14. Je le savais !
Stiles était d'une humeur particulièrement joyeuse et gaie. Il avait passé ses deux derniers jours à se reposer, lire, manger et faire quelques parties de Mario Kart. En gros, il avait réussi à se vider la tête et ça lui avait fait le plus grand bien.
Malgré cela, en ce vendredi soir, il était détendu et stressé, enthousiaste et terrifié. Toute sortes d'émotions refaisaient surface et se mélangeaient dans sa tête et dans son corps, le rendant très nerveux.
Il sortait tout juste de la douche quand on sonna la porte, il enfila en vitesse un boxer un vint voir par l'œilleton qui était là. C'était Derek.
Merde déjà ?! Pensa-t-il.
Malgré le fait qu'il était peu vêtu, il lui ouvrit tout de même la porte tout en se cachant derrière, ne laissant apparaitre que sa tête.
- Salut Derek, désolé, je ne suis pas encore prêt.
- Excuse-moi, c'est de ma faute, j'ai un peu d'avance, dit Derek en entrant.
- C'est pas grave, dit Stiles en courant dans sa chambre, ne remarquant pas le regard de Derek et le sourire qu'il arborait en le regardant partir.
Derek était nerveux de se retrouver chez Stiles. Il fit le tour de l'appartement, admirant la bibliothèque pleine de livres en tous genres.
De la lycanthropie aux classiques en passant par la médecine et les mangas il y avait là une bonne centaine d'ouvrages.
Il était presque jaloux lui qui adorait lire, sans s'en rendre compte ses doigts parcouraient les ouvrages en même temps que ses yeux lisaient avec curiosité les titres de ceux-ci.
Il vint finalement s'asseoir sur le canapé et remarqua le livre sur la table basse. Le titre « Maladies des lycanthropes » y était inscrit en lettres dorées sur une couverture en cuir noir.
- C'est pour une affaire sur laquelle tu travailles le bouquin sur la table ? Demanda-t-il.
Depuis la chambre, Stiles répondit un vague "Oui". Il ne pouvait pas vraiment lui en parler malheureusement, même si un peu d'aide n'aurait pas été de trop.
- Je ne savais pas qu'il y avait une meute à Boston, ajouta le loup en feuilletant le livre.
En revenant au salon, Stiles lui expliqua.
- La meute n'est pas vraiment à Boston mais je ne crois pas avoir le droit de t'en parler en fait.
Stiles remarqua soudain le regard de Derek planté sur son corps.
- Quoi ? J'ai la braguette ouverte ?
Derek rougit et baissa les yeux, gêné mais heureux de sentir l'odeur de Stiles changer. Son loup avait remarqué des arômes d'excitation, de désir peut-être, il n'en était pas sûr.
Mais il ne pouvait pas le lui dire alors il répondit tout autre chose, qui était tout aussi vrai.
- Non, je te trouve très bien habillé, ça te va vraiment bien.
Stiles passa une main dans sa nuque, gêné à son tour.
- Heu merci d'avoir remarqué mes efforts vestimentaires, dit-il en souriant.
Il changea de sujet pour faire retomber la pression que chacun ressentait.
- T'as trouvé une place pour te garer ? C'est un peu galère dans le quartier.
- Ouais, juste devant chez toi !
Stiles qui était encore debout, vérifia à la fenêtre. Il se mit à rire quand il vit la Camaro de Derek.
- T'es presque garé au milieu de la route... Tu le sais ?!
- Nooon, dit Derek d'une voix de gamin qu'on aurait pris en plein flagrant délit de bêtises.
- Mais arrête, t'es au moins à deux mètres du trottoir !
Il s'approcha de Derek et remarqua ses pupilles dilatées, il avait bu !
- Passes-moi tes clefs, je vais aller la garer correctement, j'ai peur qu'on te la raye ! Dit-il avec un regard de reproche.
Derek comprit en voyant les yeux de Stiles qu'il avait été repéré et qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il lui donna les clefs de son précieux bolide à contre cœur.
- Ok mais tu fais gaffe à ma caisse sinon...
- Tu m'égorges avec tes dents ? Ouais je sais !
Stiles descendit et gara la voiture correctement. En observant l'intérieur il prit peur quand il vit l'état de celle-ci. Papiers, enveloppes, canettes vides et autres détritus non identifiés jonchaient le sol, autrefois toujours propre.
Stiles commençait vraiment à se faire du souci pour Derek, il n'était pas dans son état normal. Il décida de ranger tout ce merdier. Quelques minutes plus tard, la voiture était à nouveau nickel.
Quand il rouvrit la porte en bas de son immeuble, il ne vit pas Derek de l'autre côté et la lui envoya en pleine figure, lui fendant la lèvre sur le coup.
- Ahh putain ! Cria Derek.
- Merde, je suis désolé, je ne t'avais pas vu, ça va ?
- Ouais, fit Derek en s'essuyant la lèvre de la main.
- Viens, je vais arranger ça.
- Tu foutais quoi depuis un quart d'heure ? Demanda Derek en arrivant dans le salon de Stiles.
- Je faisais une partie d'échec ... Non je rangeais le merdier dans ta voiture !
- Je ne t'ai rien demandé... Objecta le loup en glissant ses mains dans ses poches, gêné par le fait que Stiles ait remarqué son laissez aller.
- Je sais, j'avais juste pitié pour ta caisse. Asseye-toi, je vais chercher de quoi te soigner.
Derek le retint par le bras.
- Pas besoin, c'est déjà cicatrisé, t'as oublié que j'étais un loup garou ?
Dans un léger sursaut Derek lâcha le bras de Stiles, comme s'il s'était brûlé à son contact. Il détourna les yeux, évitant son regard.
Stiles étonné par son comportement, saisi la balle au bond pour enfin oser lui demander ce qui n'allait pas.
- Derek, qu'est-ce qui se passe ? Je ne te reconnais plus ! Tu es sûr que tout va bien ? Tu sais que tu peux tout me dire ! On est toujours amis tu sais.
Stiles s'assit sur la table basse, en face de lui. Derek, regardait ses genoux, silencieux.
- Derek ?
- C'est compliqué et c'est une longue histoire, dit-il en soupirant.
Stiles senti qu'il devait le faire parler, Derek en avait besoin et avait vraiment l'air de n'avoir parlé de ses problèmes à personnes depuis bien trop longtemps.
- J'ai toute la soirée alors vas-y je t'écoute, dit Stiles en posant sa main sur la cuisse de Derek dans un geste qui se voulait rassurant.
Derek lui prit la main et la retira gentiment. Stiles soupira à son tour, frustré par son silence.
- Bon, tu m'expliques ce qui ne va pas ?
Derek avait maintenant le regard plongé dans celui de Stiles et paraissait au bord de la crise de nerf.
- C'est en rapport avec mon statut d'alpha, lâcha-t-il enfin.
Stiles avait peur de ce que Derek allait dire mais il en avait une petite idée, un présentiment de ce qui se passait. Cette semaine avait été riche en informations sur les loups garous et son esprit avait déjà imaginé la suite.
Voyant que Derek faisait durer le suspense beaucoup trop longtemps et n'y tenant plus, il déclara de but en blanc :
- C'est à propos du lien, c'est ça ?
Derek leva un sourcil, étonné qu'il soit au courant.
- Qui t'en a parlé ?
Stiles sourit à ce souvenir.
- C'est toi... enfin presque...
- Quoi ? Non, je ne m'en rappelle pas en tout cas... Je voulais justement t'en parler ce soir.
- Bon ok, c'est pas toi, mais j'ai raison, c'est ça ? Ton loup à crée un lien... avec moi ?
Stiles était très nerveux tout à coup, ses paroles rendant les mots bien réels et les conséquences que ça impliquait bien plus importantes.
- Oui, c'est ça, il veut faire de toi mon...
- Compagnon ! Dit Stiles, coupant la parole à Derek, à bout de nerf.
Merde c'était bien ça, il avait raison !
- Oui, je suis désolé !
Stiles fut surprit part sa réponse.
- Pourquoi désolé ? Ton côté humain ne veut pas, c'est ça ?
- Non c'est pas ça, je dis ça pour toi !
Stiles fut cette fois-ci choqué, il ne comprenait pas.
L'humain dans ce corps veut de moi ? Bordel de merde !
- Tu peux t'expliquer, je ne te suis pas ?
Derek ne savait pas trop par où commencer, cette situation n'était idéale pour personne et il en était tout à fait conscient.
- Je suis désolé, par ce que c'est compliqué, le lien se fait, la plupart du temps avec une femme pour pouvoir assurer une descendance et le futur de la meute. Mais parfois, comme c'est le cas pour nous... Je ne sais pas comment l'expliquer. Je ne veux pas t'imposer ça, on peut très bien y mettre fin si c'est ce que tu veux. Mais...
Il ne put finir sa phrase, la gorge trop sèche pour pouvoir déglutir.
- Je vais te chercher à boire, une bière ça te va ?
- Oui, merci.
Stiles revint avec deux bières, en tendit une à Derek et vint se rasseoir en disant :
- Mais toi au fond, qu'est-ce que tu veux ?
Derek le dévisagea et prit quelques secondes avant de lui répondre. Sachant que ce qui lui dirait allait peut-être le choquer ou l'effrayer. Il avait peur de sa réaction.
- Moi ? Demanda-t-il en regardant Stiles de ses magnifique yeux verts remplis d'espoirs. J'ai deux options ; soit je confirme le lien, soit je fais en sorte de choisir quelqu'un d'autre. Mais je ne crois pas en avoir envie, dit-il d'une toute petite voix tant les mots étaient difficiles à prononcer pour lui.
Stiles observa Derek qui s'obstinait à regarder ses doigts jouer avec un trou dans son jean, fuyant délibérément son regard.
- Derek, je suis un peu perdu pour tout te dire. J'ai découvert cette histoire de lien et de compagnon durant mon enquête à Boston et je dois dire que ça m'a beaucoup touché.
Stiles se rappela le couple de son affaire et tout ce qu'il avait ressenti en les voyants si amoureux et attentifs l'un pour l'autre. Enfin surtout monsieur Hale-Stilinski car Mitch n'était pas encore en état de s'inquiéter pour les autres, encore moins pour lui-même.
- Ce lien c'est comme un cadeau, ça ne se prend pas à la légère, dit Stiles tout en y réfléchissant.
- Ouais, je suis au courant, merci, mais ça me pourri bien la vie depuis un moment.
Stiles avait le cœur qui tapait fort en voyant Derek si démuni et impuissant.
- Ça dure depuis combien de temps ?
- Ça fait huit ans... Dit Derek en soupirant, ses mains tremblantes sur ses cuisses.
Stiles tomba de la table, choqué par cette révélation !
- Quoi ?! Mais on se connait depuis quoi...
- Huit ans !
- Tu veux dire que... Balbutia-t-il en se relevant.
- Oui, le lien s'est fait la première fois où j'ai croisé ton regard ! Cria Derek qui ne le lâchait pas d'un œil.
Stiles se mit à crier lui aussi.
- Mais pourquoi tu ne m'as jamais rien dit bon sang ?!
- Par ce qu'à l'époque, si je te l'avais dit, tu serais parti en courant, t'avais 17 ans, t'étais pas prêt et moi non plus !
Stiles réfléchissait à deux cents à l'heure tout en se passant la main dans les cheveux. Soudain il eut une révélation :
- Attends, c'est pour ça que tu me repoussais tout le temps, que t'étais si agressif et mesquin avec moi ?
Derek baissa les yeux, presque honteux.
- L'agressivité était le seul moyen de cacher les phéromones de mon loup. Je ne pouvais pas faire autrement, mais je l'ai fait pour te protéger, même si ça me faisait mal de le faire.
- Me protéger ? Mais de quoi ?
- De ce que j'étais. Par ce que j'étais comme tous ces super héros et si tu avais accepté le lien à l'époque, avec tout ce qui se passait, tu serais devenu ma plus grande faiblesse, la cible à atteindre pour me mettre à terre, tu comprends ? Je ne pouvais pas prendre ce risque.
Stiles sentait la douleur émaner de Derek et il se sentit mal pour lui mais ne trouvait pas les bons mots pour s'exprimer.
Derek reprit.
- A cause de ça tu t'es éloigné de moi. Mais si je ne l'avais pas fait, aujourd'hui nous n'aurions peut-être pas cette discussion et je n'aurais pas pu me le pardonner.
Stiles soupira et de senti délesté d'un poids sur ses épaules.
- Et moi qui croyais que tu me détestais ! Dit-il avec un petit sourire.
- De la haine à l'amour il n'y a qu'un pas non ?
- C'est drôle, t'es pas le premier à me le dire cette semaine !
- ça veut dire que ce n'est pas faux ?
- Rhaaa tais-toi ! Dit Stiles en se rasseyant en soupirant, la tête dans ses mains.
Soudain il réalisa quelque chose.
- Merde Derek, t'as attendu huit ans pour m'en parler ! Je comprends mieux pourquoi t'es comme ça !
- Comme quoi ?
Stiles reprit calmement, la gorge serrée par le regret qu'il ressentait tout à coup.
- En fait si t'es mal depuis tout ce temps, c'est à cause de moi !
Derek ne s'attendait pas à ça.
- Non c'est de ma faute, pas de la tienne. J'avais pas le courage de t'en parler, j'avais la trouille j'étais terrifié à l'idée qu'on te fasse du mal, encore aujourd'hui.
- Qu'est-ce qui t'as fait te décider à m'en parler ?
- Je me suis rendu compte que la vie est courte et que je ne voulais pas la vivre seul, tout simplement.
Stiles se leva et vint prendre Derek dans ses bras mais Derek voulu se défaire de son emprise.
- Stiles si tu fais ça, tu vas renforcer le lien et mon loup aura encore plus d'emprise sur toi.
Mais à cet instant, Stiles s'en fichait, il voulait juste le réconforter, lui montrer qu'il tenait à lui, le soutenir et être là pour lui.
Le lien, il s'en soucierait plus tard.
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