Katsuki errait dans les rues sans réel destination. Hier, il était passé chez double face pour voir si ce dernier avait trouvé une solution à son problème de mémoire. Ça s’est finalement soldé par une bagarre, ce qui expliquait les pansements qu’il avait sur le visage.

« Foutu double face ! Et il se prétend être une divinité, mon cul ouais. Et ce misérable humain qui passe ses journées à travailler. A croire qu’il n’y a qu’à moi que cette histoire préoccupe. »

Ses pas le conduisirent devant un immeuble. Il pouvait y sentir l’odeur d’Izuku. Ne supportant pas l’odeur étrange des humains, il s’état concentré sur celui d’Izuku qu’il semblait d’ailleurs apprécier. Qu’est-ce qu’il pouvait bien trouver à ce ver de terre insignifiant ?

Il entra dans le bâtiment et se laissa guider par l’odeur d’Izuku, sous les regards et les cris des autres « larves », comme il aimait les appeler. Il envoya valser l’un d’entre eux à plusieurs mètres après avoir cherché à lui poser la main dessus.

- ‘me touchez pas sales humains !
- Katsuki ? S’écria une voix qu’il connaissait bien maintenant. Qu’est-ce que tu fais ici ?
- C’est ma réplique pauvre tâche ! Répliqua le démon en se retournant vers Izuku. Je te rappelle que ce problème de mémoire nous concerne tous les deux, alors pourquoi je dois être le seul à me casser le cul pour trouver une solution ?

Un homme à lunettes, s’approcha d’Izuku pour lui chuchoter à l’oreille, pensant naïvement que l’ouïe de Katsuki ne pourrait pas le percevoir.

- Midoriya, ne me dit pas que cette brute épaisse et vulgaire est un ami à toi ?

Le bouton de rage de Katsuki s’activa, lui permettant de dégager un aura assez puissant pour que même les humains peuvent percevoir.

- Le binoclard, tu veux voir ce que c’est qu’une brute épaisse ?

Izuku paniqua et couru retenir Katsuki, le tirant par le bras.

- Pardon Iida-kun, je t’expliquerai tout à l’heure, je vais prendre une pause !

Izuku emmena l’enragé à l’extérieur.

- Pourquoi t’es là ?
- Et toi ? Je ne comprendrai jamais pourquoi les humains passent autant de temps à travailler au lieu de profiter de leur longévité hyper-courte.
- C’est peut-être différent dans votre monde, mais dans le notre, on doit travailler pour pouvoir gagner de l’argent et ce n’est qu’après qu’on a le droit de s’amuser.
- Et tu fais quoi toi pour t’amuser ?
- Eh bien je…

Sa réponse resta en suspens. Il y a longtemps qu’il n’avait pas pris un jour de congé et même pendant les week-ends, il se contentait de se passer des films et des animés chez lui.

Un énorme grognement s’échappa de l’estomac du démon en face de lui. Izuku consulta l’heure et remarqua qu’il était déjà quinze heures et qu’il n’avait pas encore eu le temps de déjeuner depuis ce matin.

Etant donné l’appétit du blond, Izuku le conduisit dans un restaurant spécialisé en grillades. Tandis que lui, avait du mal à digérer autant de viande, son invité d’un autre monde semblait se régaler, ne laissant rien derrière lui et en demandait toujours plus. Après s’être assuré d’avoir assez sur son porte feuille, Izuku trouvait un certain plaisir à regarder Katsuki s’empiffrer. Il semblait tellement heureux à chaque bouchée. Son cœur se réchauffa à la vue d’une créature, pourtant terrifiante, qui avait l’air d’un enfant dégustant son plat préféré.

Quelques minutes après qu’ils aient finis de manger, Izuku prévint son supérieur qu’il ne pourrait pas revenir au bureau pour le reste l’après-midi. Avec Katsuki, ils s’étaient rendus dans un parc du coin sur un banc.

- Est-ce que toi aussi tu as l’impression de déjà vu ? Demanda Katsuki sans détacher son regard des humains qui fréquentaient le parc malgré le froid qui y régnait.
- Je crois qu’on est déjà venu ici auparavant.
- Ça me fait vraiment chier de ne pas savoir ce que je pouvais bien faire avec un misérable comme toi.
- C’est difficile aussi pour moi de penser que j’ai pu être proche de quelqu’un comme toi. On n’a pourtant rien en commun et tu passes la majeure partie du temps à t’énerver et à m’insulter.
- C’est parce que t’es qu’un bon à rien ! Ça fait juste deux jours qu’on vit ensemble et j’ai remarqué à quel point tu pouvais être maladroit et malchanceux. Je devrais commencer à t’appeler Deku, ça te décrit mieux !

Deku… En temps normal, celui qui se faisait appelé Deku l’aurait mal pris, étant donné qu’il s’agissait d’une déformation rabaissante de son prénom. Mais là, il avait plutôt l’impression que ce n’était pas rabaissant. C’était donc bel bien à cause de Katsuki si Uraraka l’appelait de cette façon.

Se sentant complètement détendu, Izuku regarda le ciel, bleu, malgré le froid.

L’ancien lui, n’aurait jamais prêté attention à la couleur du ciel en plein après-midi. Il ne l’aurait jamais remarqué. Il se rendit compte que son monde avait changé, il s’était agrandi. Depuis quand n’avait-il plus passé du temps à l’extérieur, juste pour se détendre après avoir passé une dure journée ? Même s’il aimait son travail, il se demandait depuis quand n’avait-il rien d’autre à faire à par travailler ? Pourquoi travaillait-il autant ? Pour qui travaillait-il autant ? Même si c’était son rêve de travailler dans l’animation, il avait tout le temps devant lui pour le réaliser sans s’investir autant.

Izuku déposa son regard sur une mère et son fils qui jouait dans le parc. Il se souvint soudainement d’une période de son enfance où sa mère l’emmenait jouer dans un parc comme celui-ci. Depuis quand avait-il oublié cette partie de sa vie ? Depuis quand avait-il tenté d’oublier sa mère ?

Des larmes s’échappèrent de ses yeux.

- Pourquoi tu te mets à chialer ?
- Katsuki…
- Quoi ?
- Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé durant ces six mois entre toi et moi, mais je suis sûr d’une chose, j’ai été heureux de t’avoir rencontré. Jusqu’à maintenant, je me réfugiais toujours dans le travail pour ne pas avoir à faire face à la solitude qui m’enchaînait jour après jour. Si je travaillais autant jusqu’ici c’était pour pouvoir payer les frais médicaux de ma mère qui passait toutes ses journées à l’hôpital.
- Qu’est-ce qui a changé ?
- Elle n’est tout simplement plus là… Elle nous a quittés cette année…

Il ne voulait juste pas l’admettre. La raison pour laquelle il voulait rapidement monter en grade dans son travail c’était pour subvenir aux besoins de sa mère qui avait tout fait pour qu’il réussisse dans sa vie. Il se trouvait incroyablement pitoyable de pleurer devant un démon qui n’en avait sûrement rien à faire de sa vie.

Izuku fût soudainement surpris de sentir une main glisser sur son dos, chaude et rassurante. Les deux hommes ne parlèrent plus. Ils restèrent ainsi pendant un long moment.

Une fois que ses larmes arrêtèrent de tomber, Katsuki brisa en même temps le contact avec le vert.

- Merci Katsuki ! Fit Izuku avec un sourire rayonnant.

Quelque chose sembla se débloquer en Katsuki. Ce sourire, il l’avait déjà vu, et il l’appréciait. Sentant qu’il commençait à rougir, le démon essaya de changer le sujet de conversation pour cacher son embarras.

- Voilà pourquoi je déteste les humains ! Toujours à déprimer et se plaindre à chaque fois qu’il y a un truc moche qui leur arrive.
- Non, ce n’est pas ça. Je n’avais versé aucune larme à la mort de ma mère. Maintenant, je vais mieux. En te parlant, je vais beaucoup mieux. Merci de m’avoir fait passer un après-midi hors du bureau.

Le blond était toujours mal à l’aise devant le sourire d’Izuku qui ne voulait pas disparaître de son champ de vision.

- Moi qui ne pensais qu’à travailler, travailler et travailler, je ne savais même plus pourquoi je travaillais autant.
- Contrairement à nous, votre vie est courte, très courte, alors autant la passer en faisant ce que tu as envie de faire.
- Oui. A partir de maintenant, je prendrais le temps de m’amuser de temps en temps. T’es plus gentil que tu en as l’air, Katchan !
- C’est ce que je viens de dire-

Se rendant enfin compte de la façon dont Izuku venait de l'appeler, son cœur rata un battement et ses joues se chauffèrent.

Katsuki piqua un fard et donna un énorme coup de poing à l’arbre, près du banc où ils se trouvaient, qui s’écroula en évitant de peu d’écraser un enfant au passage. Il en avait besoin pour évacuer la gêne qu’il ressentait après qu’Izuku l’ait appelé comme ça.

La panique envahit les occupants du parc qui s’enfuirent tous devant le visage enragé et l’aura meurtrière de Katsuki.

- Mais enfin, qu’est-ce qui t’a pris ? S’écria Izuku en le tirant par le bras.
- Pourquoi tu m’as appelé comme ça ?
- Tu veux dire « Katchan » ? Je ne sais pas. Je me suis laissé emporté par mes émotions et c’est sorti comme ça… Si tu ne veux pas que je t’appelle comme ça je ne le ferai plus.

L’enragé prit une grande inspiration et se retourna – les joues rouges comme ses yeux – vers Izuku tout en hurlant.

- Ne déforme pas mon nom pour faire un truc aussi ridicule espèce d’idiot ! Est-ce que tu sais à qui tu as à faire ?
- Désolé…

Izuku lui aussi se sentait gêné. Comment avait-il osé appeler un puissant yokai qui pourrait lui briser la nuque en un claquement de doigts ? Il n’arrivait cependant pas à comprendre les rougeurs de son interlocuteur.

- Je te promets que je ne t’appellerai plus comme ça alors…
- La ferme Deku de mes deux !
- Katsu-
- Evite juste de m’appeler comme ça devant les autres… L’interrompit Katsuki, le regard fuyant.
- Hein…

Le bouclé ne savait plus où donner de la tête. Donc finalement il avait le droit de l’appeler comme ça du moment que les autres n’étaient pas là ?

- Katchan, tu aimes que je t’appelle comme ça en fait ?

Le nouvellement appelé « Katchan » fit apparaître des explosions sur la paume de sa main avec un visage menaçant.

- Tu la fermes. Tu fais encore le moindre commentaire là-dessus et je t’explose en mille morceaux.
- C’est bon j’ai compris…

***

Quelques minutes de gênes plus tard, ils étaient à présent dans un supermarché du coin à faire les courses. Izuku était plus qu’irrité. Faire les courses avec Katsuki était définitivement pénible. Le démon n’arrêtait pas de râler sur le nombre d’humains puants dans l’établissement et cherchait des noises à tous ceux qui le regardaient de travers – c’est-à-dire chaque personne qu’il croisait.

- Pourquoi je dois t’accompagner dans un lieu aussi étouffant ?
- C’est toi qui était curieux de visiter un supermarché je te signale !
- Quoi c’est ma faute maintenant ?
- C’est quand même moi qui me tape la honte maintenant…

Katsuki le prit violemment par son col, lui lançant un regard noir. Izuku le regardait droit dans les yeux, tremblant, mais énervé. Il ne lui faisait plus peur à ce stade là. Il savait que Katsuki ne lui ferait aucun mal malgré ses menaces et ses insultes.

- Relâche-moi s’il te plaît, tout le monde nous regarde.
- Alors dépêches-toi de finir ces putains de courses qu’on puisse sortir de cet enfer.

Le salarié soupira, réalisant que ses dépenses venaient de se multiplier à cause de ce démon qui a autant d’appétit qu’un ogre. Est-ce qu’il ne pouvait pas payer sa part ? Non pas que ça le dérageait, mais quand il regardait les tonnes de cochonneries que le blond avait déposé dans son charriot, son portefeuille allait éclater plus rapidement que prévu.

Une fois à la caisse, Izuku ne fût même pas surpris d’entendre la somme exorbitante que la caissière venait de lui annoncer. Contre toute attente, une main passa devant lui, tendant des billets de dix mille Yens. C’était Katsuki qui était en train de payer à sa place.

- Gardez la monnaie !
- Merci beaucoup monsieur.

Le blond ne fit aucun commentaire et pris tous les sacs de courses comme s’ils ne pesaient rien.

- Katchan, laisse-moi t’aider.
- J’n’ai pas besoin de l’aide d’un humain pour ça.
- Tu as même payé… Je ne savais même pas que tu avais de l’argent.
- Je viens peut-être d’un autre monde, mais je sais comment celui-ci fonctionne. Il m’a aussi fallu du temps pour convertir mon argent du monde des démons en argents de chez vous.

Une étrange chaleur se faisait ressentir dans le bas ventre d’Izuku, le faisant sourire. Il n’avait pas été aussi heureux depuis longtemps. Même des petits gestes comme porter des courses, sentir une main rassurante dans son dos, ou encore se disputer à longueur de journée, le rendaient heureux. Même en étant vulgaire, violent et asocial, Katsuki était loin d’être une mauvaise personne.

Le reste de la soirée se déroula sans encombres – il y a eu des disputes bien évidemment –, étrangement, ils avaient déjà établis leur rythme de vie alors que cela ne faisait que deux jours qu’ils commençaient à vivre ensemble.

Les deux n’étaient pas stupides. Ils savaient bien que c’était plus que ça. Même si leurs mémoires avaient été altérer, leur corps semblaient se rappeler de leurs habitudes. C’était la preuve qu’ils avaient déjà vécus ensemble auparavant. Seulement, aucun n’osait en parler. Une question hantait toujours leurs pensées :

« Qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné pour qu’ils aient décidé de tout oublier l’un sur l’autre ? »

Le seul problème qu’ils n’arrivaient pas à régler était au moment d’aller dormir. Katsuki refusait de dormir sur le canapé du salon, comme Izuku. Ils dormaient depuis deux jours dans le même lit. Bien que gêné – du moins au début – Izuku trouvait la présence de Katsuki réconfortante. De son côté, le blond ; lui se sentait apaisé de sentir la présence et l’odeur d’Izuku près de lui. Lui qui déteste l’odeur des humains, il appréciait beaucoup celle d’Izuku.

Même s’ils étaient dans le même lit, ils gardaient quand même un certain espace entre eux, dos à dos et l’un toujours au-dessus des couvertures. Ils avaient beau apprécier la présence de l’autre, une certaine gêne se faisait toujours ressentir entre eux. Ils se posaient exactement la même question.

« Quel genre de relation entretenions-nous ? »

Au vu de ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre et de leurs habitudes, ils se doutaient bien de la réponse. Au fond d’eux, ils étaient rongés par des tonnes et des tonnes de questions.

« Que s’est-il passé entre nous ? Comment en sommes-nous arrivés là ? »

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Yume : Est-ce que ça se voit que ça a été écrit par deux personnes différentes ? On a essayé de le rendre uniforme mais on n'est pas trop sûres du résultat.

Hoshi : Ça ne devrait pas trop se voir. De toute façon, c'est toi qui a écrit la plupart des chapitres. Je me contente de rajouter des trucs sur Shoto.

💤Yume & Hoshi 🌟