❅-15 Décembre-❅

(3917 mots)

C'était peut-être grave qu'il ne pense qu'à ça. Non ? Ça l'empêchait carrément de dormir maintenant. C'était devenu n'importe quoi. Il ne pouvait plus se sortir Harry de la tête. Il était sûrement juste complètement enseveli sous le fait d'apprendre que c'était lui. Mais il savait pourtant aussi que ce n'était pas que ça. Parce qu'il n'y avait aucune excuse pour le fait d'ainsi penser au baiser vertigineux qu'ils avaient vécu jeudi. Il n'y avait aussi aucune raison de repenser à l'avion en papier. Les mots qui étaient inscrits dessus « te perdre à nouveau ». Et à ce qu'il aurait pu faire d'autre, à se demander pourquoi il avait froissé la feuille pour la jeter.

Toutes les molécules de son corps en lui voulaient se jeter contre Harry et pourtant il continuait de penser que ce n'était pas une bonne chose, et peut-être que Liv avait raison depuis le début. Il ne voulait juste pas se détacher de sa femme, il ne voulait pas aller de l'avant. Mais que pouvait-il y faire. Il n'avait que ses souvenirs d'elle et les remplacer par un autre serait la trahir, la perdre encore, et il ne voulait pas de ça. Tout sauf laisser partir les dernières particules d'elle qui restaient dans ce monde vaste dans lequel laisser une trace était bien trop dur. Qui pourrait dire que tout avait été réel à un instant si tout disparaissait ? S'il n'y avait plus rien ?

Il avait déjà commencé à écrire des choses qui n'avaient plus rien à voir avec ses souvenirs, il était déjà en train de l'effacer, et comment pouvait-il lui faire ça, lui ? Lui qui l'aimait tant. Comment pouvait-il être celui qui l'effaçait, celui qui l'oubliait.

Et pourtant il ne pouvait s'empêcher de penser à Harry, il pensait à lui tout le temps. Il y pensait tellement que c'était pour ça qu'il était toujours réveillé à minuit passé. Il ne faisait que penser à lui, il n'y avait rien d'autre que ça dans sa tête, leurs baisers, les rappels de la sensation de son corps contre lui, de son être chaud. Il avait passé la soirée entière à rêver les yeux ouverts de Harry et c'était n'importe quoi. Il avait mangé avec Liv devant la télé, elle avait bien vu qu'il était ailleurs mais n'avait bien sûr rien dit, de toute façon il n'aurait pas pu lui répondre. Ce n'était pas comme s'il était coutume de raconter à sa fille de seize ans qu'il avait drôlement envie du voisin. Parce que c'était bel et bien le cas, oui. Il avait envie, terriblement envie, de Harry, de lui, de ses baisers, de son corps. Il ne se souvenait plus s'il avait couché avec lui, il en avait un très bref souvenir à dire vrai, mais ce n'était pas assez clair pour être sûr que son cerveau ne soit pas totalement en train de tout inventer juste pour l'enfoncer un peu plus dans ses déboires sexuels.

Ça faisait peut-être trop longtemps qu'il n'avait pas couché avec quelqu'un ? Non. Qui était-il pour duper qui que ce soit. Bien sûr que ça ne datait pas d'hier mais ce n'était pas suffisant en soit, même pas pour excuser le fait d'avoir des fantasmes éveillés à son sujet. C'était juste du grand n'importe quoi. Et il fallait qu'il se calme, qu'il se concentre sur le plus important. Et là, maintenant, ce n'était sûrement pas sa vie sexuelle le plus important. Loin de là.

Pourtant cette nuit-là, comme pour lui prouver que ses préoccupations étaient bien réunies autour du bouclé de son passé, il ne fit pas de rêve sans formes ni couleurs, sans saveurs ni odeurs, il rêva à nouveau de ce Noël. Il rêva de la moquette sous ses pieds nus, la chaleur d'une main dans la sienne, le sourire d'un jeune garçon dans la pénombre colorée des lumières, un premier baiser échangé sous une branche de gui tendue au-dessus d'eux par une main jeune et maladroite. Un rêve réel, un rêve de souvenir, un rêve qui semblait tant réel qu'il aurait pu jurer que ce n'était pas un songe, mais bien un morceau de réalité actuelle, comme s'il se contentait de revivre ce qu'il avait vécu en une journée, comme si, en ouvrant les yeux, il allait être dans ce lit chaud et grand, dans cet hôtel, Harry devant sa porte, et qu'ils iraient se balader dans la montagne avec insouciance. C'était tellement troublant qu'il mit un long moment à se réveiller, à se rappeler, il avait trente-sept ans, bientôt trente-huit, il avait une fille, il allait au travail aujourd'hui et aussi, plus important, Harry n'était plus dans sa vie, plus comme il l'avait été, il y a de ça des années, il n'était plus que Harry, un homme certes charmant mais qui ne permettrait à sa vie que de changer, qui ne ferait que le déstabiliser, lui retirer ses repères et son équilibre.

Alors il se leva et comme chaque matin s'attela à sa routine. Une fois hors du lit, il partit allumer la machine à café avant de faire un petit passage aux toilettes puis il revint se coincer contre le plan de travail, celui pas trop loin de la fenêtre. Il observa silencieusement l'extérieur enveloppé dans un manteau blanc sans traces qui s'épaississait au fil des jours, même alors qu'il ne semblait en rien important, plus comme s'il s'agissait d'une simple couche de neige légère comme un voile de soie, aussi doux que celui qui recouvrait les voitures et les bâtiments pour les habiller de douceur et de fraîcheur.

Il entendit la porte de la chambre d'Olive s'ouvrir, puis ses pas fatigués sur le sol. Comme chaque samedi matin, elle se levait juste assez tôt pour le voir, la plupart du temps le reste de la semaine elle se réveillait et partait avant lui pour rejoindre son lycée. Il était heureux de pouvoir la voir au moins un instant. Elle lui fit un sourire en attrapant son calendrier de l'avant pour en ouvrir une quinzième case et elle fourra le chocolat dans sa bouche sans même le regarder. C'était agréable, il avait un puissant sentiment de confort en lui, quelque chose soupirait sous ses cotes parce qu'il avait l'impression que tout était bien à sa place, parfaitement là où il devait être. Louis aimait ce genre de confort, ce n'était plus chose nouvelle que de le constater une nouvelle fois. Les choses étaient mieux si elles étaient à un endroit précis, Louis se retrouvait mieux dans l'ordre, s'il suivait toujours le même chemin, faisait toujours les mêmes choses, restait dans les sentiers battus, dans le chemin. Les mauvaises surprises étaient le plus loin possible de lui. Et ce matin, tout semblait être revenu au chemin tranquille qu'était sa vie. Serrer Liv dans ses bras, embrasser tendrement sa tête, lui dire à ce soir quand il passait la porte avec un chocolat dans la paume. Tout était à nouveau en place, tout allait bien, rien ne perturberait cet équilibre qu'il avait dans sa vie, prévu pour les protéger, lui et sa fille.

Il prit même une profonde inspiration quand il sortit de la maison, levant ses yeux vers le ciel comme dans les films ou les séries clichés. Il fit un sourire, laissa tomber son souffle dans le vide, ses épaules tombant lentement. Cette journée commençait bien, il la démarrait du bon pied, de la bonne façon, et il ne s'était pas sentit aussi à l'aise dans sa peau depuis quelques jours maintenant. Tout était en ordre.

« Eh bien eh bien, y'en a un qui est drôlement heureux ce matin. » La voix de son collègue fut la première chose qui l'accueillit quand il entra dans la clinique, riant en secouant sa tête et venant vers le bureau.

« Bonjour à toi aussi. » Lui dit-il en retirant sa veste pour la poser sur la chaise à roulettes devant son ordinateur. Ses yeux scannèrent son bureau pour éviter une mauvaise surprise comme hier, quand ses yeux s'étaient posés sur un avion en papier de couleur bordeaux déposé par Harry. Il savait que ça avait été leur truc pendant leurs vacances ensemble cette année-là, il savait que c'était la façon qu'Harry avait décidé de prendre pour essayer de renouer avec lui. À son plus grand bonheur il n'y avait aucun avion en papier sur son bureau, aucune trace de petit papier, de petite note, tout était en ordre. Alors il sourit un peu plus en s'asseyant, attrapant son bonnet rouge de Père Noël pour le placer sur sa tête.

« Pourquoi t'es si heureux aujourd'hui, c'est presque louche. » Il fronça ses sourcils avec amusement en se tournant vers le garçon à côté de lui et pouffa gentiment en se tournant vers son ordinateur.

« Je n'ai pas le droit d'être heureux maintenant. » S'amusa-t-il.

« Si si, je dis juste que c'est très louche. » Son camarade s'avança sur son coude et haussa un sourcil. « Est-ce que toi et beau-gosse avez remis la machine en route ? Vous ne vous faîtes plus la tête ? » Il roula rapidement ses yeux en secouant sa tête et lança un regard par-dessus son épaule. Pas de Harry en vue. Il poussa un soupir et attrapa la bouteille d'eau dans son sac pour la poser sur le bureau. « Oh, la bonne humeur a quitté ton visage. » Il fit tomber sa tête dans sa main en le regardant et pouffa ridiculement pour se foutre de lui.

« Tu ne veux pas me laisser tranquille ? » Rit-il en haussant une épaule. Son ami se redressa, levant ses mains en signe d'innocence.

« Pardon chef. » Ironisa-t-il.

« Harry est mon amour de jeunesse. » Avoua-t-il. Son collègue se tourna vers lui avec surprise, tellement brusquement qu'il faillit presque se détruire la nuque, Louis put assurer qu'il l'avait entendue craquer. Ça le fit glousser une seconde avant qu'il ne se reprenne, réalisant que peut-être rire n'était pas le moment.

« Comment ça amour de jeunesse ? » Releva finalement le jeune homme à sa droite. Il joignit ses mains sur ses cuisses et fit un sourire. En parler allait sûrement l'aider à réaliser un peu plus, parce qu'il avait besoin de réaliser. Harry semblait se souvenir de lui depuis plus longtemps, il le lui avait même déjà dit qu'il 'lui rappelait quelqu'un', il avait eu son propre temps pour réaliser, Louis aussi avait au moins besoin de se rendre compte que c'était réel. Pour essayer de tout mettre vraiment bien à plat, et que tout soit vraiment revenu à sa place, tranquille, calme.

« Je l'ai rencontré il y a vingt ans environ, en vacances en France. Il habitait à Newcastle, donc on a décidé de se séparer à la fin de nos vacances, et de ne pas rester en contact. » Son collègue fronça ses sourcils en le regardant. « Et... il est réapparu dans ma vie. Je ne l'ai pas reconnu tout de suite mais... » Il leva ses yeux vers la porte vitrée et soupira quand Harry entra. « C'est bien lui. »

« Bonjour. » Harry approcha du bureau et Louis lui fit un sourire. Il le vit prendre une rapide inspiration avant de passer son chemin, sans trop s'attarder, se pressant vers son bureau au fond dans se retourner.

« Ah... donc entre vous ça ne va toujours pas mieux. » Souffla son collègue en se tournant vers son écran d'ordinateur, saisissant sa souris pour se concentrer sur autre chose. Cependant ses pensées restèrent tournées vers Louis et son comportement, si on en croyait le froncement qui décorait son visage. Il décida par ailleurs de se tourner vers ce dernier pour poursuivre sur sa lancée de questionnement. « Mais il s'est passé quoi ? Du jour au lendemain vous- » Il se fit couper la parole quand Louis sursauta à cause de l'arrivée impromptue d'un petit avion en papier bleu qui s'encastra dans son propre ordinateur, tombant ensuite à pic sur son clavier. Louis l'attrapa rapidement et se tourna vers le bureau de Harry. Il ne put pas le voir là, mais supposa qu'il y était pourtant bien, un peu en retrait dans l'encadrement de la porte à attendre sa réaction.

Il se tourna à nouveau vers le petit avion pour décider de ce qu'il devait faire. Il avait très envie de ne pas le déplier, mais il y avait quelque chose en lui qui lui disait de ne pas faire ça. De laisser une chance à ce qui était écrit dedans. Harry essayait peut-être de se mettre dans une situation de vulnérabilité pour le pousser à se confier à lui, et peut-être à redéclencher leur rapprochement. Il poussa un petit soupir et tira sur un battant pour déplier le petit papier et pinça ses lèvres en le glissant sous ses yeux.

te faire de la peine.

Il considéra les mots inscrits-là en silence, sans rien dire, sans rien ajouter, sans savoir quoi dire, simplement. Que pouvait-il dire de toute façon. Il pouvait juste saluer le fait que Harry tienne à lui, toujours à lui devrait-il même corriger. Il n'était pas vraiment sûr de vouloir répondre par une réciproque, Harry était incroyable oui, mais il n'avait pas l'impression que seul cela soit une raison suffisante pour le laisser revenir vers lui. Peut-être que tout ce qu'il avait ressenti n'étaient que des restes, des choses dont se souvenait son subconscient simplement, pas de vrais ressentis mais juste une illusion ?

Il poussa un autre soupir. Était-il encore en train de faire ce qu'Olive avait dit qu'il faisait tout le temps ? Chercher des excuses ? Fuir ? Et si c'était pour cela que la situation avec Harry lui donnait autant de fil à retordre ? Parce que... Liv n'était pas une excuse suffisante et qu'il le sentait et que c'était pour ça qu'il ne savait même plus ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait, parce son cerveau voulait juste trouver n'importe quoi pour se sortir de ce piège étrange. Il n'était plus sûr de rien, ce qui était réel, ce qui ne l'était pas, ce qu'il ressentait, ce qu'il devait inventer, ce que son cerveau hurlait, ce que son cœur murmurait, tout n'était qu'un mélange avec une couleur peu ragoutante. Il voulait juste respirer.

Il réalisa à cet instant que cette image de sa journée parfaite, de sa vie retombant dans ses gonds, de la rivière regagnant son lit, n'avait en effet qu'une image, irréelle et idéalisée. Sa vie était toujours aussi sens dessus dessous qu'avant. Et ce fut peut-être pour cette raison uniquement qu'il décida de froisser cette feuille aussi pour la faire tomber ensuite dans la corbeille à ses pieds, sous l'attention de son collègue. Il secoua ses épaules pour se défaire de la sensation bizarre de culpabilité qu'il avait dans ses veines et racla sa gorge en remontant ses lunettes sur le pont de son nez. Son ami se garda bien de faire n'importe quelle remarque et il valait mieux pour lui parce qu'il l'aurait bien facilement remis en place s'il l'avait fallu.

~

Il n'y avait sûrement pas besoin de le préciser pour savoir que Harry ne passait pas une bonne journée, de quelque façon que ce soit. Il ne pouvait pas passer une bonne journée quand la personne qui contrôlait ses émotions ces derniers jours était dans la pièce d'à côté et lui faisait la tête bien trop fort pour que ça ne fasse pas mal de partout, dans chaque fibre de son corps. Il avait froissé une nouvelle fois son avion. Bien sûr, il n'allait pas déjà abandonner, c'était Louis tout de même, mais la douleur était belle et bien réelle malheureusement. Il se posait tout de même des questions, peut-être que Louis n'en avait vraiment rien à faire finalement, et puis se souvenait-il même simplement des avions en papier ? Est-ce qu'il était autant enchanté que lui d'avoir retrouvé son amour de jeunesse qu'il n'avait connu qu'une dizaine de jours, il y avait des années de ça ? Il était peut-être lourd, non ? Pourtant il se souvenait de la branche de gui, n'est-ce pas ? Ça voulait bien dire qu'il y avait encore quelque chose en Louis qui se souvenait de lui d'une bonne façon. Alors peut-être que tout ce petit jeu avec des avions en papier était une bonne chose ?

Il y eut un sourire triste sur le bord de ses lèvres et il poussa un petit origami sur le bord de son bureau, qui attendait là depuis qu'il avait été plié et que la petite fille dans son bureau fixait intensément. Il décida de le lui donner en disant ensuite au revoir à la mère de l'enfant. Il soupira en regardant le petit tas de feuilles de couleur et en prit en nouveau. Le cabinet allait bientôt fermer pour la pause déjeuner, tout le monde allait se dire à plus tard et revenir ensuite et ça laissait peut-être un court laps de temps pour faire un nouvel avion. Il avait pensé n'en faire qu'un par jour mais le lendemain était dimanche et ils ne travaillaient pas ce jour-là, alors il pouvait aussi bien tenter un deuxième aujourd'hui, il n'avait plus rien à perdre.

Alors il attrapa le plus vite possible une petite feuille et il y inscrivit une phrase rapide, quelque chose qui pourrait peut-être aider Louis à sentir qu'ils étaient plus proches qu'il ne le pensait, ça aiderait peut-être Louis à s'ouvrir un peu plus, à accepter sa présence dans sa vie, à comprendre qu'il n'était pas là pour lui nuire mais préférablement tout l'inverse. Il plia la feuille rapidement, avec ces mêmes réflexes mécaniques qu'il avait depuis de nombreuses et longues années maintenant et se leva rapidement de son fauteuil. Il entra dans la pièce principale, celle de l'accueil et s'approcha doucement du bureau où Louis était installé. Il arriva dans son dos, sans que Louis ne le voie et fit rapidement tomber le nouvel avion sur le bureau, à bonne distance. Louis observa le papier plié avec une drôle de mine et lança un regard vers lui, qui dura ce qui semblait être une éternité. Long, beaucoup trop long. C'était sûrement un temps que Louis prenait pour savoir s'il avait envie d'ouvrir le papier.

Il le vit finalement tendre sa main vers l'avion pour le déplier et y lire la nouvelle phrase.

tomber amoureux. C'était ce qu'il avait décidé de confier cette fois, lui aussi avait peur d'aimer à nouveau, quelqu'un d'autre, de souffrir, que ça n'en vaille pas la peine, que ses attentes soient trop hautes et que jamais personne ne puisse y répondre. Il avait peur d'aimer quelqu'un fort, trop fort pour que la personne réponde de la bonne façon, peur de ne pas être aimé comme il en avait besoin, peur de tomber dans une nouvelle relation ratée qu'il idéaliserait par amour. Il avait peur d'être faible pour une personne qui n'en vaudrait pas la peine.

Louis poussa un petit soupir et aplatit la feuille avant d'attraper un stylo sur le côté. Il retint son souffle pour essayer de se concentrer, de se calmer. Dieu soit loué, il écrivait quelque chose, enfin il répondait.

À sa surprise, Louis ne replia pas le papier en avion, il se contenta de le plier en deux puis en quatre et de le lui rendre alors qu'il se levait. Il se regardèrent tandis que Louis récupérait sa veste et posait son bonnet de Père Noël. Puis Louis tua le contact visuel avec une certaine fatalité et ça lui fit bien comprendre que peut-être que ce qu'il y avait sur ce morceau de papier ne lui plairait pas. Il le regarda s'éloigner et sortir du bâtiment et s'empressa ensuite d'ouvrir le papier.

S'il te plaît. Laisse-moi.

Il sentit son cœur se briser. Honnêtement, il ne savait pas qu'un cœur pouvait se détruire aussi puissamment que ça, aussi fort, aussi brutalement. Comme si d'un seul coup il ne battait simplement plus. Il devrait arrêter. Pour le respect qu'il avait pour Louis, mais comment ? Il ne voulait pas cesser de vouloir l'atteindre. Il n'était pas fou, il savait que Louis l'aimait bien alors quoi ? Il devait juste laisser tomber parce que Louis le repoussait pour des raisons bien trop douloureuses qu'il pensait normales ? Celle de s'interdire d'être heureux à nouveau ? Avec quelqu'un ? Il allait contre ses propres sentiments et se rassurait en se disant que c'était normal et il devrait le laisser faire ? C'était la pire chose, la pire idée. Mais finalement, s'il aimait Louis, ne vaudrait-il pas mieux faire ce qui le rendrait heureux ? Le but de l'amour n'était-il pas de faire passer tout le bonheur d'une personne avant le sien ?

« Hey... » Il baissa ses yeux, surpris, vers le second secrétaire médical. « Je ne sais pas ce que c'est ce délire avec les avions en papier, pas plus que je ne sais vraiment comment ça se passe entre vous, ou ce qu'il vient d'écrire. Mais je sais que Louis ressent bien plus qu'une simple affection envers toi. » Il fronça ses sourcils. Après Olive, voilà que c'était le collègue de Louis qui lui faisait une leçon ? « Il est compliqué je l'admets, mais... cette fois ça semble différent. » Le jeune homme observa rapidement par la vitre de la porte pour voir la voiture de Louis sortir du parking. Puis il se leva à son tour en récupérant sa veste. « Je ne pense pas qu'il ait sincèrement envie que tu le laisse tomber ou quoi que ce soit. » Finit-il en souriant et haussant une épaule. Harry pinça ses lèvres et serra fort le papier dans sa main.

Et si c'était un 'laisse-moi' qui signifiait 'ne me laisse pas'. Il n'y avait aucune raison d'en être vraiment sûr, mais finalement Louis avait toujours été dans la réciproque de ses sentiments et d'un seul coup, sans aucune raison, il lui avait tourné le dos. Peut-être qu'il avait besoin que Harry le retienne vraiment ? N'était-ce pas aussi ce que lui avait demandé Olive ? L'hypothèse était vraiment mince, les chances de simplement passer pour un connard super lourd étaient tout de même assez élevées, mais et quoi s'il avait raison ? Et quoi si continuer à tendre sa main vers Louis le ferait revenir vers lui, vers ce nouveau eux qu'il était possible d'avoir s'ils essayaient. Oserait-il passer à côté d'une chance même minime de totalement retrouver Louis, de vivre et continuer à vivre ce qu'ils avaient lentement découvert ensemble ? Accepterait-il de laisser tout ça en l'état alors que Louis et lui avaient passé en quelques jours des moments magiques, forts, privés et intenses, qu'ils avaient presque passé une nuit blanche à discuter dans le lit de Louis juste la semaine dernière ?

Il devait continuer, il devait persévérer. C'était Louis. Il aurait aussi aimé dire qu'il le connaissait bien, mais il avait quand même changé. Le Louis qu'il avait connu n'avait pas tant de névrose, ce Louis-là était un Louis traumatisé par la perte de sa femme. Il avait peut-être le pouvoir de l'aider. L'aider à se sortir de cet état d'esprit, lui montrer que tout allait bien, qu'il avait le droit de continuer à vivre.

Quitte.... À passer pour un gros con s'il avait tort sur toute la ligne et que Louis ne voulait juste pas de lui ?

Un soupir profond, bruyant et traînant lui fut arraché et il jeta le papier à la poubelle à son tour, avant de retourner vers son bureau pour récupérer sa veste.

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