33. Trop dur pour elle


- Stiles... mon cœur... il est midi, murmura Derek à l'oreille de son compagnon.

Ce dernier se roula en boule sous la couette et marmonna quelque chose d'incompréhensible. Derek insista en le secouant gentiment.

- Mon amour, tu veux bien sortir de là ? Essaya-t-il.

Sous la couette ça remuait mais sans grande conviction, on ne voulait pas sortir du lit chaud et douillet.

- Bon, puisque tu fais ta tête de mule, je vais prendre une douche, déclara le loup en laissant sa moitié encore somnolente dans le lit.

Sous la couette, dans une petite tête ça se bataillait ferme. Fallait-il se risquer à quitter ce nid douillet, ce cocon protecteur et ses doux rêves ?

Fallait-il émerger et affronter cette dure journée ?

Difficile de savoir quoi faire, mais un mot en particulier s'était insinué dans l'esprit encore ensommeillé ; douche...douche... une idée salace germa dans la petite tête, un besoin se développa dans son corps qui réagit en montrant son intérêt soudain.

A ce moment-là, la petite tête et le reste du corps savaient quel était leur devoir : assouvir leurs désirs.

Ni une ni deux, Stiles sauta hors du lit et se faufila sur la pointe des pieds jusqu'à la salle de bain. Il ouvrit la porte le plus doucement possible, se débarrassa de son boxer, tira le rideau de la douche et se glissa furtivement dans le dos de Derek.

Il vint se coller au corps chaud et humide de son loup préféré, profitant de la chaleur de ses fesses contre son ventre.

Ce dernier l'ayant bien entendu arriver, fit mine de l'ignorer tout comme Stiles l'avait fait auparavant.

Stiles laissa glisser ses mains le long du buste de son compagnon, savourant les muscles parfaits qu'il avait sous ses doigts. Derek se lavait les cheveux comme s'il n'était pas là, essayant de garder la tête froide.

Stiles traça une ligne imaginaire de baisers sensuels partant de la nuque du loup jusqu'au creux de ses reins, ce qui donna la chair de poule à ce dernier.

Malgré tout le contrôle qu'il avait sur son corps, Derek ne résista pas longtemps, quand Stiles, guidé par une envie soudaine de succion, se retrouva à genou devant lui.

Les choses dérapèrent et le loup oublia bien vite pourquoi il était sous la douche au départ et laissa son compagnon mener la danse. Pour une fois il se laissa porter par le courant des envies de sa moitié, qui était bien inspiré ce matin-là.

Quelques minutes plus tard, les compagnons, propres, secs et rassasiés étaient retournés au lit, Stiles avait mal dormi. Il n'avait pas arrêté de penser à Sasha mais aussi à ce que Sansa lui avait dit la veille, tout ça tournait en boucle dans sa tête.

- J'ai mal au crâne, râla Stiles.

- Tu veux que je t'apporte quelque chose ?

Stiles réfléchissait, encore, il avait des choses à lui dire mais ne savait pas par où commencer.

- Non, laisse tomber, ça passera, souffla-t-il.

- Quelque chose de torture l'esprit, je le vois bien, je le sens, tu veux m'en parler ? Demanda le loup.

- Ouais, je veux bien, ça soulagera peut-être ma tête... Au fait, comment tu m'as appelé ce matin ? Je crois que je devais encore dormir par ce que je crois avoir entendu... mon cœur et mon amour ! Je dois avoir déliré par ce que le grand, fort et sexy Derek Hale n'utilise pas ce genre de mot ! Non lui il mort, griffe et grogne ! Non...j'ai dû rêver...ou halluciner...

Le loup se sentit un peu vexé mais amusé, n'en voulait pas à Stiles. Il l'avouait lui-même que parler de ses sentiments n'était pas son point fort.

- Non tu as bien entendu, ça faisait une demi-heure que j'essayais de te réveiller, alors j'ai tenté quelque chose de différent et ça a marché. Sache que ces mots-là n'existe que pour toi, avoua-t-il avec un grand sourire.

- Ça me touche beaucoup, en fait j'aime beaucoup quand tu me donnes des p'tits noms et tes plus beaux sourires grand loup, avoua-t-il en l'embrassant.

- Bon on peut en revenir à ce que tu voulais me dire ? Demanda Derek plus sérieusement. Il n'était pas contre les câlins mais sa curiosité était plus importante à ce moment-là.

- Oui, euh... Tu te rappelles Sansa la lutine ? Eh bien elle m'a parlé de moi, apparemment elle a un don pour reconnaitre les êtres surnaturels et m'a dit que je n'étais plus un humain ordinaire.

Le loup fronça ses sourcils, appréhendant la suite.

- Elle m'a dit que j'étais un humain alpha et que j'avais plus de pouvoirs que ce que je croyais, j'ai pas trop compris de quels pouvoirs elle voulait parler par contre !

Derek réfléchit un instant mais ses réflexions allaient dans le même sens que celles de Stiles, il n'avait jamais entendu parler d'humain alpha avec des pouvoirs, ça l'inquiétait un peu.

- Ok, on pourra toujours aller voir Deaton avec ces nouvelles informations. Ceci-dit ça rejoint ce qu'il nous a dit à propos du futur de la meute.

- Elle m'a aussi fait part de ses craintes à propos de ça, pour elle une meute aussi puissante que la nôtre va attirer des convoitises, elle craint que Beacon Hills ne devienne le point de ralliement des êtres surnaturels.

Derek avait les mêmes craintes mais était confiant, sa meute saurait protéger la ville et ses habitants et puis pour l'instant son clan n'était pas si puissant que ça. Le futur lui était inconnu mais avec la meute ils avaient le temps de s'y préparer.

- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger tout le monde, je m'y suis engagé, affirma le loup confiant.

- Tu n'es pas seul, je suis là, à tes côtés et j'ai l'intention d'en parler à mon père et à Jordan aussi.

Stiles se tut quelques instants, pensif. Puis se rappela qu'il avait quelque chose de très important à lui dire. Anxieux mais déterminé, il se lança.

- Derek, j'ai autre chose à te dire. J'ai fait une rencontre dans l'autre univers...

Derek le dévisagea, plus crispé, un peu sur la défensive. Stiles le remarqua et le rassura avant qu'il ne s'énerve.

- Du calme grand loup, ne soit pas jaloux, lui dit-il en posant une main rassurante sur le bras du loup.

- Alors explique-toi, lâcha Derek nerveux.

- J'ai rencontré une jeune femme... comment dire, c'est une louve garou aux pouvoirs exceptionnels...

Derek eut du mal à se retenir de sauter du lit. Où Stiles voulait en venir bon sang ? C'était quoi encore cette histoire ? Il senti la colère monter en lui.

- Quoi ? T'essayes de me dire quoi exactement ? S'énerva-t-il.

Stiles se rendit compte qu'il n'avait peut-être pas commencé par le bon bout de l'histoire. Ah fatigue et impulsivité, décidemment ces deux-là ne faisaient pas bon ménage !

- Calme-toi, excuse-moi j'aurais dû commencer par te dire que c'est la sœur de Mitch et...

- Et quoi ? Merde parle-moi ! Cria-t-il en sautant du lit, hors de lui.

Stiles s'embourbait dans ses explications, tout était chamboulé dans sa tête et tout sortait dans le désordre, ce qui n'arrangeait pas les choses. Il se leva et vint prendre le loup dans ses bras.

- Je m'excuse, je dis n'importe quoi... mais toi arrête de partir au quart de tour et laisse-moi finir, ok ?

Derek se rassit sur le bord du lit et attendit la suite des explications, anxieux.

- Donc, j'ai rencontré la sœur de Mitch, elle s'appelle Sasha...

Stiles lui raconta comment il l'avait rencontrée et tout ce qui s'était passé ce jour-là. Il lui parla aussi de sa terrible histoire avec sa famille et enfin il lui avoua.

- Quand je l'ai prise dans mes bras pour la rassurer, j'ai ressenti un lien fort entre nous. Pas aussi fort qu'avec toi, ça n'a rien à voir, mais depuis j'ai comme un vide dans mon cœur et une boule à l'estomac. Quelque chose s'est passé entre nous et j'arrive pas à l'expliquer, avoua-t-il à demi-mot.

Le loup paru choqué, déstabilisé. Il eut un pincement au cœur, il fut pris d'une extrême jalousie envers cette jeune femme qu'il ne connaissait même pas. Il eut peur qu'elle veuille lui voler son compagnon.

- Stiles...

Les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Il ne voulait pas être méchant mais une peur viscérale l'envahit sans qu'il ne puisse rien y faire. Il avait du mal à intégrer tout ce que Stiles venait de lui dire. Il avait l'impression d'étouffer et de ne plus pouvoir se contrôler.

- J'ai besoin de prendre l'air, déclara Derek d'un ton froid.

Il s'habilla et sorti de l'appartement avant que Stiles ne puisse ajouter quoi que ce soit.

Stiles se senti mal, il avait le sentiment de l'avoir trahi mais d'un autre côté, il était heureux d'avoir fait cette rencontre. Bien qu'aujourd'hui ça lui brisait le cœur.

Il ne voulait pas courir après Derek, il savait qu'il avait besoin d'être seul et qu'il reviendrait quand il se serait calmé. Il décida d'aller voir son père car quelque chose l'obsédait.

Il trouva le shérif dans son bureau, frappa à la porte entrouverte et entra.

- Salut papa, tu as du temps pour moi là, maintenant ?

- Pour mon fils, j'ai toujours du temps.

Ces mots accentuèrent le mal-être de Stiles. Noah observa son fils et remarqua sa mine grave.

- Quelque chose ne va pas Stiles ? Tu as l'air abattu.

- J'ai quelque chose de personnel à te demander, c'est un peu indiscret mais j'ai besoin de savoir.

Noah sentit que son fils avait besoin de son soutient, il l'écouta attentivement.

- Est-ce que je peux te demander pourquoi vous n'avez jamais eu d'autre enfant après moi avec maman ? Demanda-t-il fébrile.

Noah choqué, se passa la main sur le visage et prit une grande respiration avant de lui expliquer.

- Stiles, je vais être franc avec toi par ce que tu es en droit de le savoir, ça fait partie de ta vie finalement. Environ trois ans après ta naissance, ta mère est tombée enceinte, nous étions les plus heureux du monde, tout se passait bien jusqu'au cinquième mois de grossesse où elle a malheureusement perdu le bébé.

Noah laissa échapper une larme le long de sa joue et continua son récit la gorge serrée. Stiles resta muet et attentif.

- Les médecins n'ont pas pu nous dire précisément pourquoi elle l'avait perdu, mais ils nous ont dit que c'était une petite fille. Après cette terrible épreuve ta mère à commencer à avoir les premiers symptômes de sa maladie et nous avons décidé de ne pas avoir d'autre enfant, c'était trop dur pour nous, surtout pour elle.

Stiles les larmes aux yeux à présent, vint prendre son père dans ses bras. Il pensa à sa mère mais aussi à Sasha. Il avait envie et besoin de parler d'elle à son père mais ne savait pas si c'était une bonne idée et encore moins le bon moment.

- Papa, je suis désolé, je ne savais pas, merci de m'avoir dit tout ça, je me sens un peu mieux maintenant.

- Pourquoi tu te sentais mal à propos de ça ?

Stiles se sentait coincé, il ne savait pas quoi dire à son père mais se lança la boule au ventre.

- Papa, j'ai un secret que je suis sensé garder pour moi mais qui concerne en quelque sorte notre famille et je sais pas quoi faire.

Noah sembla perturbé. Il observa son fils sans vraiment le comprendre. Mais il voyait bien qu'il souffrait, que quelque chose le perturbait et n'aimait pas le voir comme ça.

- Stiles, je ne sais pas quoi te dire, mais si ce secret te fait autant de mal que ce que je constate, tu devrais peut-être en parler à quelqu'un, même si ce n'est pas à moi.

- Je l'ai fait, mais j'ai l'impression de devoir te le dire à toi.

- Stiles, tu commences à me faire peur, avoua-t-il.

Stiles jouait nerveusement avec sa chevalière, son cœur tapait fort dans sa poitrine, il ne tenait plus. Il pesa le pour et le contre et finalement se dit que, peut-être ce secret pouvait aussi soulager le cœur de son père alors il lui expliqua.

- Papa, je vais te raconter quelque chose que tu devras me promettre de garder pour toi, d'accord ?

- Stiles tu peux me faire confiance, je n'ai jamais divulgué aucun des secrets de ta meute à qui que ce soit, je t'écoute.

Stiles commença son récit par l'enquête, puis il lui parla de l'autre univers et enfin de la rencontre avec Sasha.

- Elle était enfermée sous la maison. Je suis allé la libérer, elle était sous sa forme de louve mais j'ai tout de suite su qu'elle ne me ferait aucun mal, je sais pas pourquoi mais j'avais confiance en elle. Quand elle a repris sa forme humaine elle a cru que j'étais son frère et là j'ai été bouleversé, choqué et j'ai réalisé que quelque part dans cet autre univers, j'avais une sœur. C'est pour ça que je t'ai posé cette question toute à l'heure.

Noah se tenait la poitrine, il respirait mal tout à coup, son fils le remarqua et lui fit faire un exercice de respiration qui l'aida à retrouver son souffle.

- Stiles, je ne sais pas quoi te dire, je suis sous le choc.

- J'ai remarqué, merci. Désolé de te causer tous ses soucis mais je ne pouvais pas le garder pour moi, j'arrive pas à la sortir de ma tête et je me sens responsable d'elle.

- Mais Stiles, elle a une famille là-bas, que veux-tu faire de plus pour elle ? Demanda Noah perplexe.

Stiles vida son sac et dévoila à son père le pourquoi de son mal-être, aussi difficile à dire était-il.

- C'est bien ça le problème, elle n'a plus de famille, son père est en prison et a effacé la mémoire des autres membres de la famille et de sa meute grâce à un sorcier qu'il a tué ensuite. Elle est seule, enfermée à Eichen House papa ! Cria Stiles hors de lui.

Noah resta choqué devant le désarroi de son fils.

- Stiles... On ne peut pas faire grand-chose pour elle malheureusement.

Stiles se leva et sorti du commissariat de police en colère et triste, décidemment aujourd'hui personne ne le comprenait.

Il roula dans sa Camaro jaune, sans but précis, juste pour se vider la tête, sans grand résultat hélas. Au bout d'une heure environ il rentra chez lui. Derek n'était pas là, il se coucha un moment sur le canapé, assommé par la fatigue.

Il fut réveillé sans prévenir par le bruit d'une porte qu'on fracasse. Il se leva d'un bond et tomba sur Derek, les yeux injectés de sang, les cheveux en bataille et le regard hagard.

Son instinct d'enquêteur lui dit qu'il avait dû aller se prendre une belle cuite au Daemons, seul endroit en ville où les loups garous trouvaient légalement de l'aconit.

- Derek, ça va ? Demanda Stiles anxieux.

Le loup alla s'enfermer dans la salle de bain, un peu honteux mais toujours furieux.

- Génial ! Très mature comme réaction, râla Stiles assez fort pour être entendu du loup grincheux et bourré.

- Pas besoin de crier, je t'entends très bien ! Cria à son tour Derek depuis sa cachette.

- Eh merde ! Ajouta Stiles, en levant les bras de dépit.

Il se rassit sur le canapé, les bras croisés, fâché.

Comment allait-il gérer son loup bourré et têtu ? Très têtu, pire qu'un troupeau entier de mules.

Il fut arrêté dans ses réflexions par un bruit de verre brisé, génial, manquait plus que ça. Il se dirigea avec tout le nécessaire pour ramasser le bordel qu'il imaginait dans la salle de bain et frappa à la porte.

- Bon, grincheux, tu me laisses entrer ?

- Non, j'ai pas envie que tu te coupes, il y a des morceaux de miroir partout, gémit Derek.

- Ben justement, j'ai tout ce qu'il faut pour ça, ouvre la porte, s'il te plaît !

- Non...

Stiles soupira et laissa son matériel derrière la porte. Il retourna en soupirant s'asseoir sur le canapé et attendit que sa moitié arrête de bouder, espérant que, peut-être, son silence le fasse sortir de là.

Au bout d'une demi-heure, ni tenant plus il décida d'aller sur la terrasse et de se défouler sur le sac de frappe qu'il y avait installé quelques jours auparavant.

Il sorti ses gants de boxe et y mit toute sa force, toute sa rage, laissa sortir sa colère et sa frustration. Il ne pensait plus qu'au prochain coup de poing ou de pied. Il se vida ainsi la tête pendant un bon moment, oubliant le loup buté et bourré enfermé dans la salle de bain.

Toujours occupé à se défouler furieusement, il n'entendit pas Derek arriver derrière lui. Le loup voulu l'attirer par le bras mais Stiles se retourna à son contact et lui envoya une droite puissante en pleine figure. Sous le choc et l'effet de l'alcool-aconit le loup tituba et tomba à la renverse sur le sol.

- Eh merde ! Cria Stiles en arrachant ses gants de boxe et les jetant parterre.

Il le porta tant bien que mal jusqu'à leur lit et le veilla jusqu'à son réveil.

Quand le loup rouvrit ses yeux quelques minutes plus tard, Stiles appréhendait sa réaction. Derek le regarda de son regard triste et apparemment encore fâché.

- Ça va ? Demanda Stiles.

Derek se retourna et grogna dans sa barbe. Stiles soupira et décida de l'ignorer pour le moment. Monsieur Têtu était apparemment de retour.

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