25. Excuses et regrets
Toute la meute était passée à tour de rôle à l'hôpital, au chevet de Derek. Cora était restée, tout comme Stiles les trois jours durant, ne voulant pas laisser son frère seul.
Elle s'était rendu compte de son état et en voyant que son frère ne guérissait pas normalement à cause des drogues, elle lui avait promis de le veiller.
Derek ne voulait pas de toute cette attention, il voulait qu'on lui fiche la paix. Il n'acceptait que la présence de son compagnon et ce, seulement par ce que celui-ci avait lourdement insisté.
Derek se sentait honteux de ne pas avoir réglé son compte à Kate de ses propres mains. Il se sentait affaibli et pour un futur alpha ce n'était pas concevable. Il s'en voulait et ne gérait pas du tout ce sentiment de frustration et de sous-estime de soi.
Il était en colère contre lui-même et il la faisait passer sur les autres, Stiles y comprit. Mais son compagnon comprenait la situation et ne disait rien ne voulant pas le fâcher davantage.
Après avoir passé trois jours en observation à l'hôpital, Stiles tenait à ce que Derek passe sa convalescence chez lui. C'était plus pratique pour lui et il ne voulait pas le laisser seul après ce qui s'était passé.
De plus son appartement était plus confortable que le loft, que Peter squattait sans gêne de toute manière.
Notre malade devait prendre des médicaments pour se sevrer des drogues que Kate lui avait fait prendre. Stiles tenait à vérifier que Derek prenne bien son traitement, ce qui énervait Derek qui n'aimait pas qu'on le traite comme un louveteau.
Stiles était au petit soin depuis l'arrivée du loup à l'hôpital et allait continuer de s'occuper de lui. Ses remords lui dictaient ses choix en ce moment mais il ne le regrettait pas.
Psychiquement Derek n'était pas encore remis de toutes les épreuves qu'il avait traversées. Il ne voulait pas qu'on prenne soin de lui et refusait tout contact humain, au plus grand désarroi de son compagnon.
A leur arrivée chez Stiles, celui-ci installa Derek dans son lit car il était épuisé. Après avoir pris son traitement et celui que Deaton avait donné à Stiles en cachette, Derek dormit durant une nuit et une journée entière, Stiles à son chevet.
Le plus jeune ne l'avait pas quitté, il avait passé la nuit à ses côtés sans vraiment dormir, s'assurant timidement de temps en temps que Derek respirait toujours. Il se sentait mal et ne pas pouvoir en parler le rongeait de l'intérieur.
Stiles se sentait responsable de ce qui lui était arrivé et ressentait beaucoup de colère envers lui-même, encore plus qu'envers Kate à vrai dire. Il s'en voulait terriblement.
Il aurait voulu pouvoir tout effacer et revenir à ce fameux vendredi soir où il l'avait rejeté. S'il avait su ce qui arriverait, il aurait sûrement agi différemment.
Le mal était fait malheureusement, il était trop tard, il devait assumer et soutenir son aîné autant qu'il l'avait fait pour lui dans d'autres circonstances.
Derek sorti de son profond sommeil en fin de journée, Stiles lisait dans le lit à côté de lui. Le loup remuait à moitié endormit, il faisait un cauchemar ou une hallucination, Stiles ne savait pas exactement.
Il posa son livre et s'approcha de Derek. Il voulait le rassurer mais ne savait pas trop comment s'y prendre, il lui prit la main tout simplement et garda le silence pour ne pas le déranger.
Derek senti qu'on lui tenait la main, il la retira et se recroquevilla sur lui-même, refusant le contact.
- Laisse-moi Stiles s'il te plaît, gémit-il les yeux humides.
Stiles en eu le cœur serré, il retrouvait le Derek d'il y a quelques temps, celui qui refusait de le voir et de lui parler. Il en avait les larmes aux yeux et l'horrible impression de tout devoir reprendre à zéro avec le loup.
Cette situation dura encore pendant la journée suivante. Stiles serra les dents et ne montra aucune agressivité ou rancœur envers Derek. Mais son cœur souffrait par ce manque d'attention et de considération, sa tête et son corps étaient épuisés par toutes les questions qu'il pouvait se poser.
Il n'osait pas imaginer ce que Kate pouvait bien lui avoir fait subir, car Derek était resté très évasif à ce sujet. Stiles n'avait pas voulu insister voyant le mal-être du loup.
Il imaginait, la connaissant, qu'elle avait dû être horrible pour le blesser aussi profondément.
Stiles pouvait voir la souffrance sur les traits de son loup, il ressentait sa détresse, sa colère et ça lui faisait autant de mal qu'à lui.
Cependant il ne comprenait pas son mutisme, pourquoi ne voulait-il pas lui parler ?
Le plus jeune se sentait perdu, mal à l'aise et angoissé.
Mais Stiles n'était pas du genre à abandonner alors il essaya de prendre les choses en main d'une autre manière pour réconforter son compagnon.
Il se glissa dans le lit, juste derrière lui, sans le toucher. Derek était couché sur le côté, ne bougeait pas mais il était réveillé. Stiles s'approcha de lui et vint lui murmurer à l'oreille.
- Si tu ne veux pas voir la lumière qui t'attend ici alors je viendrais à tes côtés dans les ténèbres, je n'ai pas peur.
Stiles ne dit rien de plus et laissa le temps faire son travail, patiemment il observa Derek pendant un moment, attendant que celui-ci montre un signe de capitulation. Stiles voulait faire la paix, il en avait vraiment besoin.
Au bout de plusieurs heures, une attente interminable aux yeux de Stiles, Derek bougea enfin à côté de lui, il se mit sur le dos, en silence. Il regardait le plafond, une main sur son torse et Stiles, lui, l'observait.
Derek chercha à tâtons la main de Stiles, une fois qu'il l'eu trouvée il ne la lâcha plus pendant un très long moment. Cette attention un peu inattendue mais bienvenue, si petite était-elle, suffit à rassurer Stiles. Le loup ne dit rien, il regardait toujours le vide au-dessus de lui. Stiles s'endormit, épuisé.
Quand Stiles se réveilla, il remarqua le bras de Derek sur son torse, celui-ci contre son flanc. Il sourit et su à cet instant qu'il avait gagné le corps de son loup, mais pas encore son esprit. Il lui faudrait encore de la patience mais il était sur le bon chemin, il en était sûr.
Au bout d'un moment les yeux de Derek s'ouvrirent pour le plus grand bonheur de Stiles qui n'attendait que ça.
- Bonjour grand loup, murmura Stiles joyeux, impatient mais inquiet.
- Bonjour, émit la voix rauque et grave de Derek.
- Comment te sens-tu ce matin ? Demanda Stiles.
Derek grogna pour toute réponse et se retourna dans le lit, ce qui énerva gentiment mais surement son compagnon. Stiles avait été patient jusqu'ici et avait espéré que ce matin les choses seraient différentes.
Apparemment il s'était trompé mais il ne supportait plus cette situation, la colère monta en lui et il craqua. Il se leva et sorti du lit en soupirant, fit les cents pas en se passant la main dans les cheveux en signe de contrariété, ce que Derek remarqua mais décida d'ignorer en fermant les yeux.
Stiles vit son ignorance, le regarda méchamment et s'approcha de lui. Il s'assit parterre à côté du lit, en silence d'abord puis il vida tout ce qu'il avait sur le cœur, n'y tenant plus.
- Derek, j'ai été patient, je suis resté à tes côtés, j'ai supporté tes silences, ton ignorance. J'ai accepté ton mépris, ton mal être... Je sais bien que je n'ai pas fait tout juste et je m'en veux assez pour ça. Je m'en veux de t'avoir laissé tomber au pire moment, mais là je craque, qu'est-ce que je dois faire pour que tu acceptes mon aide, ma présence ? Dis-moi parce que là je ne sais plus quoi faire et ça me tue bordel ! Cria-t-il à bout de souffle.
Un long silence se fit dans la pièce, puis Stiles au bord de la crise de nerf se leva en râlant.
- Bon je vais pisser, j'espère que tu me parleras enfin quand je reviendrai, expliqua-t-il avec colère avant d'abandonner Derek et son silence trop pesant.
Dans le lit Derek sentait l'odeur de la colère et de la frustration émaner de sa moitié, même s'il n'arrivait pas à ignorer ses propres sentiments, il se rendit compte qu'il avait peut-être poussé le bouchon un peu trop loin.
Il comprit qu'il n'avait plus le choix et qu'il devait s'expliquer et s'excuser avant que la situation ne se dégrade plus encore.
Stiles revint, la mine grave, les sourcils froncés et s'assit parterre contre le lit, les bras croisés. Il soupira pour bien montrer son impatience et sa frustration.
Derek rampa sur le lit et vint entourer les épaules de son compagnon de ses bras musclés. Il posa son menton avec timidité contre le cou de Stiles et lui murmura à l'oreille.
- Je suis désolé.
Stiles ne bougea pas mais se détendit un peu.
- C'est un bon début, souffla-t-il encore fâché.
Derek comprit qu'il était temps d'être honnête et de ne plus se cacher dans le lit de Stiles, c'était trop facile pour lui et trop dur pour sa moitié.
- Je t'ai ignoré par ce que... c'était plus facile que d'affronter ma lâcheté. Je suis resté silencieux pour ne pas avoir à m'expliquer... et je me rends compte que c'était une grosse erreur. Je n'avais pas le droit de me comporter comme ça avec toi... alors du plus profond de mon cœur, je te prie d'accepter mes excuses Stiles.
Derek n'avait jamais été aussi sincère avec quelqu'un et ne savait pas vraiment si ses paroles étaient celles que Stiles attendait et ça le rendait très nerveux.
A ces mots Stiles, même s'il savait qu'il devait lui aussi s'excuser, relâcha la pression, respira à nouveau pleinement et son rythme cardiaque se calma enfin.
Il se leva et vint prendre Derek dans ses bras, ce qui surprit le loup qui ne s'attendait pas à être pardonné aussi vite. A moins que Stiles n'ait quelque chose derrière la tête ou quelque chose à se reprocher ? C'était bien possible.
Stiles avait besoin de chaleur humaine ou lupine, il s'était senti abandonné durant ces derniers jours, donnant tout ce qu'il pouvait pour son compagnon.
Sans rompre le contact avec Derek il lui avoua.
- J'accepte tes excuses et te présente les miennes, j'ai honte de moi, j'ai été nul, même ton oncle en a fait plus pour te retrouver que moi.
- Je ne t'en veux pas, avoua Derek en lui coupant la parole.
- Attends... cela dit, c'est la dernière fois que tu te conduis comme ça avec moi, je ne le supporterai pas ! Toi et moi on est un couple maintenant, une équipe. On est unique à notre manière grâce à notre lien, alors on se soutient quoi qu'il arrive.
- Tu as raison Stiles, on est unique et tu es unique et j'ai une chance énorme de t'avoir à mes côtés, avoua le loup, soulagé d'entendre ses paroles réconfortantes.
Stiles avait encore une chose à dire à son loup, une sorte de pacte, une promesse à lui faire et à lui demander.
- Je ne veux plus de secret entre nous, on se dit tout, même si on trouve ça débile sur le moment, même si je parle trop... je ferai mon possible pour me retenir promis. Mais je ne supporterai plus de ne pas savoir ce qui se passe dans ta tête, dans ton corps et dans ton cœur... J'aime pas le silence et les non-dits. J'aime pas être mis de côté, j'ai l'impression qu'on ne me fait pas confiance et j'aime pas ça du tout... et... je parle trop c'est ça ?
Derek aurait bien voulu lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur lui aussi, mais la honte le retenait, l'empêchait de se livrer à cœur ouvert.
Le fait de devoir partager ses pensées les plus intimes l'effrayait au plus haut point. Il n'en avait pas l'habitude, lui qui gardait tout pour lui, ne savait pas vraiment comment et quoi dire à ce moment.
Le seul fait dont il était sûr était qu'il ne voulait plus décevoir Stiles, il voulait qu'il se sente aimé et important, ce qu'il était à ses yeux.
- Je te promets d'essayer, mais je n'ai pas l'habitude, je garde tout pour moi en règle générale, déclara Derek gêné.
- Tu viens pourtant de me prouver le contraire...
Stiles secoua la tête en souriant devant la mine déconfite de son compagnon et lui promit de lui montrer la voie, même si lui aussi avait du mal avec ses propres émotions. Ils apprendraient ensemble et ça le rassura finalement de constater qu'ils avaient bien plus de points communs que ce qu'ils pensaient.
Cependant une petite chose, alerta son cerveau, il avait encore quelque chose à avouer à Derek, il venait de lui promettre de tout lui dire, il ne pouvait plus reculer à présent.
- Derek... j'ai quelque chose à t'avouer, je me sens mal depuis que je l'ai réalisé et je sais pas pourquoi...
Le loup releva la tête que Stiles avait baissée, de honte et le rassura, puis l'écouta.
Stiles reprit plus sûr de lui.
- Je suis parti à Boston pour le boulot alors que je ne savais pas où tu étais, c'est pas par ce que je m'en fichait, non, et j'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai fait ça et je m'en veux. Je suis désolé.
- Je ne t'en veux pas, tout ça c'est nouveau pour nous, moi aussi j'ai encore de la peine à penser à nous en tant que couple, pas par ce que je ne tiens pas à toi, bien au contraire. Mais je crois que je ne réalise pas toujours que tout ça est vrai et bien réel.
Derek serra Stiles contre son cœur et à ce moment les deux hommes oublièrent leurs peines, leurs appréhensions, leurs regrets et profitèrent du moment présent, le savourant car tous ces petits moments étaient importants pour eux. Ils représentaient l'espoir d'une complicité naissante.
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