42. Alpha Canis Majoris



Ces derniers jours ont été horribles, pour Stiles comme pour moi. J'ai le sentiment de ne rien comprendre à ce qui se passe, ce qui me terrorise.

En tant que mâle alpha je ne suis pas censé avoir de concurrence dans ma propre meute mais l'arrivée de Sasha m'a prouvé le contraire et a mis mon esprit et mon couple à rude épreuve. Je suis en proie à une lutte intérieur entre mon côté loup et mon côté humain.

Je suis tout à fait conscient que cette lutte est inutile mais mon loup voit Sasha comme une rivale, il ne l'accepte pas et m'incite à me rebeller contre sa présence chez nous.

J'ai promis à Stiles de le soutenir quand il a décidé de la ramener dans notre monde, je n'étais pas pour mais je n'ai pas eu le choix. J'aurais dû lui parler de mes craintes mais je ne voulais pas le blesser.

Il avait l'air tellement heureux de sa venue que je ne voulais pas être le méchant de l'histoire.

Aujourd'hui je le regrette, si j'avais su je me serais imposé tel l'alpha que je suis mais face à Stiles je perds mes moyens, je suis incapable de résister quand il me fait ses yeux doux. Je me rends compte qu'il est ma faiblesse, ma pire distraction, la plus belle preuve de mon imperfection.

Mais je ne lui en veux pas, au contraire, il fait ressortir mon côté humain, celui qui est capable d'avoir des sentiments même si ça me fait peur tous les jours. Je me rends compte qu'à ses côtés j'ai changé, je suis un meilleur humain mais il ne faut pas que je néglige mon loup et ma meute. J'ai encore du travail à faire sur moi-même.

Tout ça pour dire que Sasha m'a conseillé de prendre du temps pour prouver à mon loup qu'elle ne veut pas me voler mon compagnon. Pour ce faire, elle m'a dit de me recentrer, de méditer sur notre couple en étant moi-même. Malgré ce que je pense de sa présence ici, je dois avouer que son conseil pourrait bien m'aider.

C'est pour cette raison que je suis enfermé dans la salle de bain depuis une bonne demi-heure, à réfléchir à tout ça. Alors que je n'ai rien dit à Stiles sur mes intentions, pour ce que je crois être de bonnes raisons, je m'apprête à vivre sous ma forme de loup jusqu'à ce que celui-ci comprenne qu'il n'est pas en compétition avec Sasha.

C'est elle qui m'en a donné l'idée, selon elle il est plus facile de nous comprendre sous notre forme animale. A Eichen House c'est comme ça qu'elle supportait le mieux sa condition, son esprit était plus léger, plus libre de penser. Sans ses problèmes d'être humain elle se sentait mieux.

Je vais donc tester sa théorie, qui m'a rappelé qu'après la mort de mon père, ma mère avait passé un mois entier sous sa forme de louve, laissant à Laura et moi le soin de nous occuper de la famille. Elle ne supportait pas la douleur et la tristesse en tant qu'humaine, le cœur d'un loup garou étant bien plus courageux.

Je me suis lancé pendant ma réflexion, me voilà sous ma forme de loup, assis sur le tapis de la salle de bain. Je n'ose pas sortir, j'ai peur de la réaction de mon cher compagnon. Je n'ai pas osé l'embrasser ce matin, de peur qu'il me saute encore dessus, mais là je le regrette déjà.

Je fixe la porte, incapable de bouger. J'entends le frère et la sœur discuter... de moi, tient donc !

Merde, Stiles s'inquiète pour moi, il croit que je suis malade vu le temps que je passe dans la salle de bain. Je l'entends maintenant de l'autre côté de la porte, il toque et me demande si je vais bien.

J'ai une furieuse envie de le rejoindre et de le rassurer, hélas c'est à ce moment-là, je me rends compte que, comme un con, j'ai fermé la porte à clé. J'ai beau essayer avec mes pattes griffues mais à part massacrer la porte, je n'arrive à rien.

Je reprends forme humaine, ouvre vite fais la porte, lance un « je vais bien », j'embrasse Stiles et referme la porte aussitôt. J'ai le cœur qui bat vite, trop vite, il faut que je me calme avant de partir.

Respire idiot !

Voilà, cette fois je suis prêt, je laisse mon loup prendre le dessus, je saute sur la poignée de la porte et sors de ma cachette sous le regard interloqué de mon compagnon. Je vois bien qu'il ne comprend pas à quoi je joue, j'entends son cœur s'emballer, il a peur et ne me lâche pas du regard.

Mais je me concentre et me dirige d'une patte ferme vers la porte de notre appartement, je jette un dernier regard à Sasha et ma moitié et je sors. Elle m'a promis de tout lui expliquer, je pars donc l'esprit tranquille en direction de la forêt, j'en ai besoin et j'ai hâte.

J'arrive à l'orée du bois, je trottine tranquillement, j'hume les effluves de fleurs, d'arbres, je sens d'autres animaux, je me balade entre les arbres, reniflant les troncs. C'est fou le nombre de chiens qui pissent dessus, c'est dégoûtant.

Je continue en direction de la clairière, près du petit lac où j'ai repris la tête de ma meute. Je me remémore la cérémonie, la lune était immense, comme mon stress ce soir-là, heureusement Stiles était là, à mes côtés pour me soutenir, tout autant anxieux que moi.

Je sens une présence au loin, je lève le museau et cherche une odeur, c'est un humain. Je me cache dans un fourré et reste immobile jusqu'à ce que la voie soit à nouveau libre. Mon instinct de prédateur commence à se réveiller, j'ai une soudaine envie de courir et je fonce, sans réfléchir, je me laisse porter par les bruits et les odeurs environnants. Je cours un long moment sans m'arrêter.

Je me sens bien.

L'esprit libre, la tête vide, je me concentre sur le paysage, j'esquive arbre après arbre et me retrouve vite en haut de la falaise qui surplombe la ville. Après cette course jouissive, je me sens enfin moi-même, je pose mes pattes tout au bord du précipice, sur un rocher.

Je lâche un hurlement digne d'un film d'horreur, me libérant de mes peurs, de mes craintes et de ma jalousie. Ça fait un bien fou, j'ai la sensation de ressentir les choses bien plus intensément, je suis euphorique et ne tiens soudain plus en place.

Je repars courir, je pique un sprint sur une centaine de mètres quand mes oreilles perçoivent des bruits au loin devant moi. Je ralenti et entre deux arbres, je distingue une forme brune, c'est un cerf énorme.

Je me couche, le museau à l'affut. Je l'observe manger de l'herbe, il ne m'a pas remarqué, le vent est avec moi, par chance. Mon instinct me dit de lui sauter à la gorge mais je ne suis pas encore prêt, je ressens encore mon côté humain.

Je décide de continuer de l'observer en silence, quand soudain il est rejoint par le reste de sa harde. Des femelles et des petits faons se regroupent autour de lui, profitant de l'herbe fraîche eux aussi. Ils restent là un long moment, se nourrissant sans savoir que je les observe. Les heures passent sans que je m'en aperçoive. Voyant le soleil descendre sur l'horizon, la harde au grand complet reprend sa route.

Je me retrouve seul mais ça me convient, je sens la nuit tomber mais je n'ai pas envie de rentrer. Je veux passer la nuit dans la forêt car je m'y sens bien, comme si j'étais chez moi. Je laisse l'animal en moi dominer mon côté humain, je lui fais toute la place, je me préoccupe uniquement de mon ressenti et de mes sensations.

Je sens le vent frais dans mes poils, la terre froide et humide sous mes pattes, les différentes odeurs qui me font lever le museau, une sensation divine de bonheur simple que j'exprime en battant l'air avec ma queue.

Puis petit à petit la forêt se calme, il fait nuit noire car la lune n'est pas encore levée. Je m'asseye au milieu d'une clairière remplie de fleurs, puis me couche et observe les étoiles brillantes de mille feux pendant un long moment.

Je reconnais la constellation d'Orion avec en bas, en son centre, sa nébuleuse de couleur verte. La grande ours et sa petite sœur. Puis je vois évidemment « mon étoile » en bas à gauche d'Orion, Alpha Canis Majoris, dans la constellation du grand chien ou Sirius si vous préféré, la plus brillante des étoiles du ciel.

J'aime l'observer scintiller au-dessus de ma tête. N'étant pas croyant, je la considère en quelque sorte comme mon guide, mon soutien dans mes moments de faiblesse.

Bref, je m'égare, je pense même que je me suis endormi car un son derrière moi me fait sursauter. Je me lève d'un bond et vois Sasha ou plutôt sa louve grise aux yeux bleus.

Elle m'observe en silence et comme je ne bouge pas, elle s'approche prudemment, un pas après l'autre jaugeant mes réactions entre deux mouvements.

Elle est à deux pas de moi, elle baisse la tête puis se couche devant mes pattes, tel un sphinx. Je m'approche et lui lèche l'oreille pour lui montrer que je n'ai aucune agressivité envers elle. Je sais qu'elle n'a pas besoin de ce geste pour le savoir, je le fais pour moi, pour me rassurer, pour effacer mes doutes et mes craintes.

Pour me persuader une fois pour toute qu'elle n'est que ma bêta et non une rivale. Pour assimiler qu'elle n'est pas une menace pour mon couple et notre lien. J'ai vraiment besoin de m'en convaincre et pour m'y aider, je grogne jusqu'à ce qu'elle baisse la tête et ferme les yeux.

Elle obéit sans montrer aucune protestation, complètement soumise à mon autorité.

Je laisse alors échapper un hurlement de soulagement, je sens mes membres se décontracter, ma frustration m'abandonner et mon cœur se libérer.

Je me couche à côté d'elle, contre son flanc, je laisse mon cœur se calmer, ma respiration s'apaiser et j'écoute la forêt qui nous entoure.

Je remarque alors que la louve s'est endormie contre moi.

Mon loup l'a enfin apprivoisée et reconnue comme sa bêta soumise mais protégée malgré-tout, elle fait partie de ma meute dorénavant. Elle a tout mon respect, mon affection et bien sûr ma protection.

Grâce à elle, tout mon être, animal et humain est à présent en symbiose et en paix. Je sais maintenant ce que je dois faire.

Quand je me réveille aux premiers rayons du soleil, je suis seul, Sasha est partie pendant la nuit sans que je m'en rende compte. Je me lève et me débarrasse de la rosée du matin qui m'humidifie le pelage.

Etonnement j'ai très bien dormi, je me sens en pleine forme ce matin, j'ai une faim de loup mais surtout envie de rentrer chez moi et de retrouver ma moitié, mon compagnon de vie qui m'a atrocement manqué depuis ces quelques jours où il n'était plus vraiment lui-même.

J'espère vraiment que mon loup sait à présent qu'il doit se tenir tranquille et qu'il peut se calmer sur les phéromones. J'ai besoin de Stiles et je ne veux plus le mettre en danger, surtout pas par ma faute.

Je me mets en route en trottinant, profitant de ces derniers instants où mes seules préoccupations sont encore lupine, bientôt d'autres soucis viendront à nouveau embrouiller ma tête j'en suis sûr.

J'arrive enfin devant la porte de chez nous, je saute sur la poignée et pousse doucement la porte.

Assit sur le canapé, une tasse de chocolat chaud à la main, Stiles relève la tête et me voit. Il se lève d'un bond, un monstre sourire aux lèvres et vient me serrer dans ses bras.

Les sensations sont étranges, différentes de ce que je perçois d'habitude mais j'apprécie son geste, jusqu'à ce qu'il me dise que je pue le chien mouillé !

Merci, ça fait toujours plaisir...

Je lui grogne dessus et file dans la salle de bain, là où tout a commencé finalement. Je reprends forme humaine difficilement, c'est étrange de se retrouver sur ses deux pieds après tout ce temps quand on mesure 183 centimètres, je n'ai plus l'équilibre et manque de m'étaler parterre.

Après une douche revigorante, je file dans notre chambre m'habiller pour ensuite aller manger quelque chose car je meure de faim. Hélas, ou pas, un grand brun aux yeux magnifiques me dévisage, couché sur le lit un immense sourire aux lèvres.

Devant ce spectacle des plus réjouissants je me dis que je me contenterai d'une autre sorte de nourriture, pour l'instant en tout cas.

Mais d'abord je suis obligé de lui demander s'il n'est pas fâché contre moi, je dois en être sûr. Pour toute réponse il me prend dans ses bras rassurants et m'assure qu'au contraire il est fier de moi et de ce que j'ai fait pour nous.

Je ne peux m'empêcher de sourire mais je repense aussi à ce que Deaton nous a dit. Je sais que si je lui en parle maintenant, on va encore être en désaccord et à ce moment-là je n'en ai pas du tout envie, je n'ai pas la force de me battre avec lui.

Je lui en parlerai quand je le sentirai prêt, mais je dois m'imposer, lui dire que Sasha ne peut clairement pas rester ici. Je sais que ça ne va pas lui plaire mais je n'ai pas le choix, je dois trouver une solution.

Et puis il y a la meute, maintenant que j'ai reconnu Sasha comme ma bêta, je vais devoir la présenter à tout le monde et l'intégrer en espérant que tout se passe bien.

Là encore je ne suis sûr de rien et je subis les conséquences des décisions prises par mon cher compagnon.

Je lui ai promis de l'aider et je tiendrai parole mais je crains la réaction de mes protégés. Je ne sais pas si j'arriverai à contenter tout le monde.

Je n'ai aucune idée de ce que je ferais si ça ne se passe pas comme je l'espère et j'ai peur que Stiles ou Sasha en subissent les conséquences. Je veux qu'aucun d'eux ne se sentent rejetés, je m'en voudrais vraiment et ce n'est en aucun cas mon but.

J'ai la tête en pleine ébullition, j'avais réussi à faire le vide en étant moi-même et me revoilà submergé de pensées et de questions, je suis démoralisé.

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Hello !

J'espère que ce chapitre vous a plu, moi je l'aime beaucoup...

Il y a deux jours j'ai fait nuit blanche et je crois que mon cerveau a décidé de me donner des idées, pleins d'idées pour une nouvelle histoire... Je sais pas encore si ça va aboutir mais j'y pense beaucoup et ça pourrait bien être quelque chose de... magique !

Bref, on verra ce que ça donne, en attendant j'ai des chapitres à écrire moi !

Bonne journée à tous...

Mellie

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