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Elle claqua la porte de son bungalow derrière elle, puis elle se laissa glisser doucement à terre. Elle enfouie son visage dans ses mains. 666 heures, ça faisait un peu moins de 28 jours, peu de temps... Elle se leva et courut vers sa garde robe, fourra une tenue dans son sac, tourna en rond dans son salon. Qu'est-ce que je prends d'autre ? Un couteau ?

Mais est-ce qu'un couteau est vraiment utile contre un démon ?
Je perds du temps !!!

Elle passa la main dans ses cheveux toujours aussi court, soupira, elle sortit et récupéra son vélo, puis elle prit une route au hasard. Elle s'arrêta pour demander à une âme de passage la route vers la strate 2, et reprit son chemin cette fois dans la bonne direction, elle n'avait plus qu'à aller tout droit.

Elle réalisa vite que l'endroit où elle avait son bungalow était en fait assez isolé, limite à la campagne, car au fur et mesure qu'elle avançait, elle croisait toujours plus d'habitations, jusqu'à même finir par tomber sur une ville.
Là-bas elle tourna en rond une demi-heure avant de trouver une gare. Tout était gratuit et elle prit le premier train pour la strate 6.

Malheureusement, elle savait que ce ne sera pas aussi facile en enfer...
Pour l'instant, tout allait bien. Après deux heures elle arriva enfin au terminus. Elle dû demander son chemin encore et, elle finit enfin par atteindre les limites du paradis. On lui avait expliqué qu'il y avait une porte principale, mais qu'elle n'était utilisé que lorsqu'on bannissait une âme ou un ange déchue. Elle espérait tout de même trouver un moyen de passer.

Elle était maintenant face à la porte. La porte du Paradis... Sauf que moi je veux en sortir.

Sa situation était, on peux le dire, plutôt incongrue.

La porte était grande, mais moins qu'elle ne l'avait imaginé. Elle était en fait plus proche d'un portail, puisque faite en barreaux d'or massif, taillés dans de magnifiques motifs venant de toutes les époques. Elle était entourée d'une barrière semblable, quoique moins haute et sophistiquée. Il y avait deux anges qui montait la garde devant.
Ils lui tournaient le dos et elle s'approcha d'eux.

- Excusez-moi messieurs ?

Celui dont elle était le plus proche, et qui était assoupie, sursauta violemment et s'éloigna du portail en bégayant

- A..Ah Moi la Garde !!

Suite à quoi il tomba sur les fesses. Son compagnon, endormie lui aussi, se réveilla et lui tapa sur le crâne

- Ferme-la imbécile, t'as du faire un cauchemar

Mais l'imbécile en question était maintenant bien éveillé et la fixait stupéfié. Il finit par reprendre le contrôle de ses émotions et se releva, puis il réajusta son uniforme. Son compagnon se retourna et après sortit un juron sous le coup de la surprise que Lava ne comprit même pas, le premier lui adressa la parole

- Mademoiselle, que faites-vous ici ?

- Je veux sortir, vous pouvez ouvrir la porte ?

Il la regardèrent, le premier comme la derniers des idiotes et le deuxième avec une pitié non dissimulée, ce dernier lui répondit

- Écoutez Mam'selle...

- Lava.

- Écoutez Mam'selle Lava, j'pense qu'vous êt'un peu perdue. De l'aut'côté de c't'porte, y a un chemin, et de l'aut'côté d'ce chemin, c'est l'enfer, au sens propre du terme, et j'pense pas vous ayez très envie d'aller en enfer.

- C'est là que je vais. Je veux aller en enfer.

Cette fois ils se jetèrent un regard entendue.

- Mam'selle Lava, r'tournez voir vot'ange et demandez lui d'vous expliquez pourquoi on va pas en enfer quand on est d'jà au paradis. Nous c'est pas not'métier d'nous occuper des cas comme vous...

- Le votre c'est de dormir devant une porte ?

- Exac... Nous d'vons garder la porte !

- Et donc, si il y a une attaque, par exemple, c'est vous deux qui protégeraient le paradis.

Le premier reprit la parole.

- Si il y a une attaque, nous crions tout les deux " À moi la garde !" Et toute la garde royale vient défendre les portes.

- Donc vous protégez le paradis de l'extérieur...

- Exactement !

- Alors vous pouvez me laisser sortir ! Je viens de l'intérieur, et je ne suis pas une menace, donc ce n'est pas votre métier de m'empêcher de sortir !

- Ce n'est pas non plus notre métier de t'ouvrir la porte.

Elle soupira. Il ne lui restait qu'une solution...

Elle se positionna face au grillage à quelques mètres de la porte et elle posa son pied sur la tête d'un dragon chinois en or. Elle agrippa ensuite une vague, elle poussa sur sa jambe, prit appuie avec l'autre pied sur une rose finement sculptée, et continua ainsi son ascension.

- Q..Qu'est-ce que tu fais malheureuse !

- R'descend tou'd'suite !

Elle leur jeta un petit coup d'oeil.

- Ce n'est pas votre métier de m'adresser la parole.

Il la regardèrent hésitant. La laisser ou pas ? La feignantise finit par triompher et il reprirent leur position initiale. En grommelant que si on leur reprochait quelque chose, ce n'était pas leur responsabilité.

Elle arriva en haut sans trop de problèmes, son ascension étant grandement facilitée par les ornements du grillage. Elle eut un peu de mal à tourner de l'autre côté à cause des barreaux de la grille qui se finissaient en piques, mais réussit tout de même à basculer ses jambes, et tout le reste de son corps suivit.

Elle redescendit prudemment et posa enfin les pieds de l'autre côté.
Elle était sur la frontière entre l'enfer et le paradis.

Tout était gris. Le sol était sablonneux et pâle et on ne voyait pas à trois mètres, tout étant dissimulé dans de la brume épaisse.

Le silence qui y régnait était pesant, et elle avait l'impression que le doux crissement de ses pas était en fait un véritable capharnaüm. Elle se retourna mais les portes dorées avaient disparue, remplacées par un mur de briques noires impénétrable.

Pas moyen de faire demi-tour.
Elle commença à avancer. Elle espérait le chemin court, mais elle n'avait aucun moyen de le vérifier, et ne se saurait arrivée qu'une fois quelques mètres devant la porte des enfers.

Elle marchait à l'aveugle droit devant elle. Il faisait froid et son souffle formait un petit nuage blanc autour de son visage réduisant encore plus sa vue déjà limitée.

- QUI ES-TU.

Elle sursauta. La voix semblait sortir de partout. Elle sonnait étrangement comme si une voix de femmes aiguës et une voix d'homme grave avait parlé à l'unisson.

- Je m'appelle Lava ! Qui êtes-vous ?

La voix lui répondit après quelques secondes qui parurent une éternité à Lava.

- NOUS SOMMES LE GRIS. TU ES ICI DANS L'ESPACE GRIS. ICI LE TEMPS NE S'ÉCOULE PAS. QUE VIENS-TU FAIRE DANS NOTRE DOMAINE ÂME PURE LAVA.

Elle voulut répondre mais sa voix ne sortit pas tout de suite. Elle avait peur, dans ce brouillard, à la merci de cette voix.

- Je veux aller en enfer !

- POURQUOI.

la voix ne posait pas ses questions. Elle ordonnait.

- Je dois aller aider un ami !

- MAIS LE PEUX-TU VRAIMENT.

Elle hésita. Serait-elle vraiment capable de sauver Despair ? Elle n'en étais pas sûre, mais elle n'avait pas trop le choix, elle avait prit une décision, et le gris ne la laisserait peut-être pas passer si elle répondait que non.

- Oui !

Un long silence suivit.

- TON COEUR HÉSITE.

elle voulut répliquer mais la voix continua.

- PROUVE-NOUS QUE TU ES ASSEZ FORTE. SURMONTE TA PEUR.

Le bruit d'un gong assourdissant suivie, la faisant se plier en couvrant comme elle pouvait ses oreilles. Quand elle se releva, elle crut son coeur allait s'arrêter et son souffle lui manqua. Son cauchemar, le démon de la jungle, celui qu'elle craignait le plus, était juste là, à quelques mètres et la fixait.

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