⤖ 6. Un accord inattendu
James ouvre des yeux ronds comme des soucoupes.
— Sérieux ? souffle-t-il, alors que ses yeux sont si écarquillés que Mike se demande s'il n'aurait pas dû être moins direct.
Le jeune homme hoche la tête et sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, le relève avec douceur. Prenant son bras et le passant autour de ses propres épaules, Mike tire son coloc' vers ses amis, qui observent la scène d'un air inquiet.
— Je le ramène chez nous. Je crois qu'il vaut mieux qu'il se repose, annonce Mike, sans préambule.
D'ailleurs, ils n'ont pas le choix : il voit difficilement comment la soirée peut se poursuivre.
Les trois amis acquiescent et font promettre à James de leur envoyer un message quand il sera rentré. Au vu du tourment qui ternit leurs traits, Mike est certain qu'ils prendront des nouvelles de James le plus tôt possible. Au moins, il est bien entouré. Mieux qu'avant en tout cas, d'après ce qu'il a remarqué.
Cependant, la requête qui sonnait étrange dans la bouche de James lorsqu'ils s'étaient rencontrés ne semble plus dénuée de sens pour Mike. Ce qu'il a vu ce soir-là l'a convaincu : ce fameux Philip devait payer... ou du moins laisser James tranquille.
— Je peux marcher, tu sais, lui indique James, alors qu'ils se sont éloignés de la petite fête.
— Il y a à peine quelques minutes tu tenais à peine debout, lui rappelle Mike, toujours en le portant à moitié.
Mike a une bonne tête de plus que James, qui pouvait facilement passer pour un lycéen avec son gabarit de gringalet. Et il allait sans dire que c'était ce qui avait permis aux étudiants de s'en prendre à lui pendant son absence, malgré la présence de ses amis. Mike songe que s'il n'avait pas réagi à temps, une catastrophe se serait produite. Chaque année, des étudiants ressortent traumatisés de leur bizutage. Mike pensait naïvement qu'aujourd'hui, avec toute la prévention qui était faite, ce genre de choses ne se produisait plus, mais force était de constater que cela dépendait des fréquentations. L'innocente bataille d'eau n'était plus qu'un lointain souvenir.
Mike dépose James sur le canapé et farfouille dans la cuisine, estimant que ce type d'expérience demandait des cookies de réconfort. James les accepte sans broncher et malgré son silence inhabituel, Mike songe que ce n'est pas à lui de se confier, mais à James. Les conséquences des mots qu'il a prononcés toute à l'heure lui paressent tout d'un coup terribles. Il en a presque la nausée et est ravi de ne pas avoir succombé à l'appel des cookies.
— Il savait ce qu'il faisait, déclare James d'une voix pâle. Philip, précisa-t-il face à l'air perdu de Mike.
— J'ai cru comprendre.
Il fixe la nuit qui s'amasse sur les bâtiments alentours. Leur appartement, au rez-de-chaussée, est tout de même pourvu d'une terrasse sur laquelle il y a deux transats, une table et quatre chaises en plastique. Quelques plantes ont également été plantées autour, sans doute par le propriétaire, dans le but de réduire le vis-à-vis. Heureusement, l'appartement donne sur une petite cour interne couverte de pelouse, et si Mike ignore l'immeuble d'en face et les terrasses des autres occupants, le tout est agréable. L'appartement que Luke a loué (et qu'il a laissé à Caitlin) était plus haut et ne donnait sur rien du tout, à part la rue. Mike retient un soupir (il ne veut pas que James pense que c'était à cause de lui) : il est loin de New-York.
— Il... commence James, alors que Mike se tourne vers lui.
James ferme les paupières et soupire.
— J'ai le vertige. Le vide me terrifie. Et il le savait.
— C'est une phobie ? questionne Mike, avant de se sentir idiot.
Évidemment que c'en est une ! Sinon, il ne l'aurait pas retrouvé dans cet état.
— Oui, confirme son coloc'. Qu'est-ce ça change ?
— Ça change tout, déclare Mike en plongeant ses yeux verts dans les siens. C'est de l'irrespect.
Il s'assoit sur un fauteuil, derrière la table.
— Je présume que c'est ce qui t'a convaincu...
— Tu présumes bien. Je crois qu'on devrait s'organiser un peu. Combien de temps veux-tu qu'on fasse ça ? questionne Mike.
James réfléchit un instant.
— Jusqu'aux vacances de Noël. Ça fait tout un semestre, ça devrait suffire.
— Ça marche. Et à qui en parlons-nous ? J'imagine que tu veux mettre tes amis dans la confidence.
A sa grande surprise, James secoue la tête.
— Non. Moins les gens seront au courant, mieux ce sera. Et puis, tout se sait à la fac. Les murs ont des oreilles.
— Tu es sûr ? Ce n'est quand même pas rien, insiste Mike.
James hoche la tête.
— Je suis déterminé à ce que ça marche, explique-t-il d'une voix assurée. Tu peux le dire aux tiens si tu le souhaites. Ils ne sont pas d'ici, d'après ce que j'ai compris, donc ils ne pourront pas le divulguer à la mauvaise personne.
Mike consent de la tête. C'est vrai que lui ne risque pas grand chose en racontant tout à ses amis ! Restait à voir s'il aurait le courage de le leur dire. Car c'était probablement la pire décision qu'il ait pris dans sa vie.
— Ça sera sûrement compliqué pour toi de leur mentir tout le semestre. Tu es sûr que c'est le seul moyen ? souligne-t-il, tout de même soucieux du bien-être de celui qui devenait déjà un peu son ami.
James acquiesce.
— C'est surtout le plus simple. Seuls toi et moi sauront la supercherie. Les autres gens doivent y croire.
— Fais attention, James, prévient Mike. Une fois perdue, la confiance n'est jamais totalement retrouvée.
Il ne sait pas très bien pourquoi il lui a confié ça. C'était la décision de James, mais si un de ses amis venait à en prendre une telle, Mike aurait aimé être consulté avant.
— C'est la première fois que tu te montres aussi gentil avec moi depuis qu'on se connaît, Mike. Tu es sûr que ça va ? plaisante James, un sourire sur le visage.
Un sourire qui n'atteint pas ses yeux.
— Je m'assure juste que tu sois sûr de toi.
Un autre sourire peint les traits de James, et cette fois, c'est comme si le soleil avait décidé de briller la nuit.
— Merci de m'aider. Qu'aimerais-tu que je fasse pour toi, en échange ?
Mike hausse les épaules.
— Tu n'as pas grand chose à y gagner, s'obstine James. Alors que moi, je gagne tout.
— J'y gagne des amis et une vie sociale, j'imagine. Car je ne pourrai pas m'enfermer tous les jours dans le noir en ignorant la terre entière sans que cela ne soit suspect désormais.
— Je t'aiderai dans tes cours, lui promet James. Au moins dans celui qui consiste à modéliser des solutions d'équations différentielles.
James ne lui doit rien. Pas après la façon dont Mike l'a traité jusqu'à aujourd'hui. Désormais, il sera son allié. Et aux yeux des autres, il sera son petit-ami.
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Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Qu'en pensez-vous ? Selon vous, Mike a-t-il bien fait d'accepter cette fameuse requête ? D'ailleurs, aviez-vous deviné qu'il s'agissait d'être le faux petit ami de James ?
On se retrouve samedi prochain pour le chapitre 7 !
Prenez bien soin de vous ! 🤎
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