❅-11 Décembre-❅
(2941 mots)
« Hey Louis ! » Il put le voir sursauter en se tournant vers lui. Il avait de la neige partout sur son bonnet et la capuche de sa veste. Il eut presque envie de l'attraper et de l'appeler le petit elfe des neiges mais il avait peur que ce soit ridicule et gênant, surtout sur le parking de leur lieu de travail. Il arriva vers lui de son pas trottinant et le vit sourire. « J'ai réfléchi et je me suis dit... que ce serait sympa si on faisait du covoiturage, puisqu'on travaille au même endroit ? » Louis se donna un instant de réflexion en regardant son visage une seconde mais ça ne dura pas vraiment une éternité. Il sembla assez vite savoir ce qu'il voulait et il hocha la tête en pinçant ses lèvres d'un air convaincu. « Eh puis, ça te tente un peu... de shopping de Noël ? » Il fit un sourire pour essayer de passer la demande plus simplement que ce qu'elle représentait. « T'as peut-être... pas besoin d'en faire ou quoi mais je- »
« Oui. » Répondit Louis avant qu'il ne s'enfonce un peu plus. « Ça me plairait, j'ai encore deux ou trois cadeaux à trouver et puis... faire les boutiques c'est toujours agréable en bonne compagnie. » Louis sourit et un courant chaud s'écoula en lui, dans ses veines, dans son corps, il était irréel, vraiment. Sa beauté ne semblait jamais avoir de fin, quand il pensait qu'il ne pourrait jamais le trouver plus beau Louis se contentait de lui prouver l'inverse. Mais, bien évidemment, il n'était pas vraiment surpris. Louis était ce genre de personne bien trop belle, ça avait toujours été ainsi. « C'est gentil de proposer Harry. J'apprécie ta gentillesse. Quand propose-tu qu'on y aille ? » Il fit un pas vers lui et Harry sourit.
« Demain ? » Demanda-t-il en haussant un sourcil, Louis hocha la tête.
« Noté. » Rigola-t-il. « C'est donc... notre second rendez-vous. » Décida-t-il ensuite. Harry sentit aussi vite ses joues brûler. Il n'y avait même pas pensé de cette façon mais oui, c'était leur deuxième rendez-vous.
« Et dire que normalement on n'embrasse pas au premier rendez-vous. » Taquina-t-il, parce qu'il avait peut-être un peu besoin de sentir qu'il avait la situation sous contrôle et que Louis ne pouvait pas si facilement lui faire perdre ses moyens. Par chance ça fonctionna un peu et ce fut Louis, cette fois-ci, qui sembla perdre un peu la face et baissa les yeux sous l'embarras qui sauta sur lui. Il poussa un petit rire pour gentiment se moquer de lui. « Enfin... ce n'est pas un reproche, c'est un peu moi qui ai commencé. » Il haussa de ses épaules.
« De toute façon je ne me serais pas excusé. » Il leva ses yeux vers lui et le vit approcher calmement pour venir se planter juste devant lui, à quelques simples centimètres de son visage. « J'aime t'embrasser. » Chuchota-t-il en se tirant vers lui, écrasant un rapide baiser sur ses lèvres que Harry n'eut même pas le temps de vraiment sentir ou apprécier, puisqu'il était déjà parti. Dans son incompréhension de surprise il papillonna des yeux, le froid s'attaquant soudain à ses lèvres piquantes et brûlantes. Louis lui faisait un petit signe de main en partant vers sa voiture. « À demain ! » Lui lança-t-il quand il entra dans la voiture. Il resta encore un peu con et sur place avant que la voiture ne se mette en marche et ne quitte le parking du cabinet, s'en allant en direction de chez lui. Ses yeux suivirent le véhicule du regard jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le voir et, comme s'il sortait d'une longue apnée, il relâcha soudainement un gros bloc d'air, le laissant soulever et faire danser des flocons de neige indifférents autour de lui. Un rire s'échappa de sa bouche et il baissa la tête à la rencontre de ses mains pour tâter ses lèvres. Il secoua sa tête en rejoignant sa voiture ensuite, observant une dernière fois vers l'endroit où la voiture de Louis avait disparu de son champ de vision.
Quand il arriva un peu plus tard devant chez lui, Liv à l'arrière de la voiture, la lumière de l'arbre dans la cour des Tomlinson donnant un côté réellement féerique à la rue, il eut l'impression qu'il venait d'atterrir au pays du Père Noël ou quelque chose comme ça. Les lueurs colorées et folles sautaient sur la neige blanche et la faisait briller d'une façon vraiment belle, même alors qu'elle était en si faible quantité sur le sol des cours et sur les bords des trottoirs. Et, honnêtement, même la chose marron ressemblant à de la neige qui était créée par le passage des voitures ne pouvait pas enlever à cet endroit la féerie d'un paysage de noël.
Les températures étaient devenues vraiment froides ces derniers jours et s'il ne l'avait pas senti avant il le remarqua plutôt facilement ce soir-là en entrant dans sa maison. Il faisait plus froid que d'habitude, sans trop savoir pourquoi. Comme si... comme si son chauffage était tombé en panne. Oh mince. Il traversa rapidement la pièce à vivre pour aller placer sa main sur le radiateur le plus proche et il était complètement froid. C'était bien sa veine tient. Acheter une maison et avoir un chauffage qui tombait en panne presque tout de suite et surtout en plein mois de décembre. Il serra sa mâchoire en observant le chauffage, réfléchissant à toute allure avant de se tourner vers Liv qui courait déjà à sa chambre sans que la fraîcheur de la maison ne lui pose problème, mais ça n'allait pas durer et il le savait. Il allait juste faire de plus en plus froid dans la maison.
Son regard dériva lentement dans la grande pièce et il posa ses yeux sur la cheminée. Il considéra la solution une seconde mais... il n'avait pas de bois, alors c'était peine perdue, d'autant qu'il n'avait aucune idée de comment faire fonctionner une cheminée. Il mordit ses lèvres et commença à imaginer le pire, appeler un réparateur qui ne viendrait sûrement pas ce soir, devoir s'enrouler dans des couvertures chaudes, couvrir Liv plus que de raison pour qu'il n'attrape pas froid dans la nuit. Il ne pouvait pas rester sans rien faire pour ce soir n'est-ce pas ? Un rictus dérangé tordit sa bouche et il attrapa son smartphone à la recherche d'un professionnel.
Et pendant qu'il parlait avec celui-ci au téléphone (et qu'il lui disait que venir tout de suite n'allait pas être possible), comme le destin, ses yeux remarquèrent la fumée s'échappant de la cheminée d'en face. Il n'avait pas vraiment fait attention, mais c'était vrai qu'il y avait une cheminée chez Louis, bien qu'il ait considéré qu'il ne l'utilisait pas, il fallait se rendre à l'évidence que si. Il considéra alors toutes ses options et décida qu'il n'y en avait pas d'autres. Alors il s'empressa de lever la voix pour dire à Liv de l'attendre une seconde ici, puis il attrapa sa veste et sortit de la maison pour rapidement traverser la rue. Il toqua à la porte et ce fut Olive qui lui ouvrit. Elle sembla surprise mais fit tout de même un sourire poli. « Bonsoir. » Lui dit-elle. « Besoin de quelque chose ? » Il fit un petit sourire un peu embêté et s'excusa vite du dérangement.
« Ton père est occupé ? » Elle lança un regard derrière elle dans le couloir.
« Hum, il est dans son bureau. » Elle se tourna à nouveau vers lui. « Mais si c'est important il sera plus que ravi de vous filer un coup de main. »
« C'est plutôt important. » Dit-il de façon peu sûre en plissant ses yeux. Elle hocha alors la tête et lâcha la porte pour aller vers le bureau. Elle toqua dessus du dos de ses phalanges et on put entendre la voix de Louis derrière.
« Ouais ? » Demanda-t-il.
« Harry à la porte pour toi. » Il y eut un drôle de silence tout autour d'eux, ça dura encore un léger paquet de secondes avant que soudain on entende un bruit immense venant du bureau. Puis la porte de bois s'ouvrit, assez violemment. Louis apparut alors dans le couloir, raclant sa gorge en remettant ses lunettes en place. Il avait les cheveux en pétard et s'était changé pour passer un jogging et un sweater un peu grand pour lui. Il avait l'air petit dans ces vêtements, il voulait lui faire un câlin.
« Oui ? » Demanda celui-ci.
« Hum, c'est un peu gênant à demander mais.... Je suis en panne de chauffage et... je n'ai pas de bois pour ma cheminée... pas plus que je ne sais la faire marcher. » Louis se tourna dans la pièce pour regarder sa propre cheminée qui brûlait d'un feu en bonne santé. Un petit gloussement secoua ses épaules et il se tourna vers le porte-manteau pour attraper sa veste et enfiler ses chaussures.
« Je m'en occupe. » Dit-il en sortant, annonçant à sa fille qu'il n'en avait pas pour longtemps. Ensemble ils partirent vers l'arrière de la maison où dormait un abri de jardin, Louis y entra et Harry resta en retrait, le regardant pousser des choses sur le côté pour récupérer du bois. Il donna trois bûches à Harry et se choisit deux autres bûches un peu plus grosses à glisser sous son bras. Harry fixa un point particulier de l'abri. Il n'osa pas spécialement dire quelque chose mais se motiva tout de même. Alors il se tourna vers Louis quand celui-ci partit en direction de la rue.
« Tu fais du ski ? » Demanda-t-il. Mais il connaissait la réponse. Louis était très bon au ski, mais il voulait jouer la carte du souvenir, peut-être que si Louis se souvenait tout seul de lui ce serait plus simple. Parce que plus les jours passaient, plus il lui cachait la vérité et plus il avait l'impression que ça n'aurait pas une bonne conclusion.
Louis se tourna pour lui lancer un regard par-dessus son épaule. Il comprit qu'il lui demandait ça à cause des skis dans l'abri de jardin et se tourna à nouveau devant lui tout en haussant les épaules. « Ouais. J'aimais ça passé un temps. Maintenant... c'est différent. » Il fronça ses sourcils. Il ne savait pas si c'était lié au Noël de leur rencontre et amour, mais si c'était ça alors ça montrait bien que Louis ne gardait pas du tout de bons souvenirs de tout ça, même s'il lui avait dit hier que c'étaient des bons souvenirs. C'était possible qu'il fût une bonne relation pour lui mais que le perdre lui ait finalement fait plus de mal que ça n'en avait fait à Harry. Même si Louis était allé de l'avant, s'était marié, avait eu une fille et était un homme portant un deuil lourd de la perte de cette femme, c'était comme si le souvenir de l'amour qu'il avait partagé avec Harry laissait encore des traces dans sa vie, des traces de peine. Il n'aimait pas Noël, il n'aimait plus le ski. Harry s'était aussi vite attelé à vouloir trouver quelqu'un qui le ferait vite revivre un amour aussi fort et incroyable, Louis avait longuement nourrit une peine. Ça semblait logique, non ? Harry vivait sa vie au jour le jour, il était un avion en papier, il acceptait les choses, laissait ses peurs planer au loin. Louis était une personne qui était plus facilement heurtée par les aléas de la vie.
« Différent ? »
« Ouais... un jour.... Un jour le ski est devenu quelque chose qui me rappelait des souvenirs douloureux. » Dit-il sur un ton semi silencieux. Il hocha de la tête même alors qu'il ne le voyait pas. Louis avait peur du changement, et il ne faisait rien pour que quoi que ce soit change. Le ski était devenu douloureux, il n'en faisait plus, il ne voulait pas changer ça, il avait peur d'affronter ses sentiments. C'était un peu triste. Harry réalisa qu'il avait peut-être un peu changé finalement, il ne lui avait pas semblé aussi torturé à l'époque. Il se laissa réfléchir un peu à ça alors qu'il marchait à travers la rue, venant jusqu'au porche de Harry. Il ouvrit la porte et laissa Louis passer en premier.
Les bûches furent posées près de la cheminée et Louis retira sa veste pour commencer à s'en occuper. Harry s'assit au bout du canapé pour le regarder faire depuis là. Il détailla la forme de ses cuisses sous le jogging tendu alors qu'il était assis sur ses mollets, celle de ses biceps qu'il ne pouvait que deviner quand il tendait ses bras pour placer la bûche dans le foyer. Son corps avait changé, ça aussi c'était facile à voir. Il ne se souvenait pas vraiment de ce à quoi il avait ressemblé auparavant mais il avait le fort et puissant sentiment que c'était différent maintenant, différent d'à l'époque.
Louis fut un peu étrange à un instant, alors qu'il avait un paquet d'allumettes et un morceau de papier journal à la main. Harry fronça ses sourcils en voyant son regard secrètement dirigé vers lui. « Quoi ? » Demanda-t-il. Louis se tourna vers lui en pouffant, secouant sa tête et laissant tomber ses mains sur ses cuisses.
« C'est juste que... cette situation... » Il leva les yeux vers lui en soufflant un rire par son nez, son visage ayant soudain un air un peu nostalgique et triste. « Ça... ça me rappelle ma femme. Elle me regardait comme ça aussi quand je m'occupais de la cheminée. » Il recula vivement sur le canapé, se redressant depuis la position qu'il avait pris, calé dans la paume de sa main, et il détourna vite le regard, totalement embarrassé.
« Désolé je... je ne voulais pas te rappeler des trucs douloureux ou... »
« Non... c'est bon. » Le coupa-t-il. Harry dirigea un regard prudent vers lui. Il avait les yeux dans le vide, semblant un peu rêveur. « Ça fait du bien... ça faisait... quelques jours que je n'avais pas pensé à elle, bizarrement. » Soupira-t-il en revenant à son occupation, brûlant une allumette pour la placer sous le journal. Harry le regarda jeter les flammes dans le bois avec précision, essayant de faire prendre les bûches. Il se sentit tout de même un peu mal au fond de lui, il ne voulait pas causer du tort à Louis d'une quelconque façon, mais les questions qui fusaient en lui voulaient des réponses.
« Tu penses à elle souvent d'habitude ? » Louis fixa le feu faiblissant sous les bûches et poussa un autre soupir, ses yeux ne voyant pas ce qu'il y avait devant lui mais sûrement quelque chose d'autre, dans un autre espace-temps.
« Oui. Tous les jours je pense. Pour diverses raisons. Parce qu'une odeur me fait penser à elle. Parce que je vois sa couleur préférée. Quand quelqu'un prononce son prénom. » Il sourit doucement et baissa la tête. « Parfois juste sans raison, je bois du thé et j'ai l'impression qu'elle va arriver et me demander une tasse. » Il poussa un petit rire. « Parfois j'ai encore le vieux et stupide réflexe de sortir deux tasses du placard, quand je suis très mal réveillé. » Ses sourcils se froncèrent et il enflamma un nouveau morceau de papier pour le mettre dans la cheminée. « C'est pour ça... que c'est bizarre que je n'aie pas pensé à elle dernièrement. » Son regard se perdit une nouvelle fois pendant qu'il agissait mécaniquement. « Tu vois je... je sais que j'ai accepté sa mort. Je sais que ma vie avec elle est finie, ça fait dix ans après tout. Mais... » Il ne finit pas sa phrase. Ses gestes automatiques placèrent une nouvelle feuille dans la cheminée avant qu'il ne la ferme, laissant le feu prendre lentement.
« Je suis désolé si... je suis celui qui t'empêche de penser à elle. »
Louis tourna un gracieux sourire vers lui, quelque chose qui n'atteignait pas vraiment ses yeux mais qui semblait pourtant sincère, le genre de sourire profondément triste qui vous brûlait les tripes. « Ne le sois pas... c'était... c'était assez agréable... finalement. » Il y eut comme une brisure dans sa voix et Harry eut envie de lui demander ce qui n'allait pas, mais il avait le sentiment que ce serait peut-être la question de trop, alors il se contenta de ne rien dire et de laisser Louis reprendre seul ses esprits. « Bien. » Conclut celui-ci, prenant une inspiration qui trembla étrangement dans sa gorge. « Ça devrait tourner pour au moins la nuit, quand tu te réveilleras demain ajoute une nouvelle bûche. Il faudra peut-être que tu le relances demain soir en rentrant du boulot. » Expliqua-t-il en frottant ses mains. « Oh et au fait, Liv va s'occuper de garder Livio ici demain soir quand on sera en ville, je me suis dit que tu aurais besoin d'une baby-sitter donc... » Il semblait soudain un peu plus loin de sa peine alors Harry fit son possible pour suivre le mouvement et le détourner de ses douleurs pour qu'il retrouve sa bonne humeur.
« Très bien ! Je te remercie, vraiment. »
« Pas de soucis ! » Louis rattrapa sa veste pour partir et il ne le lâcha pas des yeux une seule seconde, il pouvait jurer voir comme une aura emplie de tristesse autour de lui. Il ne savait pas trop ce qu'il venait de se passer mais ça venait de changer quelque chose pour Louis et ça ne lui disait étrangement rien qui vaille.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top