56. C'est fini
Cela fait quelques semaines que la ville est calme, nous n'avons plus entendu parler des trois sœurs, nous n'avons plus retrouvé non plus de cadavre et je ne suis pas rassuré pour autant.
Mon esprit n'arrive pas à se concentrer sur autre chose, le doute et la peur m'assaille.
Je suis en ce moment sur une affaire horrible mais aucunement surnaturelle. Je suis en train de relire la déposition d'une jeune femme victime d'un pervers narcissique. Je donne un coup de main à Jordan, quand je vois mon père arriver, la mine grave.
Il frappe et entre puisque que la porte est ouverte. Il s'approche de mon bureau et attend que je lève les yeux de ma feuille. J'espère qu'il n'en a pas pour longtemps, j'ai encore pleins de trucs faire.
- Oui papa ? Dis-je pour l'inviter à en finir avec cette attente.
- Stiles, j'ai quelque chose à te dire qui ne va pas te faire plaisir, dit-il en tirant la chaise en face de moi, s'y asseyant.
Sans m'en rendre compte je tapote mon stylo sur mon bureau, soudain nerveux en voyant le regard de mon père. Je m'attends au pire.
- Je t'écoute, qu'est ce qui se passe ?
Mon père soupire, je fais de même intérieurement, je suis crevé, j'ai mal au crâne et j'ai pas vraiment envie d'entendre ce qu'il a à me dire.
- Kate Argent, a réussi à s'échapper de la prison pour femme où elle était détenue.
Il me balance ça comme ça, sans préavis ! Bordel, je vais faire une crise cardiaque ! Je porte ma main à mon cœur, j'ai des frissons dans ma colonne vertébrale, je ne sens pas du tout la suite de cette histoire.
- Apparemment, elle a échappé à la vigilance de ses gardes pendant qu'on l'emmenait à l'infirmerie.
Non mais j'y crois pas, quelle bande de manche à couille dans cette prison ! C'est pas possible, quand est-ce qu'elle va enfin nous foutre la paix cette...
Soudain mon sang se glace, je réalise qu'elle est quelque part dehors, libre de faire ce qu'elle souhaite.
Non, ça va pas recommencer ?!
- Ça fait combien de temps ? Demandé-je impatient en me levant d'un bond.
- Le directeur de la prison vient de m'en informer mais c'était il y a une heure environ, pourquoi ?
Je n'ai qu'une seule pensée à ce moment-là ; Derek.
- Il faut que je prévienne Derek, non mieux, je vais aller le voir tout de suite, je sais pas pourquoi mais je sens qu'il n'est pas en sécurité ! Crié-je en cherchant ce que je dois emporter.
Mon père n'a pas le temps de comprendre ce qui se passe, je prends ma veste et fonce hors du commissariat à toutes jambes.
Il a juste le temps de me crier d'être prudent avant que je ne disparaisse.
Je fonce prendre la voiture de patrouille dont les clés sont toujours dans ma poche, j'ai une boule à l'estomac, je sens que quelque chose va se passer, quelque chose qui ne va pas me plaire du tout.
Je démarre en trombe en direction de l'hôpital et une fois devant, je me gare près de l'entrée des urgences.
Je sors à toute vitesse de la voiture, montre mon badge de police pour qu'on me laisse entrer sans me poser de question et ça marche.
Je m'arrête un peu plus loin dans le couloir, je hume l'air à la recherche d'une odeur particulière, celle de la vengeance peut-être ? Je ne sens que cette horrible odeur de désinfectant, je déteste toujours autant les hôpitaux.
Je dois avoir l'air d'un con le nez en l'air mais j'en ai rien à faire, je continue à chercher tout en scrutant les alentours et c'est là que je l'aperçois, à l'autre bout du couloir.
Mon cœur s'acharne dans ma poitrine, je la vois de dos mais je suis certain que c'est elle. Je vérifie que mon arme soit chargée de balles en argent et je la suis à bonne distance pour qu'elle ne m'entende pas.
Arrivé au bout du couloir, j'ose un regard dans la direction que je l'ai vue prendre auparavant. Elle est là, à quelques mètres de moi, elle parle à une infirmière.
Mes craintes se confirment, elle cherche Derek, j'en suis sûr.
J'ai envie d'appeler mon fiancé pour le prévenir, mais je ne prendrai pas le risque qu'elle m'entende. Je continue de la suivre discrètement dans le couloir, vide à présent. Je la vois qui ralenti, merde elle a dû me repérer.
Je n'ai pas beaucoup d'options et décide de me la jouer à la dure. Je cours et lui fonce dessus, la pousse dans le dos, la faisant tomber en avant, le nez parterre par la même occasion.
Je la plaque au sol et me positionne sur elle, une jambe de chaque côté de son corps. J'arme mon pistolet pour lui faire comprendre que je ne rigole pas et touche l'arrière de son crâne avec le canon.
- Ne bouge surtout pas ! Lui-dis-je à l'oreille.
Elle rit. Bordel j'hallucine, elle est encore plus cinglée qu'avant son enfermement.
D'une main je détache les menottes que j'ai trempées auparavant dans de l'aconit de ma ceinture. Je ne pensais pas les utiliser aujourd'hui mais je suis heureux d'avoir pensé à les prendre.
- Stiles mon chou, tu m'avais manqué, me dit-elle en ricanant.
Sa voix froide et sans émotion me donne la chair de poule.
J'ai la rage qui monte en moi, elle ose me défier alors qu'elle n'est clairement pas en position de la ramener. Je lui passe les menottes avant qu'elle ne m'échappe.
Je l'entends siffler entre ses dents et se crisper, l'aconit fait son effet, je suis rassuré. Je range mon arme et me relève tout en la maintenant fermement contre moi.
Je fais demi-tour et là je tombe sur Derek en train de pousser un patient dans une chaise roulante. Il me dévisage, interloqué, puis quand Kate tourne la tête et lui fait face, je vois son regard changer, il s'assombrit, devient plus dur.
Je ne prends pas le risque de m'approcher de lui avec Kate entre mes mains, je passe à bonne distance et je lui dis simplement que tout va bien.
Nos regards se croise un instant avant que je ne le dépasse. Je suis bien conscient que je dois puer la colère, la haine et qu'il doit ressentir mon envie de vengeance jusque dans ses tripes, mais j'espère que mes mots l'auront rassuré.
Je ne veux pas m'éterniser dans ces couloirs et mettre des patients en danger, je me dépêche de retourner à ma voiture. Kate n'arrête pas de me chercher dans les couloirs des urgences, faisant des allusions sur notre couple, nous rabaissant, nous critiquant, nous humiliant.
Ça me débéquète de l'entendre, sa putain de jalousie malsaine me révulse et me donne envie de vomir.
Enfin sortis de l'hôpital j'installe Kate à l'arrière de la voiture et j'ajoute une paire de menottes à ses chevilles pour être sûr qu'elle ne m'échappe pas.
Je suis hors de moi et elle continue, me pousse à bout, je suis dans un état qui me rappelle de très mauvais souvenirs ! Non pas ça, je vous en supplie... qu'elle ferme sa gueule où je ne répondrais plus de moi.
Au fond c'est peut-être ce qu'elle cherche, me faire peter un câble, juste pour me détruire et détruire Derek par la même occasion.
Je démarre la voiture, mais je ne sais plus où je veux aller. Le flic en moi me dit de la ramener là où elle doit être, en prison pour y purger sa peine.
Mais il y à l'autre moi, celui qui ne sait plus très bien où il en est, celui qui perd ses moyens, celui qui a autant peur que mal. Celui qui veut une fois pour toute la faire taire, celui qui veut venger son compagnon, lui offrir la liberté d'esprit dont il a tant besoin.
J'observe ma plaque d'agent du FBI puis j'observe ma chevalière et l'anneau à mon annulaire, je suis partagé entre la justice et ma justice.
Là est toute la nuance et je suis complètement perdu.
Malgré moi, mon instinct primaire prend le dessus, je démarre la voiture et prends la route, tout en réfléchissant à ce que je dois faire mais aussi à ce que je veux faire. C'est le chaos dans ma tête, je suis incapable de me raisonner.
L'hyène derrière moi continue de me déstabiliser, elle me parle de sa relation intime avec Derek, avec tous les détails bien sûr. Si elle savait à quel point ça me fait mal, si elle savait à quel point je suis hors de moi, si elle savait à quel point la haine me brûle de l'intérieur. Si elle savait, elle se tairait.
Mais Kate n'est pas du genre à fermer sa bouche malheureusement. Je suis tellement en colère que j'ai les mains qui tremblent sur le volant, quand soudain je reconnais l'embranchement qui part dans la forêt, mon instinct me crie de le prendre, ce que je fais instantanément.
La voiture dérape sur la route humide. Dans le rétroviseur central, je croise son regard, horrifié, au moins elle s'est tue, merci.
Je vois la panique dans ses yeux et sens une chaleur apaisante dans mon estomac.
Mon cœur se rempli de joie, non ! Oui ! Je ne sais plus, ma tête va exploser.
Je sens son aura entrer dans mon crâne, elle s'insinue dangereusement dans mes pensées. Elle veut prendre le contrôle.
- Stiles à quoi tu joues ? Me demande-t-elle soudain anxieuse.
- Je ne joue pas, mais on va faire selon mes règles, lui dis-je du ton le plus froid que je peux, juste pour la faire flipper.
Je ne sais pas encore ce que je vais faire d'elle, mais j'ai bien envie de lui faire comprendre tout le mal qu'elle a fait à Derek et sa famille.
J'ai envie de lui faire enfin regretter son geste. Nous arrivons devant le manoir en ruine des Hale, je stoppe la voiture et attends quelques instants les mains crispées sur le volant, mon cœur s'accélérant encore.
Dix mille questions sans réponses se bousculent dans ma tête, je ne suis plus capable de discernement, je ne suis plus qu'un zombie poussé par l'adrénaline et la haine qui courent dans mes veines.
Personne ne peut m'arrêter.
Je sors de la voiture, je fais quelques pas en réfléchissant et tombe sur le câble accroché à l'arbre. Celui-là même où Scott avait été pendu par un pied un jour.
Il me vient une idée et un sourire machiavélique sur le visage quand j'ouvre la portière arrière et prends Kate par le coude, je la soulève facilement d'un bras, merci l'adrénaline dans mon corps.
J'attrape le câble et le passe dans les menottes toujours attachées aux poignets de Kate. Je tends le lien au maximum, de sorte qu'elle touche à peine le sol du bout des pieds, les bras en l'air au-dessus de sa tête. Elle tente de se débattre mais ne fais rien d'autre que se blesser les chaires.
- Stiles, qu'est-ce que tu fais ? Hurle-t-elle en se débâtant.
Je frotte mes mains l'une contre l'autre, comme un psychopathe, que je dois sûrement être à ce moment.
Je lui souris mais elle ne me rend pas mon sourire, au contraire elle me crache dessus. Je me mords la lèvre inférieure en penchant la tête sur le côté, faisant craquer ma nuque.
Je fonctionne en mode automatique, je ne contrôle plus rien, poussé par mon instinct.
Je la regarde de mon regard le plus froid, le plus fou.
- Tu sais Kate, je n'ai jamais compris pourquoi tu t'intéressais autant à Derek si tu détestais à ce point les loups garous. Qu'est-ce que tu cherchais au fond ?
Tu le voulais lui, juste pour le faire souffrir, juste pour ton bon plaisir ? Tout ça par ce qu'il t'avait rejetée ?
Sa famille était innocente, tu n'avais pas le droit de leur ôter la vie, tu n'avais aucun droit.
Tu n'imagines même pas à quel point je te hais pour ce que tu as fait à l'homme que j'aime et à sa famille
Tout ça pourquoi ? Parce que tu souffrais ? Dis-je en riant tout seul à ma dernière phrase.
Non, tu n'as aucun cœur, tu ne peux pas souffrir... Tiens je devrais peut-être vérifier si tu en as un ? Ce serait pour mes recherches sur les créatures venimeuses dans ton genre, tu serais d'accord que je me renseigne ?
Elle ouvre de grands yeux apeurés, elle se tortille au bout de son câble comme un moustique prit dans une toile d'araignée.
Elle est à ma merci mais elle ose, sans remords, me dire que ce n'était qu'un jeu pour elle.
Elle a dit QUOI ?!
Ma main va directement s'écraser dans sa joue.
Je n'ai pas retenu ma force, sa tête à viré à plus de 90 degrés et j'ai même entendu un craquement mais je m'en fiche, je souris même. Ça m'a fait un bien fou, ça a fait remonter mon taux d'adrénaline. Elle m'a mis hors de moi et je n'ai plus de patience.
Je suis à bout de nerf, à la limite de perdre mon esprit d'analyse...
Ah non, ça c'est déjà fait !
Elle me hurle que je suis complètement fou et je crois bien qu'elle à raison.
Je suis fou de rage, de haine et de rancœur pour cette femme. Elle est en train de faire de moi un monstre assoiffé de vengeance et de sang.
Le pire dans tout ça ? C'est que mon cerveau veut vraiment savoir si elle a un cœur !
Je m'approche d'elle, ma respiration se faisant rapide et douloureuse. Je crois que ma tête n'est plus en accord avec ce que fait mon corps mais je ne peux rien y faire, j'ai l'impression de ne contrôler ni l'un ni l'autre.
Je ferme les yeux, j'essaye de me concentrer, je sens l'adrénaline dans mes veines et sa peur qui me donne du courage, de l'audace.
Je ressens toute ma rage et ma haine, je les concentre dans ma main, j'ai des picotements dans les doigts.
J'observe une dernière fois son regard, implorant ma pitié, priant pour que je la laisse en vie.
Mais j'en suis incapable et j'envoie d'un coup mon bras dans la cage thoracique de Kate. J'entends ses côtes craquer sous le choc.
Elle hurle de douleur et de désespoir.
Je tiens son cœur dans ma main, mon regard plongé dans le sien. Je sens son cœur pulser quelques fois dans ma paume puis il s'arrête et la tête de Kate retombe sur sa poitrine désormais immobile.
Son organe mort dans ma main, je tombe à genou. Mon propre cœur rate un battement quand mes yeux regardent le trou dans sa poitrine.
Mes yeux se lèvent à nouveau et croisent ceux de mon compagnon, horrifié. Je ne l'ai même pas entendu arriver.
Je me mets à rire, un rire nerveux qui me secoue le corps, je crois que mes nerfs ont lâchés.
Il s'approche de moi et cherche mon regard mais je baisse la tête, incapable de le regarder.
- Stiles ! Qu'est-ce que t'as fait ?! Crie Derek cherchant à capter mon attention.
Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne ressens plus rien. Je suis vide. Brisé.
J'entends au loin une sirène de police, mes mains qui tiennent encore ce morceau de chair morte se mettent à trembler, comme le reste de mon corps.
Derek pose la main sur mon épaule, me demande de lâcher ce cœur sans vie et de m'éloigner, mais mon corps refuse de bouger.
Je l'entends me dire qu'il va prendre sa forme de loup et que je dois faire comme si l'attaque de Kate venait de lui.
Quoi ?! Je comprends rien à ce qu'il me dit. Non ! Je ne veux pas !
- Stiles ! Lâche ça, maintenant ! Hurle-t-il.
Devant moi, Derek prend sa forme de loup et me grogne dessus, faisant luire ses yeux d'alpha, ce qui me provoque un choc électrique dans tout le corps.
Je me rappelle alors ses paroles et lâche ce truc dégoulinant de sang parterre.
Le loup devant moi me lèche les mains essayant d'effacer les preuves de ma culpabilité. Il prend dans sa gueule le cœur de Kate et grogne à nouveau.
J'ai envie de vomir à cette vue, mais quand j'entends la voix de mon père au loin, je comprends qu'il faut que je sorte mon arme et fasse semblant de vouloir tirer sur le loup à mes pieds.
Quoi ?! Non ?! Je n'ai pas le choix je crois...
J'ai le cerveau qui fonctionne au ralenti, je ne suis plus maître de mes actes, je suis juste les ordres de mon alpha.
J'ai mon arme pointée sur mon compagnon quand mon père débarque devant nous, mes mains tremblent de peur de le blesser ou de le tuer.
Mon père m'observe et remarque le sang sur mes mains, il voit le loup et je sais pertinemment qu'il a reconnu Derek, je crois même qu'il a tout compris à ce qui s'est passé.
Il nous observe Derek et moi tour à tour et tire un coup de feu en l'air, faisant partir le loup en courant après avoir recraché mon impardonnable vol.
Au moment du coup de feu mon cerveau se reconnecte, comme si on avait rallumé l'interrupteur de mes pensées et je me rends compte de ce que j'ai fait.
Je l'ai tuée. Elle est morte. Je suis responsable de sa mort. J'ai ôté la vie de Kate. Je suis un monstre. C'est fini.
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Hello 😊
J'espère que ce chapitre vous a plu ?
On entendra plus parler de Kate, enfin ! Mais était-ce la bonne manière de le faire ?
Suspense...
Merci pour vos 9000 vues ! Vous êtes des fous et ça me fait hyper plaisir 😍
Bonne fin de semaine à tous !
Bisous, Mellie 🥰
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