36. Ta finesse d'esprit


Stiles fut réveillé par des bruits venant de la cuisine. Il ne se rappelait pas comment il était arrivé dans son lit la nuit d'avant, mais ça n'avait pas vraiment d'importance du moment qu'il avait bien dormi. Il se leva et s'étira en baillant, humant la bonne odeur du café qui s'infiltrait jusque dans la chambre.

Ce qu'il appréciait par-dessus tout depuis que Derek travaillait de jour c'était quand le loup se levait avant lui car il flottait dans l'air son odeur et son parfum se mélangeant aux effluves de café. Un mélange enivrant, l'obligeant à se lever presque instantanément pour ne pas en manquer une miette.

Après un tour aux toilettes, il se lava les mains et en relevant la tête, cru voir un quart de seconde ses yeux briller d'une couleur rouge. Comme il était encore à moitié endormi, il pensa qu'il avait rêvé, mais cette observation lui fit penser qu'il n'avait pas parlé à Daniel du côté surnaturel de son futur job. Il avait envie de se mettre une claque mentale, quel idiot.

Comment avait-il pu oublier ce point pourtant essentiel de son boulot ?

Pour lui c'était devenu son quotidien, sa nouvelle vie mais il était bien obligé de lui en faire part pour que son collègue prenne sa décision en toute connaissance de cause. Il y réfléchit tout en se dirigeant vers la cuisine.

Derek l'accueilli avec un grand sourire et une tasse de café fumant.

- Bien dormi ? Demanda le loup sirotant sa boisson.

Stiles paraissait perdu dans ses pensées et c'était bien le cas.

- Euh, oui... je crois, c'est toi qui m'as mis au lit hier soir ? Je ne me rappelle pas.

- Oui, on s'est endormi sur le canapé, je ne sentais plus mon bras quand j'ai réalisé que tu dormais dessus dans une drôle de position. Je ne pouvais pas te laisser dormir comme ça.

- Merci... aucun rapport mais comment tu annonces à quelqu'un que tu fais partie d'une meute, que tu es en couple avec un loup garou et que ton quotidien est truffé de surnaturel ?

Derek rit et se moqua de lui.

- Ne me dis pas que tu as oublié d'en parler à ton ami hier, il n'est au courant de rien ?

- Ha ha ha, rigole, moque-toi... oui j'ai peut-être omis de lui parler de ça, effectivement ! Dit Stiles embarrassé.

- Je ne me moque pas, c'est juste que tu es par moment... comment dire, dans la lune, absent ? Sérieusement, comment tu as pu oublier une part aussi essentielle de ta vie ? Je suis presque vexé de l'entendre, dit-il en croisant les bras sur son torse en fronçant les sourcils.

- Eh bien justement, ça fait partie de mon quotidien depuis un moment, de mes habitudes, c'est devenu tellement naturel, que ça ne m'est pas venu à l'esprit, tout simplement.

- Parfois je suis subjugué part ta finesse d'esprit et ton intelligence et tout à coup je tombe des nues devant ton idiotie. Quoi que tu fasses tu me surprends toujours, rit Derek sans méchanceté.

Stiles ne sut quoi répondre, il ouvrit la bouche puis la referma aussitôt, muet de constater qu'il avait raison.

Derek voyant sa moitié dépitée alla l'enlacer avant de devoir partir travailler.

- Ne fais pas cette tête, tu vas t'en sortir et je suis sûr qu'il comprendra, lui murmura-t-il en lui caressant le dos.

Stiles l'embrassa et le remercia de l'aimer malgré ses défauts.

- J'adore tes défauts, ils me font craquer, ils font partie de ta personnalité, ils font que tu es toi tout simplement, le rassura-t-il.

Une fois son loup parti, Stiles prit quelques minutes pour réfléchir à ce qu'il allait dire à Daniel. Son intention n'était pas de lui faire peur mais il devait être honnête avec lui.

Daniel répondit au bout de deux sonneries, heureux d'avoir Stiles au téléphone, il le rassura en lui disant qu'il avait quasiment pris sa décision concernant sa proposition.

Stiles soupira et lui avoua, anxieux.

- Je ne t'ai pas tout dis à propos du job, je ne l'ai pas fait pour t'induire en erreur mais parce que c'est une chose qui est devenue habituelle pour moi.

- Je t'écoute, dit Daniel toute ouïe.

Stiles ne savait pas trop par où commencer pour ne pas l'effrayer ou le choquer, mais il se lança, sachant que son ami était heureusement ouvert d'esprit.

- J'aurais préféré te le dire de vive voix mais je n'ai pas vraiment le choix, je dois t'en parler avant que tu ne prennes ta décision. La section Fringe est une section spécialisée dans les affaires qui touchent au paranormal, au surnaturel et aux faits inexpliqués.

- Et qu'est-ce que tu entends par tout ça ? Demanda-t-il curieux.

Stiles n'avait plus choix, il lui devait d'être clair et précis.

- Si je te dis, pyrokinesie, combustion spontanée, créatures surnaturelles, ça te parle ?

- Pour les deux premiers oui mais les créatures surnaturelles... je reste sceptique, tu peux être plus précis ?

Stiles sentit son cœur taper dans sa poitrine, il allait lui dévoiler une part importante de sa vie qu'il avait toujours gardée secrète et ne savait pas comment il allait réagir. Il eut du mal à continuer mais après une grande respiration il lui déclara, pas très sûr de lui.

- Des thérianthropes, balança-t-il tout en sachant que Daniel ne saurait pas ce que c'était, repoussant inconsciemment le moment fatidique le plus possible.

- Stiles tu peux parler dans une langue que je comprends s'il te plaît ? Se fâcha Daniel en soupirant.

- Ce sont des êtres humains capables de se transformer en animal, énonça-t-il.

Stiles entendit son ami rire à l'autre bout du téléphone. Apparemment il ne le prenait pas au sérieux mais il s'y attendait, il ne se vexa pas mais ajouta nerveusement.

- Daniel, je ne rigole pas, je vais te dire quelque chose sur moi que tu ignores encore, je fais partie d'une meute de loup garou, je n'en suis pas un mais... mon petit-ami en est un, souffla-t-il plus léger.

Il lui semblait qu'il l'avait entendu s'étrangler à l'autre bout du fils, il n'était pas très rassuré mais attendit qu'il réagisse.

- T'es sérieux Stiles, t'es en couple avec un homme ?

Stiles s'attendait à ce qu'il soit choqué mais pas par cette partie-là de sa déclaration.

- Eh bien oui, aussi surprenant que ça puisse paraître. Ne me demande pas comment s'est arrivé, je n'en sais rien moi-même mais c'est comme ça et j'en suis très heureux, dit-il simplement, ne voulant pas se lancer dans des explications trop précises.

- Ok, je ne te cache pas que je ne m'y attendais pas du tout mais si tu es heureux, c'est le principal. Pour les loups garous et tout le reste, ça me fait un peu peur, mais je te remercie pour ta franchise, j'ai encore le temps d'y réfléchir ? Demanda-t-il.

- J'ai vraiment besoin de toi mais je te laisse jusqu'à demain soir pour y réfléchir, ça te convient ?

- Oui, je t'appelle demain en fin de journée, ok ?

- Ça marche, à plus Dan, ajouta-t-il avant de raccrocher.

Il était soulagé d'avoir parlé à son ami, il n'arrivait pas trop à dire s'il avait été plus choqué qu'amusé mais connaissant la bête, il savait qu'il avait une bonne capacité d'analyse, il saurait prendre la bonne décision.

Stiles se prépara et parti à pied au bureau du shérif, une fois sur place il n'eut pas le temps de s'asseoir qu'on l'appelait pour une mort suspecte dans le quartier du Daemons.

Il s'y rendit avec Jordan, son père étant en congé. Arrivés sur place ils durent attendre que l'équipe du médecin légiste fasse ses premiers prélèvements.

Stiles observa de loin, se demandant pourquoi ça prenait autant de temps. Il chercha aux alentours des indices, quelque chose d'inhabituel mais n'ayant pas encore vu le corps, il ne savait pas trop quoi chercher.

Jordan vint le sortir de ses réflexions.

- Stiles, ils nous laissent le corps, viens, tu ne vas pas être déçu, expliqua Jordan un peu dégouté.

Stiles s'approcha du cadavre et s'accroupit pour observer la scène. Il y avait là le corps d'une femme, blanche comme la neige. Son visage était déformé par une expression de terreur, on pouvait voir dans ses yeux que la mort n'avait pas été douce. Malgré cela, elle n'avait à première vue aucune trace de coup, aucune blessure apparentes, juste de vielles cicatrices sur le dos, comme si elle avait été fouettée.

L'absence de blessures contrastait avec l'expression de son visage, elle n'était tout de même pas morte de peur ?

Tout ce que Stiles constata fut une goutte de sang qui avait coulé de son nez, maigre indice dans cette scène de crime autant irréaliste qu'étrange.

Stiles se releva et observa Jordan encore occupé à détailler le corps sans vie. Quand ce dernier eut fini, ils se dévisagèrent perplexes, ne sachant pas à quoi ils avaient à faire.

- Qu'est-ce que tu en penses ? Demanda Jordan.

- A vrai dire, rien n'est logique dans ce que je viens de voir, comment peut-elle avoir ce visage effrayé, terrifié mais n'avoir subi aucune blessure ? Expliqua Stiles perdu dans ses pensées.

- J'avoue que je suis aussi perdu que toi.

Stiles se rapprocha de Jordan pour ne pas être entendu des autres agents présents.

- Tu n'as pas senti quelque chose de bizarre, de surnaturel ?

- Je ne suis pas une banshee Stiles, non rien de spécial, même pas d'odeur de mort.

- Rien de spécial c'est déjà quelque chose et si en plus il n'y a pas d'odeur de mort, là ça devient suspect, ajouta Stiles sûr de lui.

Jordan dû se rendre à l'évidence que son collègue n'avait pas tort.

- Et qu'est-ce qu'on cherche du coup ?

Stiles réfléchit un instant, par où commencer quand on n'a à priori aucun indice ?

Tout d'abord élargir le périmètre de recherche, plus il sera grand plus les investigations seront longues mais les chances de trouver des indices seront bien meilleures.

- On commence par chercher tout ce qui pourrait nous intéresser même si ça n'a pas de sens, trace de sang, douille de balles, on vérifie chaque trace de pas, je veux voir les photos de tous les objets dans un rayon de 50 mètres et le rapport du légiste après autopsie bien sûr.

Jordan rapporta les ordres de Stiles aux policiers présents sur place et revint vers celui-ci qui observait une griffure longiligne sur le sol, comme si un seul doigt en était l'auteur.

- Tu as une lampe Polilight et des lunettes filtrantes ? Demanda Stiles, concentré sur le dos de la victime.

La lampe Polilight permettait de voir le sang là où l'œil humain seul ne le voyait pas, grâce aux lunettes filtrantes et à la lumière bleue de la lampe.

Jordan lui apporta le matériel en question et Stiles les enfila, il se releva d'un coup et recula de plusieurs pas sous le choc.

Il dévisagea Jordan et déclara.

- Je pense savoir où est passé tout son sang, il y en a partout, même sur le mur là, dit-il dégouté.

Il observa toute la scène de crime et constata que la malheureuse victime avait dû se trainer ou se faire traîner sur une cinquantaine de mètres, perdant une grande quantité de sang à chaque mouvement.

Une chose troubla Stiles, on devrait voir par endroit du sang séché sur le sol mais à l'œil nu, rien n'était visible, comme si on l'avait effacé par magie.

Ce constat lui fit froid dans le dos et lui confirma son intuition selon laquelle un être surnaturel était bien le meurtrier.

Il appela le photographe et lui demanda de faire des photos avec le filtre bleu, comme avec la lampe, pour faire apparaître le sang sur les photos. Il lui demanda aussi de prendre les traces de griffures sur le sol, au cas où.

Il avait enfin trouvé des indices mais une chose le perturbait encore, la cause de la mort n'était pas encore connue, il lui faudrait encore attendre le compte rendu de l'autopsie pour en savoir plus.

Cette nouvelle affaire le perturbait et le stressait, c'était sa première en tant que chef de son unité, il espérait vraiment que Daniel accepte de devenir son second car il avait l'intuition qu'il en aurait bien vite besoin. 

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