❅-17 Décembre-❅
(4627 mots)
Il y avait un chant de Noël qui jouait à travers le cabinet, les fêtes étaient très proches, à une semaine tout juste de Noël tout le monde commençait à être très excité et toujours joyeux, et ça se reflétait sur l'humeur générale du cabinet. Même alors qu'il n'était ici que depuis maintenant deux semaines, il avait pu assister à la montée de joie à son lieu de travail. Tout le monde parlait des fêtes, tout le monde allait revoir du monde, et évidemment Mariah Carey et son tube de Noël le plus phénoménal étaient maintenant dans l'équation. Noël était vraiment au tournant et c'était agréable d'y penser. Il y avait aussi un sapin qui avait été installé, il n'y en avait pas jusqu'à maintenant bien que tout était déjà décoré dans le petit bâtiment, mais maintenant c'était vraiment Noël.
« All I want for Christmas is you... » Chantonna-t-il en souriant alors qu'il observait son emploi du temps pour la suite de la journée, dansant joyeusement sur sa chaise à roulettes. Il était peut-être un petit peu trop heureux aujourd'hui, mais qui pouvait vraiment lui en vouloir ? C'était Noël, son cœur était rempli d'amour, et les miracles de Noël étaient juste là sous ses yeux. Quand il était entré ce matin, ça avait été pour tomber sur le sourire gracieux de Louis, et ça faisait toute la différence après la fin de la dernière semaine qu'il avait passée à être ignoré, ça faisait même un bien fou fallait-il dire. Il en poussa un soupir de bonheur, juste en s'en rappelant, en revoyant son visage, doux et agréable sourire et lui dire bonjour, ses cheveux tombant sur son front un peu plus et ses cils reposant une seconde sur ses joues. Superbe. Il lui demanderait pour refaire du covoiturage un de ces jours.
Il se leva de sa chaise. Il allait même le faire maintenant. Déterminé et sûr du lui, emporté dans ce courant d'espoir qu'avait l'air empli de fêtes de fin d'année, il partit vers la porte ouverte de son bureau juste au moment où l'air de Joy To The World s'entonna depuis qu'importe là d'où venait la musique. Mauvais ou bon timing, personne ne fut vraiment sûr, tout ce qu'il sut fut qu'il percuta Louis directement en sortant et que celui-ci s'accrocha soudain à lui pour ne pas tomber, menant à d'intenses secondes emplies de gesticulations pour ne pas s'étaler tous les deux par terre comme deux vulgaires chiffons. « Woah ! » S'exclama-t-il, juste en même temps que Louis. Puis finalement, ils parvinrent à se stabiliser et leurs yeux se dévisagèrent avec surprise, avant qu'ils ne rigolent, s'amusant de leur ridicule.
« Faisons en sorte que le fait que je tombe et que tu me rattrape ne devienne pas une habitude hein ? Je ne pense pas que j'ai envie de continuer à me ridiculiser de la sorte. » Il sut qu'il faisait référence à l'incident qui était arrivé pendant qu'il décorait son sapin de Noël et il ne put retenir un gloussement en revoyant ce moment, où il avait plus eu peur qu'il n'eût trouvé Louis ridicule s'il était tout à fait honnête.
« D'accord. » Rit-il. « Tu... venais pour me voir ? » Demanda-t-il en pointa son bureau, réalisant un peu tard qu'il avait toujours la main sur sa hanche et qu'il n'avait aucune envie de la retirer, pas plus que Louis de toute évidence, même avec ce rougissement sur ses pommettes. Il n'avait aucune idée de ce qui lui était arrivé d'un seul coup pour qu'il redevienne comme avant mais il n'allait sûrement pas s'en plaindre, c'était comme un miracle de Noël. En une nuit, Louis avait juste décidé de le laisser l'atteindre à nouveau et c'était magique, il allait devoir remercier son ange gardien, sa bonne étoile, ou juste l'esprit de Noël de lui avoir accordé pareille chose.
« Hum... o... ouais. » Admit Louis. Et ce fut à cet instant qu'il le remarqua. Dans la main de Louis, légèrement froissé à cause du chaos, il y avait un avion en papier blanc. Louis détourna à nouveau ses yeux, comme la veille. Il devait rêver. Il était maintenant celui qui venait à lui. « Je... » Il poussa un rire en grattant sa nuque. « Je pensais que tu étais parti en pause déjà et je... je voulais déposer ça sur ton bureau mais... je suppose que je suis un idiot. » Il émit un petit rire en plaçant l'avion devant lui et Harry pouffa en secouant sa tête.
« Ne dit pas ça. » Il attrapa gentiment le papier plié mais ne l'ouvrit pas tout de suite. « Je voulais te parler aussi... je me disais... qu'on pourrait reprendre le covoiturage. » Louis leva ses yeux vers les siens à nouveau et fit un grand sourire.
« Oui, bien sûr, c'est une très bonne idée je- » Il s'interrompit dans sa phrase avant de mordiller sa lèvre avec ennui, sans le quitter des yeux. Ça le poussa instinctivement à baisser ses yeux vers cette bouche qu'il avait déjà embrassé mais qu'il avait tant envie de posséder à nouveau. Il n'en fit aucun état cependant, ils étaient au travail et techniquement même cette conversation n'aurait pas dû avoir lieu. Un peu de tenue ! « Je... je crois que je dois m'excuser. » Il fronça ses sourcils en se concentrant sur la conversation à nouveau. « Je... te repoussais je... c'est... c'était stupide. C'est... la dernière chose que je veux. » Il sonnait un peu confus, mais ça ne l'empêcha pas d'avoir le souffle coupé. « Ma fille a raison, je passe mon temps à chercher des excuses. Mais ne lui dit jamais que je t'ai dit ça... » Il haussa une épaule en riant et observa autour de lui une seconde, comme pour être sûr qu'on ne faisait pas attention à eux. Le bureau de Harry était le plus au fond du cabinet, celui près du sapin de Noël et derrière le bureau d'accueil, tous les autres docteurs étaient dans leur bureau, personne ne les voyait. « Je cherche des excuses pour rester ainsi. T'as raison. Je ne peux pas vivre comme ça, et tu m'as fait regarder mes démons en face et c'est la première fois que ça m'arrive ces deux dernières décennies et je ne voulais pas... t'es arrivé et tu m'as permis de réaliser que ça n'allait plus cette vie, mais je ne voulais pas le réaliser, et pourtant j'en ai besoin. » Il fronça ses sourcils et sembla tellement perdu, il n'imaginait même pas le bordel dans sa tête. Il était une personne complexe, même lui ne semblait pas comprendre comment ça marchait. « J'ai toujours eu peur que les choses changent alors je me tiens éloigné des changements, j'ai peur de perdre mes repères, de laisser partir des choses qui doivent partir, depuis toujours c'est ainsi. » Il haussa une épaule. « C'est difficile, je sais que j'ai fini mon deuil, mais son fantôme est un de mes repères. » Il hocha la tête et Harry continua de le regarder, il n'avait même plus besoin d'ouvrir cet avion en papier. « Et je n'ai pas besoin de nouveaux repères, j'ai besoin de dépasser mes limites. » Ses yeux bleus s'enfoncèrent avec force dans les siens, avec leur froid d'hiver empli de chaleur. « Harry, t'as déjà été dans ma vie, je n'ai peut-être que de vagues souvenirs de toi, mais quand je disais que tu étais spécial pour moi je le pensais, cette année-là tu m'as permis de me dépasser moi-même. Je ne te l'ai jamais avoué, mais à l'époque tu m'as fait vivre comme un de tes avions en papier, avec toi j'étais libre, je n'avais plus peur, cette année-là tu m'as libéré, déjà une fois dans ma vie tu m'as placé face à mes démons et tu m'as aidé et encouragé à me dépasser moi-même, à laisser ces peurs s'envoler... En te donnant ces avions en papier, en te confiant mes peurs... » Il n'avait jamais pensé une seule seconde à ça. À dire vrai quand il avait réalisé que Louis ne se souvenait pas de lui il n'avait pas trop su quoi penser, il était vrai qu'une seconde il avait pensé à ces mots, au fait qu'il lui avait dit qu'il serait toujours spécial. Parce que, comment aurait-il pu l'oublier s'il devait pour toujours rester spécial ? Et c'était donc ça, finalement. Il était vraiment resté spécial, puisque Louis avait laissé partir cette relation, et ces souvenirs, pour les laisser dans le passé, contrairement à tout ce que ses peurs du changement, de pertes de repères, auraient pu lui faire faire. « Te repousser est donc... la dernière chose que je voudrais, parce que... tu fais sortir le meilleur de moi. Depuis toujours. »
Il ne sut pas quoi répondre. Que vouliez-vous dire à pareille chose, pareils mots, pareille déclaration ? Il ne savait pas ce que ça voulait dire tout ça. Il n'avait pas une simple idée de ce que ça signifiait pour eux maintenant. Comme ça, d'un coup, un matin, après tout ça, c'était fini ? Aussi vite, aussi simplement ? « Je... Je ne sais pas quoi dire. »
« Alors... ne dis rien. Je n'attends aucune réponse spécifique de toute façon. Juste... merci... de ne pas me laisser je suppose. » Il poussa un petit soupir. « Je suis désolé ce n'était vraiment pas supposé être aussi profond, je voulais vraiment juste te donner ce papier, je n'avais pas prévu de... enfin qu'importe. » Il haussa ses épaules et Harry baissa ses yeux vers l'avion entre ses doigts. Il l'étudia encore quelques secondes qui lui parurent bien longues alors que le silence entre eux s'allongeait sans pourtant ne jamais devenir lourd, gardant cette dimension de simplicité, d'intimité. Finalement, il attrapa le papier à deux mains pour le déplier.
souffrir à nouveau
Il leva ses yeux vers Louis pour le regarder pincer ses lèvres sans rien dire, regardant le papier blanc avec un regard un peu vide, un peu terne. Leurs peurs ne s'en allaient pas aussi simplement que ça, alors il supposa que tout ce discours voulait en substance dire qu'il était reconnaissant que Harry reste, mais qu'il lui demandait aussi de ne pas le laisser. Louis venait d'admettre qu'il ne pouvait pas continuer à vivre ainsi, et que même s'il avait peur il devait changer. Et plus important, il venait d'admettre que c'était Harry qui l'aiderait, l'aidait déjà et personne d'autre. Les miracles et vœux de Noël se réalisaient donc vraiment. Et dire que tout ce temps il avait pensé avoir idéalisé sa relation avec lui, comme s'il était le seul à avoir vraiment vécu chaque seconde de cet amour, quand finalement, tout ce temps, il avait vraiment été une personne spéciale pour lui.
« Je... peux t'inviter à la maison pour le dîner ? Juste histoire... de me faire pardonner ? »
Harry pouffa et replia le papier en secouant sa tête dans son amusement. Il leva ses yeux vers Louis et le vit se tenir là avec un sourcil haussé et un sourire aux lèvres. « Tu n'as pas besoin de te faire pardonner, parce que je ne t'en veux pas de toute façon, j'accepte tes excuses même si je ne les trouve pas nécessaires. » Il sourit. « Mais j'accepte quand même l'invitation. Liv sera content de revoir Liv. » Louis fit un sourire décoré par un petit souffle de rire et hocha de la tête. « Et évidemment... moi je suis content de te voir. » Clarifia-t-il, déclenchant un gloussement idiot venant de Louis ainsi qu'un petit roulement d'yeux. Il n'arrivait pas à y croire, ça devait être un rêve, tout était si facilement revenu à la normal, Noël était vraiment magique.
« Bon alors on se dit dix-neuf heures trente ? Tu pourras voir quel médiocre cuisinier je suis. » Rigola Louis ensuite.
« Je suis sûr que t'en fais des caisses et que tu ne t'en sors vraiment pas si mal en vrai. » Répondit-il.
« Tu verras. » Et Louis fit demi-tour, et tout du long il le regarda s'éloigner. Il avait un petit balancement des hanches quand il marchait, c'était hypnotisant, tant et si bien qu'il resta même planté là un peu trop longtemps avant de se reprendre et de retourner dans son bureau.
~
« Quel sourire. » Furent les mots avec lesquels Liv l'accueillit ce soir-là. Elle était dans la cuisine, elle grignotait des chips tranquillement, dans un bol à côté d'elle, tandis qu'elle jouait à sa Nintendo DS, adossée à un plan de travail. Il posa ses affaires dans l'entrée avant d'entrer avec elle et de lui voler une chips.
« J'ai invité Harry à dîner à la maison ce soir. » Liv tourna des yeux surpris vers lui et elle lâcha un rire abrupt avant de se tourner vers à nouveau son écran quand il se cala à côté d'elle. Il regarda le jeu auquel elle s'amusait, l'écran coloré, et il hocha la tête comme pour confirmer sa surprise.
« Il m'avait semblé que vous vous étiez disputés ou un truc comme ça ? » Demanda-t-elle. Il n'était pas spécialement surpris, elle remarquait toujours ce genre de choses. « Enfin, c'est une bonne nouvelle du coup. » Conclut-elle, amusée. « Du coup il vient, c'est bien, je suis contente. » Dit-elle, sa voix prenant un ton de bienveillance, d'un léger soulagement également. « Je me faisais un peu de soucis pour vous, tu t'entendais bien avec lui puis d'un coup vous ne vous parliez plus du tout... j'étais triste. » Il fit un petit sourire en regardant son profil et passa son bras autour de ses épaules. Qu'avait-il fait pour avoir une fille aussi douce qu'elle, qui s'inquiétait à ce point pour lui.
« Je t'aime tellement mon ange. » Elle poussa un petit rire en se laissant un peu plus tomber contre lui et il écrasa tendrement ses lèvres sur sa tête, la tenant fort près de lui. « Tu ne devrais pas te faire du souci comme ça pour moi. » Chuchota-t-il.
« Arrête de dire ça tout le temps. » Souffla-t-elle. Elle ferma soudain la console et se tourna vers lui. « Bon, alors tu fais quoi à manger ? »
« Quelque chose que je ne peux pas rater, de préférence. » Rigola-t-il en s'éloignant d'elle et en ouvrant le frigidaire à la recherche de nourriture et d'idées.
« Ouais, pour l'impressionner. » Taquina Olive, agitant ses sourcils avec amusement.
« Arrête. » La réprimanda-t-il en agitant sa main vers elle comme pour la chasser. Mais c'était peut-être vrai, il voulait peut-être essayer de l'impressionner, que Harry se dise qu'il avait bien cuisiné, qu'il soit touché qu'il ait fait ça pour lui. Mais Louis n'était pas un chef de génie, il savait se nourrir, c'était déjà pas mal, mais il n'avait pas de recette secrète ou fétiche de plat incroyable qu'il savait super bien faire. Il allait devoir faire comme il pouvait et pas autrement. Alors il se mit aux fourneaux, se disant qu'il allait essayer de suivre une recette.
Comme prévu Harry arriva à dix-neuf heures trente, ce fut Olive qui lui ouvrit la porte et aussi vite Livio lui sauta dans les bras. Louis en profita pour un peu laisser la cuisine une seconde et il passa la porte, observant Harry faire de cet espace le sien, comme avec habitude, plaçant sa veste au porte-manteau. Il en profita pour le regarder, détailler sa large et belle silhouette, sculptée et masculine, sublime. Il portait un pull un peu plus moulant que nécessaire aujourd'hui, un col roulé en plus, il se demandait s'il ne voulait pas sa mort. « Bonsoir. » Il se réveilla, sortant de son rêve éveillé pour lever ses yeux et son attention vers le visage souriant de Harry.
« Bonsoir. » Lui dit-il. Harry sourit et attrapa quelque chose dans sa poche, une feuille. Son cœur se stoppa une seconde et il le regarda plier la petite feuille juste sous ses yeux en forme, évidement, d'avion. Une fois qu'il eut fini, il ne réfléchit même pas et le tendit vers lui. Il resta un peu bête face à lui, il ne s'était pas attendu à si vite se retrouver avec un avion mais il fallait croire que ce truc allait rester leur truc. Harry voulait sûrement continuer à nouer avec lui, et Louis en avait sûrement besoin, besoin de garder ce lien de vulnérabilité pour ne pas fuir, pour rester face à ses peurs. Il attrapa le papier pour le déplier et retint son souffle une seconde.
te blesser ou te faire du mal.
Il sentit comme un haut le cœur remonter dans sa gorge mais la seule chose qui s'échappa de sa gorge fut un étrange son, un genre de râle lent et semi-silencieux d'attendrissement et de peine. Il laissa tomber sa main le long de son corps et décida d'agir spontanément. Il s'approcha de lui et passa ses bras autour de son corps. Harry répondit à son étreinte et frotta tendrement. « Est-ce que je te mérite vraiment ? »
« Bien sûr. » La voix de Harry était chaude et confortable, un murmure et chuchotement de chaleur, de bonheur, il l'aimait cette voix, il l'avait déjà tant aimée. Il savait qu'elle avait changé, que Harry avait changé, qu'ils n'étaient plus les mêmes qu'à l'époque. Et pourtant son corps semblait sincèrement le reconnaître. Il le connaissait et il se sentait bien, ces sentiments si forts qu'il avait déjà vécus étaient à nouveau là. C'était ça qui avait commencé à changer, Harry était unique, la seule personne à lui avoir déjà fait un tel effet. « Ça sent bon. » Fit-il remarquer ensuite. Louis leva ses yeux vers lui, coinçant sa tête contre sa poitrine. Harry baissa ses yeux vers lui, il le trouva drôlement proche, et il était si beau, il pouvait voir tous les défauts qu'il n'avait pas. Il n'y avait rien sur le visage de Harry qui n'était pas harmonieux, charmant, ou juste beau, il était vraiment beau, quelle peine qu'il ne le réalise réellement que maintenant. Il ne sut pas combien de temps s'écoula encore pendant lequel ils restèrent bêtement là dans le hall de l'entrée, serrés dans les bras l'un de l'autre, à s'observer sans rien dire, les yeux courant sur des lignes invisibles le long des visages, des sourires, sans rien se dire. Harry ne tenta pas un seul geste vers lui, sûrement par respect, pour attendre que ça vienne de lui, mais il ne fit rien non plus, il était bien juste là, il n'avait pas spécialement besoin de plus, il était à l'aise, heureux. Ça faisait si bizarre, il se sentait si bien, il n'y avait rien qui n'allait pas. Tout était simplement parfait.
« J'ai fait une poêlée de légumes... il y aussi de la viande qui cuit. » Expliqua-t-il, un peu en retard, pour répondre à Harry et celui-ci hocha de la tête en souriant.
« Des légumes ? Dire que tu préférais crever que de manger un seul légume avant... » Louis poussa un rire en fronçant son nez, glissant ses mains vers sa poitrine pour venir les passer autour de son cou.
« Tu te souviens de ça ? » Souffla-t-il en secouant sa tête.
« Je me souviens d'un paquet de choses... » Louis poussa un soupir et croisa ses doigts, caressant sa peau avec ses pouces dans sa nuque et ses bouclettes.
« J'ai honte, je n'ai presque aucun souvenir de ces vacances... » Chuchota-t-il, son cœur faisant un petit bon sous ses cotes. Il n'arrivait toujours pas à croire que c'était lui à dire vrai. C'était bien lui, à nouveau, ce garçon qu'il avait tant aimé, à nouveau là, dans sa vie, il était devenu un homme. Et il était là, à nouveau, dans sa vie, dans ses bras. Il poussa un soupir. « Mais je sais que c'était une si belle année... et que te perdre m'a fait haïr Noël si fort... » Sa voix était si basse, il voulait que lui seul l'entende, que personne d'autre ne puisse l'écouter si fragile, il ne voulait se dévoiler que pour lui, pour ses yeux.
« J'ai tant pleuré le jour où tu es parti... je ne suis même plus ressorti du reste du séjour tant j'étais triste. » Répondit Harry, sa voix aussi basse que la sienne, aussi vulnérable. Il n'en avait jamais parlé à personne de tout ça et voilà que Harry revenait dans sa vie et soudain il avait l'impression que son cœur allait exploser, enfin il parlait de ces jours-là, de ses sentiments. Il n'avait jamais dit à personne pourquoi il haïssait Noël, et voilà que la personne qui avait rendu cette fête si triste était là à nouveau. Ce devait être un rêve. « Embrasse-moi. » Il haussa ses sourcils soudain en reculant un instant, sans pourtant le lâcher, et Harry poussa un petit rire. « Désolé je ne voulais pas- » Mais il ne le laissa finir parce que... merde alors il avait vraiment envie de l'embrasser et qu'il était là, en face de lui, qu'il était sublime, et qu'il venait juste de lui demander comme ça, tranquillement et sans problème. Alors il se tira vers lui et lui coupa la parole pour l'embrasser. Il prit soin de sentir ses lèvres, leur caresse, leur chaleur sur sa bouche, puis il recula lentement, souriant doucement et entrouvrant ses yeux juste pour observer la roseur de ses lèvres, leur forme. Il pointa ensuite au-dessus de lui de son index.
« On était obligés. » Harry sembla confus et leva ses yeux. Il poussa un rire surpris et soudain en retombant vers lui, cognant tendrement son front contre le sien et taquinant son nez d'un mouvement du sien.
« Une branche de gui ? Je vais penser que tu avais tout prévu. » Souffla Harry en serrant un peu mieux ses bras autour de son corps.
« Et si c'était le cas ? » Se moqua-t-il en jouant de ses sourcils, ses yeux fermés et sa main glissant ensuite sur son bras en le tirant un peu plus contre lui.
« Je penserai à remercier les étoiles. » Répondit Harry. « Que s'est-il passé d'un coup ? Pour que tu reviennes comme ça ? Je ne dis pas que ça ne me plait pas, au contraire. » Il resserra un peu plus ses bras, laissant ses mains glisser dans son dos pour se positionner à la chute de ses reins n'osant pas aller plus bas, sûrement. « C'est juste soudain. »
Louis haussa de ses épaules. Lui-même ne le savait trop. « Je me suis réveillé dimanche matin avec un drôle de sentiment... » Proposa-t-il. Il ouvrit ses yeux pour un peu mieux regarder Harry, son visage doux et ses yeux fermés, la forme de ses cils, la couleur de sa peau. Il était une distraction sans fin, il n'y avait pas une chose sur lui qui n'était pas superbe. « Hum... je crois que la viande est en train de brûler. » Dit-il soudain en sentant une odeur inquiétante. Harry prit une inspiration paniquée en le lâchant et ils se précipitèrent en cuisine, l'un derrière l'autre, pour arrêter le massacre et passer à table.
~
« Merci Harry. » Il sourit en posant les assiettes dans le lave-vaisselle une fois qu'il fut dans la cuisine, observant Louis alors qu'il s'occupait de tasses et de chocolat chaud. Il appela sa fille depuis là, alors qu'il remuait une cuillère dans une tasse rose, pour qu'elle nettoie la table et Harry fut celui qui lui donna l'éponge. « Dis au fait. » Il leva les yeux vers Louis alors qu'il s'occupait de continuer de remplir le lave-vaisselle avec ce qu'il y avait dans l'évier, faisant sonner toute cette scène avec tant d'intimité qu'il eut l'impression une seconde que c'était ça sa vie, et ça ne l'aurait pas gêné.
« Ouais ? » Dit-il en reportant son attention sur la poêle dans sa main pour la placer comme il fallait.
« J'ai vu l'autre jour que... il y a une tasse cassée chez toi, au-dessus d'un des placards. » Il leva ses yeux vers Louis à nouveau, à la vitesse de la lumière. Il avait presque oublié, c'était là qu'il avait mis sa tasse.
« Oui. Elle s'est cassée pendant le déménagement mais je l'aimais tellement que je n'ai pas eu le cœur de m'en séparer. » Louis émit un petit rire par son nez.
« Je connais ça, j'ai tellement de choses dans cette maison qui ne me servent plus mais que je refuse de jeter. » Répondit-il. Harry pinça ses lèvres. Il pouvait comprendre ce sentiment, mais il imaginait mal devoir vivre comme ça pour tout et chaque chose. Ne rien pouvoir jeter sans se sentir presque triste devait être un mode de vie drôlement compliqué. Ce n'était même pas une vraie valeur sentimentale en plus, pour beaucoup de choses, Louis ne savait juste pas laisser les choses aller.
« Je devrais... m'en séparer. » Louis se tourna vers lui, un sourcil haussé et l'autre froncé. Il se redressa pour lui rendre son regard à travers la cuisine silencieuse où seul le ronronnement du frigo permettait de certifier que le temps n'était pas suspendu, qu'ils n'étaient pas vraiment dans un univers parallèle où le temps n'existait plus et où il n'y avait qu'eux. « Les choses se brisent parfois, c'est que ça doit arriver, il faut les laisser partir pour laisser la place à de nouvelles choses, on perd des amitiés pour en créer de nouvelles... on casse une tasse pour en avoir une autre. Je devrais m'en débarrasser. Je l'aimais vraiment beaucoup, mais c'est fini maintenant. » Louis souffla un rire ironique en se tournant vers les tasses devant lui, hochant la tête.
« Je comprends ce que tu es en train de me dire. » Lui fit-il savoir. « Merci d'essayer si fort de m'aider et de vouloir mon bien. » Murmura-t-il. Harry laissa ses doigts glisser sur le plan de travail quand il s'en écarta, voyageant vers l'homme de l'autre côté de la pièce, porté par le son si doux de sa voix juste pour encadrer ses hanches de ses mains et laisser un baiser sur son épaule. « Allons t'acheter une nouvelle tasse un de ces jours. » Proposa Louis en se tourna vers lui, enfonçant une main dans ses boucles, de façon si simple, si aisée et naturelle.
« Ouais. » Répondit-il. Accompagné par le mouvement de ses mains, Louis se tourna pour se coincer contre le plan de travail et attraper tendrement ses joues en coupe pour venir vers lui. Ses lèvres se posèrent sur les siennes avec la douceur d'un flocon de neige et ce fut presque aussi magique que d'en attraper un. Louis avait un goût agréable de sucre, il supposa qu'il avait sûrement ce goût à cause du petit bol rempli de chocolat qu'il avait sorti juste plus tôt pour le mettre sur le plateau, il avait dû en manger un. Il poussa un soupir au milieu du pli heureux sur ses lèvres chaudes que Louis picora rapidement avant qu'ils ne se détachent. « On regarde un film de Noël avant que je ne rentre ? »
« On sait tous les deux que tu vas finir par rester ici... va plutôt chercher quelques affaires pour demain matin pendant que je prépare le film et les enfants au salon. » Marmonna Louis contre sa bouche.
« Décidément, je devais vraiment remercier le rêve que tu as fait dimanche. » Rigola-t-il, provoquant un rapide gloussement de la part de son compagnon.
« Les miracles de Noël arrivent vraiment. »
« Tu es le mien. Pour la deuxième fois. » Il embrassa rapidement le bout de son nez. « J'y vais, à tout de suite. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top