeux vers Harry et hocha de la tête et Louis poussa un soupir, c'était vraiment un doux moment, il le sentait... le bonheur. Il y en avait partout dans cette maison et ça pourrait être complet si... comme une réponse directe à ses prières on entendit les pantoufles d'Olive dans le couloir et elle arriva dans la pièce. Elle avait les cheveux serrés en un chignon imprécis et elle échoua rudement contre lui pour avoir un câlin. Il la serra alors, automatiquement, et écrasa ses lèvres sur sa tête. Puis elle ouvrit ses yeux bleus jusque-là mi-clos et elle les leva vers Harry et son père, souriant doucement. Et voilà, ça y était. C'était le bonheur. La sensation d'hier était de retour, celle de familiarité, de vie privée, basique, familiale. C'était un décor auquel il se serait volontiers attaché, parce que là, pour la première fois depuis des années, quelque chose semblait à nouveau chauffer et briller en lui, cette vie, la maison respirait de vie, d'amour. Et quand il leva ses yeux vers Harry, que leur regard se croisèrent et qu'ils partagèrent leur sourire de bonheur explicite, il crut pouvoir jurer que le soleil brillait plus fort.
~
« Attention, c'est chaud. » Il y avait une bonne odeur dans la cuisine, une odeur d'épices, de pâtisserie, ça sentait Noël. Il aimait beaucoup cette odeur, elle le faisait se sentir comme un enfant, c'était le genre d'odeur qui était facilement associable à une soirée autour de la table, avec la famille, les rires, la nourriture, l'odeur des mandarines et des clémentines aussi était quelque chose qu'on pouvait associer à ça, la nuit, la neige, les guirlandes colorées dans le noir. Harry aimait vraiment Noël, et cette année encore plus que d'habitude, tous les mauvais souvenirs qu'il avait à cette fête ne servaient plus à rien, parce que Louis était là, à ses côtés, à nouveau.
Il suivit ses pensées, jetant un regard derrière lui pour regarder l'homme assis à la petite table de la cuisine, Livio sur ses genoux. Il était concentré alors qu'il habillait les bonhommes avec du glaçage coloré avec le petit, lui donnant quelques instructions et l'encourageant gentiment. Liv était tout content, souriant et rigolant, gesticulant sur les genoux de Louis qui faisait son possible pour qu'il ne le gêne pas trop, qu'il reste tranquille. Mais avec Liv c'était peine perdue, tout ce que ce petit savait faire c'était danser et courir. « Très bien, tu pourras montrer à papa après. » Livio hocha la tête et Harry fit un sourire en se tournant à nouveau vers la fournée qu'il venait de sortir du four. Il se tourna vers Olive, debout à côté de lui, qui découpait la pâte restante. Elle ressemblait beaucoup à Louis, tout en ayant aussi sûrement beaucoup de sa mère. Il pouvait le voir parce qu'elle avait la même concentration sur son visage, le froncement de son père, ses longs cils s'agitant quand elle reculait une seconde pour regarder et juger son travail. Elle lui ressemblait beaucoup, elle était presque une copie de Louis au même âge.
« Je pense que cette fournée sera la dernière, il n'y a plus assez de pâte pour faire de nouvelles découpes. » Olive se tourna vers lui et il hocha de la tête en revenant à son occupation, se sortant de sa rêverie par la même occasion. Il se tourna vers Louis et Livio pour placer les gâteaux brûlants avec les autres qui attendaient d'être décorés. Il partagea un regard avec Louis, quelque chose de complice, qui le mit à l'aise, il avait l'impression d'être à sa place. C'était ça, ce qu'il avait toujours attendu, ce qu'il n'avait jamais réussi à trouver. C'était Louis.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top