PDV : Despair.

Il voyait maintenant de plus en plus de démons, qui le regardait d'un air mauvais, plein de haine et de violence refoulée. Il était presque arrivé, et Lava n'avait fait que de rare réveils où elle parlait à peine, délirait à propose de "l'Ombre" qui voulait la dévorer, qui voulait sortir d'elle et prendre sa place. Elle allait mal, très mal. Et lui aussi, la voir ainsi dégradait son état de la même manière.

Servaise devait avoir cesser de les suivre maintenant.
Le réseaux de petits lac d'eau pure, appelé le Lotus, était là. Entouré de démon qui les suivait des yeux en s'éloignant, il monta sur une pierre au bord d'une étendue d'eau et s'assit, posant Lava juste devant lui. Il commença à tenter de laver sa tunique, mais constatant que cela ne fonctionnait pas, il se ravisa, et opta pour une solution plus simple. Il retira sa tunique et la lui donna. Cela lui faisait presque une tunique, dans la mesure où il lui mettait presque deux tête.

Puis il attendit. Il était fort pour ça.

Il commença à laisser ses pensées dériver au hasard. Tout ce temps passé ici.
Il avait changé tout au long de son séjour aux enfers. À son arrivée surtout, il était différent. Un peu casse-cou, il aimait prendre des risques inconsidérés et narguer les démons. Il prenait les nouveaux sous son aile. Il se la pétait un peu. Il était venu plein de fois au Lotus, juste pour prouver qu'il ne craignait pas les attroupements de démons qui ne manquaient pas de le poursuivre. Et puis, il avait commencé à se faire trop d'ennemis, et partout où il allait, il était cherché. Même ses anciens protégés le trahissait. Petit à petit, il devint solitaire. Allant droit vers le danger, parce que c'était toujours moins dangereux que de rester là où derrière chaque arbre il y avait un démon ou une âme susceptible de lui faire la peau. Puis il était devenu un démon. Il avait perdu espoir lentement, et finalement, il était devenu cette espèce de coquille vide, effrayés et défaitiste, avec son quotidien morne et sans but, dans lequel il s'enfonçait.

Et puis Lava était arrivée, et il avait l'impression de retrouver celui qu'il était avant. Il avait toujours peur, mais désormais, c'était que Lava disparaisse et qu'il retombe dans son état précédent plutôt que de craindre pour sa vie.
Il ferma les yeux, et se balança en chantonnant une mélodie qu'appréciait Lava quand elle était dans le puit rouge.

PDV : Lava.

L'Ombre lui caressa les joues, et un long frisson de dégoût lui remonta le long de l'échine, et lui donna la chair de poule.
Tout était noir. Elle nageait dans l'obscurité. Et ces ténèbres prenaient vie, et la retenait.

Elle lui chuchotait des choses qu'elle ne comprenait pas mais qu'elle ne voulait pas comprendre et pourtant petit à petit les mots devaient de plus en plus distincts et elle savait qu'elle finirait par comprendre. Même lorsqu'elle fermait les yeux, elle entendait toujours les murmures qui lui remplissait la tête, l'empêchait de réfléchir, et elle sentait les frôlements froid et répugnant de l'ombre comme des serpents qui s'enroulaient sinueusement autour de ses bras et ses jambes, pour l'étrangler.
Parfois elle parvenait à échapper à l'Ombre et à ses voix, pour retrouver conscience un court instant, où tout était flou et confus, avant de très vite se faire rattraper et tirer vers l'obscurité.

L'Ombre tentait de fondre la personnalité de Lava. Elle voulait que celle-ci se laisse faire, que Lava lui donne le contrôle, mais reste consciente de ses actes. Cela devait être volontaire. Elle devait s'abandonner à l'Ombre. 
Il fallait que Lava accepte l'Ombre comme une partie d'elle-même et se laisse guider par elle. Mais elle sentait le mal qui en émanait, elle sentait la sensation malsaine et cette sorte de folie sourde et contrôlée qui tentait de la recouvrir.
Alors elle luttait, et l'Ombre forçait de plus en plus. Les chuchotements lui parvinrent un peu plus clair.
- t.. .e mal t..es m..uv..e tu d.i. l r..aiiiit..e aissse o a...er n...as u pas ssse d'..tre till a...do... T..o
Elle sentait que tous les mots voulaient la faire désespérer et la convaincre.
Elle se débattait encore et encore pais rien ne fonctionnait.

Soudain les voix se taisèrent.

Et une dernière phrase retentit clairement dans son esprit avant qu'elle ne retrouve soudainement conscience. Elle ouvrit les yeux, hébétée et se redressa. Puis elle aperçut Despair juste à côté qui était vautré sur une grande pierre plate côté de la sienne qui lui était semblable, dans une pose de modèle allongé, sans même la regarder. Il jeta à ce moment un petit coup d'oeil nonchalant derrière lui et lança.

- Ça y est ? T'as finis avec ton Remix pourris de Alien Convenient ?

Elle resta un peu abasourdis puis lui répondit la gorge sèche et la voix râpeuse.

- Parce que t'as vu Alien Convenient toi ?

Il tourna la tête d'un air fier.

- On m'en a fait un résumé précis.

- Mais à quoi tu joues ?

Elle lui demanda atterrée.

- À rien du tout. Et toi, tu jouais à quoi ?

Elle se vexa un peu qu'il qualifie le cauchemar qu'elle venait de vivre et qui affolait encore son cœur de jeu. Elle avait encore l'impression de sentir les langues glacés de L'Ombre lui glisser le long des bras, d'entendre les murmures des voix qui se superposait à l'intérieur de sa tête.

- Je vomissais du sang noir pendant qu'une entité noire et maléfique tentait de prendre le contrôle de mon corps.

Il ne se retourna pas et elle ne put pas voir son visage mais elle sentit dans sa voix un léger tremblement et sentit l'ardeur âcre et acide de la peur et de l'angoisse.

- Oh je vois, et alors ? T'en a fait quoi de cette entité ?

- Je ne sais pas, elle est m'a juste laissé un message avant de disparaître.

Il était allongé sur le côté. Sa tête reposait sur sa main, le coude plié, et l'autre bras était posé sur sa hanche. Il avait une jambe plié.

- Tu ferais un bon top modèle tu tiens parfaitement la pose...

Elle fit remarquer moqueuse.

- Je sais je suis merveilleux en tout point. Elle t'as dit quoi l'entité. T'as parlé d'une Ombre dans ton sommeil.

Elle se tut, ne réagissant même pas à ses vantardises. Puis elle finit par répondre d'un ton grave

- Elle m'a dit qu'elle me briserait.

Un silence s'installa. Despair finit par lâcher simplement sans prévenir

- Tu me racontes un film ? J'en ai jamais vu. Il y avait pas de télé à mon époque.

Elle lui sourit.

- Je me souviens que d'un dessin animé, ça ira ?

Il haussa des épaules

- N'importe quoi fera l'affaire du moment que c'est pas un film de horreur.

Elle commença donc à lui raconter Winnie l'Ourson. Cela sembla même lui plaire, mais au bout de presque une heure, elle n'avait plus rien à lui dire. Sa mémoire de sa vie était trop confuse. Il restèrent à fixer le ciel un long moment, jusqu'à ce qu'une petite voix chuchota.

- Pssssst !

Lava tourna la tête et s'assit. Elle chercha l'origine de la voix sans rien trouver. Le bruit recommença

- Hey ! Psst ! Lava !

Cette fois elle identifia d'où venait le son, et trouva une petit visage caché dans un buisson bordé de cheveux roux grisonnants. Elle se leva et s'approcha nonchalante du buisson, faisant mine de s'intéresser à une fleur bleue, qu'elle se garda bien de toucher. Puis elle demanda à voix basse.

- Servaise, qu'est-ce que tu fais ici, il y a des démons partout, je peux en compter une vingtaine rien qu'en levant les yeux.

C'était bien Servaise qui lui répondit

- Je crois que je sais ce qui t'arrives.

Elle continua sans laisser à Lava le temps de poser la moindre question

- J'ai réfléchis, je suis sûre d'avoir déjà vu ce qu'il t'ai arrivé. Ce n'était pas exactement pareil alors au début je n'étais pas vraiment certaine, mais plus j'y pense plus je me dit que c'est la même chose.

Puis elle attendit la réaction de Lava. Celle-ci l'invita simplement à continuer d'un petit mouvement de tête.

- Je pense que tu le refuses mais tu te changes en démons j'ai vu une âme une fois très vieille qui ne voulais pas devenir un démon qui se transformait et il faisait des crises où il se tordait au sol et parlait d'un monstre qui voulait prendre sa place... Mais il ne crachait pas de sang... Alors.. Je me suis dit.... Je me suis dit... Je pense que ton côté démon et ton côté ange se disputent ton côté âme. 

Lava resta silencieuse un long moment, jusqu'à ce que Despair rompt l'ambiance pesante en lançant.

- Lava ? Tu sais que tu n'es pas une fleur ? Tu ne vas t'enraciner et rejoindre ta nouvelle meilleure amie la fleur Bleue.

Elle lui répondit sèchement

- Et toi tu n'es pas un lézard se dorant la pilule au soleil, tu ne finirais pas muer et avoir une nouvelle apparence flamboyante, tu garderas ta tête d'épouvantail tout le reste de ton éternité !

Il rétorqua vexé

- Ma tête d'épouvantail est toujours mieux que ta tête de vautour !

Elle se retourna piquée à vif
- Ma tête de quoi ?!

- Ta tête de bébé vautour déplumé !

Elle marcha droit sur lui et le plaqua avec son pied sur la pierre. Il se contenta d'ajouter toujours aussi assuré et moqueur
- En plus avec ma tunique on dirait que tu as les ailes, le costume complet !

Elle mit ses mains en coupe dans l'eau pure juste à côté et lui lança dessus faisant giclé le liquide partout sur le rocher, laissant des traces sombres qui séchèrent très vite.
Il se protégea inutilement avec ses bras en criant
- Les épouvantails font fuir les oiseaux !!!

Soudain Lava s'arrêta sur place et se figea, tout de suite le visage de Despair se décomposa et lui lança paniqué.
- Lava est-ce que ça va ?!

Elle éclata de rire shootant dans l'eau l'éclaboussent encore un peu.
- Tu peux dire ce que tu veux, tu te fais un sang d'encre à chaque fois que j'ai un problème !!!

Puis elle se sentit gênée, car elle connaissait l'une des raisons de cette inquiétude...Une autre idée lui traversa l'esprit et elle s'écria
- Oh non Servaise !

Despair relava la tête et lui expliqua vite fait

- Quand tu as fait ta crise je lui ai demandé de nous laissez tranquille parce que j'étais stressé, et elle a commencé à nous suivre de loin. Mais elle dû arrêter quand on s'est rapproché du Lotus, il y a trop de démons.

- Non elle est toujours là ! Il faut qu'on la fasse évacuer en vitesse et distraitement sinon les démons s'en prendront à elle.

Despair resta interdit quelques instants, puis finit par répondre.

- La faire évacuer en cachette c'est trop dur, je sais même pas comment elle pu venir jusqu'ici sans se faire remarquer. On va la faire à l'arrache en courant. Où est-t-elle ?

Elle chuchota

- Ce n'est pas contraire au contrat ?

- Le contrat dit qu'on ne doit pas interrompre une chasse, pas qu'on a pas le droit de courir avec une âme dans les bras et en faisant ça interrompt rien du tout puisque rien du tout n'avait commencé. Alors où est-elle ?

- Le buisson à côté de la fleur où j'étais.

Il soupira.

- Tu n'a plus d'énergie... Je vais devoir vous porter toute les deux...

Elle protesta.

- Non ! C'est prendre des risques inutiles, tu pars devant avec elle et je vous rejoins après.

Despair se figea. Elle sentit l'inquiétude, la désapprobation, tout un brouillon d'odeur lourde et torturée. Elle devinait facilement ce qui n'allait pas : il ne voulait pas laisser seule. Il opposa

- Et si tu refait une crise ?

- Et bien, elle passera et je finirais par te rejoindre de toute manière. Je te rappelle que la dernière fois tu n'as pas pu faire grand chose.

Elle senti la petit pointe de honte et de regret. Il s'en voulait de d'avoir été impuissant à ce moment là. Elle allait tenter de maladroitement se rattraper quand il l'interrompit

- Tu es rester inconsciente 5 jours...

- 5 jours ?

- 5 jours.

Elle haussa des épaules

- Et bien tu viendras me chercher si je suis en retard.

Il mâcha une de ses mèches de cheveux. Puis il finit par déclarer à contre-cœur.

- Ok on fait ça...

Elle sourit et elle lui répondit simplement

- Je te fais confiance.