❅-7 Décembre-❅

(3020 mots)

« Minuit et trois minutes. » Louis leva son poing pour mimer la victoire alors qu'il marchait légèrement devant Harry en partant vers la porte. « Est-ce que tu penses que nos enfants dorment ? » Il se tourna vers lui en souriant et haussa une épaule.

« Le tien oui, la mienne est sûrement en train d'écouter de la musique beaucoup trop fort avec ses écouteurs en jouant à Animal Crossing dans le salon. » Il rigola en haussant ses épaules. Il voulut tendre sa main pour attraper la poignée de la porte et ouvrir, mais se trouva arrêté en cours de route par Harry qui l'appela.

« Attend. » Il sentit les doigts s'enrouler autour de son poignet. Il put comme sentir son sang se figer dans ses veines, ou du moins se geler un instant, avant de se tourner vers Harry. « Ne veux-tu pas profiter encore un peu ? On peut être encore qui on veut pendant quelques minutes avant de devoir rentrer et revenir à nos deux vies. » Il sentit ses yeux s'arrondirent et ça le fit avoir un étrange mouvement de recul. Pourquoi cette phrase avait-elle une telle résonance dans son corps, comme sil l'avait déjà entendue avant ? Harry avait l'air ailleurs alors que ses yeux tombèrent de l'horizon pour atterrir sur lui. Ils échangèrent un étrange regard et Louis sentit quelque chose en lui bouillonner. Il ne savait pas quoi mais c'était bien réel, c'était là. Il avait l'impression de devenir fou. C'était sûrement l'alcool qui lui jouait de vilains tours, n'est-ce pas ?

Il ne savait même pas quand il avait décidé qu'il l'embrasserait, pas plus qu'il ne savait pourquoi il en avait eu envie, là, sous la stupide lumière orange de son perron qui donnait un air orange à la peau de Harry. Et pourtant. Il l'avait regardé, observé, considéré tous les défauts qu'il ne semblait pas avoir. Il avait vu ses yeux briller d'un étrange éclat, chutant sur son propre visage. Alors Louis avait baissé les siens vers ses lèvres aussi, comme un simple mécanisme, pour faire comprendre à l'autre qu'il en avait envie aussi. Il vit ensuite l'autre main dHarry se tendre vers lui, il ne sut pas ce qu'il avait voulu faire, ce qu'il avait initialement prévu, mais Louis ne le laissa pas agir. Il attrapa le poignet de l'homme pour précipiter sa main vers sa hanche et encadra les siennes au visage du plus grand pour le tirer contre lui.

Leurs lèvres se percutèrent dans un certain chaos qui trouva assez facilement un ordre, cependant. Harry sembla aussi vite trouver des prises sur ses hanches et Louis le laissa faire, il recula même contre le mur pour encourager Harry à ne pas le préserver, il voulait être renversé. Bon dieu ce que ça faisait du bien d'embrasser aussi follement quelqu'un, depuis quand datait la dernière fois qu'il avait embrassé quelqu'un ainsi, comme un fou ? Il enfonça ses mains dans les boucles soyeuses de son partenaire pour ne jamais le laisser reculer, et Harry n'aurait apparemment pas pu être plus heureux de son sort, il le fit bien comprendre en soupirant lourdement contre sa bouche tout en la dévorant toujours plus férocement.

Ils reculèrent presque tout de suite pour échanger un drôle de regard. Ce baiser avait semblé si nostalgique à Louis, comme si ça lui avait rappelé quelque chose, quelqu'un, il n'en était pourtant pas vraiment sûr et ce pouvait aussi bien être simplement l'alcool qui lui jouait des tours. Il était seul et en manque d'attention et son cerveau créait des illusions pour qu'il se sente mieux. Il ne connaissait pas Harry et puis un baiser était un baiser, il n'y avait aucune raison pour que ce soit nostalgique, que ça le ramène à quelque chose en particulier, n'est-ce pas ? Mais alors... juste pour être sûr.

Il tira Harry contre lui à nouveau, se poussant contre le mur en le tirant toujours vers lui. Celui-ci se glissa dans sa forme naturellement, se courbant vers lui pour ne pas pousser Louis à se faire plus grand, inclinant sa tête en caressant la peau découverte de son cou pour le faire frissonner sous la neige tombant, froide et légère sur leurs deux silhouettes n'en formant qu'une seule sous la lumière du perron. Ses mains tombèrent en chute libre vers les biceps de Harry pour les serrer entre ses doigts, appréciant leur épaisseur, leur force autour de lui. Son souffle vint presque à lui manquer et quand Harry recula il ne fit qu'essayer de le reprendre. Il avait probablement perdu l'habitude d'embrasser d'une telle façon, et ça aussi ça lui donna encore l'impression que tout ça n'était pas normal, il avait l'impression que ce genre de choses n'étaient plus des choses de son âge. C'était quelque chose que faisaient les jeunes personnes, les jeunes gens, les ados, à son âge c'étaient des enfantillages, c'était presque ridicule finalement, aussi. Et pourtant quelque chose en lui soupirait presque d'allégresse, de plaisir, quel bonheur de se sentir à nouveau appréciable.

Louis leva finalement ses yeux vers Harry pour bien le voir, s'assurer que tout ça était bien réel. Lui, cet inconnu, cet homme, qui venait de l'embrasser comme si le monde allait disparaître, qui venait de lui offrir plus qu'un univers à lui seul, de le détacher du sol. Il était magicien ce Harry. Et encore plus incroyable, cet homme le regardait comme si c'était lui qui venait d'attraper une étoile sous les nuages pour la lui offrir. Qu'est-ce que c'était que ce moment ? Il était si fort, tellement puissant, inégalé. Ça n'avait aucun sens, il ne connaissait Harry que depuis quelques jours, ils venaient tout juste d'apprendre à se connaître, comment son corps pouvait-il se sentir si bien et si à l'aise auprès de lui ? Si vite ? Comment ce faisait-il qu'il ait l'impression que le ciel venait de lui tomber sur la tête et qu'il avait le nez dans la terre, dans l'herbe, celle qui dansait dans l'iris verdoyante de Harry.

« Je... » Il ne sut même pas quoi dire. Il quoi ? Il rien du tout, il n'y avait rien à dire. Il n'arrivait plus à rationaliser. Pourquoi donc son corps était-il tant agrippé à lui ? Il racla sa gorge et baissa rapidement la tête pour essayer de reprendre ses esprits. Il se tourna ensuite pour aller vers la porte et rentrer. Harry resta silencieusement sur ses talons alors qu'il passait le pas de la porte, trouvant, assise au salon, Liv sur sa console. Celle-ci ne tarda pas à les voir et sourit en se tournant vers eux.

« Vous rentrez tard. » Fit-elle constater. « C'était sympa ? » Elle se tourna à nouveau vers sa DS pour faire quelques autres manipulations avant de se tourner à nouveau vers eux.

« Oui. Comment c'était avec Livio ? » Questionna Louis en déposant sa veste sur le porte manteaux. Liv se leva du canapé en s'étirant un peu, enfonçant sa console de jeu dans sa large poche en approchant.

« C'était bien. » Elle se tourna vers Harry. « Il a été très gentil, il a bien mangé, il n'a pas été trop difficile au moment du coucher, il dort comme un bébé. » Harry hocha de la tête et Louis sourit vers sa fille.

« Très bien, tu peux aller dormir chérie, tu dois te lever demain. » Il tendit sa main vers elle pour la tirer vers lui et embrasser son front puis il serra ses lèvres quand elle partit en souhaitant une bonne nuit. Il se tourna vers Harry et lui fit signe, timidement, de le suivre dans le couloir. Pendant quOlive était à la salle de bain, Louis et Harry pénétrèrent dans sa chambre, là où le petit garçon dormait, sur un petit lit de camp emmitouflé sous des couvertures. Harry, en prenant garde à ne pas le réveiller s'approcha pour attraper son fils, le serrant contre lui en se redressant. Louis l'observa en souriant, alors qu'il faisait de son mieux pour tirer le jeune bambin sous sa veste pour le tenir au chaud.

« C'est bête, ça aurait été plus pratique si Liv était allée le garder chez toi. » Fit-il remarquer.

« On y repensera pour la prochaine fois. » Il sentit son cur chauffer alors qu'il ignora cette phrase. Même avec la voix dans sa tête qui la répéta au moins six fois en appuyant bien sur les mots. La prochaine fois. Il soupira et attrapa la petite veste de Livio pour la glisser entre la main dHarry et le dos du petit et lui donner un peu plus de protection. Naturellement, après avoir rapidement enfilé les chaussures au petit, il attrapa le sac où les affaires devaient se trouver pour quHarry l'attrape gauchement en tenant son fils. Puis le silence retomba et ils s'observèrent une seconde, les yeux dans les yeux, les curs battant fort. Et si Harry savait pourquoi le sien battait si fort, Louis n'en avait aucune idée, pour lui Harry était un étranger que son corps adorait beaucoup trop pour que ce soit simplement normal. Il ne savait même pas quoi dire, il avait l'impression que lui dire bonne nuit et à demain (bien qu'il fût déjà demain) serait comme incorrect. Il ne pouvait pas jouer les choses de façon nonchalante et normale, parce que tout en lui hurlait que ce n'était pas une situation normale. Quelque chose lui échappait complètement et il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Harry décida pour lui alors, et se pencha pour embrasser ses lèvres une nouvelle fois. Il n'eut que le temps de fermer les yeux, de bien sentir sa bouche contre la sienne, ses lèvres tendres et chaudes quil reculait déjà. « À plus tard. » Chuchota Harry à la place, sortant ensuite et disparaissant dans le noir extérieur. Louis se pressa pour atteindre la fenêtre et observer la rue. Éclairée uniquement par les décorations de Noël des maisons voisines, la silhouette dHarry se déplaçait gracieusement dans le noir. Comment faisait-il ? Avec un enfant dans les bras ? Il ne savait pas, mais il fut sûr d'une chose, c'était que le voir marcher ainsi, sous les lumières colorées, lentement clignotantes d'une façon agréable et charmante, ça lui enfonça sur les épaules un puissant sentiment de nostalgie.

« Alors ? » Il sursauta et le rideau tomba de sa main quand il se tourna vers Olive qui souriait debout en face de lui à travers le salon.

« Tu ne dors pas toi ? » Rit-il en partant vers la salle de bain. Bien entendu Liv le suivit, elle n'allait pas si facilement s'avouer vaincue.

« Oh s'il te plaît. Tu sors avec le super voisin d'en face. » Il n'eut même pas besoin de se tourner vers elle pour savoir qu'elle commençait à compter sur ses doigts. « Vous rentrez plus tard que prévu, tu es un peu ivre, tu le regardes par la fenêtre. J'ai bien le droit de te demander. » Il ferma la porte de la salle de bain au nez de sa fille mais celle-ci ne se fit pas prier pour rester derrière. « Allez papa ! »

« C'est ma vie privée jeune fille. » Lança-t-il en riant alors qu'il retirait ses lentilles de contact.

« Mais euh, je ne veux pas tous les détails ! Est-ce que c'était bien ? » Il poussa un soupir en observant sa brosse à dents et attrapa la poignée de la porte pour ouvrir, dévoilant Liv, debout dans le couloir et adossée au mur.

« C'était sympa. » Après tout il n'avait pas beaucoup d'amis, Liv avait raison, elle était sa seule relation sociale, et puis elle était grande. Il pouvait au moins un peu en parler avec elle, sans entrer dans aucun détail bien sûr, tout ce qui ne regardait que lui ne serait qu'à lui. « On a bien discuté, on a rigolé, on a bu, enfin lui seulement un peu. »

« Est-ce que tu vas le revoir ? »

« Écoute Liv, je ne veux pas que tu te dises qu'il va devenir mon nouveau petit ami, et que ça durera juste parce qu'il a aussi un fils. » Il tourna un regard désolé vers elle et surpris une moue sur son visage. « Va dormir il est tard. » Il sentit qu'il avait peut-être cassé quelque chose, Liv avait sûrement déjà imaginé son père et Harry heureux ensemble, après tout, même mature comme elle était, elle n'était encore qu'une simple enfant, malgré son savoir sur certaines choses et ses expériences il y avait encore des choses de la vie qu'elle ne comprenait pas spécialement. Il ne put pas vraiment sauver la mise, Liv partit vers sa chambre et il se retrouva seul.

~

Louis avait vraiment beaucoup changé, même sa façon d'embrasser avait changé, et pourtant c'était toujours lui. Harry n'avait pas réussi à fermer l'il de la nuit. Il avait toutes les images et juste ces images dans la tête, l'image du corps de Louis et de ce baiser. Il avait l'impression de devenir fou, il n'y avait pas une simple seconde qui passait sans qu'il n'y pense, sans qu'il ne voie les lèvres de Louis, souriantes, rouges, belles. Il avait encore envie de l'embrasser, envie de le serrer contre lui. C'était tellement obsédant que quand il arriva au travail, la tête complètement dans le brouillard à cause du manque de sommeil, et que ses yeux se posèrent sur lui il put sentir son cur se serrer, danser, partir en une folle farandole. Et quand Louis lui sourit pour lui dire bonjour il voulut tomber à genoux devant lui, pour lui il ferait tout et surtout n'importe quoi. Il avait l'impression de n'être qu'un pantin obéissant à nulle autre volonté que celle de Louis, et il était très heureux de ce sort.

Il n'était même pas sûr de pouvoir passer cette journée sans être dans la lune la moitié du temps. Il avait passé tout son temps à rêver et penser, à sourire et chantonner. À un instant il s'était tenu à l'entrée de son bureau pour observer Louis et celui-ci l'avait surpris. Ils avaient échangé des sourires, et Louis l'avait un peu charrié, pour s'amuser, et tout avait semblé si bon et juste dans le monde. Il n'arrivait toujours pas vraiment à croire que c'était lui, que c'était ce garçon qu'il avait tant aimé, et il s'y faisait un peu plus chaque fois qu'il le voyait, même si c'était dur. C'était Louis. Ce Louis. Il allait peut-être pouvoir enfin réaliser sil avait toujours idéalisé cette relation, ou si c'était vraiment lui, ce garçon, qui avait rendu ça si beau, ce jeune homme aux yeux bleus qu'il avait rencontré le jour de son arrivée.

« Je suis désolé, je n'avais pas prévu qu'il atterrisse sur quelqu'un. » Se précipita Harry en arrivant devant l'inconnu qui tenait son avion en papier.

« Oh pas de soucis. » Il sourit en lui tendant l'avion et Harry le remercia en le récupérant. « Et... le vertige ? Qu'est-ce que ça veut dire ? » Il sentit ses joues étrangement chauffer et essaya d'éviter le regard du garçon, il était bleu mais semblait plus brûlant que la surface du soleil. C'était sûrement à cause de ce sourire en coin si malin qui lui donnait un air sournois.

« Oh rien. Juste une de mes peurs. » Le garçon fronça ses sourcils en observant à nouveau la feuille maintenant revenue dans les mains de son propriétaire. « C'est juste... le télésiège m'angoisse alors j'essaie de me débarrasser de mon vertige. » Son interlocuteur poussa un rire soudain et il se sentit tellement embarrassé d'un seul coup, il avait l'impression d'être rouge tomate alors qu'il cachait la feuille dans son dos.

« Tu... » Le garçon marqua une pause avant de lever ses yeux vers lui à nouveau. « Tu te débarrasses de tes peurs avec un avion en papier ? » Demanda-t-il en souriant, un peu amusé mais aussi et surtout intéressé.

« C'est... c'est métaphorique. » Il haussa une épaule doucement et le garçon hocha la tête avec une moue convaincue. Il tendit sa main vers lui en attrapant un stylo à disposition dans un petit pot sur une table du petit salon.

« Je peux essayer aussi ? » Il sentit son souffle se couper et sa bouche devenir sèche d'un seul coup alors qu'il hocha bêtement la tête, pris de cours. Il tendit sa main pour lui donner la feuille et le garçon se baissa pour écrire en prenant appui sur sa cuisse. Harry l'observa simplement, alors que son écriture maladroite inscrivait des mots sous les siens. Il se leva à nouveau et sembla satisfait de lui, tant est si bien qu'il décida de tendre la feuille vers lui à nouveau. « Puisque j'ai lu le tien, tu peux lire le mien. » Ses joues brûlèrent encore plus. Comment une telle chose était-elle possible ? Il n'en savait rien mais il attrapa tout de même la feuille pour la glisser sous ses yeux.

'Le changement'

Finalement... il avait su depuis le premier jour. Louis était une âme inconfortable, il avait besoin de se créer un univers parfaitement carré et réfléchi pour se sentir à l'aise, c'était probablement une forme d'inconfort physique mélangée à une bonne dose d'anxiété. Il avait toujours su qu'ils étaient deux parfaits opposés. Harry à cette époque était du genre à faire des avions en papier pour se débarrasser de ses peurs, c'était à l'image de son mode de vie, partir et ne pas savoir où aller pour laisser tomber ses peurs et ses limites, se repousser, toujours plus, pour être le plus libre possible, sans barrières qu'il s'imposerait à lui-même, comme un avion en papier. Et Louis était l'inverse, il était ce genre de personnes qui restaient dans leur confort longuement mis en place, empli de sûreté, où rien ne bougeait. Le reste lui faisait peur. Le changement lui faisait peur. Ils étaient si différents. Et il l'avait toujours su.

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